à travers mes romans ou mes pièces de théâtre, on a cherché à m’attribuer une pensée, une règle de vie, une morale ou plutôt une absence de morale. Même si certains en ont conclu que la ligne qui se dégageait de mon œuvre n’était qu’une incitation au péché, j’affirme ici qu’il n’en est rien. Je n’ai jamais eu la prétention d’avoir un système de vie, et surtout pas celle de vouloir l’imposer ou ne serait-ce que le suggérer à mes lecteurs. J’affirme n’avoir jamais écrit que pour le seul plaisir de me divertir et de divertir, de raconter des histoires dont je suis moi-même très friand. C’est là sans doute mon plus gros péché de gourmandise... le premier d’une longue liste.
Ce garçon m’intriguait. Je commençais à penser que j’avais perdu mon temps en ne côtoyant que des gens de ma classe. Mes camarades venaient tous du même monde que moi et nos échanges, par le fait, n’avaient que peu d’intérêt, tant nous nous ressemblions. Alors que ce Marios, lui, tout droit sorti du peuple, était original. Il avait gardé une naïveté que j’avais prise, dans un premier temps, pour de la bêtise, mais qui m’apparut, ce soir-là, bienfaisante. Il avait ce brin d’exotisme, cette poésie naturelle que nous avions perdue et que nous recherchions avec avidité dans les recueils.
Marios Constantin était discret. On ne savait rien de lui, mais on ne lui demandait rien non plus. On l’oublia au fond de la classe, comme un vieux meuble sans charme mais que personne n’avait pour autant la volonté de déménager.