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Le Seigneur des Isles tome 1 sur 3
EAN : 9782811203078
800 pages
Milady (14/05/2010)
3.23/5   28 notes
Résumé :
Il y a mille ans, le chaos a ravagé le royaume des Isles. Aujourd'hui la menace ressurgit. Les forces élémentaires de la magie déploient toute leur puissance et déchaînent une terrible tempête.

Au cœur du drame, le jeune Garric sauve de la noyade une femme qui se dit magicienne et prétend venir du passé. Le voilà aussitôt hanté par des visions du roi Carus, mort depuis plusieurs siècles, qui le presse de revendiquer le trône de Seigneur des Isles ! <... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le seigneur des somnifères

David Drake (né en 1945) est un ancien avocat également diplômé en histoire. Sans doute marqué par ses deux années de service au Vietnam (et au Cambodge) durant la guerre du même nom, il est devenu un auteur de premier plan en matière de SF militaire, avec sa série Hammer's Slammers ou un cycle plus récent, Republic of Cinnabar Navy, inspiré par les romans consacrés à Jack Aubrey (donc par le même contexte Napoléonien, anglais et naval qui a donné naissance à Honor Harrington). En plus de son propre travail, il lui est également souvent arrivé de fournir à d'autres auteurs la trame générale de leur histoire, ces derniers se chargeant de « combler les blancs ». le moins que l'on puisse dire est que ces collaborations impliquent des noms connus des aficionados de SFFF, comme Karl Edward Wagner, S.M. Stirling ou Eric Flint.

Le roman que je vous présente aujourd'hui est de la fantasy et pas de la SF militaire : paru en 1997, c'est le premier du cycle du même nom, qui compte 9 volumes en VO (l'auteur lui a donné une conclusion en 2008), 6 pour un premier sous-cycle et 3 pour un second (La couronne des Isles). Bragelonne a traduit les trois premiers avant (selon toute probabilité) d'abandonner la série (la dernière parution française remonte à… six ans). Et franchement, je ne peux pas jeter la pierre à l'éditeur, car ce premier tome est particulièrement médiocre, et ce sur tous les plans. Je me demande même comment il a pu aller jusqu'à trois volumes, pour être totalement franc.

- le style, la technique narrative

Commençons par le plus évident : le style de l'auteur est complètement plat, sauf en de rarissimes occasions (qui concernent un des personnages, Ilna), il n'arrive tout simplement pas à intéresser. C'est d'autant plus grave que l'histoire tire terriblement en longueur, puisque le livre fait 600 pages. Pour tout dire, je m'ennuyais déjà dès les premières pages, et était prêt à abandonner le livre au bout de quelques chapitres. Mais bon, j'ai une politique : ce qui est dans le programme de lecture du blog est lu jusqu'au bout, car je ne me vois pas écrire une critique sur une lecture partielle. Certains le font, je ne le critique absolument pas, mais ce n'est pas ma manière de procéder.

Certes, la seconde moitié du roman (passé la page 290, en gros) se révèle (un peu) plus intéressante, mais dans l'ensemble l'histoire est terriblement plate. Et c'est d'autant plus étonnant qu'il y a des scènes qui, théoriquement, devraient être à grand spectacle. Mais j'y reviendrai…Et puisque nous en sommes à parler de paradoxes, en voici un autre : le livre est gros, l'histoire tire en longueur à coup de scènes inutiles, mais dès qu'il y a un événement potentiellement intéressant, il est systématiquement expédié en 3-4 pages. Et ce pour une raison simple : les nombreux chapitres font tous largement moins de 8-10 pages, parfois 2 à 4.

Visiblement, l'idée derrière ces mini-chapitres était de créer des cliffhangers ou une montée artificielle de l'intérêt chez le lecteur : pari complètement perdu. Vu la platitude de la narration, le côté ectoplasmique des personnages, carton-pâte de l'univers et l'absence de toute cohérence dans l'intrigue, malgré l'emploi de ces techniques artificielles l'intérêt n'est pas créé, ou, les rares fois où il l'est, pas maintenu.

- L'univers

J'ai lu à propos de l'univers qu'il était complexe et intéressant. Par rapport à du Young Adult ou à de la Fantasy d'ultra-mauvaise qualité auto-éditée, peut-être (et encore, j'ai de gros doutes). Mais pour un auteur du calibre de Drake, multi-publié et se permettant d'aider d'autres auteurs (y compris une pointure comme feu Karl Edward Wagner), l'univers du roman est, et je pèse mes mots, une pitoyable coquille vide avec des décors en carton-pâte. Prenez n'importe quel univers uniformément reconnu comme riche et cohérent, comparez-le à celui-là, et vous aurez la même différence qu'entre les décors / effets spéciaux de la série originale de Star Trek d'il y a 50 ans et la future série Star Trek : Discovery de 2017.

En plus d'être un décor vide et mal fait (comparez avec la Trilogie Loredan, ma dernière critique, par exemple…), ce cadre n'est même pas original : c'est une resucée sans âme du monde de Terremer, le talent d'Ursula le Guin en moins, évidemment (c'est copié jusqu'au peuple qui vit sur des bateaux et qui ne touche jamais terre). Mais pour s'en rendre compte, encore faut-il connaître ses classiques… J'ajoute qu'il y a presque autant de voyages dans les Plans d'existence que dans un Elric moyen, sauf que contrairement à Moorcock, le voyage interdimensionnel (ou onirique, dans la lignée de la cité de la perle) dure 3-4 pages et pas des dizaines ou des centaines. D'ailleurs, l'influence de l'anglais est également sensible à un autre niveau : comme Hawkmoon, deux des personnages, Garric et Cashel, participent à la lutte Loi / Chaos ou Bien / Mal et en tout cas à l'équilibre cosmique de façon involontaire, juste parce qu'ils veulent sauver leur amoureuse ou leur amie d'enfance.

Le plus gros fiasco dans la construction de l'univers reste cependant la magie, alors qu'elle est omniprésente dans l'intrigue : l'auteur nous parle de magie sympathique, de magie imitative, mais sans jamais développer ou expliquer. Et quelle subtilité chez les magiciens ! En gros, il y en a de deux espèces : super-puissants mais très très cons (du genre : ils lancent des sorts hyper-puissants of the Dead mais sans savoir ce qu'ils font, et sans se préoccuper des contrecoups -c'est comme ça que l'histoire démarre, d'ailleurs : l'un d'eux balance un sort pour faire couler la flotte du roi, mais le contrecoup entraîne la submersion de l'île de Yole où il se trouve, c'est con, hein…-), ou bien maîtrisant la théorie mais incapables, sauf en présence d'un nexus de pouvoir, de lancer le moindre sortilège d'envergure, car présentant la puissance, par rapport aux précédents, d'une pile AAA par rapport à un réacteur nucléaire (Tenoctris). Je sais pas moi, il doit bien exister des magiciens puissants et érudits / responsables, ou des gros cons avec 2 watts de puissance magique, non ?

- Les personnages : une galerie digne d'un casting d'une série de la CW

Vous trouviez les magiciens cons comme des balais ? Attendez de voir les personnages principaux… Stéréotypés, d'une pauvreté psychologique confondante, ils se révèlent tous plus inintéressants les uns que les autres, à l'exception d'Ilna et, dans une certaine mesure, de Tenoctris. Tous les clichés y passent (attention aux spoilers, par contre…) : le vieux vétéran qui est lassé de tuer mais le fait quand-même et qui se révèle, malgré son air inoffensif et son âge, super-badass dans l'exercice (Nonnus), la jeune villageoise (Sharina) super-belle, super-gentille et super-pure qui se révèle être la descendante de la comtesse locale (enfin… non, rien), le jeune villageois beau, intelligent et à l'âme noble, descendant de l'ancien roi (Garric), et son meilleur ami (Cashel), le colosse au coeur d'or mais qui pète la nuque des démons à mains nues (véridique !), rapport sans doute au fait que sans le savoir, c'est un peu le Gandalf local sur les bords, hein (le type est berger…). Ajoutez la soeur de celui-ci, Ilna, le genre farouchement indépendante, amoureuse de Garric, qui est trop con pour s'en rendre compte, mais à qui, en même temps, elle ne prend pas la bouche, hein, faut les brusquer, des fois, les p'tits paysans. Et Liane, la fille d'un noble qui va beaucoup attirer Garric et déclencher la terrible jalousie d'Ilna (avec des conséquences très, très néfastes). Par contre, on va éviter de parler des méchants, tellement ils sont en mousse et ultra-stéréotypés.

Vient s'insérer là-dedans Tenoctris, la magicienne sans pouvoir (l'auteur nous le répète encore, encore et ENCORE au cours du récit) mais qui a quand-même pu voyager dans le temps sur 1000 ans pour échapper à la submersion de l'Isle que j'évoquais auparavant. Et donc elle s'échoue près du village de nos héros-qui-s'ignorent. Pour un patelin perdu dans la brousse, il y a quand-même une sacrée brochette de badass dans le coin : Nonnus, Garric le descendant des rois (qui s'ignore), Cashel le Gandalf local (qui s'ignore), Sharina la fille cachée de la Comtesse (qui, s'i… vous avez compris, je pense), enfin bref, c'est comme si vous, en vacances, vous faisiez naufrage de votre pédalo et vous échouiez près d'un groupe de cabanons où il y a Claudia Schiffer, Bruce Springsteen et Robert de Niro quoi. Statistiquement parlant, il y a plus de chances que vous tombiez sur doumé, marius et jeannette en train de picoler du pastaga en bouffant des olives à noyaux qui piquent, m'enfin moi je dis ça, je dis rien, hein.

Ah oui dis donc, quelle galerie extraordinaire de personnages hautement attachiants, pardon attachants… Parce que ces personnages ne font quasiment rien par eux-mêmes, ils sont ballottés en tous sens par des sorciers et autres créatures surnaturelles (traduisez Fée clochette et Nymphes, plus quelques démons), on leur fait des révélations extraordinaires et ils ne réagissent quasiment jamais d'une façon vivante, naturelle et logique (en fait… ils ne réagissent pas, point, bonjour la psychologie hyper-développée…), ils rencontrent des créatures mystérieuses et pas forcément bien catholiques et ils ne s'en étonnent jamais (et se méfient encore moins), ils développent des capacités extraordinaires (du genre : Garric qui devient un maître de l'épée « grâce à l'esprit du Roi d'il y a mille ans qui l'habite ») tel un Deus ex Machina vachement pratique et ils n'en sont même pas émus, et ainsi de suite.

Bref, pour résumer : à part, je le martèle, Ilna qui, parce qu'elle acquiert un pouvoir super-dark, devient très intéressante (dans une veine Lovecrafto-Moorcockienne), quasiment tous les autres sont à jeter tellement ils sont insipides et / ou stéréotypés. Les garçons, en gros (Nonnus, Garric, Cashel), passent les 600 pages du bouquin à essayer de sauver leurs trois damoiselles en détresse (respectivement Sharina, Ilna + Liane et Sharina), menacées par des forces qui ne dépareilleraient pas forcément dans une bonne vieille Sword & Sorcery à l'ancienne. Sauf que tout cela est tellement manichéen et cosmique que nous sommes bel et bien dans de la High Fantasy, celle de bas étage plus précisément.

Et en plus d'être insipides, pas attachants et stéréotypés, les personnages masculins (plus Ilna) sont prodigieusement bourrins : s'il n'y avait pas Tenoctris ou parfois Nonnus, ils passeraient leur temps à foncer dans le tas et à péter des murs à coup de banc en métal (véridique). Un plan ? Pour quoi faire ? Et si je réfléchissais à ce que je m'apprête à faire (du genre : passer une porte dimensionnelle qui va me mener sur un Plan dont je ne sais rien habité par des saloperies probablement surpuissantes) ? A quoi ça sert ? Beuaaaaaaaarrrr, allez hop, on FONCE !

- Evénements extraordinaires, absence de réactions, et des explications qu'on attend encore

Il se passe vraiment dans ce bouquin des événements larger than life : une île sous les flots depuis mille ans peut être visitée par les personnages, mais elle ne montre aucun signe de submersion ; Tenoctris voyage mille ans dans le futur, mais elle-même ne sait pas trop expliquer comment ; plusieurs des personnages visitent les Plans d'existence démoniaques, ou des univers qu'on pourrait qualifier de féeriques ; Cashel voyage avec un équivalent de clochette sur l'épaule, qui est apparue comme ça, hop, au détour d'un enclos à moutons ; des Nymphes / fées / pixies donnent à Garric l'épée légendaire du roi Carus, et ainsi de suite. Est-ce que les personnages se posent des questions ? Non. Ou si peu. Ou avec 200 pages de retard. Est-ce que l'auteur propose le moindre début de la plus petite explication (particulièrement pour l'isle qui joue au yoyo sous / hors des flots (ou du temps ?) ? Ja-mais. Bonjour la cohérence de l'univers et de l'intrigue… de même, les personnages, éparpillés dans le monde du roman, dans les Plans, voire le Temps, se retrouvent tous au même lieu à la fin, comme c'est pratique…

Dans le même ordre d'idée, on fait à certains personnages des révélations extraordinaires sur leur passé, leur nature ou leur ascendance (untel est descendant de roi, l'autre de comtesse, la troisième est fille de Pixie- les machins de 15 cm de haut, ça doit être pratique pour les hum… rapports) : leur réaction ? Nada. Celle de leurs proches, devant ce changement de paradigme ou, pire, le départ de l'être aimé vers des terres inconnues en compagnie de gens tout aussi inconnus ? Nada (sauf pour Cashel). Exemple : Garric se rend compte après quelque chose comme 550 pages que « ah oui, merde, ma soeur m'a manquée, finalement ».

Une magicienne vient s'échouer sur la plage, elle prétend venir d'un passé vieux d'un millénaire ? Ah ok. Vous voulez un autre oreiller, vous reprendrez bien un peu de bouillon de poule, Ma'm Tenoctris ? Non mais sérieusement, quoi, personne ne se pose de questions, ne met en doute ces déclarations extraordinaires ?

Puisque j'en suis là, il y a une révélation d'une incohérence et d'une idiotie (il n'y a pas d'autre mot, désolé) confondante sur l'ascendance de Sharina dans les dix dernières pages. Je préfère être honnête, pour la version Babelio et Amazon de cette critique, elle a coûté à ce livre sa deuxième étoile. Jamais vu un truc aussi irréaliste et crétin.

- Une intrigue générée à coups de dés sur des tables de rencontres aléatoires

C'est vraiment l'impression que ça donne. L'auteur ne semble pas savoir où il va, mais il semblerait par contre qu'il ait un quota de pages à remplir. Outre des tas de scènes sans le moindre intérêt, ni pour la construction de l'intrigue, ni pour celles des personnages ou de l'univers, on a l'impression qu'il s'inspire, pour ce qui va se passer, des résultats d'une table de rencontres aléatoires style Donjons & Dragons. Avec des dés qui donnent souvent « combat contre des liches » tout de même (sauf que les liches en question ressemblent aux Draugr de The Secret World, mais c'est pas grave, au point où on en est…).

La partie « principale » de l'intrigue est difficilement compréhensible, remplie de Deus ex Machina (Garric est un paysan ? Pas grave, habité par l'esprit du roi de jadis, il manie l'épée comme un maître), et de voyages vers des Plans démoniaques, oniriques ou féeriques à tout bout de champ, réglés en cinq pages maxi et qui donnent un côté Moorcock ou Zelazny à l'ensemble, mais à des années-lumière du talent de ces grands Maîtres. Les événements, rencontres ou lieux hors-normes s'enchaînent sans qu'on comprenne pourquoi ni comment.

Alors certes, on peut me rétorquer qu'il ne s'agit que d'un premier tome et que certaines réponses se trouvent peut-être dans le tome 2 ou ultérieur (j'en profite pour signaler que la fin du livre est conçue de telle façon que vous puissiez le lire comme un one-shot), mais honnêtement, ce n'est pas le sentiment que j'ai, d'une part, d'autre part ça n'aide pas à établir la crédibilité de l'univers, l'intrigue ou l'auteur, et enfin, c'est très frustrant, parce que si c'est bien ça, on passe des centaines de pages à ne pas comprendre grand-chose, en gros à faire une énorme suspension d'incrédulité.

- En conclusion

Certains poids lourds de la SF militaire, ou plus généralement à gros calibres, se sont déjà lancés dans l'aventure du passage à la Fantasy : cependant, contrairement à un David Weber ou un Richard Morgan, l'incursion dans ce genre de David Drake ne marquera pas les mémoires ou ne sera pas considérée, au pire, comme une honnête réussite, mais plutôt comme un exemple de ce qu'il ne faut pas faire. Univers pompé sur Le Guin et Moorcock, avec des décors en carton-pâte, personnages insipides, stéréotypés et aux ascendances absolument pas crédibles, style plat, narration sous forme de minuscules chapitres donnant une impression hachée, intrigue confuse et semblant générée sur des tables de rencontres aléatoires de jeu de rôle, il n'y a rien à sauver dans ce roman, surtout pas sa fin d'une rare idiotie. Je me demande encore comment l'auteur a réussi à vendre 9 tomes de ce machin, personnellement. En tout cas, on ne m'en vendra pas un second.

Certes, chacun ses goûts, mais pour apprécier ce roman, il faut soit être très bon public (ou être dépourvu de tout sens critique, vous choisirez l'interprétation qui vous choque le moins), soit venir du Young Adult et n'avoir jamais lu de Fantasy adulte (ou bien de l'auto-édité et n'avoir jamais lu d'auteur reconnu), ou alors avoir fait preuve d'un talent absolument sidérant pour éviter jusque là la moindre Fantasy de qualité / de référence, et donc être incapable de faire les comparaisons (défavorables, est-il besoin de le préciser ?) qui s'imposent. Et c'est dommage, parce que l'évolution du personnage d'Ilna était potentiellement intéressante et aurait pu, entre les mains d'un meilleur auteur de fantasy (je ne mets pas en doute les qualités -reconnues- d'écrivain de SF de David Drake, par contre), donner quelque chose de très intéressant. Il y avait un bien beau concept là-dessous, pour tout dire.

Bref, ne perdez pas de temps avec ce truc, vous n'avez que l'embarras du choix pour mieux dépenser votre argent et votre temps de lecture.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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Avant de parler du présent opus, il est bon de savoir que le cycle du Seigneur des Isles comportait en VO 6 volumes éponyme suivi d'une trilogie La Couronne des Isles. Bragelonne, comme c'est souvent le cas chez cette maison d'édition, n'a traduit que le trois premiers volumes et avant de débuter la lecture des trois volumes qui sont parvenus jusqu'à nous on se sent déjà frustré.

Si les événements sont nombreux et se succèdent, ils sont d'une part souvent traités de manière trop rapide, et d'autre part ils ne génèrent pas de questions de la part des protagonistes. Les personnages sont soient habités part des entités, des personnages du passé, où possèdent des pouvoirs, et ces faits ne les émeut pas. Pour exemples : une île enfouie depuis des millénaires sous l'eau main ne montre pas le moindre signe de son séjour, c'est tout a fait logique, les personnages se retrouvent tour à tour dans d'autres plans où dans le temps, ça ne les trouble pas plus que cela, ils ne se posent pas la moindre question sur ce qu'il leur arrive, ils ne s'interrogent pas intérieurement. On a la très nette impression que l'auteur couche sur le papier les idées qui lui traversent l'esprit, sans aucune logique, sans synopsis préalablement établi, si le lecteur ne sait pas où va l'entraîner, il en est de même à ce qu'il semble pour l'auteur. Il nous gratifie de scènes sans intérêt pour l'histoire en elle même, c'est très brouillon et il ne se dessine pas d'intrigue à proprement parler. Si au départ on était frustré que le cycle soit interrompu, au vu de ce premier opus on se dit que c'est peut être une bonne chose. Certes on est dans un tome introductif et peut être que les deux suivants apporteront des faits plus intéressants que les attaques répétées des liches, avec des combats expédiés à la vitesse de l'éclair, le lecteur à a peine le temps de se faire à l'idée qu'il se passe quelque chose que c'est déjà terminé. Si les événements succèdent aux événements, ils sont traités en quelques petits paragraphes, l'auteur a fait le chois de la quantité au lieu de la qualité et le récit est linéaire, sans relief, en un mot fade.

Pour l'univers si l'idée première d'un chapelet d'îles pouvait s'avérer au départ intéressante, le constat est là aussi consternant. On ne peut que constater que l'auteur s'est très largement inspiré d'univers déjà rencontrés et mieux traités, piochant dans des univers traités sur des centaines de pages qu'il traite en seulement, là encore, en quelques paragraphes. On a un monde fait de bric et de broc, sans la moindre originalité. La magie omniprésente dans l'histoire, mais on a l'impression que les utilisateurs ont appris par coeur leurs sorts sans vraiment savoir à quoi ils servent. Tiens on lance un sort et advienne que pourra. Des sorts ultra-puissants et dans l'ensemble peu crédibles.

Venons-en aux personnages et là encore force est de constater là encore un total manque de travail de l'auteur. Il a rassemblé dans un petit village côtier quatre jeunes adultes dotés de pouvoir, d'origines qu'ils ne connaissent pas, c'est on ne peut encore constater qu'il a fait dans la facilité, ils auraient pu se rencontrer dans le cours de l'histoire, mais non ils se trouvent tous les quatre au même endroit. Et c'est sur cette côte que viennent s'échouer une magicienne vieille d'un millénaire et un navire de guerre avec une noble et un magicien, quelles coïncidences. Une magicienne dont l'arrivée ne surprend personne dans le village ou presque. Une magicienne qui déclare avoir peu de pouvoirs mais qui a pu par les Saint-Esprit se retrouver projeté dans un espace temporel. Une magicienne qui a peu de pouvoirs comme elle le précise elle-même, mais qui réussi tout ce qu'elle entreprend comme les voyages dans d'autres plans. Pour les autres personnages leurs psychologies ne sont pas non plus travaillées : on a droit à une réunion au même endroit de tous les clichés possibles du genre. Il n'est malheureusement pas possible d'énumérer tous errements dans la création des personnages sans spoiler le récit, mais on dirait presque que l'auteur a fait exprès de les réunir dans cette histoire, mais comme ce n'est pas le cas on se demande si ce n'est pas les lecteurs qu'il a pris pour des c....


Comme on l'a vu précédemment l'histoire est linéaire, donc dans sa manière d'écrire l'auteur n'a pas su donner de relief à son écriture et ceci est d'autant plus préjudiciable à la dynamique de lecture que les chapitres sont courts et qu'il y avait matière à faire dans certains événements. Avec la répétition de scènes inutiles, l'auteur est complètement passé à coté de l'histoire qui aurait pu être intéressante si elle avait été traitée d'une autre manière.

Au final cette fantasy débute de manière inintéressante même si dans la deuxième partie il y a une nette amélioration. On espère que les deux tomes suivants se révéleront plus accrocheurs car en plus il ne sera pas possible de lire la conclusion de l'histoire. Au vu du début de cette série il est sage d'attendre avec les éditions Bragelonne d'attendre que tous les volumes soient parus avant d'acheter le premier tome.

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Lu oui. Lu. Malheureusement. Pff.

Je m'explique. Ce livre est le premier d'une très longue série. Trop au goût de certains. Nous suivons le trope vu et revu de l'Élu héritier de Quelque Chose qui sort d'un trou perdu avec sa bande d'amis. A partir de là, on bascule sur du Robert Jordan, me direz-vous ?

Eh bien non. L'histoire tourne encore et encore comme une boucle temporelle (ou comme le symbole de l'Infini) dans le même p* de schéma narratif, où aucune possible évolution négative ou positive n'adviendra jamais.

Où les héros sont entraînés dans d'autres plans d'existence ridicules (tout sauf développer la trame de l'histoire), où la menace fantôme d'une invasion aquatique ne survient jamais (pour ne jamais développer l'histoire... ou risquer de changer les personnages... l'auteur associe visiblement caractère honorable et vacuité psychologique et émotionnelle), où le héros casse boules ne change pas du début à la fin (parfait, parfais, tellement parfait... yyaaawwnn), où l'héroïne Ilna ne cherche pas à s'imposer dans la relation du héros avec sa fiancée (dans ce qui aurait pu former un excellent triangle amoureux aux répercussions politiques), où le défilé interminable de créatures fantastiques qui se déversent des plans d'existence alternatifs ne servent qu'à une seule chose: exister (et je précise que dans Game of Thrones les dragons ont une incidence sur l'histoire, pareil pour le gnome Gollum dans le Seigneur des Anneaux et Chtulu... j'imagine ?), où deux protagonistes principaux sont paraît-il transformés en Dieux (en Dieux !) à la fin (toujours pour caser ce qui ne sert à rien au départ... tiens ! mes personnages ne servent à rien ! qu'en faire ?) et j'en passe.

SPOILERS
Dans l'excellente série Cavalier Vert de Kristen Britain qui s'étale actuellement sur 6 tomes de 800 pages chacun, le récit de la seconde invasion de la Sacoridie par le Second Empire est retardé par l'exposition du monde et des différents dangers qu'affrontent simultanément les héros.
Dans le passé, la Sacoridie a été envahie par un Empire dirigé par un terrible tyran usant de magie noire et n'a vaincu que grâce à un peuple allié, les Elétiens (sorte d'Elfes). le sorcier en question était à l'origine un prince inexpérimenté débarqué d'un autre continent et pressé par son père d'avoir des résultats. Ce sont ses revers et sa peur de l'échec qui l'ont rendu terrible.
Xavier Mont-d'Ambre (le presque futur Mornhavon l'Obscur) est décrit dans un possible futur (dans lequel voyage l'héroïne Karrigan en compagnie d'un Elétien) comme un monstre absolu ayant sur chacun une influence surnaturelle et dans le présent comme un monte-en-l'air agréable, cousin du roi, amoureux de l'héroïne qui elle-même aime le roi. Qui est marié à une autre pour raisons politiques. Dans le présent, il part en voyage et se retrouve coincé sur une île sous l'influence de la sirène Iolandhe
On comprend le point de vue des gentils ET des méchants. Karrigan doit voyager dans le futur pour comprendre les enjeux d'une possible défaite de la Sacoridie face au second Empire. Aucun évènement n'est parachuté sans raison valable et on comprend TOUS POINTS DE VUE. Ce qui est essentiel à l'écriture d'une bonne série de fantasy, j'irais même jusqu'à dire une série de fantasy tout court.
FIN DES SPOILERS

David Drake semble détester la fantasy et plus particulièrement le coming of age. Si vous en revanche aimez le sumérien raffiné cuisiné à la sauce fantasy, essayez plutôt la Prêtresse Esclave de Victor Fleury.
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Je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec ce roman, mais je n'ai pas accroché. Il y a pourtant tout ce que j'aime ; de la magie, de l'aventure, de grandes amitiés, ... Dès le début, on connait tous les personnages qui vivront une épopée, chacun de leur côté. Les quêtes individuelles sont intéressantes. Ensembles, ils auraient pu faire bien mieux. A chaque chapitre, j'ai lu une partie de la vie d'un des anciens amis, c'est un cycle. J'aime bien le personnage de Tenoctris, une magicienne, elle est très humble. le monde est complexe, peut-être trop, comme les héros. C'était une lecture agréable, assez longue, mais qui ne m'a pas donné envie de lire la suite.
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~ Garric sauve une vieille femme de la noyade. Tenoctris est magicienne et dit venir du passé, il y a mille ans exactement. Cette rencontre va changer sa vie, mais aussi celle de sa soeur Sharina, et de ses amis Cashel et Ilna. Tenoctris les prévient d'une menace qui refait surface, et Garric a de plus en plus de visions du roi Carus mort il y a mille ans.

~ le destin de ces quatre personnages semble aller dans la même direction, cependant ils se retrouvent assez vite séparés pour accomplir leurs propres quêtes. Chaque chapitre est consacré à un personnage (ou un petit groupe), si bien qu'à la fin de chaque chapitre, on a envie de continuer pour connaître la suite. Ils ne sont pas au bout de leur peine, avec ces forces du mal de plus en plus oppressantes.

~ J'ai aimé tous les personnages. Ils sont tous différents et donnent une vraie richesse au récit. Si je devais désigner deux petits chouchous, ce serait Nonnus l'ermite et Sharina la soeur de Garric. Cependant j'ai également adoré la magicienne Tenoctris, très humble et loyale; et Cashel le berger aux talents cachés.

~ L'univers créé par l'auteur est à la fois riche, complexe et passionnant. On voyage d'île en île, découvrant de multiples personnages, paysages et espèces. J'ai pris plaisir à me référer à la carte en début d'ouvrage, j'avais l'impression de vraiment suivre les personnages dans leurs aventures. Il existe également des mondes parallèles où évoluent les démons et autres forces maléfiques du passé.

~ Malgré une histoire qui m'a plu et des personnages attachants, il m'a manqué quelque chose pour faire de cette lecture un coup de coeur. Je pense que cela est dû au fait que le récit souffre de longueurs par moment. Certaines scènes sont également assez fouillis.
Lien : http://lectures-petit-lips.b..
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