Je te regarde longtemps :
Après la bouche, les yeux,
Entre deux baisers,
Personne n'a la place de passer.
J'ose te sourire.
STATION
Je veux la remercier de hurler.
Moi pas.
Alors merci à la femme qui dans le métro hurla longtemps
Elle est si forte,
La maladresse de l'amour dans la vie
Ou quoi ?
En criant, c'est elle, cette femme qui n'est pas l'écriture et qui dit - je respire ! - que la souffrance peut faire du bruit, ici je reste près de la fontaine hurlante
Mon ventre - celui dont tu t'es écarté.
Et je ne pleure plus tellement je m'entends.
Je monte sur le trottoir, le désir de même. Discrétion de la vie qui nous rend sévères alors que nous sommes si libres
De dénuder le muscle de l'espoir. Je lâche sa main pour l'entourer de mes bras et être dans les siens.
Une flamme aussi c'est pour l'instant.
La main que je voulais,
C'est dans la tienne.
Une nuit j'avais comme des morsures, attaquée par l'amour incertain. Tu as tout regardé, sans me plaindre et sans me laisser, comme on fait d'une vivante.
Me montrant que cela aussi c'est choisir, souffrir.
C'est acceptable si l'on sait.
"Je vais te lire un poème de T.S. Eliot."
Aucun sexe ne nous berce ce soir, ni l'un ni l'autre. Nous nous disons des poèmes. Déchaussés, assis ou à moitié allongés sur le très mince tapis rouge, tour à tour c'est s'occuper d'un feu pour que l'autre regarde danser des flammes.
Tu te rends compte ?
Je n'ai pas froid.
ÉPILOGUE
Seule.
Fascinée, je fixe des yeux le pain qui reste.
Cela a été.
Passer à la boulangerie avant, les petites pièces, la gaîté,
Car plus que quelques minutes.
Et une baguette entière
Pour la seule raison qu’entière.
Comme si
ne plus couper le temps.
Tu es venu.
Une part mangée, une part restée.
Ce qui brûle le cœur c’est le morceau disparu.
Mais je caresse les miettes qui écorchent la nappe
Aujourd’hui.