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3,72

sur 4185 notes
Je me laisse embarquer toujours avec le même plaisir renouvelé dans l'univers de Jean-Paul Dubois. Un monde tout à la fois proche et éloigné du mien. Proche par l'univers humain empreint d'anticonformisme et éloigné par le côté truculent poussé à l'extrême des personnages, héros de ses romans. Je referme ce roman avec beaucoup de nostalgie. Comment ne pas s'attacher à Paul Hansen, hybride de l'Europe du nord par son danois de père et de l'Europe du sud par sa toulousaine de mère, et venu s'échouer au Canada?
Petit à petit, nous sont dévoilées les raisons de son incarcération dans des geôles Mais je préfère laisser à Paul, le soin de vous raconter sa vie tumultueuse et humaniste.
Tabernacle, les amis!
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Fils d'un père pasteur danois et d'une mère française post-soixante-huitarde, Paul, le narrateur, émigre au Québec et devient l'homme à tout faire d'une résidence cossue. Il y vit heureux en compagnie de sa femme et de sa petite chienne, à entretenir la résidence, société miniature, et à aider les habitants auxquels il rend d'innombrables services. Jusqu'au jour où débarque un nouveau gérant, un certain Sedgwick – j'allais dire « un certain Macron », mais je déraille - qui raisonne en comptable pur et dur ne voyant pas plus loin que le bout de ses chiffres. Il lui rendra la vie impossible. Dans ce livre apparaîtront d'autres personnages, les pires et surtout les meilleurs, ainsi que l'univers carcéral. Je ne divulgâcherai pas plus.
L'écriture fraternelle de l'auteur est empreint d'une douce mélancolie, sinon d'une étrange tristesse. Jean-Paul Dubois, un homme dont on aimerait être l'ami.
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Si tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon, tous les hommes ne voient pas non plus le monde de la même façon.
Eh bien, je peux vous le dire, Jean-Paul Dubois et moi, ça colle et ça colle rudement bien.
Bon, je sais, je suis là pour parler du livre, pas de l'auteur. Faisons une exception si vous le permettez… Car effectivement depuis qu'il a remporté le prix Goncourt, on l'entend parler ici ou là sur les ondes, et à chaque fois je me dis : vraiment, ce mec, qu'est-ce qu'il est bien (en plus, il n'est pas mal - mais là je vais un peu loin…)
Oui, à chaque fois, qu'il parle de son travail, de son temps libre, de son rapport aux gens, aux bêtes, au temps, aux lieux, à la littérature, aux choses… à chaque fois, je me dis : ce gars, il est vraiment bien, il a un rapport juste au monde (selon moi), il n'a aucune illusion et fait ce qu'il peut pour être le plus heureux possible (et le moins malheureux possible, donc) avec ce qu'il est et dans le monde qui est le sien. C'est un pragmatique dans le fond ! Il fait avec, quoi...
Parfois, il a peur, parfois, il pleure. Souvent, il aimerait qu'on lui foute la paix parce qu'il n'a pas toujours quelque chose à dire ou bien parce qu'il craint de les dire de travers, de faire une erreur ou de blesser quelqu'un. C'est un homme sensible, Dubois, et toute son humanité, elle nous saute aux yeux quand on ouvre un de ses romans. Et p…., qu'est-ce que ça fait du bien de se dire qu'il y a encore des gens comme ça, des gens comme lui, qui ne sont pas passés à la moulinette de notre époque, à une pensée stéréotypée, préfabriquée et bien conventionnelle. Ouf ! Il en existe encore des hommes comme lui (des dinosaures?) qui ne ressemblent pas à la meute et ne se plient pas aux modes et aux diktats du monde.
Bon, ça va, ça va, j'arrête sur lui (je sens bien que je suis in love with him, alors…) et je reviens au fameux prix Goncourt !
C'était mon CHOUCHOU ! (même si je n'avais pas lu les autres…) de toute façon, objectivement, c'était le meilleur. Je ne me suis pas jetée dessus dès sa parution… Non non… C'est comme un dessert, un Dubois, il faut d'abord avoir avalé ses carottes râpées et ses blettes à la crème avant de déguster les macarons et la mousse au chocolat.
Ai-je aimé ? Ben oui, évidemment ! Quel conteur, mais QUEL CONTEUR !
Franchement (et comme toujours), je me suis laissé porter par l'histoire (je ne vous la résume pas, vous la découvrirez vous-même!), de la même façon que (j'en suis à peu près persuadée) lui-même se laisse porter par son récit (j'ai même eu l'impression – qu'est-ce que je suis vache! - que parfois, il ne savait pas tout à fait où il allait… Je ferme la parenthèse) Oui, Dubois est un conteur, un écrivain qui sait écrire, un poète aussi… Et surtout, il est drôle… Tellement, tellement drôle : ses personnages sont complètement craquants (vous ferez connaissance avec un certain Patrick Horton, Hells Angel et grand amateur de Harley Davidson, un homme très sensible des cheveux et qui menace de couper la moitié (seulement) de l'humanité en deux…) Franchement, un personnage comme ça, c'est du jamais vu ! Mais où Dubois va-t-il chercher de tels phénomènes ? Quelle invention, quelle VRAIE originalité, quelle drôlerie… C'est irrésistible ! Et je ne parle pas des multiples situations improbables et cocasses dont il nous régale à chaque page : tenez, le père du narrateur est un pasteur danois (qui doute) marié à une directrice de cinéma (pornographique… pas que, mais quand même!)
Et en prime, vous ressortez apaisé d'une telle lecture parce que, même s'il nous met sous le nez les aspects les plus sordides de la société moderne, même si ses textes sont empreints d'une grande mélancolie et d'un profond désespoir, il se dégage de ses romans une philosophie humaniste, bienveillante, tendre, généreuse, d'une très grande douceur et une philosophie à notre mesure, sans grands mots, sans grandes phrases alambiquées et pompeuses, aussi belle et lumineuse qu'un lever de soleil sur le petit port de Skagen.
Les livres de Dubois nous aident à vivre en nous montrant toute la bonté et la beauté du monde. Ils calment et consolent.
Et c'est pour ça qu'on les aime...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Lire un Goncourt en se demandant si le prix a été accordé à l'oeuvre ou à l'écrivain…

Un roman qui peut séduire par ses multiples environnements. L'histoire est racontée par un homme incarcéré dans une prison de Bordeaux au Québec avec un co-détenu Hell's Angels. En plus de sa vie actuelle, où il est superintendant d'une tour de condos, on a régulièrement des flash-back sur son enfance avec son père qui est un pasteur danois et sa mère propriétaire de cinéma toulousaine. On croisera aussi son amoureuse qui n'est rien de moins qu'une autochtone pilote de brousse. On ira même faire un tour à Thetford Mines, au casino de Montréal et aux courses hippiques. Ce n'est que vers la fin du roman qu'on apprendra son crime (et on pourra se demander comment il se fait qu'il n'ait pas été envoyé à l'institut psychiatrique…)

L'écriture est belle, le voyage intéressant, mais j'ai été déçue par ce roman couronné par le Goncourt et encensé par plusieurs. J'ai trouvé certains personnages caricaturaux, sans épaisseur, ou à la limite du vraisemblable, comme l'amoureuse métisse qui se promène en Beaver ou le méchant président des condos, et même le sympathique motard compagnon de cellule dont le discours semble bien peu québécois.

Ce qui m'a surtout agacée, c'est le nombre de détails inutiles, comme l'histoire du champ de courses de Trois-Rivières. Préciser (p.122) que 174 chevaux sont morts dans un incendie, n'a rien à voir avec le roman, surtout quand c'est le héros qui raconte. Pour moi, ce genre d'info c'est comme une capsule documentaire ou une pub insérée dans un film à la télé, ça me donne envie de zapper…

Au final, une lecture pas désagréable, mais un roman qui n'a pas suscité mon enthousiasme.
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En règle générale le titre à rallonge déclenche chez moi un signal d'alarme, « attention produit formaté en plastique avec plein de moches additifs ». J'ai passé outre pour Jean-Paul Dubois, un auteur que je lis régulièrement. Bien m'en a pris car c'est un roman très attachant qu'il livre cette année.

Certains avaient pu lui reprocher, notamment pour « La succession », un ton résolument trop sombre et dépressif. Ici il corrige le tir. Son héros, Paul Hansen, est en prison. Sa vie, qu'on découvrira petit à petit, a ses zones d'ombre. Mais il n'est pas pour autant un perdant.

Bon, ceci-dit, il me faut bien admettre que ce roman habile et jubilatoire flirte quand même souvent avec le « feel good », bien dans l'air du temps. Mais attention, un « feel good » résolument testostéroné : on y cause moteurs de véhicules improbables et Paul Hansen est un as du bricolage. Son colocataire de prison, Patrick Horton, est un Hell's Angel. Ils ont leurs phobies et leurs ridicules, mais restent dignes. Quelques larmes feront furtivement une apparition mais le ton est plutôt « serre les dents » …

Il faudra attendre la fin du roman pour savoir ce qui les a amenés à se supporter dans une cellule d'une prison de Montréal, mais je n'ai pas trouvé le temps long en leur compagnie. Ce roman mérite amplement le succès qu'il rencontre.
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L'univers de Paul se limite désormais aux quelques mètres carrés de sa cellule du pénitencier de Montréal. Une fenêtre y livre une lumière crue sur des murs piqués de salpêtre, des lits superposés, deux tabourets scellés au sol et un lavabo. Au fond de la pièce, confortablement installé sur le trône, un colosse tatoué se livre avec application à une activité que la pudeur m'empêchera de nommer. C'est un spectacle qui peut ébranler les âmes les plus aguerries. Paul profite de la vacuité de ses journées de captivité pour passer en revue le cours de son existence. Il revient par une succession de flashbacks sur son enfance à Toulouse, tiraillé entre un père pasteur et une mère libertaire, sur les raisons de son départ pour le Québec et sur celles de son passage par la case prison. Son récit est léger et fluide au risque de paraitre transparent. J'ai parfois eu l'impression de lire un auteur américain formaté par des cours de « creative writing ». Paul est un gentil garçon dépassé par une époque où tout se calcule et se marchande, où l'avidité étouffe la bienveillance. Mais que retenir de ces existences alternant entre bonheurs fugaces et épisodes tragiques ? Que chacun bricole le fragile équilibre de son existence à sa façon ? Heureusement, Horton, le Hells Angels, traverse les chapitres tel un éléphant dans un magasin de poncifs et réveille le lecteur par ses perles. Je ne retiendrai du roman que ces passages comiques.
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« Génial ! Émouvant ! »

L'auteur me plonge dès la première page dans l'histoire. C'est tellement bien raconté que j'ai l'impression que le personnage qui se nomme Paul existe et que c'est lui qui relate son parcours de vie. le récit est rythmé par des événements actuels (en prison) et des événements antérieurs (depuis l'enfance). J'ai très apprécié cette alternance passé / présent. Je me suis attachée quasiment à tous les personnages. J'étais tellement prise par l'écriture que j'avais l'impression d'être la meilleure amie de Paul. Les deux derniers chapitres m'ont fait verser ma larme. Je n'ai pas le souvenir qu'un roman m'est atteint si profondément.
Bravo l'auteur, il mérite amplement son prix.
Je vous recommande sa lecture et je lirai d'autres romans de cet auteur. Ce livre va plaire à ma meilleure amie.
Un immense merci à ma cousine et mon cousin pour ce beau cadeau de Noël.
Lien : https://www.facebook.com/Par..
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Grosse déception que ce roman que j'ai trouvé ennuyeux et sans relief.
Même si l'écriture est soignée et le style élégant, tout est prévisible et ces incessants allers-retours entre le présent en prison et le passé de la vie du narrateur finissent par lasser.
Tout au long du livre, on imagine qu'un ressort va apparaître et faire rebondir le récit. Attente vaine, il ne se passe rien.
J'ai lu jusqu'au bout pour comprendre ce qui avait fait basculer le destin de cet ancien concierge d'un immeuble huppé, mais l'épilogue ne m'a nullement surpris.
Je suis resté en dehors de cette intrigue un peu simple et qui m'a semblé artificielle.
Je retourne à d'autres lectures, les prix littéraires ne sont décidément pas des références.
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Paul Hansen a été pendant 26 ans, super intendant, une sorte de concierge, un homme à tout faire dans un immeuble de 68 appartements. Capable de résoudre d'urgence tous les problèmes, plein d'empathie pour les propriétaires, toujours prêt à rendre service.

« L'Excelsior était un immeuble à l'image de sa piscine. C'était un immeuble fragile, fantasque aussi, joueur, primesautier. Été comme hiver, il fallait toujours garder un oeil sur lui. Sinon, profitant de la moindre inattention, il risquait de me fausser compagnie. Charge à moi de le ramener ensuite à la raison et à la maison. »

Mais à l'assemblée générale des copropriétaires, Édouard Sedgwick est élu président-administrateur et tout bascule. Paul se retrouve au pénitencier de Montréal condamné à deux ans de prison.

Avec un style qui mêle humour et tendresse Jean-Paul Dubois alterne passé et présent pour nous expliquer comment Paul Hansen un gars bien sympathique va un jour péter les plombs.

Son présent c'est une petite cellule qu'il partage avec Patrick Horton, un dur qui sans aucune pudeur aime soulager ses intestins sur la cuvette tout en parlant de sa passion pour les Harley Davidson et qui rêve d'ouvrir tous les mecs en deux.
Le passé de Paul c'est une enfance entre Johanes son père né au Danemark et qui est pasteur de son état et Anna sa mère, une femme magnifique qui gère un petit cinéma. La programmation d'un fil pornographique va provoquer une fracture définitive entre le pasteur et sa femme.

Son présent c'est une température de 14 degrés dans la cellule, les rats qui font la sarabande, les canalisations qui craquent, les hommes qui toussent. Heureusement, il y a la solidarité de Patrick et surtout ses morts qui viennent le visiter. Johanes son père, sa chienne Nouk une part indissociable de sa vie et surtout Winona son amour.
Son passé c'est la déchéance du pasteur pris dans l'enfer du jeu, mais c'est surtout sa rencontre improbable avec Winona une Indienne.

« Depuis cette journée au bord du lac, elle est devenue une part de ma chair, je la porte en moi, elle vit, elle pense, bouge dans mon coeur, et sa mort n'y a rien changé. »

Jean-Paul Dubois parsème avec bonheur son récit de personnages savoureux et atypiques, ce qui donne au lecteur un vrai plaisir de lecture.

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Les avis divergent à propos du prix Goncourt de Jean Paul Dubois et font même parfois polémique. Il est vrai que ce n'est certainement pas son meilleur livre mais que dire de l'écriture ? Un style fin, précis, très soutenu parfois et souvent fort et puissant. Dès les premières pages et la personnification de la prison puis la rencontre de Patrick Horton, codétenu de notre personnage principal Paul Hansen, c'est cette écriture qui m'a emporté. À la fois douce et généreuse, elle sublime avec brio l'histoire d'un homme avec ses tragédies et ses moments de joie. Immensément humaniste et fraternel, quelquefois révolté et désenchanté, ce livre a déjà trouvé ses lecteurs dont j'ai le plaisir de faire partie.
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