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3,75

sur 858 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai la phobie des ascenseurs…. !
Mais ce livre époustouflant m'a littéralement emmenée dans leurs engrenages, dans leur mode de fonctionnement spécifique…, ainsi que dans celui du narrateur.
Celui-ci, Paul Sneijder, est un homme de 60 ans à qui il est arrivé 2 évènements horribles : le premier, il y a une vingtaine d'années, lorsque sa seconde femme lui interdit de voir sa fille (qu'il a eue lors d'un premier mariage) dans ses murs ; le deuxième, tout récent, lorsqu'il perd cette fille dans un terrible accident d'ascenseur, dont il est le seul survivant.
Il enclenche alors un système de survie, d'essai de compréhension de cet accident imprévisible : il consulte des tas de revues spécialisées, des articles de journaux, des livres relatant des accidents…
Il change de métier car il a des crises d'angoisse lorsqu'il se trouve dans un espace clos en compagnie de plusieurs personnes, il est enrôlé en tant que « promeneur de chiens ».

J'ai opiné à chacune de ses pensées, à chaque moment de sa réflexion sur les ascenseurs, comme ici :
« Nous sommes tous, à des degrés divers, les obligés des ascenseurs. Nous dépendons d'eux chaque jour et pour chaque chose. Nous croyons les commander, alors qu'ils nous ont depuis longtemps asservis (…) L'ascenseur est bien plus qu'un objet de confort, il est le miracle mécanique qui a un jour permis aux villes de se redresser sur leurs pattes arrière et de se tenir debout. Il a inventé la verticalité, les grandes orgues architecturales mais aussi toutes les maladies dégénératives qu'elles ont engendrées ».

J'ai été horrifiée de voir la réaction de sa femme carriériste, totalement égocentrique, ainsi que celle de ses jumeaux, jeunes adultes criants d'égoïsme, le reflet de leur mère.

J'ai été attendrie lorsqu'il promène les chiens car il se crée une espèce de symbiose, de compréhension sans paroles entre eux et lui.

J'ai été totalement subjuguée par cette façon de raconter, ou plutôt de décortiquer ses réactions de survie : il mêle à la fois la légèreté (que de passages où j'ai souri !) et la grande souffrance, et ce à l'aide d'un style recherché, un vocabulaire assez soutenu et des images débordantes de réalisme.

Bref, j'ai accompagné cet homme en deuil, en deuil de sa fille, de sa vie, de ses repères.

Oui, je continuerai à prendre les ascenseurs la peur au ventre, comme d'habitude. Mais j'aurai dorénavant une petite pensée émue pour Paul Sneijder, le personnage sorti tout droit du cerveau tortueux et… clairvoyant de Jean-Paul Dubois.

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En gardant son ton léger et amusé, JP.Dubois nous entraîne au côté de Paul Sneijder, rescapé d'un accident d'ascenseur. Rescapé ? Pas si sûr. A moins que d'autres "accidents" de la vie ne l'aient encore plus traumatisé.
Un roman qui nous laisse avec nos questions: pourquoi Paul a-t-il épousé Anna ? Pourquoi a-t-il accepté d'être séparé de sa fille ? Pourquoi déteste-t-il ses fils ? Un roman qui fait un parallèle entre la vie et l'ascenseur: promiscuité, privilège, norme sociale ou technique, ... accident ...
Un roman qui se finit tristement par ce que l'on peut vivre comme une profonde injustice.
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Un funeste 13 janvier à 13h12, un ascenseur s'écrasait dans une tour de Montréal, emportant 5 personnes dans sa chute. Bilan de cet improbable accident : quatre morts et un survivant plongé dans un coma de trois semaines, Paul Sneijder, 60 ans.

S'il a survécu, Paul a perdu dans l'accident Marie, sa fille chérie, mais aussi toute appétence pour ce qui faisait sa vie avant le drame , vie familiale, professionnelle, sociale.... Il tente de comprendre et d'accepter l'inacceptable en se plongeant dans une étude exhaustive des ascenseurs ( « le miracle mécanique qui a un jour permis aux villes de se redresser sur leurs pattes arrières et de se tenir debout ») avec pour seule compagnie l'urne des cendres de Marie.

Ainsi résumé, le livre semble bien glauque ! Ce serait mal connaître Jean-Paul Dubois , son humanité, son humour caustique , son écriture fluide et travaillée en même temps, son sens de la formule qui fait mouche à chaque fois !

Cette remise en question radicale nous vaut des pages d'une méchanceté jouissive sur sa femme , carriériste «  à haut potentiel » et experte en « décisions stratégiques » dont l'unique mantra est « il faut que tu vois quelqu'un » et sur ses jumeaux, avocats fiscalistes et clones de leur mère.
Il y a aussi toute une galerie de portraits, tous plus pittoresques les uns que les autres : le patron de DogDogWalk, chypriote accroc aux nombres premiers et aux palindromes mathématiques ; l'avocat des compagnies d'assurance, fin connaisseur des jardins japonais et amateur de citations latines; l'ancien concessionnaire automobile devenu psychanalyste qui rêve de gagner un concours canin. Enfin il y a Charlie, Watson, Julius, auprès desquels Paul semble retrouver un peu de paix intérieure en parcourant les rues enneigées de Montréal.

C'est à la fois pathétique et drôle, touchant et cynique, c'est un très bon Jean-Paul Dubois.
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Une fois de plus j'ai cédé à l'appel d'un Dubois alors que la pile de livres à la tête de mon lit ne cesse de s'éclectiser ... Une fois de plus je suis admirative, je sais que bientôt je vais recéder à un de ses romans et j'en suis fort-aise , juste retour d'ascenseur , si j'peux m'permettre !

Sneijder, le héros, a le cynisme juste, nécessaire. Il a été lâche à plusieurs périodes de sa vie,et de surcroît il s'est un peu planté quand il a choisi la femme qu'il a épousé.Il s'en rend compte, trop tard.

Il est seul, sa fille n'est plus,il était lui aussi dans cet ascenseur,il a vu , il a survécu . Il se souvient de chaque détail comme toujours. Il a une mémoire infaillible, alors il cherche ce qu'il ne sait pas , il sait qu'il le doit.Quelle justesse!
Dubois sait le faire parler, j'y repense et je ne cesse de sourire, il est fort !

P.S : Je suis ravie d'habiter un immeuble ancien sans ascenseur , je n'aime pas les endroits confinés çà tombe bien !

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La mélancolie, Jean-Paul Dubois la mêle à la douceur de vivre, malgré l'amertume du poids des reproches. L'entame est dramatique, sa fille meurt dans un ascenseur qui s'écroule. le style, lui reste très très haut. Décalage entre le ton et le fond, de culpabilité, de ressentiment. Drôlerie des moments de folie volés à ceux qui en manquent.


Devenu promeneur de chiens, Paul (évidemment) participe même à une compétition.
« Pour moi, le spectacle de toutes ces disciplines est en soi une souffrance, un châtiment que l'on ne devrait infliger qu'à des délinquants multirécidivistes ».

« Je vous préparerai quelque chose, une solution buvable que vous prendrez une heure avant le début de la compétition. Et je peux vous garantir qu'ensuite vous serez aussi détendu et relaxe qu'une olive dans un verre de Martini ».


Il s'éloigne d'Anna, sa femme et de leurs deux fils.

« Je n'éprouvais aucun sentiment majeur. Tout se valait ou ne valait rien. Ma mémoire était un vieil accessoire dont j'avais oublié jusqu'à la raison d'être ».

« La vie, ce sport individuel qui mériterait, pour peu que l'on considère l'absurdité de ses règles, d'avoir été inventé par un Anglais bipolaire, avait assez d'humour pour laisser à des chiens, dont je ramassais ce que l'on sait, le soin de me redonner une petite part de la confiance et de la douceur dont la plupart des miens m'avaient depuis longtemps privé ».

« C'est ainsi que vécûmes, famille désarticulée, petits Français de l'intérieur, coincés entre le leasing de nos voitures et les escalators du progrès, gravissant quelques marches sociales pour les redescendre aussitôt, enterrant nos parents avant de dépenser leurs assurances-vie, voyant grandir nos enfants et défiler les années, comme les bovins regardent passer les trains, jusqu'à la fin».

« Quelle que soit l'ampleur de nos coupes, année après année, tel un lierre têtu et dévorant, lentement, notre mémoire nous tue ».

« Vivre ensemble. C'était déjà impossible de coexister avec sa propre famille. La vie était un sport individuel. On pouvait mourir ensemble dans un ascenseur. Pas y vivre. Supporter l'autre était toujours un supplice intime. Surveiller son territoire. Recalculer sans cesse. Pour le reste, les chiens chiaient. Et voilà tout ».

« Je suis fatigué, Anna. Fatigué de voir que tu ne comprends rien à rien, que tu ne vois rien. Tu m'emmerdes avec tes alarmes et tes univers à haut potentiel. Je ne comprends plus rien à ce que tu dis ni à ce que tu vis. La seule chose qui me paraisse encore vivante dans cette maison, ce sont les cendres de ma fille».

Les dentistes ne sont pas épargnés (naturellement)

« Il faut dire que j'appartiens à une génération dont les soins bucco-dentaires furent confiés à une congrégation d'arracheurs de dents, au sens premier du terme, un gang de tortionnaires opérant avec des armes mal dégrossies et des produits anesthésiques élaborés par des officines vétérinaires ».
Aujourd'hui, je dois le reconnaître, les choses ont changé et les dentistes sont devenus des êtres humains comme les autres ».


Il se lie d'amitié avec le représentant de l'assurance de l'ascenseur qui n'a plus de secret pour lui.
« Il convient de ne jamais perdre de vue qu'on ne construit pas un ascenseur dans un immeuble, mais un immeuble autour d'un ascenseur. Il est au centre de tout. C'est lui qui simplifiera votre vie ou au contraire la transformera en enfer.


Un livre doux-amer, parfois irrésistiblement drôle, magistralement adapté au cinéma. D'autres livres de Jean-Paul Dubois l'ont été, mais ce film-là est très au dessus, porté par l'ascenseur, peut être.
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J'adhère complètement à l'univers de l'auteur. Ces héros sont toujours des hommes qui en raison d'évènements bouleversants, remettent en question leur vie personnelle, psychologique et professionnelle. Des récurrences qui font de ces livres intelligents, d'humour noir, des sources de réflexions fortes sur la vie.
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Paul Sneijder nous raconte sa (sur)vie depuis un accident d'ascenseur dont il est le seul rescapé. Depuis le drame, son regard sur le monde qui l'entoure, notamment sur sa famille, s'est modifié. Il cherche à mieux connaître l'appareil à l'origine de l'accident, par divers de ses aspects : techniques, économiques, sociologiques...

Malgré certaines bizarreries du narrateur, le lecteur est habilement amené à s'interroger sur nos sociétés et sur certains comportements mesquins de nos contemporains ; on se surprend même à partager son regard critique. La chute (du roman, pas de l'ascenseur) en est d'autant plus brutale.

Un livre passionnant, mais plus oppressant qu'amusant.
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Comme souvent dans les romans de Jean Paul Dubois, tout commence par un drame...
Tout commence ou tout fini ? Car ce drame vient mettre un point d'orgue à une situation qui depuis longtemps n'était pas acceptable.
Paul ( Jean Paul ?) a eu d'un premier mariage Marie. Puis il se remarie avec Anna avec qui il a cette fois, des jumeaux. Anna exige de Paul qu'il n'amène jamais sa fille Marie chez eux. Elle a alors 7 ans et Paul cède. On ne saura jamais vraiment pourquoi Anna demande à Paul un tel sacrifice. Car Paul aime cette enfant et Anna ce jour là plantera en lui la plus terrible des graines, celle de la culpabilité et du dégout.
Ils vivent désormais à Toronto. Marie est une adulte, elle est de passage à Toronto pour un congrés dans le domaine dentaire. Ils se retrouvent autour d'un bon repas au restaurant. Ce sera le dernier.
Que devrait on dire ou ne pas dire qd on se voit pour la dernière fois ? le repas se passe très bien, Paul est toujours sous le charme de sa fille. Ils prennent l'ascenseur ensemble et l'ascenseur s'écrase. Il sera le seul survivant.
Le seul survivant de leur amour.
De cet amour qui n'a pas été suffisamment dit et vécu, de cet amour sans spectateur.
Et à partir de là, c'est la dégringolade vers le folie, la haine, le rejet de lui même et de sa famille.
Il cherche à comprendre comment un ascenceur comme celui là peut s'écraser ainsi et foutre toute sa vie en l'air alors que la véritable chose à comprendre n'est pas là, bien sur. Il devient un specialiste des ascenseurs , de l'histoire des ascenseurs, de la psychologie des ascenseurs, il maitrise le sujet de A à Z à défaut d'avoir maitrisé sa vie. Cette mort le renvoie à l'insoutenable lacheté de l'être humain et à sa propre insuffisance. Il ne lui reste de sa fille que ses cendres qu'il cajole comme un enfant.
Bien avant cet ascenseur, il a tué quelque chose en lui, quelque chose qui le rendait intègre, aimant, debout. Maintenant, il est couché avec les autres, en bas, ds la cabine d'ascenseur, avec sa fille et des inconnus. Ce n'est plus que l'ombre de lui même qui vit en haut, avec les autres.
Alors, comment ne pas voir un lien avec un autre roman de Jean Paul Dubois: Une année sous silence. Même construction, même problématique, même puissance d'écriture.
Jean Paul Dubois arrive, comme toujours, à nous faire sourire, dans ce déchirement qui n'en finit pas. Avec un tel style, je crois qu'il pourrait même me raconter l'élevage des kangourous, ça m'intéresserait tout autant. Je reste fascinée par la justesse des mots, l'articulation des phrases, le ryhtme. Je pars en exploration dans l'âme humaine et j'en ressors complètement secouée, j'ai fait un pas de plus dans le mystêre, j'attends le suivant.
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Drôle, grinçant, mélancolique et intelligent : c'est du Jean-Paul Dubois ! J'ai dévoré ce roman, très plaisant à lire, qui aborde l'impossibilité de sortir des sentiers battus, de briser les codes ou d'échapper à son monde social, sans être marginalisé ou psychiatrisé.

Le héros est victime d'un grave accident d'ascenseur, dont il est l'unique survivant : il y perd sa fille. Cet événement va le conduire à remettre en question sa vie, ses obligations, ses relations et ses attitudes. Il quitte son emploi et devient promeneur de chiens, tout en passant ses soirées à analyser méticuleusement des revues spécialisées sur les ascenseurs. le tout devant le regard méprisant, incrédule et colérique de sa famille élitiste et carriériste.

J'ai ri du début à la fin, grâce à cet humour bien noir que j'adore. Mais c'est aussi une intéressante réflexion sur le monde moderne, concentré, densifié, urbanisé, vertical et à trajectoire toute tracée : dont l'ascenseur constitue une jolie métaphore. de plus, j'adore chez Jean-Paul Dubois son utilisation toujours très juste de chiens comme personnages de ses romans.
Lien : Https://evanhirtum.wordpress..
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L'absurde mène souvent à la vérité. Qui veut réfléchir posément aux choses sait bien qu'on arrive souvent à la bonne destination en empruntant les chemins les plus tortueux.

C'est encore plus vrai en littérature.

Jean-Paul Dubois est de ceux qui ouvrent un chemin curieux dans notre cerveau de lecteur, pour arriver pile au coeur et à la raison. C'est par l'entremise d'un ascenseur que se fait le voyage pour cette fois.

Un ascenseur accidenté, duquel ressortira vivant Sneijder, mais sans sa fille morte lors de cet accident d'ascenseur. Drôle d'histoire. Voilà un homme un peu effacé, un peu rentré en lui-même, qui se passionne dès lors pour les ascenseurs, leur histoire, leur technique. Sneijder s'emmure presque dans un ascenseur fictif, qui le fait voyager dans tout les sens vers le moindre recoin de sa mémoire, le moindre questionnement venant à la rescousse d'un quotidien qu'il ne comprend plus.

Pourquoi. C'est la question qu'il se répète sans cesse, et sous toutes les forme. Et la chute mortelle de l'ascenseur est comme un parallèle à la chute de sa propre vie, de couple, de famille, d'homme reclus en lui-même.

Le cas Sneijder est un excellent roman, difficile de dire autre chose. Jean-Paul Dubois écrit la solitude comme personne. Sa trousse à outil dissèque aussi bien la mécanique des ascenseurs que celle de la vie. Etonnant, non ?
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