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Critique de ninachevalier


le livre qui rend heureux A ne pas lire en cas de bonheur
Arthur Dreyfus ( Flammarion-122 pages- 12€)
Un titre qui peut laisser dubitatif. Cet essai se présente comme un puzzle composé de témoignages collectés lors de micro-trottoir( chacun donnant sa conception du bonheur, d'une vie réussie), truffé de références musicales (Nina Simone, Sinatra, Trenet, Brassens) et littéraires ( en exergue), d'une anecdote de poète persan. Arthur Dreyfus y ajoute sa propre expérience, des exemples concrets, des scènes de rue dont il fut le témoin. Il se révèle un perspicace regardant,sachant se fondre dans la foule quand il sonde les pensées de ceux qu'il côtoie (dans le métro, la rue ou dans un parc). Il nous guide vers sa recette du bonheur, nous enseigne à poser un autre regard et à positiver.
Il distille des conseils avisés. A celui qui se retrouve à faire le pied de grue, il suggère de ne pas forger des interprétations trop hâtives. Il prône la tolérance au sein d'une famille, étayant son propos par le suicide d'un fils dont le père n'avait pas admis l'homosexualité.
Il nous encourage à lâcher prise plutôt que de se polluer la vie à persévérer.
Il valorise le goût d'apprendre, allant même jusqu'à envier « l'ignorant qui a tout à apprendre ».
Arthur Dreyfus glisse subtilement l'étymologie du mot bonheur, qui exprime l'idée d'aboutissement.
On sera étonné de découvrir la raison pour laquelle De Gaulle n'emportait jamais de parapluie, ce qui nous enrichit du mot « contingence ».On sera tenté de «  sourire très fort en écoutant son baladeur » pour vérifier si notre qualité d'écoute est meilleure. Il nous encourage à « améliorer nos capacités » par le questionnement et les échanges. le partage favorisant une vraie pollinisation.
Il fait l'éloge de la gentillesse, « cette vertu rare »,fêtée à grande échelle lors du « world kindness day » . N'est-on pas heureux que dans le bonheur des autres?
Il encense la beauté que parfois on ne sait pas remarquer sur notre trajet quotidien ( un bas-relief en céramique,la forme d'un nuage, la couleur du ciel, un clocher irisé) et les plaisirs minuscules (un sourire). Il nous invite à prendre le temps de flâner,de marcher en levant le nez et surtout à « prêter attention »à ce qui nous entoure. Et ainsi débusquer « des gouttières en vermeil, des graffitis imprenables » . La vue du musée d'Orsay lui suffit pour convoquer Monet. Avec humour, il relate une déception de gourmet, apprenant à ses dépens que garder une poire pour la soif ne lui a pas réussi. Désormais il se délectera de macarons sans attendre.
Il brasse divers thèmes dont l'ennui, la solitude, la fuite inexorable du temps, la finitude. Il nous rappelle que les jours ne se rachètent pas ,que les choses ne se reprennent pas une fois passées sans profit. Alors préconiser « Le Carpe diem n'est pas si bête », en conclut-il.
A noter qu'Arthur Dreyfus rend hommage à Marceline ,cette femme rescapée d'Auschwitz, à l'incroyable trajectoire, habitée par une énergie intarissable d'où elle puisa sa force de résilience.

Arthur Dreyfus a veillé à nous inoculer la capacité à composer avec l'inacceptable. Confortons le dans l'idée qu'il a bien fait d'initier ce projet et de nous offrir ce florilège euphorisant. Dans ce bréviaire de sagesse, éclectique, l'auteur souligne l'importance de renouveler notre regard, de percevoir l'éclat du merveilleux derrière la banalité du quotidien. Il répand sur la vie comme une pluie d'or, illuminant ses réflexions, une façon de nous tenir du côté ensoleillé du trottoir.

Arthur Dreyfus nous donne rendez-vous au carrefour des possibles, afin de nous remettre les clés « d'une joie éternelle et continuelle de vivre ». Sa maison Félicité recèle bien des surprises , comme : « Le métier de vivre est sans concours », des aphorismes que l'on a envie de s'approprier: « Si la VIE n'a pas de sens le bonheur est sa direction ». Arthur Dreyfus a su relever le défi d'écrire sur le bonheur après les propos d'Alain, pour le plus grand plaisir du lecteur. Cet opus qui fredonne le bonheur est nourri de sollicitude et d'empathie pour les cabossés de la vie.
Pour parachever cette pépite, Arthur Dreyfus a su s'adjoindre le graphiste François-Xavier Goby dont la contribution est remarquable, jouant avec les contrastes: blanc, noir, orange.

Le livre qui rend heureux est un cadeau ludique, enrichissant, idéal pour cultiver l'amitié.
Un compagnon de route incommensurable, pour aider à rebondir. Un viatique roboratif.
A lire même en cas de bonheur.
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