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3,68

sur 1070 notes
J'avais décidé de rester zen par rapport à la rentrée littéraire, une PAL conséquente et une volonté de fer de ne pas céder à la tentation mais voilà comme un enfant rentrant dans un magasin de jouets (en faite un tour dans ma librairie préférée) et me voilà avec quelques nouveaux livres sous les bras, quelle volonté !

Paul Katrakilis s'est expatrié à Miami pour vivre de sa passion . Ces dernières années ressemblent à un rêve éveillé, une vie tranquille, une amitié solide, l'arrivée miraculeuse d'un petit chien, seul un amour manque peut-être à l'idyllique tableau. Mais le suicide de son père médecin l'oblige à rentrer en France. Paul ne semble pas plus déboussolé que ça, grand-père, oncle et mère ayant choisit la même disparition.
On retrouve chez Jean-Paul Dubois tout ce qui fait le charme de son écriture, ton désabusé, regard lucide sur ses contemporains, les mêmes obsessions chez ses personnages de livre en livre. Comme si après tout, le second degré et l'humour mélancolique étaient les meilleurs remparts pour donner un sens à nos brèves existences. Puis le roman perd de sa légèreté pour glisser insidieusement vers des émotions plus profondes. Dubois brasse un flot de sentiments qui nous met la boule au ventre, et c'est alors en tout point remarquable, le deuil, la fin de vie, la filiation, la folie autant de thèmes que l'auteur d' »Une vie française » déroule avec justesse et force.
Un très grand roman, de ceux qui trottent longtemps dans ma petite tête. Coup de coeur évident 
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Par où commencer une chronique quand un roman bouleverse les pages de ta vie. Je découvre Jean-Paul Dubois, son écriture, sa plume, avec ce livre sur « la succession », le deuil, la vie et l'amour impossible.

Par où ?
La Floride, bien sûr, Miami. du soleil, des boites de nude girls, et le paradis des strings, bien sûr. Non oublie toutes ces émotions, tu n'es pas dans un roman de Tom Wolfe qui a tant su me vanter les charmes de Miami et ses atouts proéminents. Florida, orange sanguine et sex on the beach… Je me dois donc de délaisser la plage, ses marais de crocodiles et ses danseuses latinas pour me concentrer sur cette corbeille en osier que les aficionados nomment en bon basque chistera, ces trois murs qui se dressent devant moi, une foule hurlante, les paris sont fous, parier sur moi, le pauvre type, le jeune médecin un peu fou qui a plaqué la médecine de papa pour vivre de sa passion, la pelote basque.

Quelques années de bonheur. Un bonheur pur même, une insouciance idyllique, l'homme ne vivant que de sa passion, qui s'est arrêtée promptement le jour où le consulat de France lui apprend le décès de son père, médecin reconnu de Toulouse. Ô Toulouse… Je ne te sors pas la vieille rengaine, tu connais le refrain, l'homme doit faire un choix. Dilemme. Comment abandonner sa passion et prendre la succession de son père. Mais quelle succession d'ailleurs ?...

Retour en France, un chien en soute et les souvenirs qui remontent à la surface. Des moments d'enfance, des instants d'incompréhension. Une famille pas vraiment aux normes, où est donc l'amour ?... Une famille qui ne s'est jamais comprise, qui n'a jamais communiqué, qui a laissé dériver le mal-être de chacun. Succéder aux gênes familiaux ? Succéder au sacerdoce familial ? La médecine, pffff… c'est plus vraiment ce que c'était…

Alors je le revois traverser les Pyrénées pour descendre jusqu'au Pays Basque, admirer au détour d'un virage l'étendue bleutée de l'océan, les bruits sourds de la pelote cognant contre le jaï-alaï, et mon coeur qui cogne encore et encore, la sueur sur les tempes, sentir le goût de l'huile emplir ta bouche quand tu mords dans un churros. Je l'imagine aussi à l'autre bout de la planète, au milieu des culs rebondissant des latinas dansant face au jaï-alaï de Miami, et un vieux bateau pour se promener sur cette autre étendue bleutée. Un Fisherman's Friend ? Oui ne pas oublier l'ami des marins avant de s'embarquer sur la mer, sur ce livre, sur cette succession. Puissant roman, putain de roman j'ai même envie d'écrire, un roman qui m'a parlé, qui m'a ému.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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La rentrée littéraire 2016 n'est pas sous le signe de la gaudriole, c'est le moins qu'on puisse dire : meurtres (California Girl's, the Girls, Laëtitia…) et suicides à tous les étages, si j'ose dire.

C'est du huitième étage, en ce qui le concerne , que le père de Paul Katrakilis, médecin généraliste toulousain, va sauter, la bouche bâillonnée de scotch, quant à la mère de Paul, italienne et horlogère,elle a préféré les gaz d'échappement d'une Triumph, son grand-père, ancien médecin du regretté Staline, en tenait pour les armes à feu et pour l'oncle de Paul, frère quasi incestueux de sa mère, rien ne vaut une bonne moto projetée contre un mur…

On comprend que Paul, médecin lui aussi, décide de fuir à toutes voiles cette généalogie aussi cosmopolite que suicidaire et préfère envoyer contre un mur…une balle de cuir, balancée avec vigueur par un gant d'osiers tressés, sur les frontons de pelote basque de Miami, mettant ainsi un océan et quatre années de bonheur, de sport et d'insouciance entre lui et cette famille hautement toxique…

Il se fait un copain, joueur de chistera comme lui, et adopte un chien qu'il a sauvé de la noyade et qu'il appelle Watson. La vie semble lui sourire à nouveau.

Mais on ne fuit pas un héritage aussi lourd sans qu'il vous rattrape au bond, comme une balle pelote…C'est à Miami que lui parvient la nouvelle de la mort de son père. Il rentre pour liquider une bonne fois pour toute la succession familiale. Pas facile.

Paul tente d'échapper à l'emprise sournoise et macabre de ses disparus, il fait la navette entre Toulouse où le réclament les formalités, les patients de son père et deux carnets de moleskine où son père tenait une étrange comptabilité, et Miami où l'attendent ses copains, sa pelote, et bientôt un grand amour pour une belle norvégienne un quart de siècle plus âgée que lui qui le quitte sans crier gare.


J'ai adoré le livre de Jean-Paul Dubois : il m'a d'abord fait rire, oui, rire, tant l'humour caustique, jamais cynique, rend les situations les plus tragiques cocasses, absurdes, ou délirantes.

Mais c'était un piège subtil : captée, amusée, divertie, je n'ai pas senti venir la gravité, tapie dans cette ironie, et bientôt mise à nu : elle m'a cueillie à l'improviste.

Touchée, coulée.

Ces histoires familiales pleines d'ombre, parce qu'on les cache, et d'incompréhensible désespoir,- car comment les expliquer ?- ne me sont pas étrangères. Je les reconnais. J'ai senti et j'ai fui leur spirale vertigineuse, même si je ne joue pas à la pelote basque et ai peu de goût pour les jeux de balle en général…

La fin du livre est toute imprégnée de cette ombre-là, et des interrogations que déclenche un autre « héritage » paternel découvert dans les carnets de moleskine : faut-il laisser la mort accomplir ses ravages et ses désastres sans apporter la réponse qui délivre ?

Faut-il soi-même venir à sa rencontre ?

Graves questions, aussi graves que la mort pathétique du dernier quagga – une sorte de zèbre blanc- dans un zoo, à la fin du XIXème siècle – un passage inoubliable et bouleversant.

Les animaux en effet nous donnent des leçons d'empathie et de fidélité à revendre. Ils sont parfois si proches des hommes : il ne leur manque que la parole. Et le regard de souffrance ou d'affection qu'ils nous lancent n'en est que plus poignant.

Paul Katrakilis est, comme Paul Snijder , un narrateur ami des chiens. Jean-Paul Dubois parle des chiens avec tendresse, avec justesse : il a dû être chien dans une autre vie. C'est au souvenir de Watson que le narrateur, qui en a vu d'autres pourtant, se met « à pleurer comme un enfant parce que c'était la seule chose qu'un homme raisonnable puisse faire à un moment pareil. »

Car ce livre drôle est un drôle de livre et fait presque pleurer.

Alors pour le quagga exilé dans un zoo , pour Laïka, spationaute carbonisée, pour Watson, chien sauvé des eaux, pour Invild Lunde, au joli nom d'oiseau des mers, dont l'esprit sombre avec élégance, drapé dans ses ailes de plume, pour le chat ensoleillé du poème de Maurice Carême, pour Paul et ses hespérophanes irréductibles, pour tous ces moments de tendresse partagée avec les souffrants, les mourants, les mal lotis, les mal aimés, il faut lire ce livre étonnant, si drôle et si triste à la fois.

On en sort ému, secoué, avec un drôle de picotement au coin des yeux et le coeur un peu à l'envers, et on a envie, comme Paul le marin-qui-avait-le-mal-de-mer, de suçoter un Fischerman pour se remettre.
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Cela fait plusieurs années que Paul Katrakilis est pelotari professionnel au Jaï-Alaï de Miami, ce casino où l'on parie sur les joueurs de pelote basque. Diplômé de médecine, il a préféré s'écarter de la voie tracée par son père et son grand-père, eux-mêmes médecins, pour vivre modestement d'une passion qui lui permet en outre de prendre ses distances avec une famille aux tendances névrotiques et suicidaires. le décès paternel le rappelle toutefois à Toulouse, pour y régler une succession qui va s'avérer bien plus encombrante qu'escompté : on n'échappe pas si facilement à ses atavismes…


On se délecte chaque fois autant de la plume et de l'humour de Jean-Paul Dubois qui, du rire aux larmes, entre gravité et légèreté, nous embarque pour notre plus grand plaisir dans l'exploration de ses thèmes de prédilection. Nous nous retrouvons donc à nouveau aux côtés d'un narrateur prénommé Paul, appliqué à se choisir une vie outre-atlantique pour se retrouver irrémédiablement rattrapé par un destin familial aux allures de malédiction. Si le propos s'habille d'une fantaisie cocasse, accentuant avec dérision les névroses qui ravagent chaque membre de la famille Katrakilis, il n'en suinte pas moins une profonde mélancolie, alors que l'envie de vivre, grignotée par le deuil, la solitude et la désillusion, y cède peu à peu la place à l'aliénation et à la dépression. Les personnages, enlisés dans le sillon de vie tracé par leur filiation, subissent un destin qui les emprisonne et leur coupe les ailes, au point que leur liberté finit par se résumer au seul choix de leur fin de vie.


De la pelote basque convertie en business mafieux au droit de grève quasi inexistant aux Etats-Unis, de la médecine aux ordres de la dictature soviétique à celle qui se résout discrètement à pratiquer l'euthanasie réclamée par ses patients, d'automobiles miteuses à d'autres presque mythiques, ou de la disparition du dernier quagga dans un zoo d'Amsterdam au touchant attachement à un chien sauvé de la noyade, la balade finit, malgré tous ses détours, par nous ramener à l'essentiel : « Je regrette de ne pas avoir su trouver ma place. » « Il ne faut jamais se tromper de vie. Il n'existe pas de marche arrière ».


Ce texte admirablement écrit, dont la désespérance se pare élégamment d'un humour désabusé, est un curieux cocktail de tristesse et de drôlerie qui vous empoigne le coeur comme il vous séduit l'esprit. Il ne déroge pas à la règle : les romans de cet auteur sont irrésistibles. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ici le héros s'appelle Paul.
Comme dans "Le cas Sneijder".
Comme dans "Une vie française".
Comme dans "Les accommodements raisonnables"…
En fait chez Jean-Paul tous les héros s'appellent Paul. Et si leurs péripéties s'inscrivent chacune dans un registre différent, les Paul de Jean-Paul ont souvent en commun cet humour mélancolique et un poil dépressif auquel je ne résiste pas.

Ici voici un Paul joueur professionnel de pelote basque et accessoirement médecin, installé en Floride et accessoirement en région toulousaine.

C'est compliqué ? Certes, et encore, ce n'est qu'un aspect succinct de la vie de notre Paul, bringuebalé entre ses affres existentiels de trentenaire approximatif, et une famille pour le moins névrosée dont il cherche désespérément à s'affranchir.

Mais finalement peu importe l'intrigue, car Jean-Paul Dubois est décidément une sensibilité à part, un univers à lui seul, et quel que soit le drame qu'il nous conte c'est avant tout la grâce de son imagination décalée qu'il s'agit d'apprécier.

Absurdité de situations, intime alchimie entre tragique et comique, émotion, ironie, dérision, poignantes introspections… c'est bien simple, moi, chez Dubois, tout me plait.

Courez-y, si ce n'est déjà fait.


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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« Je regrette de ne pas avoir su trouver ma place. »
« Il ne faut jamais se tromper de vie. Il n'existe pas de marche arrière. »

Tout est là…enfin presque. Pour en arriver à ces constatations existentielles assez définitives, il faut suivre les aventures de Paul Katrakilis, quadra toulousain un tantinet déboussolé, médecin de formation comme son père et son grand-père ; éprouver son bonheur de pratiquer en pro la cesta punta à Miami tout en vivant au jour le jour ; apprendre le suicide du paternel et finalement revenir en France pour affronter les fantômes familiaux qui ont tous choisi le suicide pour tirer leurs révérences.

On fait plus enthousiasmant comme trame romanesque.

Et pourtant, ce roman est diablement efficace, enlevé, oscillant avec brio en permanence entre humour et gravité.
Il faut dire que le personnage principal est attachant malgré sa solide dose de mélancolie, voire de dépression. La fantaisie n'est jamais loin malgré un propos mordant et foncièrement triste. C'est cette subtile alchimie qui m'a plue et me poussera à tenter à nouveau l'expérience Jean-Paul Dubois.

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Depuis un peu plus de quatre ans, Paul Katrakilis vit sur un petit nuage. Exilé en Floride, il fait partie du cercle de professionnels de la pelote basque au Jaï-alaï de Miami, malgré ce pourquoi il semblait tout droit destiné, à savoir devenir médecin, après de brillantes études, tout comme son père. Seule famille qui lui reste depuis le suicide de sa mère, asphyxiée au dioxyde de carbone dans le garage de la maison familiale, peu de temps après le suicide de son propre frère, avec qui elle avait une relation fusionnelle. Si Paul n'a pas eu de nouvelles de son père depuis son installation à Miami, il est étonné de voir arriver, ce jour, deux simples photos de sa part, l'une de sa Triumph, l'autre de son compteur kilométrique. le jour-même où il reçoit un message du consulat lui demandant de se présenter au plus vite. Là-bas, un employé l'informe du décès de son père, Adrian. Lui non plus n'a pas dérogé à ce qui semble être la règle générale chez les Katrakilis, il a sauté du toit d'un immeuble. Paul n'a pas d'autre choix que de retourner à Toulouse pour s'occuper des formalités...

Paul Katrakilis a fui son pays natal et un lourd héritage familial pour devenir pelotari. Pourtant, le suicide de son père, bizarrement orchestré, va l'obliger à revenir sur ses terres toulousaines pour s'occuper de la succession. Car, bien que médecin de formation, il n'est nullement question pour lui de reprendre le cabinet de son père. Mais peut-on réellement échapper à son destin ? C'est bien la question que se posera Paul, durant de longues années. Lui qui aura fui cette famille pour le moins dysfonctionelle et un avenir de médecin, tout comme son père et son grand-père. Teinté de nostalgie, ce roman oscille habilement entre humour et tragédie, entre espoir et fatalité, entre légèreté et gravité. Truffé d'anecdotes étonnantes mais abordant aussi des thèmes plus profonds tels que le deuil, l'héritage familial, la fin de vie. Avec son anti-héros désabusé et désoeuvré mais ô combien attachant, qui n'aura de cesse de chercher son chemin et un sens à donner à sa vie, Jean-Paul Dubois nous offre une histoire à la fois belle, triste et poignante.
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Si le bois ne se bonifie pas forcément avec le temps comme le vin, je lis pourtant Dubois comme je bois du (bon) vin ^^
Il est des auteurs comme ça qui réussissent à créer un lien de fidélité avec les lecteurs, Jean-Paul Dubois en fait partie, en ce qui me concerne du moins. Je suis toujours avide de découvrir son dernier opus, et plus le temps passe plus le plaisir est là. Mille mercis Monsieur Dubois.

Après le cas Sneijder (prononcez Chnéyeuder... enfin je crois), pas loin de figurer au top de mon palmarès Dubois, voici La succession (prononcez dépression... il me semble).
Superbe roman dans lequel les refrains de l'auteur sont poussés à leur paroxysme : le désenchantement, la douce ironie, la drôlerie... jusqu'à la fin de vie. Car oui ce roman ci traite de la fin de vie, à travers une famille marquée par le gêne du suicide, à l'instar de la famille Hemingway. Tout cela n'est pas drôle pensera-t-on, et pourtant, avec cet auteur le cocasse effleure le propos, le rire ne manque pas de percer au détour d'une phrase, une situation, un bon mot. Humour noir, désenchantement ou douce mélancolie désespérée, si la mélodie reste toujours la même le morceau quant à lui touche au suprême (re ^^).

Comme si tout cela devait se rapprocher d'une fin.
J'espère que cette supposée fin n'est pas celle d'une production, j'attends déjà avec impatience de voir le bouchon s'éloigner encore un peu plus de notre rivage, dans son prochain livre.
En attendant, je la relirai à coup sûr, cette succession.
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Une vieille voiture, un petit bateau, un ami cubain, un chien sauvé des eaux, la cesta punta et le soleil de Miami...Depuis quatre ans, Paul Katrakilis s'est construit une vie simple et heureuse, loin de Toulouse et de son père, le docteur Adrian Katrakilis. Mais quand celui-ci se jette du huitième étage d'un immeuble, Paul rentre en France. Dans la maison familiale déserte flotte encore le souvenir d'une famille mortifère qu'il a fuie sans vraiment réussir à s'en détacher. Ces êtres qui ont partagé sa vie sans qu'il les connaisse et qui ont tous mis fin à leurs jours : son grand-père Spyridon, un des médecins de Staline qui a quitté l'URSS en catimini avec dans ses bagages un petit bout du cerveau du Petit père des peuples, suicidé par arme à feu; sa mère, une femme éthérée et distante, plus proche de son frère que de son mari, suicidée dans les gaz d'échappement de la Triumph paternelle, son oncle qui vivait sous leur toit, suicidé au volant de sa moto. le seul bon souvenir de sa jeunesse, ce sont les vacances sur la côte basque, la pelote qu'il découvre et qui devient sa passion puis son métier. Paul est médecin mais n'a jamais exercé, préférant les frontons aux cabinets médicaux. Pourtant son père avait prédit qu'il prendrait un jour sa succession. Paul s'y refuse et pourtant...


Encore un Paul, encore Toulouse, encore la petite musique mélancolique de Jean-Paul Dubois et toujours le même phénomène d'addiction quand on ouvre un de ses livres. Ici, son Paul traîne son mal-être jusqu'en Floride, tentant d'échapper au déterminisme familial en profitant des petits riens de la vie, une promenade en bateau malgré le mal de mer, un lever de soleil, vivre de sa passion. Dans un monde souvent cruel, - et les joueurs de pelote basque sont une marchandise inter-changeable, corvéable à merci, sous-payés et exploités, - il reste tout simplement heureux, de pratiquer le sport qu'il aime, d'avoir mis des milliers de kilomètres entre lui et ses souvenirs. Pourtant, peut-on vraiment échapper à son héritage ? Peut-on fuir une succession toute tracée ? En revenant en France, Paul découvre toute l'étendue de ce que lui laisse un père que finalement il n'a jamais connu. Encore une fois, c'est un fardeau. Mais si son père l'assumait derrière une nonchalance de façade, lui ne sait pas comment marcher dans les pas de son géniteur...
Sombre mais émouvant, ce roman laisse son empreinte, une trace dans la mémoire du lecteur comme tous ces livres tellement touchants qu'on voudrait ne jamais les refermer.
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Quel plaisir de retrouver l'écriture de cet auteur élégant !
Paul Katrakilis vit à Miami depuis quelques années où il tente de jouir intensément de la beauté du monde et de l'instant --la lumière du petit matin sur la mer ou le regard énamouré de son chien- dont l'auteur a l'art de si bien faire vibrer la fragilité et la grâce.
"Je prenais chaque jour comme un bonheur simplifié" écrit le narrateur tout en se souvenant de la parole apparemment anodine et prémonitoire de son oncle Jules qui ne l'a jamais quitté "Il ne faut jamais se tromper de vie.Il n'existe pas de marche arrière".
Las! Il devra s'arracher à cette vie vouée à un univers méconnu celui de la "cesta pinta" qu'il pratique en professionnel à Miami, pour retrouver la grande maison familiale en France , à la mort de son père, retrouvé écrasé , au pied d'un immeuble de 8 étages , le visage emmailloté de ruban adhésif, mâchoires et lunettes scotchées serré, comme s'il avait voulu voir jusqu'à l'ultime instant et ne pas crier........

Cette image , effrayante et grotesque irradie ce roman, masque hideux de la mort " Masque de pitre, de piètre père ."
L'auteur a l'oeil et le verbe acérés , un sens aigu du dérisoire de l'existence.
Comment porter le fardeau de l'hérédité et ne pas sombrer ?
Il interroge avec un humour caustique , entre légèreté , rire, pleurs et gravité doublés d'une certaine cocasserie aussi: Paul le dernier de la lignée , le porteur intranquille d'un vécu où tous ont volontairement quitté" le théâtre avant la fin de la pièce" un vécu familial voué passionnément à sa propre extinction! .......

Un roman nostalgique, sensible et profond, sombre et grimaçant, mélancolique, entre humour noir et verve , sentiment de l'absurde porté au plus haut et quête existentielle .

L'écriture concise, sobre , allégre, entre éclairs permanents : deuil, fin de vie, filiation, folie, humour et humilité des personnages, surprise des secrets d'un père, nous livre une oeuvre douce- amère peu à peu grignotée par la nuit.......qui traite subtilement du délitement des choses, du poids de fantômes délétères ,de la douleur infinie liée à la tristesse de la perte !
Une très belle oeuvre sensible ,qui fait réfléchir !
Bravo l'artiste !
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