Et Baboucar marchait devant

Nigerian, gambien, malien. Il avait vu des gens de toutes sortes et venant de partout qui s'en sortaient très bien, et d'autres qui se retrouvaient très facilement en galère. Il n'y avait pas de règle, pas de logique. Yaya parlait bien parce qu'il avait obtenu la protection subsidiaire, comme Baboucar. Pour tous les autres, c'était plus difficile. Mais à présent ils étaient au bord de la mer, et ça, c'était incontestable. D'une manière ou d'une autre, ils avaient réussi, Perouse était loin et la mer à quelques mètres d'eux, tout de suite après cette gare si blanche, une espèce de fantôme colonial posté dans ce village insignifiant, que Baboucar avait choisi pour leur virée. C'était surprenant. Il vit un goéland se poser sur la table voisine de la leur, entendit les cris de ses congénères qui voltigeaient au-dessus des toits de Falconara Marittima. Il tambourina sur la table, regarda Yaya et lui sourit. La journée qui s'annonçait ne pouvait être que splendide.