Son parfum seul suffit à me donner envie de lui ! Elle lui en veut de lui faire cet effet. Et elle s’en veut, à elle, d’être si faible. Comme elle aimerait être de celles qui restent froides aux besoins de leur chair ! Y être soumise a toujours été un souci. Mais, jusqu’à présent, elle avait réussi à conserver une certaine autorité, de la maîtrise sur sa faiblesse. Mais se dominer, ici, maintenant, est une tâche ardue, presque douloureuse. Redresse-toi ! Arrête donc de le renifler !
Elle se fait l’effet d’une femelle en chaleur, et l’image est loin de lui plaire. Très loin, même. Elle se relève, tandis que la colère en elle commence à prendre le pas sur le désir.
Elle pense à lui, celui qui n’a pas de visage, ni de nom. Celui qui hante ses fantasmes depuis l’adolescence. Celui qui connaît son corps mieux qu’elle-même. Celui qui réalise ses moindres désirs secrets. Elle l’imagine sur elle. Sur moi. Ses mains sur moi, ses doigts en moi
Elle le laisse faire, bien qu’elle n’ait jamais véritablement compris cette obsession qu’ont les hommes pour la poitrine féminine en général, et la sienne en particulier. Personnellement, qu’il les touche ou non ne change rien… S’il y a une partie de mon anatomie qui est insensible au plaisir, c’est bien celle-là…
— Je sais que je le dis chaque fois. Mais tu es vraiment d’une beauté stupéfiante.
— Je sais.
Pas besoin de me l’entendre répéter. Je ne suis pas aveugle, et j’ai un miroir. Lui-même n’est pas laid. Loin de là, même. Mais ça n’a jamais été son visage qui a intéressé Ann. La première fois, c’est sa peinture qui m’a interpellée. Puis son corps. Enfin, son talent à lui donner du plaisir.
La plupart des mâles à peine adultes de la bonne société se contentent du continent européen. Mais eux n’ont pas pour meilleur ami un inverti insouciant qui a l’art de se mettre dans le pétrin…