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EAN : 9782213617077
323 pages
Fayard (13/11/2003)
4.5/5   3 notes
Résumé :
L'existence de trois camps d'internement au cœur de Paris durant l'Occupation n'est ni connue ni reconnue. Il s'agit pourtant d'un épisode central de la persécution des Juifs de France, puisqu'il touche le statut des personnes considérées comme juives, les conditions de la déportation et surtout l'un des volets de la spoliation, l'Opération Meuble, jamais décrite auparavant. Placée sous l'égide d'un service coiffé par Rosenberg, celle-ci visait à vider tous les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est à la suite du documentaire sur l'opération « Meuble » ou « M », diffusée sur la 5 au mois de mai 2021 – (merci Pecosa) – que j'ai découvert ces trois annexes du camp de Drancy.

Dans ces trois camps d'internement racial, huit cents internés dits « demi-juif » ou « juif conjoint d'aryen » devaient effectuer le tri de tous les objets pillés par les nazis dans les appartements juifs, écrémés du sol au plafond, avant que les caisses ne soient envoyées en Allemagne. Si aucune preuve de la création d'un statut « particulier » ne fut retrouvée quant aux lois antisémites du régime de Vichy sur les conjoints d'aryens ou demi-juifs, les autorités allemandes, elles, s'y sont particulièrement appliquées, dont la Sipo-SD, obsédées par l'organisation des races dans la doctrine du national-socialisme.

La Shoah sévissait en plein coeur de Paris à l'insu des parisiens qui ignoraient totalement l'existence de ces ateliers. Ces camps sont issus de la convergence de plusieurs administrations, très intéressées par la spoliation des biens mais aussi par une main d'oeuvre bon marché appelée à disparaitre avec la Solution Finale. La Dienststelle Westen sous la direction de Kurt von Behr fut très efficace et des accords quant aux objets d'art furent passés avec Alfred Rosenberg, ministre des territoires de l'Est occupés, initiateur de la solution finale et grand responsable des biens et oeuvres confisquées. Un immense prédateur en un mot !

Ces camps existèrent de juillet 1943 à août 1944. Lévitan dans l'immeuble des magasins Lévitan, au 85, 87, rue du faubourg Saint-Martin, Bassano au 2, rue Bassano dans l'hôtel particulier de la famille Cahen-d'Anvers et Austerlitz qui se situait au niveau des magasins généraux. Et pour la passante parisienne que j'ai été, cela fait froid dans le dos, je n'aurais jamais pu imaginer que je passais devant un camp parisien.

C'est une enquête très minutieuse et qui a pris beaucoup de temps, pas toujours évident d'accéder aux Archives quand celles-ci n'ont pas disparu. Elle est extrêmement documentée, avec nombre de témoignages et d'images que nous proposent les deux auteurs. Les témoignages des rescapés sont édifiants et à travers la description de leur quotidien, on ressent bien que leur situation évoluait entre abri et arbitraire et privations de libertés. Il se dégage une sensation d'étouffement, de peur, à la merci d'un gardien. Ces camps sont insuffisamment traités par les historiens et font plutôt l'objet d'un silence mémoriel et historique. Cet ouvrage vient compléter intelligemment l'Histoire de la Shoah et met en évidence l'existence de ces « presque-camps ».

Cette organisation implacable suscite beaucoup de questions quant aux aides venues de l'extérieur, la mise en place des déménagements, la connaissance des adresses, mais je vous laisse le soin de découvrir ce récit très enrichissant.

« Au-delà des instruments de musique ou des oeuvres d'art, d'ailleurs d'importance mineure, le tri concernait le plus souvent le tout-venant. Les caisses apportées par les camions témoignaient des vies subitement interrompues des occupants des appartements : assiettes de bouillie entamées, reste de nourriture, courriers inachevés ….Elles contenaient aussi bien des objets d'apparat que les traces d'une vie intime, les verres en cristal et les belles étoffes comme les cahiers d'écolier ou les photos de famille. Il arriva même que des « trieurs » tombent sur des objets leur appartenant ou appartenant à leur famille ».

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Travail particulièrement fouillé, documenté et intéressant sur cette période sombre de l'histoire de Paris pendant la Seconde guerre mondiale !
Les 2 auteurs nous font découvrir comment était organisé le pillage des biens juifs et leur stockage avant une expédition vers l'Allemagne .
On découvre les lieux où était stocké tout l'intérieur des appartements juifs dévalisés et l'organisation de cette funeste razzia !
Document très abordable car bien écrit, que toute personne intéressée par l'histoire de Paris ou de l' Occupation doit lire avec intérêt .
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au sortir de la guerre, Marcel Lob, ancien interné à Austerlitz, raconta avec émotion, dans une lettre aux descendants de Georges Ascoli, professeur de littérature française du XIXème siècle à la Sorbonne, arrêté et déporté à Auschwitz le 7 mars 1944 : "Ancien élève de Normale, ancien professeur révoqué comme Juif par Vichy, j'ai été, en mars 1944, arrêté par la Gestapo et envoyé à Drancy. Comme ma femme n'est pas juive, je n'ai pas été amené en déportation mais transféré à la Dienststelle . Vu mes connaissances, j'ai été affecté au services des livres. Un jour de juillet 1944, il m'est arrivé la bibliothèque et les papiers du professeur Ascoli que je connaissais de réputation. J'ai été professeur moi-même et je sais ce que ça représente pour nous, nos bouquins. Les évènements (débarquement allié) permettant d'espérer une libération prochaine, j'ai fait ce que j'ai pu pour sauver ses papiers ; notes de cours ou d'ouvrages, fiches, etc. J'avais tout camouflé dans deux ou trois vieux sacs cachés sous des tables pour les empêcher d'aller à la presse à papiers. Il ne m'a pas été possible d'en faire autant pour les livres". Que leurs propriétaires aient été célèbres ou obscurs, les objets triés constituaient l'univers de milliers d'hommes et de femmes dont les internés furent les derniers témoins.


page 133/134
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L'arrivée de la main d'œuvre :

A Drancy, les détenus étaient répartis par catégories. Or cette classification administrative se traduisait géographiquement par l'attribution des escaliers à tel ou tel groupe. André Cohen, ancien interné d'Austerlitz, racontera, après la guerre, son arrivée à Drancy le 6 avril 1944 : "Nous fûmes conduits à un bureau qu'on nommait Kanzlei. Chacun passait à tour de rôle, suivant son dossier, à l'application de la loi de Nuremberg. On y recevait suivant son cas une petite fiche rouge pour les A (conjoints d'aryens), violette pour les B (déportables), ou verte C (destinés aux travaux à l'organisation Todt.

page 114

L'organisation des transferts et le moyen de transport utilisé
ne sont pas connus avec précision. Si dans les récits, revient la présence de gendarmes français, le véhicule varie.

Le premier détachement de travailleurs arriva donc au 85-87, rue du faubourg Saint-Martin , le 18 juillet 1943.


page 119
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