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Il n'y a pas que les rois qui soient maudits chez Druon : les vieilles élites aussi, en tout cas cette partie de l'élite française issue de la vieille aristocratie d'avant guerre qui meure lentement pour laisser la place à une coterie de seigneurs moins racés mais plus roués et agiles pour louvoyer dans le nouveau monde.
Il n'y a pas une seconde d'ennui dans cette rutilante saga qui en trois volumes nous fait vivre aux côtés des "dix mille qui font Paris" l'histoire de France vue d'en haut des années 1910 à 1950, à travers la lente décadence de la famille Schoudler, dépassée par les nouvelles générations de politiciens, affairistes et aventurières mais traînant jusqu'au bout sa fin de race au milieu de tout ce que Paris compte de gloires des arts, du barreau ou du théâtre.
Une fin de race puissamment signifiée par la décrépitude physique et la mort de nombreux personnages, au sein d'abord de la famille Schoudler dont les ancêtres n'en finissent pas de pourrir sur pattes mais aussi celles du vieux dramaturge starisé qui agonise dans ses fantasmes ou de la richissime baronne définitivement flétrie mais toujours nymphomane.

J'ai pris un grand plaisir à lire cette saga au style puissant, dans laquelle résonnent les échos des Rougon Macquart parisiens (avec le personnage de Simon Lachaume en écho à celui d'Eugène Rougon et celui de Sylvaine rappelant Nana) mais aussi des Buddenbrook et de la Mort à Venise de Thomas Mann.
Dommage que cette superbe fresque du 20ème siècle,bien que Goncourisée, n'ait pas la même notoriété que les Rois maudits : elle le mérite pourtant pleinement!

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Avant d'explorer le Moyen-Age avec brio, Maurice Druon s'était lancé dans l'auscultation de son époque et a brossé une fresque inoubliable de la bourgeoisie arrogante des années de l'entre-deux-guerres.
Dans sa trilogie "la fin des hommes" dont "les grandes familles" (prix Goncourt 1948) constituent le premier volet, Druon livre un portrait d'une cruauté sans pareille de ces nantis des années vingt et trente.
Tous les notables de la société parisienne de l'époque, où se joue la comédie du pouvoir, vont défiler sous le regard impitoyable de l'écrivain, qu'ils soient banquiers, financiers, politiques, poètes, dramaturges, médecins ou encore aristocrates .....
Bien sûr, tous ses personnages sont ancrés dans la réalité de leur époque, mais pour autant, la description que Maurice Druon en fait ne sent pas la naphtaline, que nenni ! car il a brossé des portraits, archétypes de l'ambition, de l'arrivisme, de la vanité ... dont l'actualité reste brûlante !

Du "petit" Simon Lachaume, obscur professeur et journaliste, dévoré de l'ambition de "réussir" à tout prix, (sans savoir exactement dans quoi, au début de l'ouvrage), ouvert à toute opportunité,
au baron Schoudler, descendant d'une famille anoblie par Napoléon III, présidant aux destinées d'entreprises, de banque, de journal, qui, pour couler un rival détesté, n'hésitera pas à monter de toutes pièces une opération boursière scélérate, sans réaliser les conséquences funestes qu'elle peut avoir sur son entourage !, Maurice Druon nous fait pénétrer dans les arcanes de la vie parisienne avec ses fastes, les coulisses du pouvoir, les ors de la république, les enterrements prestigieux, mais aussi les lieux de plaisir avec ses amours taxées.
Du Balzac au vingtième siècle !

Impossible de livrer ici le moindre résumé, ce serait trahir l'ouvrage, car un grand nombre de personnages s'agite dans cette valse des pantins, et Maurice Druon n'en sacrifie aucun en offrant à tous un rôle non négligeable dans sa partition, menée avec un brio magistral, tant au niveau de l'intrigue que de l'écriture. Une écriture, un style, de facture très classique, comme seul un fin lettré en peut offrir !

"Les grandes familles" sont donc à découvrir et je vous enjoins vivement à vous y plonger ainsi que dans leurs suites : la Chute des corps et Rendez-vous aux enfers.....
Je vous y donne d'ailleurs rendez-vous (si cela vous agrée), très prochainement pour le complément de cette chronique !
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En 1916 Noël Schoudler, patriarche d'une grande famille bourgeoise est aussi à la tête d'un empire industriel.
Il est impitoyable et ne recule devant rien pour augmenter sa fortune.
Son fils François s'impatiente de pouvoir prendre la suite pour moderniser cet empire industriel...
Maurice Druon entame avec cette histoire d'une force peu banale le récit d'une tragédie jouée dans une grande famille industrielle française.
La haine et le cynisme font des ravages.
A la sortie du livre Emile Henriot, de l'académie française écrivait dans le monde " Un très bel écrivain est né..."
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Maurice Druon était avant tout pour moi l'auteur de la saga des "Rois Maudits" dont j'ai si souvent corné les pages et le deuxième homme derrière les paroles du "Chant des Partisans".
Je savais bien que là n'étaient sans doute pas ses seuls faits d'armes, mais je ne m'y étais jamais vraiment intéressé jusqu'à ce que je tombe en librairie sur une réédition de "Les Grandes Familles" en livre de poche et qu'attrapée par sa quatrième de couverture, je me l'offre.

Cet ouvrage pour lequel Maurice Druon fut le récipiendaire en 1948 du Prix Goncourt constitue le premier tome d'une vaste trilogie "La Fin des Hommes" dans laquelle le père des Rois Maudits brosse un portrait impitoyable de la grande bourgeoisie française de l'entre deux guerres avec une férocité et une finesse toutes balzaciennes, dans la tradition des grands romans français qui savent si bien mêler saga familiale et fresque sociale. C'est à la fois incroyablement moderne et on ne peut plus savoureux.

Paris, 1920. Jean de la Monnerie, grand poète, "romantique de la quatrième génération" vient de mourir. Tout ce que la capitale compte de puissants et d'ambitieux, de politiques et de financiers se presse à ses funérailles: le clan de la Monnerie -aristocrate, arrogant-, Simon Lachaume -modeste professeur et jeune protégé du défunt-, Noël Schoudler -richissime banquier et beau-père de la fille du poète-, Anatole Rousseau -ministre un peu falot-, Lucien Maublanc -le cousin fantasque, le mouton noir-...
Ce sont aux tractations et à la comédie auxquelles se soumet tout ce petite monde que nous convie Maurice Druon avec ces Grandes Familles qui exécutent sous nos yeux un ballet bien orchestré: les familles patriciennes menées par leurs patriarches forment une élite économique et politique qui gravite dans les plus hautes sphères sans se soucier de l'existence des petits, des moins chanceux; pas plus que de certains membres de leur clan qu'ils n'hésitent d'ailleurs pas à sacrifier sur l'autel de leurs ambitions.
Pendant ce temps pourtant, tout change et évolue; le monde des grandes familles est sclérosé et déjà en train de s'éteindre mais ni les Schoudler ni les La Monnerie ne veulent le voir, ce qui les rend presque poignants par moments tant ils mettent d'énergie à ce que rien ne bouge et à lutter contre les jeunes d'une autre génération dévorés d'ambition et qui voudraient bien eux aussi une part de ce pouvoir qu'on leur refuse.
Maurice Druon restitue à merveille le poids de l'atmosphère crépusculaire qui a dû présider à la fin des grandes dynastie de l'entre deux guerres.
Il le fait cependant sans complaisance aucune et semble prendre un malin plaisir à nous mettre face à des archétypes d'orgueil, de vanité et de cruauté pour qui la vie n'est rien de plus qu'un vaste échiquier sur lequel tous les coups sont permis.
Un très grand roman en somme dont je me suis délectée et où la langue de la première moitié du XX° siècle rencontre Balzac.
C'est addictif, très jouissif et d'autant plus captivant que rien n'a vraiment changé aujourd'hui quand on y pense...

Il me tarde à présent que les volumes suivants suivent le mouvement et connaissent la réédition qu'ils méritent.









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Quel cynisme !

Rien de grand, rien de beau sous les dorures des beaux quartiers, une noirceur épaisse habite les hommes . Les pauvres ne sont pas mieux nantis, pour quelques billets ou pour une ascension sociale ils sont prêts à toutes les distorsions.

Les "grands" hommes sont entièrement voués à l'argent et au pouvoir . Les femmes ont une place secondaire, utilitaire . L'affection, les sentiments ne doivent jamais prendre le dessus, on se doit de tenir d'une main de fer les affaires et la famille.

Décrépitude de la famille Schoulder que l'auteur se plait à raconter au travers du délabrement physiques des corps vieillissants qui sont à l'image de leur moralité.

C'est une sacrée critique sociale que l'auteur nous livre là, qui n'est pas sans évoquer Zola .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Relu pour un challenge, je reste aussi enthousiaste qu'à ma première lecture, en refermant Les grandes familles.
Saga familiale, Paris des années 20, à ma gauche les de la Monnerie, aristocrates fortunés et très soucieux de respectabilité. A ma droite, les Schoudler, noblesse d'empire d'origine autrichienne, mais surtout banquiers et industriels riches et influents. Les deux familles sont unies par un mariage, et Maurice Druon nous dresse un portrait sans concessions de toutes les turpitudes auxquelles ces "grandes familles" sont prêtes, pour conserver gloire, richesse, pouvoir et semblant de respectabilité. Avec un style magistral et une visible jubilation, l'auteur nous passe en revue tous les membres de ces deux familles, mais aussi quelques figures satellites avec leurs vanités et leur besoin ardent de reconnaissance.
Le plus ironique, c'est quand on voit comment Druon se moque gentiment (ou non) de personnes prêtes à tout pour entre à L Académie Française, ou dans un gouvernement politique, et qu'on connait son parcours personnel. Livre prémonitoire ;-))
A lire, vraiment.

Challenge solidaire 2021
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3 tomes dans ces grandes familles tous aussi passionnants les uns que les autres. D'abord, l'écriture de Maurice Druon qui coule, limpide, en brossant ses personnages jusqu'au plus profond de leurs personnalités distinctes, et il sont très nombreux dans cette saga. Cela a été écrit à une époque dont plus de cinquante années nous séparent, mais, à part l'absence d'internet et de téléphones mobiles ou autres objets connectés, franchement pas une ride. A replacer bien sûr dans le contexte des années 50. On y rencontre des hommes sûrs d'eux et dominateurs, d'autres faibles et dominés, des femmes de tête, d'autres soumises, des jeunes filles en fleurs qui s'ouvrent plus ou moins aisément. Très belle lecture.
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Ce livre fut une belle découverte.Je trouve qu'il a bien mérité son prix Goncourt. Voici une sympathique fresque avec de bons dialogues qui rendent la lecture bien plaisante. Cet ouvrage m'a fait penser un peu à du Zola. Je n'ai pas encore vu le film avec Jean Gabin mais ça ne saurait tarder. Je vais également me dépêcher de lire les autres tomes.
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Bienvenue dans le monde impitoyable de l'argent et du paraître.
Les Grandes familles c'est un peu le Dallas du début XXème siècle en fait !

Le Baron Schoudler est prêt à tout pour défendre son empire, à tous les sacrifices. Et un "dommage collatéral" entraînant une bonne raison de se venger, une vengeance en entraînant une autre, c'est finalement les malheurs des Grandes Familles !

Je ne connaissais pas Maurice Druon. J'y suis venue par le biais de la série : les Rois maudits.
Quel écrivain ! J'adore autant que Zola.
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On connaît surtout Maurice Druon pour sa fameuse saga des Rois Maudits, qui a notamment inspiré une oeuvre un peu anonyme et très confidentielle intitulée A Song Of Ice And Fire, elle-même à l'origine d'une petite série télé sans grande envergure nommée Game of Thrones. Rien que ça.

Ce que l'on sait moins, et que j'ignorais absolument totalement, c'est que Druon ne s'est pas limité à cette faramineuse entreprise : avant les rois de France du Moyen-Âge, c'est à la grande bourgeoisie de l'entre-deux-guerres qu'il s'intéresse au travers d'une grande fresque couronnée du prix Goncourt en 1948.

Oui, on part vraiment sur un CV correct.

Les Grandes Familles, puisque tel est le titre dudit roman lauréat, retrace le parcours de deux familles unies par le mariage de deux de leurs enfants : les de la Monnerie, grande lignée aristocratique dont le patriarche siège à L Académie Française et jouit d'une immense renommée grâce à sa poésie, et les Schoulder, clan mené par ses irréductibles patriarches, solidement installé à la tête de florissantes industries.

Le tableau semble figé ainsi dans le temps pour l'éternité. Les dirigeants engoncés dans leurs certitudes, les fortunes si solides qu'elles peuvent se permettre toutes les prises de risque, les décès qui ébranlent sans faire défaillir, les femmes mises en position d'infériorité, bref, l'ordre établi.

Mais l'entre-deux-guerres bouillonne de sa furie reconstructrice, la société grogne, l'économie se chamboule, les ambitions se réveillent, et les Schoulder sont bien vite entraînés dans une fascinante et effrayante décadence, au fur et à mesure que le monde autour d'eux mute vers quelque chose d'inconnu et d'incontrôlable, que les vieilles générations se laissent dépasser par des successeurs qu'ils n'ont jamais pris le temps de former, par cupidité et jalousie, que les années défilent et emportent avec elles les vestiges d'une époque qui n'a plus sa place dans le Paris des années folles.

L'auteur s'amuse et se gausse de personnages qu'il a lui-même hissés vers des honneurs qu'ils n'ont jamais mérités, au fur et à mesure qu'il révèle leur insoutenable superficialité et leur avidité sans nom. Il les brosse à grands coups de pinceau littéraire intransigeant, leurs défauts plus éclatants que jamais, leur condamnation irréversible, leur perte fatale.

Le roman se dévore avec la même sensation délicieuse que celle qui accompagne le visionnage d'une série particulièrement savoureuse, avec force trahisons, manipulations et retournements de situation. C'est, en quelque sorte, le Dallas de l'époque, avec un peu plus de sophistication littéraire et d'inventivité dans les descriptions.

(J'assume entièrement cette comparaison.)

Plus sérieusement, le roman s'offre à la fois comme un exquis divertissement et une critique tout à fait acerbe d'une société encore contemporaine pour l'auteur, ses codes périmés et ses exigences qui ont cessé d'être tenables. A travers les patriarches grotesques et pourrissants sur pattes qu'il décrit dans son oeuvre, c'est à un ordre des choses tout entier qu'il s'attaque. Qu'on s'entende bien, Les Grandes Familles n'est pas non plus un brûlot révolutionnaire, ne serait-ce par exemple que par le rôle minoritaire qu'y tiennent les femmes - qui ont parfois de vraies intrigues propres, mais toujours liées à des histoires de mariage ou de grossesses. le roman est ancré dans son époque, certes, mais résonne toujours très fortement par certains aspects avec la nôtre, notamment par sa critique des inégalités, des déconnexions d'avec la vie réelle, des prestiges stériles, des sphères imperméables au reste de la société.

C'est exquisément écrit, c'est drôle, c'est fluide, c'est prenant, c'est malin, c'est formidablement bien construit, bref, c'est à découvrir.

PS : les tomes 2 et 3 de cette trilogie ne sont manifestement pas édités. C'est un scandale. Je proteste. J'ai besoin de ma dose de drama familial. SVP le Livre de Poche. Ne me laissez pas seule dans mon aporie littéraire.
Lien : https://mademoisellebouquine..
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