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François Roudaut (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253161073
379 pages
Le Livre de Poche (15/05/2002)
3.63/5   113 notes
Résumé :
En juin 1553, Du Bellay arrive à Rome que les troupes de Charles Quint ont mise à sac vingt-six ans plus tôt ; il y accompagne comme intendant le cousin de son père, le cardinal Jean Du Bellay, auquel le roi Henri II vient de confier la mission de négocier avec le pape une alliance contre Charles Quint. Et c'est pendant ce séjour romain qu'il compose - outre des poèmes en latin - l'essentiel des Regrets, des Antiquités et du Songe qu'il fait paraître en 1558, après ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Parti plein d'enthousiasme pour Rome,ville des "armes et des lois", paradis humaniste rêvé des philologues, haut lieu des échanges culturels entre les humanistes européens, convié à la cour du Pape, en qualité de secrétaire de son oncle évêque, du Bellay l'angevin se morfond tristement...
Cruelle déception: rien qu'un champ de ruines plein de marchands du temple, des courtisans jaloux, intrigants ,ridicules...mais surtout: où est son petit Liré? où la douceur angevine? où l'ardoise fine?
Après les rêves bâtis sur la vision de la ville éternelle, ce sont les tristes réalités, d'une ville en chantier, chaotique, loin de ce que le poète avait imaginé.
Aux Antiquités de Rome succèdent alors Les Regrets. C'est toute l'amertume d'une déception qui se lit dans ce deuxième recueil..
La nostalgie à l'état pur et étymologique: le tourment du retour...
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J'aime beaucoup Ronsard, mais allez savoir pourquoi, j'ai toujours trouvé un charme infini à lire Du Bellay. Sans doute, comme beaucoup d'entre vous, cela vient-il de ce poème que nous avons tous appris à l'école « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… », plus sûrement encore à la lecture de ce recueil (ce double recueil) paru en 1558 (quatre siècles et demi, ça ne nous rajeunit pas) qui est une véritable merveille.
Les deux recueils sont indissociables, l'un et l'autre étant relatifs au voyage que Du Bellay entreprit en Italie entre 1553 et 1557. A son retour il publia ces deux recueils : le premier « Les Antiquités de Rome » comporte 32 sonnets (l'un des modèles poétiques les plus prisés du poète) en décasyllabes ou alexandrins. le thème est une méditation poétique sur la grandeur et la décadence de Rome, au vu des vestiges (« antiquitez ») qui s'offrent aux yeux du visiteur. Du Bellay montre ici, non seulement une grande culture antique, comme en avaient tous les grands poètes de la Pléiade, mais également une grande sensibilité, qui annoncent certains poètes du XVIIIème siècle (Chênedollé, Millevoye, Chénier) et bien entendu les romantiques.
Cette sensibilité, nous la retrouvons, encore plus accentuée, dans les « Regrets » : cet ouvrage se compose de 191 sonnets, tous en alexandrins, et tous de toute beauté. le sonnet XXXI est le plus connu « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage… », mais beaucoup d'autres valent qu'on s'y arrête. Je prends la liberté de vous en proposer quelques-uns en citation, mais en attendant, pour vous mettre en appétit, voici le sonnet V :
Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront,
Ceux qui aiment l'honneur, chanteront de la gloire,
Ceux qui sont près Du Roy, publieront sa victoire,
Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront :

Ceux qui aiment les arts, les sciences diront,
Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire,
Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire,
Ceux qui sont de loisir, de fables escriront :

Ceux qui sont mesdisans, se plairont à mesdire,
Ceux qui sont moins fascheux, diront des mots pour rire,
Ceux qui sont plus vaillans, vanteront leur valeur :

Ceux qui se plaisent trop, chanteront leur louange,
Ceux qui veulent flater, feront d'un diable un ange :
Moy, qui suis malheureux, je plaindray mon malheur.

Beaucoup de ces sonnets, sont comme celui-ci, élégiaques et mélancoliques. D'autres sont plus sentencieux et prennent l'allure de proverbe, ou de sagesse populaire, et parfois ironisent sur le ton de la satire. Enfin, Du Bellay fait le tour de ses amis en leur dédicaçant des poèmes familiers : tous ses amis de la Pléiade (Ronsard, Baïf, Tyard, etc.) mais également des confrères en poésie comme Scève, ou des personnalités comme Michel de l'Hospital, et bien entendu ses amis personnels.
Un trésor du patrimoine poétique français, trop souvent réduit à un seul poème (même s'il est magnifique). A redécouvrir, si vous êtes amateur de poésie.
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Quelle poésie !!
Ça fait le quatrième recueil de poésie que j'ai lu..
Bellay un poète assez mis à l'écart et assez oublié de tous...
Et pourtant même si c'est pas très "original" je trouve j'aime certaines tournures de ces poèmes...
Le truc lourd c'est qu'il reprend certains
mots déjà utiliser pour un autre poème...
Si vous voulez découvrir un classique peu connu et un poète méconnu du public ! C'est fait pour vous :)
Trouvé encore par hasard dans les "suggestions de poésies" suite à une rencontre dans mon établissement d'une poétesse qui était venu dans mon lycée malheureusement j'ai pas pu lui parler...
Vive la poésie.
VIVE LA LANGUE FRANÇAISE !!!
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Je ne vais commenter ici que les "Antiquité de Rome" et "le Songe", n'ayant pas les Regrets dans mon édition - mais que je vais m'empresser de découvrir ensuite.
Du Bellay a imaginé la Ville éternelle, il l'a même rêvée, mais la réalité se révèle désespérante. Tout n'est que ruines, poussières et cadavres. le poète déçu n'aperçois "Rien de Rome en Rome"" Car les Barbares sont passés, le temps est passé, et la grandeur a disparu : "le Temps mit si bas la Romaine hauteur". Du Bellay n'utilise que le passé simple pour montrer cette antériorité, avec une accumulation de termes évoquant le passé : "autrefois", "jadis", "antique", "vieux", "rien"... La ville qui était la Ville, avec une majuscule, celle qui a dominé le monde par les armes et par la croyance, n'existe plus, "le grand Tout a péri". Les Romains eux-mêmes ne sont plus que des pâtres menant leurs bêtes au milieu des ruines.
Plus qu'un accent nostalgique, c'est un chant de désespoir de du Bellay. Lui qui semblait rêver de voir de ses yeux ce qu'il avait lu et admiré de la culture latine, pense être non à Rome mais sur les rives du Styx. Que ses vers sont beaux, mais qu'ils sont tristes !
Cependant, si "Rome vivant fut l'ornement du monde / Est morte elle est du monde le tombeau", si elle devenue un tombeau de marbres en ruines, si ses traces glorieuses ont disparu, elle reste justement éternelle grâce à la lyre, grâce aux poètes. Si les monuments disparaissent, la gloire ne disparaîtra donc jamais grâce au pouvoir d'évocation de l'art.
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Etudié à la fac. On se laisse vite emmener dans ce voyage d'abord heureux puis désespéré. Certaines poésies font partie des classisques, à connaître pour se les réciter.
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
(Les Regrets)

XXXI

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine
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I
(Le songe...)


C'était alors que le présent des Dieux
Plus doucement s'écroule aux yeux de l'homme,
Faisant noyer dedans l'oubli du somme
Tout le souci du jour laborieux,
Quand un Démon apparut à mes yeux
Dessus le bord du grand fleuve de Rome,
Qui m'appelant du nom dont je me nomme,
Me commanda regarder vers les cieux ;
Puis m'écria , Vois (dit-il) et contemple
Tout ce qui est compris sous ce grand temple,
Vois comme tout n'est rien que vanité
Les connaissant la mondaine inconstance
Puisque Dieu seul ai temps fait résistance,
N'espère rien qu'en la divinité.
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Si je n’ai plus la faveur de la Muse,
Et si mes vers se trouvent imparfaits,
Le lieu, le temps, l’âge où je les ai faits,
Et mes ennuis leur serviront d’excuse.

J’étais à Rome au milieu de la guerre,
Sortant déjà de l’âge plus dispos,
À mes travaux cherchant quelque repos,
Non pour louange ou pour faveur acquerre.

Ainsi voit-on celui qui sur la plaine
Pique le bœuf ou travaille au rempart
Se réjouir, et d’un vers fait sans art
S’évertuer au travail de sa peine.

Celui aussi, qui dessus la galère
Fait écumer les flots à l’environ,
Ses tristes chants accorde à l’aviron,
Pour éprouver la rame plus légère.

On dit qu’Achille, en remâchant son ire,
De tels plaisirs soulait s’entretenir,
Pour adoucir le triste souvenir
De sa maîtresse, aux fredons de sa lyre.

Ainsi flattait le regret de la sienne
Perdue, hélas, pour la seconde fois,
Cil qui jadis aux rochers et aux bois
Faisait ouïr sa harpe thracienne.
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LES REGRETS (XXXIX)


J'aime la liberté, et languis en service,
Je n'aime point la cour, et me faut courtiser,
Je n'aime la feintise, et me faut déguiser,
J'aime simplicité, et n'apprends que malice;

Je n'adore les biens, et sers à l'avarice,
Je n'aime les honneurs, et me les faut priser,
Je veux garder ma foi, et me la faut briser,
Je cherche la vertu, et ne trouve que vice;

Je cherche le repos, et trouver ne le puis,
J'embrasse le plaisir, et n'éprouve qu'ennuis,
Je n'aime à discourir, en raison je me fonde;

J'ai le corps maladif, et me faut voyager,
Je suis né pour la Muse, on me fait ménager;
Ne suis-je pas, Morel, le plus chétif du monde ?
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Au Roi

Ne vous pouvant donner ces ouvrages antiques
Pour votre Saint-Germain ou pour Fontainebleau,
Je vous les donne, Sire, en ce petit tableau
Peint, le mieux que j’ai pu, de couleurs poétiques :

Qui mis sous votre nom devant les yeux publiques,
Si vous le daignez voir en son jour le plus beau,
Se pourra bien vanter d’avoir hors du tombeau
Tiré des vieux Romains les poudreuses reliques.

Que vous puissent les dieux un jour donner tant d’heur,
De rebâtir en France une telle grandeur
Que je la voudrais bien peindre en votre langage :

Et peut-être qu’alors votre grand Majesté,
Repensant à mes vers, dirait qu’ils ont été
De votre monarchie un bienheureux présage.

(Les Antiquités)
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Vidéo de Joachim Du Bellay
Joachim du BELLAY – Anthologie intime de l'Olive lue par Jacques Roubaud (1971) Une cassette audio enregistrée par Jacques Roubaud après 1971 à l'attention de sa mère.
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