Paula Spencer, la quarantaine, femme de ménage, ne boit plus depuis quelques mois. Chaque jour est un combat, une lutte, une souffrance. D'autant qu'elle a à renouer avec ses enfants qui ont tous souffert de l'alcoolisme de leur mère. Nicola, l'aînée, s'est occupée de la fratrie mais a également pansé les plaies de sa mère quand le père tapait trop fort.
John Paul, ex-toxicomane est père de deux enfants, il se réinstalle doucement dans la vie de sa mère. Leanne, quant à elle, a aussi un problème avec l'alcool, comme un défi lancé à Paula. Enfin, Jack, le dernier, semble avoir été un peu épargné par la violence, la déchéance familiale.
On suit Paula durant l'année de sevrage, sa culpabilité, son apprentissage de la maternité. Sur la pointe des pieds, avec pudeur, elle cherche à retrouver la confiance et l'amour de ses enfants. Tant d'années où l'alcool a dominé sa vie, ses désirs, il faut réapprendre maintenant... Gestes, paroles, intentions, elle essaie de trouver le bon ton, sans intrusion, en manifestant compréhension et disponibilité.
L'histoire est touchante, assez réaliste sur l'alcool et les dégâts que cela engendre sur la dynamique familiale. Paula, consciente d'avoir été une mère négligente, souffre dans son coeur et dans son corps. La suspicion de ses enfants - est-elle ivre ? - est douloureuse à vivre. Bref, Paula est un beau personnage de femme, vraiment intéressant, complexe, en retenue, attachant en somme.
Le style de l'auteur m'a cependant gênée. Très épuré - sujet, verbe au présent, le plus souvent - il nuit un peu à l'émotion que suscite le cheminement de l'héroïne. Même si je pense comprendre l'intention de l'auteur - Paula est une femme qui passe d'un état à un autre, un peu frustre, ambivalente, qui reste profondément addict - cela m'a empêchée d'être totalement "accrochée" au roman.