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EAN : 9782081290686
369 pages
Flammarion (09/01/2013)
3.81/5   36 notes
Résumé :
Pourquoi les petits français paraissent-ils si formidables aux yeux des parents américains ? Pourquoi ont-ils la réputation de bien dormir la nuit, de savoir rester calme au restaurant, de manger les légumes et le poisson qu'on leur a servi, et de ne pas jouer au frisbee avec leur morceau de pain comme les petits américains ?
Pamela Druckerman, journaliste et jeune maman américaine installée en France s'étonne : quel est le secret de l'éducation à la français... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Un essai très lisible, malgré le côté très "américain", sur l'éducation à la française (enfin surtout observée à Paris) et en miroir, l'éducation que tentent de donner les parents américains de la "classe moyenne" ... plutôt aisée.

Il peut être assez frappant de voir à quel point les Américains et les Anglais semblent méconnaître les besoins fondamentaux des enfants et notamment des bébés, en matière de sommeil, de repos, de digestion, d'équilibre alimentaire, mais aussi les besoins des mères et des couples en termes d'harmonie familiale retrouvée, une fois que l'enfant "fait ses nuits" ...
Les grandes lignes exposées dans ce livre me semblent à moi aussi (comme à de nombreux Français visiblement) du BON SENS (alors que je n'ai pas encore d'enfant ...), aucune règle énoncée ne m'a surprise.

Visiblement, pour les Américains, il est TRES étonnant de voir que même des bébés et des jeunes enfants arrivent à ATTENDRE quatre heures ... le repas suivant ... mais en nourrissant leurs enfants sans cesse, parfois jusqu'à les nourrir chaque heure ou toutes les deux heures, quelles chances leur donne-t-on de digérer un repas normalement ? d'avoir assez d'appétit pour manger un repas "à la française" ? (composé de plusieurs plats, avec plusieurs saveurs, un VRAI repas donc) pour manger des "vrais fruits" entiers, des compotes maison ... des choses savoureuses ?

La notion aussi de VRAI repas et d'horaire de repas n'est pas une évidence pour les Américains et les Anglo-saxons, je comprends donc pourquoi l'éducation de leurs enfants peut vite tourner au cauchemar.
Avec un enfant sur-stimulé, gavé de nourriture, de jeux organisés, d'activités diverses, qui ne se repose quasiment jamais ... comment espérer l'attente, la patience, l'apprentissage d'une dose raisonnable de frustration, la concentration sur une activité, le calme nécessaire pour bien dormir la nuit ...
Inversement, quand on dort très mal longtemps, comment bien manger et digérer, comment bien vivre ses journées, c'est difficile !

Avec ce livre, qui inclut de bonnes doses de témoignages, d'humour, d'éducation de ses 3 enfants ... l'auteur nous brosse un portrait vivant de l'éducation de la petite enfance aujourd'hui, à Paris. Tout y passe : la grossesse (vécue si différemment par les Américaines et les Françaises), l'accouchement (la sécurité, la péridurale, la césarienne, etc.), les nuits, les repas, mais aussi la crèche, la maternelle, la vie avec des jumeaux (car Bean a finalement 2 petits frères pour le prix d'un, de "faux jumeaux" Léo et Joey).

Je comprends parfaitement le malaise initial de Pamela, un peu confuse quand elle réalise les nombreuses différences culturelles et éducatives entre son pays et la France, je comprends le contexte américain et anglais (la maman est américaine et son mari est anglais), donc un couple qui fréquente surtout une petite communauté d'Anglo-saxons au début ... surtout qu'il est difficile de s'intégrer à Paris quand on parle encore peu français, quand on ne se sent pas encore français, quand on n'est pas (pas encore ? Pamela évolue ensuite beaucoup) francophile ...

MAIS ... quid de l'influence du pourtant anglais Donald Winnicott, dans les livres, les références, etc. qui semblent jalonner le parcours du combattant que s'imposent les mères américaines (qui en font souvent beaucoup trop, avec une dimension de sacrifice à laquelle beaucoup de Françaises sont résolument hostiles)
Winnicott, qui a quand même souvent évoqué la mère "suffisamment bonne", l'aire de jeux de l'enfant, l'objet transitionnel ... tout cela ne semble pas prendre une place très importante dans l'éducation à l'américaine ou à l'anglaise ... pourtant il y a des idées intéressantes à prendre ! surtout dans des pays où Dolto n'est PAS traduite (un seul livre traduit en anglais et épuisé !)
L'auteur cite surtout Rousseau, Dolto et la fameuse Laurence Pernoud, pour l'éducation à la française. Elle cite aussi un peu Daniel Marcelli, en fin d'ouvrage Marcel Rufo ou d'autres ... en France aussi, le discours psy et les experts de la petite enfance ont du poids. Mais c'est vrai que Dolto a beaucoup marqué les Français, et ils semblent surtout se fier à du bon sens, au rythme de leur enfant ... et à une certaine cohérence qu'ils tentent de donner.
L'auteur semble aussi surprise que dans la France d'après 1968 tout soit aussi CADRE, ENCADRE ... ni anarchiste, ni révolutionnaire, loin de là, mais les enfants sont libres dans un cadre.
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Essai assez léger, plein d'humour sur l'éducation à la française vue par une américaine. C'est plein de remarques intéressantes d'un point de vue interculturel : un lecteur français en apprend probablement autant sur l'éducation américaine qu'un lecteur américain sur l'éducation française. C'est très lisible, presque plus un témoignage qu'un essai, et cela a ses limites : le champ d'observation français est surtout parisien, mais pas forcément restreint à une classe sociale (au parc, dans un café ou dans les transports, difficile de savoir à qui on a affaire), quand au champ d'observation américain il s'agit essentiellement d'une classe moyenne haute, voire aisée. Malgré cette réserve cela en dit long sur nos sociétés respectives ! Parfois certains constats positifs sur la France m'ont un peu effarée : selon elle les petits Français ont une meilleure tolérance à la frustration parce que leurs mères leur disent souvent « attends ». ??? En tant qu'enseignante de maternelle, j'ai plutôt constaté que les mamans ne disent pas moins souvent à leurs enfants « Attends ! » et que pourtant d'années en années les enfants sont plus intolérants à la frustration : j'ai même eu en classe une petite fille qui à cinq ans était capable d'hurler pendant toute la récréation en intérieur en tambourinant la porte « Pluie, je veux que tu cesses ! »(sic pour la phrase aussi surprenant que cela paraisse). Il y a un point important que j'ai du mal à juger, c'est ce qu'elle dit sur l'allaitement, car la maternité près de chez moi étant une maternité pilote et modèle pour l'allaitement depuis des décennies, je n'ai eu affaire qu'à une majorité de mamans ayant allaité et d'enfants ayant été allaités. Au final, c'est un livre plutôt rassurant pour les parents français, même si j'ai quelques doutes sur certains liens de cause à effet envisagés par Pamela Druckerman. Un livre feel good pour maman française !
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Ayant un faible pour les livres comparant les manières de considérer la maternité et l'enfance dans les différents pays, cela faisait un moment que j'avais repéré ce livre. Je m'attendais plus ou moins à un livre ressemblant à Comment les eskimos gardent leurs bébés au chaud, c'est à dire à un sujet traité certes de manière humoristique mais qui m'apprendrait cependant beaucoup de choses. le moins que l'on puisse dire, c'est que ce livre m'a laissé une impression très étrange.

On découvre là une mère américaine résidant à Paris qui observe et analyse la manière dont les mères françaises agissent avec leurs enfants et établis un comparatif entre l'éducation "à la française" et "à l'américaine". Elle trouve visiblement de nombreux avantages à cette éducation dite française, essayant alors de l'appliquer sur ses propres enfants et d'en faire une certaine éloge à travers ce livre.

Ainsi, il semblerait que la mère française soit particulièrement élégante, prennent soin d'elles, aient des enfants qui dorment bien, mangent de tout et savent attendre en toutes circonstances, vivent une grossesse et un accouchement très médicalisés ce qui leur convient tout à fait, ne font pas particulièrement attention à ce qu'elles mangent durant la grossesse, accordent beaucoup d'importance à la séparation entre elles et leurs bébés, n'allaitent généralement pas ou très peu et font preuve d'une autorité naturelle qui réussit très bien à leurs enfants.

Si je regarde un peu autour de moi, je constate qu'en effet, certains de ces points sont plutôt vrais mais en tant que maman, je me demande alors vraiment de quelle planète je viens avec mes jeans et mes baskets, mon refus de la péridurale, mes allaitements "longs", les nuits agitées de ma deuxième fille, mes enfants sortis parfois hurlantes d'un terrain de jeux ou prenant leur chaise au restaurant pour un trampoline, mon éviction systématique de tout aliment "interdit" durant la grossesse et j'en passe... Visiblement, je suis loin de la mère typique française!

Certaines choses m'ont donc particulièrement interpellée et je me suis sentie assez mal à l'aise devant la "méthode" dont nous parle l'auteur à propos du sommeil du bébé, méthode qu'elle semble trouver formidable mais qui me fait quelque peu grimacer.

Le chapitre "Bébé au sein" m'a lui aussi fait sursauter, l'auteur laissant sous-entendre que les mères américaines en font trop vis à vis de l'allaitement considéré comme très important et qu'après tout, les enfants français étant globalement en meilleure santé que les enfants américains (lesquels sont davantage allaités), l'allaitement n'aurait donc pas une si grande importance que cela. Pour ma part, je crois franchement que si les enfants américains sont en moins bonne santé que les enfants français, c'est tout simplement en grande partie à cause de l'alimentation qu'ils ont dés qu'ils mangent "solide"...

L'auteur dit avoir été très stressée par l'idée que l'on puisse donner contre son gré un biberon à son bébé dans les maternités. Elle dit ensuite avoir dépassé cette peur et accepté de confier son bébé à la pouponnière afin de ne pas s'infliger cette "souffrance et et ce sacrifice personnel qui lui semblent de l'ordre des choses". Est-ce vraiment une souffrance voire une "torture" comme elle le dit plus loin de garder son bébé avec soi à la maternité? C'est une réalité dans les maternités françaises : l'allaitement est souvent "tué dans l'oeuf" à cause de cette histoire de biberon donné à l'insu ou contre la volonté des mamans. le fait de minimiser cela comme le fait l'auteur m'a donc plutôt ennuyée. Il est fort dommage qu'elle conclue le passage consacré à allaitement par "Le lait industriel est sans doute moins bon pour les bébés mais, grâce à lui, les mamans françaises passent sans doute des meilleurs mois bien plus détendus avec leur enfant". Voilà une conclusion qui ne va guère faire remonter la cote d'un allaitement déjà bien en berne en France...Cela dit, avant même de lire ce chapitre, je me doutais qu'il ne me plairait pas et ceci dés que j'ai vu que la préface avait été écrite par Elisabeth Badinter, auteur dont les propos sur l'allaitement me font bondir!

Au fil des chapitres, nous découvrons que l'auteur trouve beaucoup de choses extrêmement positives dans l'éducation française qu'elle tente alors souvent d'impliquer à ses propres enfants. Si comme je l'ai dit plus haut, je n'adhère pas forcément à ce qui semble tant lui plaire en France, certains points de comparaison entre la France et l'Amérique m'ont laissée sans voix et franchement inquiété pour les petits américains. Pourtant, loin de moi l'envie de juger les parents américains, au départ, en ouvrant ce livre, je voulait juste en apprendre davantage sur les différences culturelles de la maternité. Mais comment ne pas rester perplexe devant l'auteur s'étonnant du fait que les petits français ne mangent pas des bonbons aux fruits mais de vrais fruits ? Si je connais bien sûr les problèmes de l'alimentation aux Etats-Unis, c'est à la lecture de ce livre que j'en ai véritablement pris conscience.

Il semble exister tout un monde entre la manière de voir l'enfant aux Etats-Unis et en France. Si l'auteur semble valoriser l' "éducation à la française", je ne me suis pas toujours retrouvée dans la description de celle-ci, ayant un peu l'impression d'être une extra-terrestre dans la vision française de l'éducation. Ce que l'on valorise en France n'est pas forcément ce en quoi je crois...Et si certaines choses m'ont paru très étranges dans la manière dont nous est décrite " l'éducation à l'américaine", j'y ai également trouvé des points plutôt positifs, notamment à propos de l'épanouissement et l'estime de soi de l'enfant.

Je ne pensais pas que la lecture de ce livre soulèverait chez moi autant de questions et c'est avec une impression plutôt étrange que je l'ai refermé...
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Merci à ma nièce qui m'a fait découvrir ce livre très humoristique sur les différences culturelles dans l'éducation des petits Américains et des petits Français.
Paru au printemps dernier outre- Atlantique, "French Children Don't Throw Food" ("Les enfants français ne jettent pas leur nourriture"), le livre de la journaliste américaine Pamela Druckerman vantant l'exception française dans le domaine de l'éducation des petits enfants a provoqué un immense engouement. Longtemps présent dans le Top 10 du New York Times et traduit en dix-huit langues, le livre a fait scandale outre-Atlantique car il s'attaque fortement au mythe de la mère parfaite.
Les Françaises seraient plus décomplexées quant à l'éducation de leurs enfants. Pas besoin de donner satisfaction la seconde même à leurs désirs. Un des maître mots serait "attends!", apprenant ainsi les vertus de la frustration à leur progéniture.
Un autre mot-clé serait le mot "cadre".
Les Français tiennent à donner un "cadre", des limites à l'intérieur desquelles les enfants peuvent évoluer selon leur appréciation.
Le livre est plein d'exemples savoureux sur ces différences culturelles parfois troublantes pour une jeune mère américaine installée en France.
Influence de Françoise Dolto, importance des crèches, rôle des parents, de coutumes toutes simples comme "dire bonjour aux adultes", tout est analysé finement.
Le livre est préfacé par Elisabeth Badinter qui rappelle que les Françaises ont depuis longtemps mis leur couple en première préoccupation devant l'éducation de leurs enfants, veillant à ce que leur vie de couple reste harmonieuse après la naissance des petits.
Elisabeth Badinter rappelle que le ton léger de ce livre ne doit pas faire oublier que l'analyse comparée des cultures maternelles est un sujet grave qui en dit long sur nos sociétés respectives.
Un excellent ouvrage de référence qui en dit long sur les différences culturelles au sein des différentes sociétés occidentales.
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Pour le contexte : je suis française expatriée aux Etats-Unis, et enceinte.

Ce livre, il m'a été conseillé, comme un livre de préparation à l'arrivée du bébé, mais j'avoue que (comme beaucoup d'autres français(e)s si j'en crois les autres critiques) les conseils et informations données me semblent, pour la plupart, évidentes...

Au final, j'ai trouvé qu'il se lisait plus comme un roman humoristique sur les différences culturelles Etats-Unis/France que comme un essai. Etant dans la situation inverse par rapport à l'auteur, j'y ai retrouvé de nombreux éléments qui m'ont moi aussi choqué en arrivant ici, notamment le fait que les enfants grignotent à toutes heures de la journée (et pas des fruits... plutôt des chips et des goldfish, un truc qui ressemble à nos gâteaux apéro...)

Après, tout n'est pas à prendre au pied de la lettre je pense : elle présente son livre comme une comparaison entre la France et les Etats-Unis, mis c'est surtout entre Paris et New-York, deux très grandes villes qui, à elles seules ne peuvent pas représenter un pays entier. de plus, les exemples sont tous issues d'un milieu assez aisé, donc là encore, non représentatifs de la majorité. Mais les grandes idées présentées restent assez proches de la réalité... et c'est parfois un peu effrayant!

Pour la note, j'ai donné 4 étoiles, mais je l'ai jugé plus en temps que roman humour qu'essai. En essai, ce serai plutôt 3.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Pour nous Anglo-Saxonnes, les bébés sont immédiatement associés au manque de sommeil. (...)
Mes amies anglo-saxonnes sont plutôt enclines à penser que les problèmes de sommeil de leurs enfants sont uniques et qu'elles doivent s'y adapter. (...)
La pire des histoires que j'ai entendues est celle d'Alison, l'amie d'une amie à Washington DC, qui a un fils de sept mois. Alison me raconte qu'elle a allaité son fils toutes les deux heures, vingt-quatre heures sur vingt-quatre pendant ses six premiers mois. A sept mois, il a commencé à dormir quatre heures d'affilée. Alison - une experte en marketing, diplômée d'une prestigieuse université américaine - ne s'appesantit pas sur sa fatigue, ni sur sa carrière interrompue. Elle a l'impression de ne pas avoir d'autre choix que de s'occuper des habitudes nocturnes exténuantes de son bébé. (...)

Dans un premier temps, je me dis que je ne rencontre que des parents français nés sous une bonne étoile. Mais très vite, les faits sont accablants : les bébés français font leurs nuits tôt, cela semble être la norme. (...)
Les parents français ne s'attendent pas à ce que leurs bébés dorment bien dès leur naissance. Mais avant que la torture du manque de sommeil ne devienne absolument insupportable - généralement au bout de trois mois - tout rentre à peu près dans l'ordre. Les parents parlent de leurs nuits interrompues comme d'un phénomène de courte durée, pas d'un problème chronique.
Toutes les personnes avec qui je discute semblent persuadées que les bébés sont capables de faire leurs nuits avant d'avoir six mois, si ce n'est plus tôt.

(...) Bizarrement, c'est à New York que j'ai une révélation sur les règles françaises régissant le sommeil des bébés. (...)
Certains des conseils du Dr Cohen rejoignent cependant les attitudes des parents parisiens actuels. Comme les Français "de France", il recommande de commencer la diversification alimentaire du bébé avec des légumes et des fruits plutôt que des céréales. Il n'est pas obsédé par les allergies.
Il parle de "rythmes" et propose d'apprendre aux enfants à vivre la frustration.
Il souligne les vertus du calme et accorde une grande importance à la qualité de vie des parents, pas uniquement au bien-être de l'enfant.

"Ma première intervention est de recommander de ne pas se précipiter sur le bébé pendant la nuit, m'explique-t-il. Il faut lui laisser la possibilité de s'apaiser tout seul et ne pas répondre systématiquement, même quand il vient juste de naître." (...) j'ai effectivement vu des mères et des nounous françaises attendre un petit moment avant de s'occuper de leur bébé dans la journée. Je n'avais jamais imaginé que cela pouvait être délibéré ou même important. (...)

Ne pas se précipiter sur l'enfant comme le conseille le Dr Cohen semble aller de pair avec l'observation du bébé. Une maman ne peut pas véritablement "observer" son enfant si elle bondit pour le prendre dès le premier pleur. (...)

Une des raisons qui justifie de marquer la Pause est que les jeunes bébés sont bruyants et agités dans leur sommeil. C'est tout à fait normal.
Si les parents accourent et prennent le bébé dans leurs bras à chaque couinement, ils finissent en fait par le réveiller.
Par ailleurs, les bébés se réveillent entre chacun de leurs cycles de sommeil qui durent environ deux heures. Il est donc naturel qu'ils pleurent un peu, le temps d'apprendre à enchaîner ces cycles. (...)

Les nouveau-nés ne peuvent généralement pas passer d'un cycle à l'autre tout seuls. Mais ils en deviennent capables vers deux ou trois mois, à condition qu'ils aient eu la possibilité de s'y essayer. (...)

Je pense à Alison, l'experte en marketing, et comprends soudain que son fils, qui a tété toutes les deux heures pendant six mois, n'avait pas d'étranges problèmes de sommeil. En fait, elle lui avait involontairement donné l'habitude d'avoir besoin de téter à la fin de chaque cycle de deux heures. Alison ne répondait pas aux besoins de son fils : malgré toutes ses bonnes intentions, c'est elle-même qui les créait.
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Une première évidence s'impose rapidement : avoir un enfant en France n'exige pas de choisir un modèle d'éducation. Presque tout le monde se fie aux mêmes règles fondamentales, ce qui apaise déjà grandement l'atmosphère.

Pourquoi la France ? Je suis loin de nourrir un a priori favorable à la France.
(...) Mais malgré tous ses défauts, la France met parfaitement en lumière les problèmes actuels de l'éducation américaine.

Les valeurs des parents de la classe moyenne française me sont en effet tout à fait familières : les parents parisiens aiment parler à leurs enfants, leur montrer la nature et leur lire beaucoup de livres ; ils les accompagnent à leur cours de tennis, de dessin et aux musées. Mais curieusement, les Français réussissent à s'impliquer ainsi dans l'éducation de leurs enfants sans que cela devienne une obsession pour autant. Ils estiment qu'ils n'ont pas à être au service constant de leurs enfants et que l'éducation ne doit pas être source de culpabilité.

(...) Personnellement, je n'ai pas de théorie. Mais tous les jours, j'ai sous les yeux une société parfaitement huilée avec des enfants qui, dans leur grande majorité, dorment bien et mangent de tout, et des parents raisonnablement détendus. Partant de ce constat, je tente de saisir comment les Français en arrivent là.
Il s'avère qu'il ne suffit pas de choisir un modèle éducatif différent pour devenir un parent différent, il faut surtout adopter une compréhension différente de ce qu'est vraiment un enfant.
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Si on n'apprend pas à lire à la maternelle, on y apprend définitivement à parler.
L'objectif principal de la maternelle est précisément de permettre à tous les enfants, quelle que soit leur origine, d'acquérir une bonne maîtrise du français à l'oral. Une brochure du gouvernement français destinée aux parents explique que le français des enfants doit être "riche, organisé et compréhensible par tous" (c'est-à-dire bien meilleur que le mien). Charlotte, la maîtresse, me raconte que généralement quand les enfants d'immigrés entrent à la maternelle en septembre, ils parlent un français rudimentaire, voire quasi inexistant. En mars, ils le parlent d'habitude correctement, si ce n'est couramment.

Selon la logique française, si les enfants sont capables de s'exprimer clairement, ils peuvent aussi réfléchir clairement. La brochure du gouvernement notifie qu'un enfant apprend, en plus d'améliorer sa grammaire orale, à observer, poser des questions et à s'interroger de façon de plus en plus rationnelle. Il apprend à suivre un autre point de vue que le sien, et cette confrontation avec la pensée logique lui ouvre la voie du raisonnement.
Il apprend à compter, classer, ranger et décrire ...
(...) Je suis contente que Bean ait pu aller à la maternelle.
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Les parents ne s'angoissent pas sur la fréquence des repas de leurs enfants. Dès leurs quatre mois, la plupart des bébés français mangent à des horaires réguliers. Comme pour les techniques de sommeil, les parents français ne voient là aucun modèle d'éducation, mais simplement du bon sens.

Le plus étrange, c'est que ces bébés français mangent presque tous à la même heure. A de légères variations près, les mamans m'expliquent que leurs enfants mangent vers huit heures du matin, midi, quatre heures de l'après-midi et huit heures du soir. (...) En d'autres termes, vers quatre mois, les bébés français mangent déjà aux mêmes heures que pour le reste de leur vie (les adultes abandonnent généralement le goûter).

Cette "programmation horaire nationale" des repas des bébés pourrait être une évidence reconnue. Eh bien non, elle a tout d'un secret d'Etat. Si vous demandez à des parents français si leurs enfants mangent à heure fixe, ils répondent la plupart du temps que non. Comme dans le cas du sommeil, ils insistent : ils suivent juste le "rythme" de leur enfant. Lorsque je souligne que les bébés français semblent tous manger plus ou moins à la même heure, les parents saluent cette coïncidence d'un haussement d'épaules.

Mais le mystère est encore plus profond : comment ces bébés sont-ils capables d'attendre quatre heures entre chaque repas ? (...) Je commence cependant à percevoir qu'"attendre" est une pratique très répandue autour de moi en France. (...) Les Français ne se contentent pas d'avoir réalisé le miracle de faire attendre les bébés et les petits, mais en plus ils le font dans la bonne humeur. Cette capacité à patienter pourrait-elle expliquer la différence entre les enfants français et américains ? (...)

Avoir des enfants qui savent attendre rend la vie de famille infiniment plus agréable. (...) On attend des enfants français qu'ils se conduisent bien et profitent calmement eux aussi du repas."
"En profiter" est une expression importante ici. La plupart des Français ne demandent pas à leurs enfants d'être muets, tristes et dociles. Ils ne voient simplement pas comment leurs enfants peuvent "en profiter" s'ils ne se contrôlent pas. (...)

Les enfants s'entraînent quotidiennement la patience au cours des repas, en acceptant les menus et horaires fixes, mais aussi en mangeant correctement avec des adultes. Dès leur plus jeune âge, les enfants français ont l'habitude de manger des repas composés de plats successifs, avec - au minimum - une entrée, un plat principal et un dessert. Ils prennent également l'habitude de manger avec leurs parents, ce qui est certainement plus efficace pour apprendre la patience. (...) Ces repas ne sont pas pris à la va-vite.
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Dès que je me penche plus précisément sur l'éducation à la française, je me rends compte que la différence ne s'arrête pas aux repas. Je me pose soudain une foule de questions : par exemple, comment se fait-il qu'au cours des centaines d'heures que j'ai passées dans les squares français, je n'ai que très rarement vu des enfants - si ce n'est ma fille - y faire une crise de nerfs ?
Pourquoi mes amies françaises n'ont-elles jamais à interrompre une discussion téléphonique parce que leurs petits leur réclament quelque chose ? Pourquoi leur salon n'est-il pas envahi par les tipis et les dînettes comme le nôtre ?

Et ça ne s'arrête pas là. Pourquoi la plupart des petits Américains que je croise semblent-ils tous suivre une monodiète à base de pâtes ou de riz (...) alors que les copines françaises de ma fille mangent du poisson, des légumes et presque de tout ?
Et comment se fait-il qu'à l'exception d'un moment bien précis dans l'après-midi, appelé le goûter, les enfants français ne grignotent pas ?

Jamais l'on ne m'avait dit que l'éducation était un des fleurons de la culture française, comme la mode ou le fromage. Personne ne visite Paris pour s'imprégner de la position française sur l'autorité parentale et la gestion de la culpabilité. Bien au contraire : les mères américaines que je connais à Paris sont horrifiées par ces Françaises qui allaitent si peu et qui laissent leurs petits de trois ans se promener avec une tétine à la bouche.

Alors comment se fait-il que personne ne parle de tous ces bébés français qui font leur nuit à deux ou trois mois ? Et pourquoi ne dit-on pas que les enfants français n'ont pas besoin d'être l'objet de l'attention constante des adultes et qu'ils sont apparemment capables d'entendre le mot "non" sans faire une crise de larmes ?

Cela ne fait la une d'aucun journal. Pourtant, il me semble de plus en plus évident que les parents français parviennent en douceur à des résultats qui créent une atmosphère familiale radicalement différente.
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