COMPRENDRE LA POÉSIE
Extrait 2
Quand Milan Kundera écrit que « la laideur s’empare
du monde », il ne pointe en fait qu’une réalité socio-
logique, un effet – dont la cause demeure le désir de
beauté que manifeste en creux une telle phrase. La
beauté nous est nécessaire, résistance à la putréfaction,
expression d’une sorte de chœur au fond de nous, au
fond de la langue, résurgence face à la violence illimitée
du monde et à la dégradation de plus en plus grande de
nos destins misérables ? Ou n’est-elle qu’une immanence
à découvrir, à interroger – puisqu’elle ne nous appartient
pas, jamais ? Ou bien encore n’existe-t-elle que dans la
célébration, la poésie, l’art, la musique ?
COMPRENDRE LA POÉSIE
Extrait 1
Dans quelle « île » peut-on apercevoir la beauté,
par quelle fente du ciel ? Dans le fond d’une grotte
ou au sommet d’une montagne-vigie ? Peut-être
dans l’eau qui la cerne, bleue, verte, changeante –
et transparente quand je m’approche, quand j’essaie
de la saisir entre mes mains ? Peut-être dans le reflet
de la lumière sur une épaule inconnue ? Alors que la
beauté est comme. Le ciel, le secret de la grotte, la
transparence de l’eau, le désir que fait naître la peau.
Le beau serait-il donc ce qui retient le temps dans la
forme, contre la pourriture, contre la corruption ?
…
Présentation de Don Giovanni par Alain Duault.