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EAN : 9782840964674
463 pages
Parigramme (12/10/2007)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Les villes aussi peuvent mourir. Oui, je me souviens de Paris, d'un Paris aux façades noires et aux recoins sombres, d'un Paris vivant, gouailleur, splendide ... Je me souviens du Paris populaire. Son histoire commence avec Gavroche et s'achève avec la destruction des Halles, les années 1970. 150 piges, pas plus. C'est assez pour qu'un monde naisse et disparaisse. Reste à dire quel genre de vie on y menait. Comment les Parisiens parlaient-ils, s'habillaient-ils, man... >Voir plus
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
[Page 440] - « Pas par les affaires, hein ! »

Le développement de la société de consommation est contemporain de la destruction des Halles. En 1968, les étudiants conspuaient ladite société. Étant donné qu'à la maison nous ne consommions pas, les faits et gestes de mes condisciples m'ont été du chinois, je n'ai pas participé aux événements. En 1970, le film Zabriskie Point s'achevait sur l'explosion d'un réfrigérateur, son contenu volait en éclats, j'avais été offusqué. À mes yeux, le manger était sacré, jamais Mémé Jolie n'avait jeté le moindre croûton de pain. Cette complaisance à montrer un frigo vomir sa boustifaille m'avait dégoûté : la vie est trop dure, on ne joue pas avec la marchandise. La conception populaire des choses de l'existence était forcément différente de celle qu'on appelle, faute de mieux, bourgeoise — des rejetons gâtés de la bourgeoisie, plus exactement. Un sou était un sou : on était aux antipodes du « fétichisme de la marchandise [qui] engendre une société où “tout ce qui était directement vécu s'est éloigné comme une représentation” », dixit Guy Debord. Rue de Moussy, dans la cour de récréation de l'école communale, quand les Indiens attaquaient les cow-boys, si un copain en agrippait un autre par les vêtements, on entendait : « Pas par les affaires ! » Les parents faisaient des sacrifices pour leurs enfants, les « affaires » étaient sacrées. D'ailleurs, manière de les préserver, on portait une blouse. Qu'à cela ne tienne, la blouse aussi était sacrée. Aujourd'hui, raconte-t-on, les gosses font des pieds et des mains pour avoir des vêtements de marque, des marques, objets de convoitise, ça tombe sous le sens, de ceux qui les rackettent. On n'est plus au premier degré, aux grosses galoches qui dureront le plus longtemps possible, mais au deuxième ou au troisième : le look, la représentation, c'est cela.
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[ Week-end sauvage (les jeunes voleuses de sacs) ]

Vers 1960, quand j'étais un assidu du Quartier latin, le jeudi, le samedi et le dimanche, les adolescents se réunissaient dans des cafés. À Saint-Michel, le n°1 de ces bistrots était le Rallye, 6 place Saint-Michel. Au 2, au coin du quai, certains préféraient la « Rot' » - la Rôtisserie périgourdine. Place Saint-André-des-Arts, à l'angle de la rue du même nom, siégeait et siège encore La Gentilhommière. À la gare Saint-Lazare, d'autres jeunes fréquentaient le Drugstore Saint-Lazare. Sur les Champs, Le Français, au 74, et au 133, le Drugstore, ouvert depuis 1958, avaient aussi leurs bandes. De trois ans plus jeune que moi, Chayette raconte avoir souvent croisé cette « bande du Drugstore », à une époque où je n'allais plus guère en surprise-partie, vers 1963-64-65. La spécialité de ladite bande était de semer le désordre et de voler « l'argent dans les sacs à main ».

Dans tous les endroits précités se colportaient des adresses de boums. Si, parti en expédition dans le 8e ou le 16e, on avait fait chou blanc, que l'adresse n'existait pas ou que la porte était restée close, on avait la ressource de danser. Rue Jean-Mermoz, par exemple : au Touquet, au 1 bis, ou en face, au Kilt, au 4 — des discothèques. À un moment, le jazz était implanté dans le quartier. Le dimanche après-midi, il m'est arrivé de faire un tour au Spaghetti-Club, rue du Colisée. Un orchestre jouait du Nouvelle-Orléans, celui d'Irakli, je crois. Le Spaghetti était en étage : où ? je ne sais plus. Plus tard a ouvert le Living-Room, rue du Colisée toujours, au 25. Le Gaslight, aussi. Sans oublier, 66 rue Pierre-Charron, l'Ascot-bar, « le bar élégant des Champs-Élysées », ou la Calavados, 40 avenue Pierre-1er-de-Serbie : un de mes amis aimait, la nuit, ces ambiances piano-bar.
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Dans le livre, je tente d'expliciter les différents petits noms qui, au cours des siècles, ont désigné Paris : Parouart, au XVe, employé par François Villon, Pampeluche, au début du XIXe, qui apparaît chez Vidocq, Pantin, au XIXe, qu'utilise Victor Hugo, Pantruche, au XIXe, argot de Pantin, qu'on entend dans les chansons de Bruant, la Grand'Ville, qui existe depuis longtemps, et, enfin : Paname. L'origine de "Paname" est claire et obscure. Panama, le scandale de Paname ont eu leur mot à dire. Alors, un paname était un chapeau porté par les élégants... Paname a pu signifier la ville des élégants puis, à cause du scandale, la ville du chatoiement, des illusions et des désillusions... En tout cas, c'est pendant la guerre de 14 que le terme, qui s'employait déjà aux dires du linguiste Albert Dauzat, a pris son essor. "Tu le r'verras, Paname !" est le titre d' une chanson de 1916 ou 17. Après l'Armistice, on ne dit plus "Pantruche", mais seulement "Paname". A ce moment, Francis Carco écrit un recueil de fort beaux textes qu'il intitule "Panam" sans "e"... Plus tard, il écrira un roman, "Paname" avec un "e"... Au début, les deux orthographes coexistaient.
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Vidéo de Claude Dubois (III)
Chevalier, se souvient Dubois, « présidait une soutenance de thèse à la fac de Nanterre. Et on y était allé avec un copain pour France culture. A un moment donné il prend la parole et là c'est la révélation. Ce qu'il disait était d'une intelligence... Ça rejoignait ce que je pensais mais de façon très confuse. Je suis allé lui parler. Il m'a reçu au Collège de France et pendant deux ans je n'ai plus eu de nouvelles de lui. Quelques années après, en 1977, Albert Simonin, que j'ai connu par Boudard, publie les Confessions d'un enfant de la chapelle.
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