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EAN : 9782757825877
137 pages
Points (15/03/2012)
3.14/5   11 notes
Résumé :
L'inspecteur Ali a une méthode très personnelle pour résoudre les affaires qu'on lui confie. Primo, avoir les mains libres : il se débarrasse de sa femme (qu'il fait mettre en prison ! ). Deuzio, être à l'aise : il exige une chambre dans un luxueux hôtel de Marrakech. Enfin, avoir l'air de faire tout autre chose qu'enquêter. Par exemple : draguer les témoins et raconter des blagues aux suspects.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Je n'espère rien du tout, rétorqua l'inspecteur Ali. Je ne vis pas d'espoir. J'agis. L'affaire est bouclée. A ma manière, suivant mes petites cellules grises de pitre. »
Pour qui ne connait pas l'inspecteur Ali, je dirai que c'est un pitre qui cache un coeur tendre. Une intelligence fine et rusée, une mémoire incroyable et un poète. « Xactement ! »
Je me suis régalée à la lecture de ce roman qui, au travers des blagues potaches et des réparties bien senties de l'inspecteur Ali, critique, notamment, les singeries de l'administration, la tartuferie des politiques (pour faire bonne mesure, les deux côtés de la Méditerranée sont visés) et la duplicité des religieux. Mais le spectre est plus large... je laisse des zones d'ombres pour qui voudrait découvrir les aventures de cet inspecteur impertinent et grossier, cocasse et truculent.
Inspecteur Ali vous n'épargnez personne, vous combattez l'hypocrisie sous toutes ses formes. Mais quand même, faire embastiller votre épouse parce qu'elle réclame un wonderbra..! Ah, vraiment, vous savez parler aux femmes ! Et puis.... vous me déclamez Amr ibn Qaïs « un poète retourné à l'état de poussière et d'oubli » et là, moi aussi je fonds...
« Je nous ai vus toi et moi ensemble,
Je nous ai entendus toi et moi ensemble,
A l'instant même où nous nous sommes rencontrés.
Ta prunelle de nuit était grande ouverte
Où pénétrait ardent mon regard du jour.
Et sur la même trace de nos pas,
Là où le désert nous avait réunis,
Nos pieds étaient joints, titubant
Sur nos corps debout et joints. »
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Drôle de loustic que cet inspecteur Ali! Quand aux premières heures du jour on le tire péniblement de son lit , quand il se retrouve avec le corps d'un inconnu retrouvé occis dans la poubelle d'un P.D.G. de banque, quand pour mener à bien son enquête il demande à être logé à la Mamounia , vous connaissez ce petit hôtel sans prétention à Marrakech, quand pour être à nouveau célibataire il se sépare "religieusement " de son épouse après l'avoir fait emprisonner pour harcèlement - elle voulait qu'il lui achète un Wonderbra!- quand enfin l'enquête commence , eh bien oui vous reconnaîtrez comme moi que c'est un drôle de loustic! "Xactement"....
Driss Chraïbi, écrivain marocain francophone, nous offre ici un roman succulent mais ô combien grinçant ! La royauté, les puissances financières, étatiques, les V.I.P saoudiens ou autres ils sont tous là....
A dévorer sans modération, si vous savez lire entre les lignes la saveur n'en sera que plus grande , je devrais dire plus amère ....
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
— Essuyez ces yeux qui vous déparent et m'éplorent. Je parie que vous n'avez même plus de Kleenex. Redressez le dos, gare à la scoliose ! Patience et courage font plus que force et que rage, comme disait La Fontaine Jean de. Un autre compatriote à vous, mais vous n'avez pas dû le connaître. Je crois bien qu'il est mort, d'ailleurs. Combien en avez-vous ?
— Quoi ? demanda-t-elle, interloquée.
— De taches de rousseur sur le nez ? Les avez-vous jamais comptées ?
Elle cessa aussitôt de pleurer, sourit. Ce fut magnifique. L'instant d'avant, dix secondes avant, l'inspecteur Ali était sur le point de lui faire du gringue, en termes animaux - du genre : « Vous avez le loquedeu ? Bon ! vous ne savez pas ce que c'est le loquedeu, donc vous ne l'avez pas. Et le ver ? Est-ce que vous avez le ver, ce petit truc qui remue entre les petites lèvres et déplie les grandes comme deux pétales de rose ?... » Il la voyait déjà dans son lit. Elle sourit et ce fut tout à fait autre chose : un éblouissement. Il tomba amoureux d'elle sur-le-champ, séance tenante, sans plus tarder - amoureux fou de ce sourire lumineux, de la nudité de son regard, de la grâce qui émanait de toute sa personne. Son foie se gorgea d'émotion, son âme lui remontant entre les clavicules. Et, en même temps que la passion naissante et friselante, étrangement il ressentait pour elle un immense respect doublé d'une sorte de foi - lui qui ne respectait rien ni personne en ce monde d'économie de marché. De cette révélation soudaine, de cet amour pur qui venait de descendre en lui comme un Coran à sa mesure, il ne laissa rien transparaître sur son visage policé : il n'était pas flic pour rien. Un flic dur et désabusé, coriace d'entre les coriaces.
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— Comment je sais tout cela ? Je suis flic, répéta Ali. Inspecteur Ali, pour vous servir. La prochaine fois que vous vous disputerez avec votre petit ami, faites-le donc en silence. Les oreilles traînent.
Il se leva, gauche, à cran. Avant de partir, il se pencha et lui murmura à l'oreille :
— Dans le parc solitaire et glacé, deux ombres ont tout à l'heure passé. Colloque sentimental. Verlaine Paul. Et payez votre dîner. Pas le mien : je mange gratis.
Il tourna les talons et sortir en sifflotant un air guilleret. Il ressentait le goût du dernier goût, comme la lie d'une vieille bouteille. Pendant des années il avait vécu sans s'en apercevoir. On lui avait confié des enquêtes et il les avait menées à bon terme. Il y avait les lois et il avait obéi aux lois. Et maintenant, il se rendait compte qu'il avait pour le monde une suprême indifférence, sinon un suprême mépris.
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— Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :
Un amour éternel en un moment conçu ;
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Arvers Félix, conclut-il. Un grand poète. Vous connaissez ?
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Videos de Driss Chraibi (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Driss Chraibi
Driss Chraïbi au micro de José Pivin (1959 / France Culture). Production : José Pivin. Photographie : Driss Chraïbi © Stéphan Chraibi. Présentation des Nuits de France Culture : « Comment raconter son enfance au Maroc ? Driss Chraïbi, écrivain marocain de langue française, racontait au micro de José Pivin une partie de son enfance dans l'émission “Tous les plaisirs du jour sont dans la matinée”. Cet entretien a été diffusé pour la première fois le 14 novembre 1959 sur France II Régionale. L'entretien était illustré par des lectures d'extraits des œuvres de Driss Chraïbi. » Des extraits des romans de Driss Chraïbi, “L'Âne”, “Les Boucs”, “De tous les horizons” sont interprétés par Roger Coggio, François Darbon, Yves Péneau et Suzanne Michel. Driss Chraïbi (en arabe : إدريس الشرايبي), né le 15 juillet 1926 à El Jadida, au Maroc, et mort le 1er avril 2007 à Crest, dans le département de Drôme, en France, est un écrivain marocain de langue française. Il a également participé à des émissions radiophoniques pour France Culture pour qui il a dirigé l'émission “Les Dramatiques” pendant 30 ans. Connu pour son roman “Le Passé simple”, Driss Chraïbi aborde des thèmes variés dans son œuvre : colonialisme, racisme, condition de la femme, société de consommation, islam, Al-Andalus, Tiers monde, etc. Il se fait connaître par ses deux premiers romans, “Le Passé simple” (1954) et “Les Boucs” (1955) d'une violence rare, et qui engendrent une grande polémique au Maroc, en lutte pour son indépendance. “Le Passé simple” décrit la révolte d'un jeune homme entre la grande bourgeoisie marocaine et ses abus de pouvoir incarnés par son père, « le Seigneur », et la suprématie française dans un Maroc colonisé qui essentialise et restreint l'homme à ses origines. Le récit est organisé à la manière d'une réaction chimique. À travers la bataille introspective de ce roman par le protagoniste nommé Driss, le lecteur assiste à une critique vive du décalage entre l'islam idéal révélé dans le Coran et la pratique hypocrite de l'islam par la classe bourgeoise d'un Maroc des années 1950, de la condition de la femme musulmane en la personne de sa mère et de l'échec inévitable de l'intégration des Marocains dans la société française. Ce dernier point sera renforcé en 1979 dans la suite de ce livre, “Succession ouverte”, où le même protagoniste, rendu malade par la caste que représentent son statut et son identité d'immigré, se voit obligé de retourner à sa terre natale pour enterrer « le Seigneur », feu son père. C'est une critique plus douce, presque mélancolique, que propose cette fois Chraïbi, mettant en relief la nouvelle réalité française du protagoniste et la reconquête d'un Maroc quitté il y a si longtemps. “Succession ouverte” pose la question qui hantera l'écrivain jusqu'à ses derniers jours : « Cet homme était mes tenants et mes aboutissants. Aurons-nous un jour un autre avenir que notre passé ? » Question qu'il étend ensuite à l'ensemble du monde musulman. Dans “Les Boucs”, l'auteur critique le rapport de la France avec ses immigrés, travailleurs exploités qu'il qualifie de « promus au sacrifice ». C'est le premier livre qui évoque dans un langage haché, cru, poignant, le sort fait par le pays des Lumières aux Nord-Africains. Suivent deux romans épuisés aujourd'hui : “L'Âne”, dans le contexte des indépendances africaines, prédit avant tout le monde leur échec et les dictatures, « ce socialisme de flics ». “La Foule”, également épuisé, est une critique voilée du Général de Gaulle. Le héros est un imbécile qui arrive au pouvoir suprême, car, à son grand étonnement, la foule l'acclame dès qu'il ouvre la bouche. Une page se tourne avec la mort de son père, Haj Fatmi Chraïbi, en 1957. L'écrivain, en exil en France, dépasse la révolte contre son père et établit un nouveau dialogue avec lui par-delà la tombe et l'océan dans “Succession ouverte”. “La Civilisation, ma Mère!...” (1972) tente d'apporter une réponse aux interrogations de l'écrivain marocain. Le fils aide sa mère à se libérer du carcan de la société patriarcale et à trouver sa propre voie. C'est l'une des premières fois que la question de la femme est évoquée dans la littérature marocaine.
Sources : France Culture et Wikipedia
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