Excellente biographie qui é
claire sans rien occulter l'homme de lettres
Paul Morand, son milieu et ses négligences morales qui ne l'ont pas porté du bon côté de l'histoire.
L'auteure offre un panorama fouillé de la vie d'un homme, d'un milieu social et d'une époque.
Les artistes côtoyés, les hommes politiques fréquentés, la correspondance avec sa mère, son épouse très très germanophile, ses amis, les
voyages, les relations extra-conjugales, l'obsession de la rentabilité pécuniaire, l'ambition diplomatique comme marche-pied plus que par devoir, l'orgueil littéraire visant la reconnaissance ultime : l'Académie française, le recyclage des écrits au fur et à mesure des années, tout est évoqué, expliqué, détaillé, analysé par l'auteure qui a mené un travail fouillé remarquable.
Cet ouvrage, à travers
Paul Morand, ouvre les yeux sur cet embrouillamini de l'après-guerre autour des écrivains collabos, non-collabos : où commence, où s'arrête la collaboration?
En ce qui concerne
Paul Morand, on se trouve dans une zone grise, très grise et « le Journal inutile » (ainsi que la correspondance conséquente avec
Jacques Chardonne) montre que ce personnage n'a rien renié de ses idées nauséabondes (antisémitisme,…).
Ce qui choque, c'est que le côté « anguille » du personnage et son entregent lui permettront d'atteindre ce but de la reconnaissance même si l'étoile n'a plus jamais brillé comme il l'aurait souhaité et est en train de s'éteindre suite aux révélations précisément de la correspondance avec Chardonne et du Journal intime parus épisodiquement depuis l'an 2000 (date fixée par
Paul Morand lui-même) dont un pan important des années 40-50 est à paraître et promet probablement d'être sulfureux.
Ainsi à travers ce portrait de
Paul Morand surgit celui d'une certaine bourgeoisie enfermée dans ses certitudes, hermétique à toutes pensées divergentes de la sienne et qui conduit à des comportements et des écrits qui figent cette caste dans un temps dont elle ne peut s'extraire.
En dehors du fait que se pose la question de savoir s'il faut séparer l'oeuvre de son auteur, au fait, que peut nous apporter encore
Paul Morand?