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EAN : 9782232121814
342 pages
Editions Seghers (01/03/2001)
4.17/5   3 notes
Résumé :


Il n'est pas si fréquent de trouver une anthologie faisant connaître des auteurs non seulement vivants mais jeunes ! C'est pourtant le cas de La Poésie allemande contemporaine qui regroupe les dernières publications de vingt-neuf poètes nés entre 1943 et 1970.

Rien de plus naturel toutefois lorsqu'on a décidé, comme Kurt Drawert, de donner un aperçu "de la complexité esthétique et de la diversité des démarches de la production alleman... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je relis cette anthologie qui propose, dans une version bilingue, un panorama de la poésie de langue allemande contemporaine. Pour la plupart, les poèmes datent des années 1990, juste après la réunification des 2 Allemagnes, et donnent un aperçu des démarches poétiques de l'époque des auteurs de langue allemande .
Pas d'unité thématique dans ce recueil. Les poèmes abordent des sujets aussi différents que la nature, la liberté, la beauté, la perte de repères, la mort, la guerre, l'amour, la guerre, la patrie…dans des styles très variés. La seule unité réside précisément dans la diversité esthétique de la proposition des auteurs de langue allemande.
Pas moins de 9 traducteur ont travaillé sur les choix des poèmes de 29 poètes pour les rendre accessibles aux lecteurs français non germanophones, avec tous les choix de transformations, inévitables, du texte original qu'impose le passage d'une langue à une autre.
C'est la raison pour laquelle j'apprécie du reste tellement les ouvrages de poésie en version bilingue, car ils permettent de se rendre compte du travail fait par le traducteur sur le texte.
A lire pour découvrir d'autres poètes allemands que les classiques' Goethe, Schiller, Heine…
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Pour Allen Ginsberg, décédé le 5 avril 1997
  
  
  
  
Tu n’étais pas là, quand je suis venu à New-York
pour la première fois de ma vie, en septembre 1987.
Je ne trouvai que ton usine, que ton atelier de poésie.
Les gens travaillaient sur des photocopieuses et des télécopieurs.
Quelqu’un me montra la piaule avec ton lit.
Je ne l’avais pas demandé, mais je l’avais craint.
Tu n’étais pas là, et cà m’amusait, et j’étais gêné.
« This is the shrine and where he meditates ! - I see... »
Tu avais laissé ton gros livre rouge
avec tes Collected Poems, avec un dessin
et la dédicace : « for Uwe Kolbe & Friends ».
Tu ignorais que j’étais solitaire.
Même la dédicace de tes poésie complètes
pour tes parents me resta à l’époque étrangère.
Nous ne nous connaissions pas, et j’appartenais
dans la double Allemagne à la génération presque prochaine.
La poésie beat voulait que nous devenions tous
vos disciples.
Personne ne pouvait prévoir que Burroughs
te survivrait.
Parce qu’il n’était quand même pas assez salaud,
comme tu l’avais supposé dans ton poème America pour rester à Tanger.
Ton travail consistait à prendre le monde dans tes bras par amour.
Tu as fait partie des gens au long souffle.
Tu n’as oublié aucune note sur ton orgue de prédicateur.
Au milieu des années quatre-vingt, je n’avais pas appris à temps
ta venue à Berlin-Est organisée par ce salaud de Sascha A. *
parce que je ne faisais pas partie des un-sur-sept.
On disait qu’en RDA un habitant sur sept avait le téléphone,
je présume qu’il y en avait moins.
Mais j’ai encore la cassette de ta prestation.
C’est chouette d’entendre comme les Berlinois de l’Est
étaient coincés quand ils parlaient leur anglais innocemment mauvais.
Ta voix maintenant disparaît lentement
dans les bruits de l’arrière-fond.
Le blues de la Fathers Death reste ma chanson préférée
de ces années-là, Bird Brain en était le résumé formidablement facile.
Ce n’est qu’en 1993 que tout marcha, et je pus t’écouter in live,
« Orplid and Co » merci. Tu revenais de Sarajevo.
Ce soir-là, tu appelais à la « guerre-éclair » culturelle
et tu voulus nous envoyer tous, nous les intellectuels allemands,
du café Clara directement là-bas. Tu te servais des mots
comme quelqu’un qui en a le droit.
Il n’en a rien été.
Tu n’as pas non plus réussi à implanter chez nous
ta joyeuse conception de la baise. On sait qu’en Amérique non plus.
C’est vrai que maintenant on en aurait besoin ;
juste avant l’Anno Domini 2000. Tu sais comment sont les choses aujourd’hui.
La liberté est assez brutale. Assez difficile à supporter
sans toi.

* Il s’agit du poète Sascha Anderson, accusé d’avoir travaillé pour la Stasi.


// Uwe Kolbe (17/10/1957 -)

/ Traduit de l’allemand par François Mathieu
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Eglogue : Borkum



Extrait 3

Tout corps deviendra tôt ou tard victime du climat.
La seule chose qui encore te surgisse à l’esprit, c’est :
  un solarium ou
encore le changement de latitude. Mais le mal du pays
  est nostalgie
du froid ou le désir de porter des lunettes de soleil.

Là-bas ne sera jamais ici. Aucune rue, ni jupe, aucune voix
ne trouve accès à l’ouïe : la coquille pousse vers la pleine
  mer.
Ce qui sépare l’endroit du corps, gît dans la mémoire du
  langage.

Comprendre le patois. Comme souvenir, le mélange de l’île
n’est pas idoine. Dans la vie, les rimes sont aussi malsonnantes
que de la langue allemande la moindre divergence.


// Armin Senser (1964 -)
/Traduit de l’allemand par Philipe-Henri Ledru
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À la mémoire de Joseph Brodsky
(mort le 28 janvier 1996)



III

La mort, le rebord du
miroir, dans lequel les
âmes se mirent, de leur
propre lumière.

Hormis de mesquines
dimensions, le ciel
acquiert une nouvelle face, façonnée,
au ciseau de la Poésie.

Peut-être nous as-tu instruit,
car seuls les enfants ont le droit
de ne pas tenir de promesses,
à la mort de ne faire nulle promesse.

Tu es désormais une partie
des puissants qui, violents
fléchissent le temps, jusqu’à ce que
sur la vérité il achoppe du pied.


// Armin Senser (1964 -)
/Traduit de l’allemand par Philipe-Henri Ledru
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Du sublime III


Extrait 2

                     […] – images d’un continent perdu – gondwana
avant que les plaques ne dérivent et que la terre ne s’étale, grande, sous
le ciel – pour, dans sa propre torpeur, parvenir à un terme avant la
présence de ces choses et leur violence, la langue les invente en
histoires : naufrages et captivités, capitaines, entomologistes ou
géographes avec leur outillage, le romantisme du kaki – pourtant
l’apathie de la saison des pluies a raison de cet héroïsme – les nuits ici
sont sans étoiles les moustiques ne renoncent pas – la solitude ronge le
ventre – seul le ravenala résiste encore à la jungle – de loin la silhouette
de son sémaphore se dresse au-dessus de la colline et ne peut
télégraphier que son propre nom : l’arbre des voyageurs – la sécheresse
accumule l’eau au sein des palmes – à l’aisselle des feuilles, là où elles
se cicatrisent en tronc, il se fait citerne.
brickaville, 7.12.96

Raoul Schrott , Nationalité : Autriche , Né(e) le : 17/01/1964, Traduit de l’allemand par Odile Demange
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Du sublime III


Extrait 1

l’avarie de la pluie à trois heures de l’après-midi – la mer qui tombe à la
verticale – et les éventails du ranevala comme des roues à l’aube qui
fouissent à vide dans les brisants – le vent baragouine encore ses ordres
dans les champs de canne qui débordent de boue – et voilà la grêle qui
jaillit de l’artère brune des nuages et qui rebondit contre la fenêtre – le
soir la chaleur s’accumule et lance des étincelles dans la chambre tandis
que le cyclone fait route vers le nord – moisissures et chaux écaillée au
mur – jambes écartées j’exsude la bière et les cachets de quinine –
difficile d’avaler dans cette humidité le corps inerte sur des draps
élimés – des buissons de lychees rouges pendent de la maison et se
brisent à chaque bourrasque – images d’un continent perdu – gondwana

brickaville, 7.12.96

Raoul Schrott ,Nationalité : Autriche , Né(e) le : 17/01/1964, Traduit de l’allemand par Odile Demange
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