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EAN : 9782228913164
318 pages
Payot et Rivages (01/04/2015)
3.93/5   55 notes
Résumé :
En général, les gens préfèrent éviter de penser à la mort, mais Caitlin Doughty – une toute jeune diplômée d'histoire médiévale avec un goût certain du macabre – se retrouve parachutée dans un crématorium. À peine arrivée, la voici sommée de se dépatouiller avec son premier cadavre… Comment fermer des yeux dont les paupières ne cessent de se rouvrir ? Comment clore des bouches béantes ? Comment retirer un pacemaker ? Mettre des bas à un mort gonflé comme un bonhomme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Tiens, et si j'allais travailler dans un crématorium, se dit un jour Caitlin, une jeune femme qui vient de terminer ses études universitaires en Histoire Médiévale…
Ce récit est le témoignage d'une jeune américaine qui choisit d'aller travailler dans ce secteur professionnel si particulier.
Fascinée par la mort depuis toujours, c'est également un moyen pour elle de faire des recherches sur ce thème sans paraître trop bizarre aux yeux de ses proches.
Ce petit ouvrage est passionnant, on apprend en quoi consiste le quotidien des techniciens d'un crématorium, car même si les corps sont brûlés, il faut souvent les préparer pour un dernier adieux aux familles, on apprend aussi comment la mort est perçue selon les époques et les pays et quels sont les traitements réservés aux corps humains, qu'ils soient entiers ou en morceaux, tout frais ou ayant passé des semaines au fond d'un canal, ayant subi les outrages du temps, le froid extrême, la chaleur, l'acharnement de la médecine ou les expériences de futurs médecins par exemple.
Saviez-vous que dans certaines villes la combustion des corps des crématoriums permet d'alimenter en chauffage des structures municipales comme la piscine ?
Aviez-vous déjà imaginé qu'en Inde, dans certaines régions, il y a tellement de corps qui flottent sur le fleuve que les autorités y ont apporté des centaines de tortues nécrophages pour que les cadavres soient dévorés plutôt que de pourrir et de contaminer les eaux ?
Ce témoignage m'a passionné, bien que le sujet soit difficile, l'auteur fait toujours preuve de respect envers les défunts et d'empathie envers les familles.
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De nos jours, la mort ne fait plus partie de la vie courante : terminée l'époque où on revenait mourir dans son lit, entouré de sa famille et de ses proches. Désormais, on meurt à l'hôpital en compagnie de médecins et d'infirmières, et des entreprises privées s'occupent de toutes les formalités.

Cette nouvelle manière de faire convient sans doute à beaucoup de monde, mais pas à moi. Je suis une des rares personnes de ma génération à exiger de voir une dernière fois la personne à l'hôpital, à l'opposé des autres qui veulent « garder une belle image ». C'est sûr que c'est éprouvant sur le moment, mais ça me semble important : apprendre qu'un de mes proches va mal par téléphone, puis revenir quelques jours plus tard me recueillir devant une boîte fermée… il me manque quelque chose. Aussi, j'aime particulièrement tous les témoignages qui viennent de l'envers du décor, qui me permettent finalement de combler les trous (si j'ose dire).

Sans être spécialement glauque ni donner dans le sensationnalisme, le récit est percutant : l'auteure décrit comment se déroule son métier et ce qui la dérange dans les demandes de ses clients. Et qui me dérange un peu aussi : est-ce que ça vaut vraiment la peine d'utiliser de la super-glue pour fermer les yeux et la bouche, et une tonne de produits chimiques sur le défunt, pour donner aux vivants une image tranquille et apaisée de leur proche ? Je ne crois pas en une vie après la mort, et la profanation de cadavre n'a pas vraiment de conséquence à mon sens, mais enfin.. tout ça pour ça ?

Deuxième point qui m'a surpris : même les formalités de contact des pompes funèbres se simplifient à l'extrême. On peut désormais passer commande sur Internet : un numéro de carte de crédit, et le défunt est récupéré à l'hôpital, brûlé, et ses cendres répandues où il le souhaitait, sans que vous ayez à vous déplacer ni à parler à qui que ce soit. On n'arrête pas le progrès ! Mais quand je repense à mes tous premiers cours d'histoire, qui m'apprenaient que l'humanité ne commençait vraiment que lorsque l'on découvrait des tombes et des traces de rites funéraires, ça a de quoi laisser songeur…
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Vous ne verrez plus la mort de la même façon. Rien de gore ou d'atroce dans ce livre. Caitlin Doughty met le doigt là ou cela fait mal. Les questions qu'elle posent sont : Comment s'occuper d'un corps défunt ? Comment réagir ? Quels droits la famille a-t-elle ?

Caitlin Doughty avec beaucoup de franchise et de doigté nous montre l'envers du décor et nous fait entrer dans l'arrière-court que personne ne veut voir. Elle prend soin des corps qui lui sont amenés au Crématorium et même les SDF ou les « Sans-Famille » ont droit à la dignité et au respect.

Ce qu'elle souhaite nous faire comprendre c'est le rapport que nous avons avec les personnes décédées. Qui sait vraiment comment cela se passe ? Elle essaie de nous déculpabiliser et tente de jeter un pied dans la fourmilière des pompes funèbres et de leurs pratiques.

Elle nous explique l'évolution des soins apportés aux défunts et les abus. Aux Etats-Unis on peut faire incinérer un corps, simplement en faisant toutes les démarches par fax, sans aucun contact avec les personnes chargées de s'occuper de la crémation. La transaction se fait aussi simplement que pour l'achat d'un ustensile de cuisine par Internet, par un règlement par carte bancaire, après avoir signer tous les documents retournés par fax…

En tout cas, ce n'est pas morbide et cela fait réfléchir sur la façon de prendre soins de nos défunts et du respect que nous devrions leur consacrer et comment leur dire adieu.
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Pour une fois, j'ai écouté un magasine féminin d'une salle d'attente et je me suis laissée tenter par cet ouvrage, qui parle d'un sujet qu'on évite en principe : la mort et le devenir de la dépouille.
Rien de tel qu'un témoignage comme celui que nous livre Caitlin Doughty pour se faire une idée, et écouter les gens qui savent de quoi ils parlent, raconter leur métier et son approche.
Récit plein d'humour - noir- bien sur qui se lit d'une traite et ne laisse pas indifférent.
A lire pour se faire une opinion...
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Je fais dans les essais ce début d'année, je ne sais pas pourquoi. En fait, je n'ai pas choisi ces lectures, elles sont venues à moi. le bouquin de Maryse Wolinski parce qu'il est sorti là maintenant et celui de Caitlin Doughty parce que je l'ai trouvé d'occasion chez Gibert. le hasard je vous dis, tout simplement ...

En général, les gens se décarcassent sacrément pour repousser la mort dans les marges. Caitlin Doughty, elle, fraîchement diplômée d'histoire médiévale, se fait embaucher dans une petite entreprise de pompes funèbres. Comment va-t-elle se dépatouiller avec ses premiers cadavres ? Fermer des yeux dont les paupières ne cessent de se rouvrir, clore des bouches béantes, retirer un pacemaker, mettre des bas à un mort gonflé comme un bonhomme Michelin ou enfiler un string à grand-mère car tel est le souhait de la famille ? Comment enfin sortir les cendres du crématorium sans que ses noodles en prennent un coup et le même soir séduire un mec alors qu'elle sent le roussi ? Caitlin Doughty explore sa vocation de croque-mort avec un humour noir réjouissant. le récit est fascinant. Qu'on ne s'y trompe pas pourtant, l'objectif – atteint – de cette jeune femme engagée est de nous réapprendre à accueillir nos morts, de façon plus humaine, sans peur, et nous aider ainsi à accepter l'inacceptable.

J'avais envie de découvrir l'histoire de Caitlin parce que ça m'intriguait pas mal. Comment une toute jeune femme peut avoir envie et la vocation de travailler dans un funérarium ? Car en fait, je n'avais pas vraiment compris ... A la base, je pensais que Caitlin était thanatopractrice mais ce n'est pas ça du tout, elle est "opératrice de funérarium" ce qui veut dire qu'elle s'occupe des corps avant de les glisser dans le four crématoire.

De même, je pensais que le livre allait être un peu plus léger que ce que j'ai trouvé pendant ma lecture. A vrai dire, je m'attendais à des anecdotes, des tranches de vie à la morgue (si on peut dire hein !). Mais au final, ce n'est pas ça du tout. L'auteure nous fait certes partager ses expériences (et certaines font froid dans le dos) mais surtout elle nous explique quel est son regard sur la mort et sur son industrie.

Ca se passe aux Etats-Unis et je ne sais pas si le commerce de la mort est aussi développé en France mais je ne pense que, si ce n'est pas le cas aujourd'hui, ça va le devenir rapidement. Caitlin milite pour des pratiques funéraires moins grandiloquentes et plus proches de la nature. Je pense là aux cercueils bio dégradables qui permettent au corps de "redevenir poussière".

Je dois bien dire que la lecture de ce livre m'a bien souvent mis mal à l'aise parce qu'elle m'a mis face à la mort, sans fards. Et très franchement, c'est dérangeant. L'auteure nous oblige à affronter cette ultime étape de la vie et à nous questionner sur ce qu'on souhaite pour soi comme pour ses proches. Ca fait réfléchir et on sort de notre lecture avec une vision de l'industrie funéraire bien différente de celle qu'on a en attaquant le livre. C'est fort intéressant.

Une lecture éprouvante, heureusement servie par une plume légère et agréable.
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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
29 juin 2015
Un récit authentique, à la fois fascinant et réaliste, parfois repoussant.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Bibliobs
27 avril 2015
Un livre décapant qui rencontre un joli succès.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
21 avril 2015
Caitlin Doughty narre avec un humour noir exceptionnel ses années passées dans l'industrie funéraire.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
S'enfermer pour mourir dans le décor aseptisé d'un hôpital est une idée relativement neuve. À la fin du XIXe siècle, mourir à l'hospice était au contraire le sort des indigents, des gens qui n'avaient rien ni personne. Quand on avait le choix, on préférait mourir chez soi, dans son lit, entouré de ses amis et de sa famille. Jusqu'au début du XXe siècle, plus de 85% des Américains mouraient encore chez eux.

Ce sont les années 30 qui virent se développer le phénomène de médicalisation de la mort. Le recours généralisé à l'hôpital en fin de vie a retiré de la vue des gens les scènes, les odeurs et les sons insupportables inhérents à la mort. Auparavant, c'était souvent une autorité religieuse qui dirigeait les funérailles et guidait la famille dans son deuil ; à présent, ce sont les docteurs qui assistent le patient dans ses derniers instants. Pour autant, la médecine ne s'intéresse à la vie et à la mort que sur le plan biologique, sans répondre aux aspirations spirituelles. À l'hôpital, le processus de mort est devenu hygiénique et hautement encadré. La profession médicale a jugé inconvenant pour le public ce que l'historien Philippe Ariès a appelé le « spectacle nauséabond » de la mort. C'est devenu tabou d' « entrer dans une chambre qui sent l'urine, la sueur et la gangrène, où les draps sont souillés. » L'hôpital est devenu un lieu où les mourants peuvent subir les affronts de la mort sans blesser la sensibilité des vivants.
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Regarder la mort en face, c'est pas facile. On esquive autant qu'on peut, on préfère se bander les yeux et rester dans le noir plutôt que voir qu'on meurt et comment on meurt. Mais cet aveuglement n'est pas la panacée ; c'est juste un autre symptôme, plus profond, de notre terreur.

On se décarcasse sacrément pour repousser la mort dans les marges : les cadavres sont remisés derrière des chambres d'hôpital... On est si bien passés maîtres dans l'art de cacher la mort qu'on pourrait nous prendre pour la première génération d'immortels. Mais ce n'est pas le cas : on va tous mourir et on le sait.
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Confronter un gamin à la réalité de l'amour et la mort est bien moins dangereux que de le gaver de happy ends mensongers.
Les enfants de l'ère Disney ont grandi dans une version édulcorée de la réalité et, à force de côtoyer des princesses et des animaux sympathiques, ont développé des attentes irréalistes.
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il faut savoir qu'un mort ressemble vraiment a quelqu'un de tres mort...
on ne se représente pas très bien ce que ca veut dire aujourd'hui.
les séries policières diffusées en prime time n'arrangent rien. Les cadvres qu'elles mettent en scène, quand ils sont découvert par un domestique, ou un mec qui fait son jogging dans Central Park, ont l'air déja prets pour une veillée funèbre; ils ont les yeux fermés et les lèvres jointes, recouvertes d'une sorte de gloss d'un bleu blanchatre, qui signale aux téléspectateurs : "ce type est mort "
le role de la victime est tenu par de jeunes mannequins ou par des acteurs qui font leurs armes en jouant les cadavres dans 'les experts' ou 'N-Y police judiciaire'.
tout le contraire, donc, de la majorité des cadavres aux pompes funèbres, qui sont vieux, raides, ravagés par des années de maladies comme le cancer ou la cirrhose du foie.
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En tant qu'êtres humains, on a de l'empathie pour les autres, même quand ils sont morts, d'où l'illusion que le défunt a encore des sensations alors même que son regard vide nous signale qu'il a mis les voiles depuis longtemps.
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