AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Loujine


En 1978, l'écrivain soviétique Sergeï Dovlatov émigre aux Etats-Unis via l'Italie. Au bureau des visas, une employée lui dit: "Chaque partant a droit à trois valises. C'est comme ça. Ce sont les ordres." Dovlatov proteste: "Pas plus de trois valises? Et toutes mes affaires, alors?" Une semaine plus tard, en faisant ses bagages, l'auteur-narrateur se rend compte qu'en fin de compte, une valise, c'est largement suffisant. Et toutes ses affaires alors, comme il disait? "Les livres? J'avais surtout des livres interdits. le genre de chose que la douane ne laisse pas passer. Il a fallu les répartir entre les amis (...) Les manuscrits? Je les avais depuis longtemps envoyés clandestinement à l'Ouest. Les meubles? Mon bureau a pris le chemin d'un dépôt-vente. le peintre Tcheguine, qui jusque là s'était contenté de caisses, a récupéré mes chaises. J'ai jeté le reste."

Dovlatov part donc avec une seule valise. "Cartonnée, recouverte de toile et renforcée aux angles par des coins métalliques. La serrure ne fonctionnait pas. Il a donc fallu ficeler le tout avec une corde à linge." Cette valise, il ne l'ouvrira que quatre ans plus tard, en la sortant par hasard d'un placard où il l'a flanquée lorsqu'il a emménagé dans son appartement new-yorkais. "J'ai examiné la valise vide. Karl Marx au fond. Brodsky sur le couvercle. Et entre les deux, une vie foutue, inestimable, unique. J'ai refermé la valise. A l'intérieur les boules de naphtaline ont roulé bruyamment. Des affaires s'amoncelaient en tas bariolé sur la table de la cuisine. Tout ce que j'avais accumulé en trente-six ans, durant toute ma vie en Russie. Je me suis dit: tout est là. Oui, tout était là."

C'est alors que les souvenirs rejaillissent, car chacun des huit objets que contient la valise est porteur d'une histoire fabuleuse. "La Valise", c'est donc une collection de huit récits passionnants, tantôt loufoques, tantôt spectaculaires, toujours drôles, d'un talentueux écrivain dont la vie trépidante n'a rien à envier à celle d'un Limonov.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}