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Citations sur La vie silencieuse de la guerre (27)

Dans son journal, Enguerrand parle du massacre, mais il ne le décrit pas. Il ne le montre pas. Il ne l'a pas photographié.
La seule photo que nous connaissions de lui, à ce moment précis qu'il qualifie d'innommable est celle des corps souffrants mais vivants des hommes qui ont, pour un temps, échappé au massacre. Personne ne sait ce qu'il adviendra d'eux. La photo demande grâce de leur survie. Elle est à l'image du silence qui suit l'infigurable. Elle nous cache l'impuissance de Dieu, son absence.
Enguerrand prépare un ex-voto contre la guerre !
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Il n'eut le temps que d'un seul cliché, celui de tous ces regards tendus dans la même direction, exprimant le même saisissement, la même terreur, au point d'effacer toute singularité, exprimant une attraction et un effroi comme s'ils percevaient ensemble, au même moment, avec la même intensité, que la guerre invente des horreurs.
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Agés de quatorze ans, vrais jumeaux, la silhouette fine et le regard malicieux, ils étaient trop heureux de l'accompagner vers le nord. Alors que la tension semblait monter dans le village, Enguerrand savait qu'il prenait une grande responsabilité, mais les parents acceptèrent avec fierté, se disant que les uns et les autres se protégeraient mutuellement. La réalité était plus tragique. Enguerrand le comprit plus tard. Les parents savaient que les Hutus, leurs voisins de village, ceux qui tenaient les champs, écoutaient les appels de la radio à se débarrasser de la vermine tutsi et que, tôt ou tard, ils les exécuteraient tous. Ils se quittèrent avec la dignité de ne rien laisser paraître.
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« Gilles repensait à ce qu’écrivait Enguerrand dans sa lettre sur le silence visuel de la photographie, ce coup d’arrêt donné par la fixité de l’image, comme une musique énigmatique qui s’adresse à l’œil et lui permet d’entendre le mutisme des choses. » (p. 192)
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Lui apparut alors qu'Enguerrand avait construit un magnifique cheval de Troie, mais que cette oeuvre était un piège, un piège offrant à l'horreur le masque de la beauté. Et cette beauté lui était devenue insupportable.
Ce paravent pour les morts n'était pas sa guerre à elle, la guerre vécue dans les camps de réfugiés. Leur laideur était sans fard. Rien ne pourrait les grimer. Leur tristesse inaugurale ne pouvait être consolée. Ces arrière-cours oubliées de la guerre n'étaient rien d'autre que des lieux de souffrance clos par la perte. Il n'y avait pas de place pour la beauté autre que celle des visages condamnés à vivre l'errance immobile d'un destin de mort-vivant.
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Sa passion pour les images date de l'école communale, celle de la rue Saint-Jacques puis de la rue Victor Cousin, celle des blouses grises et des plumiers, du lait chocolaté de Mendès France et de la mort de Piaf. Les premières images avaient été celles de la récompense, déposées comme une hostie dans la paume de la main à la fin de chaque semaine, le samedi, peu avant midi, car le travail avait été bien fait, les leçons apprises et les cahiers tenus. Les autres, quotidiennes, se succédaient accrochées au tableau noir, formant les grands espaces d'un voyage haletant entre la cour du Roi-Soleil et les ressources minières de l'Afrique-Equatoriale française.
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« Il s’agit bien de la guerre en ce qu’elle échappe à nos regards. » (p. 22)
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Le visage de la guerre est le visage de l’homme.
Et ça, Jeanne, je crois que c’est vrai. Aussi vrai que l’esthétique est, par la composition, le seul moyen de voir au-delà de l’immontrable et, par l’écriture, le seul moyen de dire au-delà de l’innommable.
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Ce chaos visuel lui paraissait propre à représenter la guerre comme un aboutissement de la "nature morte"; une nature morte sans gibier ni fruit, une nature morte comme l'éternel combat des hommes ivres de leurs démons.
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Il n'eut le temps que d'un seul cliché, celui de tous ces regards tendus dans la même direction, exprimant le même saisissement, la même terreur, au point d'effacer toute singularité, exprimant une attraction et un effroi comme s'ils percevaient ensemble, au même moment, avec la même intensité, que la guerre invente des horreurs.
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