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Critique de Fleitour


Jean-Paul Dubois, dessine un tableau sombre teinté de mélancolie sur les chimères comme sur les valeurs qui agitent le monde. En parcourant "une vie Française", ou un demi-siècle d'une famille toulousaine, de ces années qualifiées parfois de glorieuses, il restera un parfum très particulier, indéfinissable, un quelque chose de totalement éphémère, car tout lasse, tout passe, tout casse.
A la page 138 il lâche: je vois la vie comme un exercice solitaire, une traversée sans but, un voyage sur un lac à la foie calme et nauséabond. La plupart du temps nous flottons.

Il y a dans les pages de cette vie française comme un clin d'oeil à Spinoza.

En effet les bonheurs périssables, hasardeux, sont trop souvent la source de désillusions affirme Spinoza. Tel un élève scrupuleux, Jean-Paul Dubois soulignera avec finesse ces bonheurs factices. Il a pris chacun de ses bonheurs périssables et les a théâtralisés dans une vie Française, depuis leur apogée jusqu'à leur naufrage.


Le mirage de l'argent épouse la vie même de sa femme Anna. Anna Villendreux qui en héritant de la société de son père Atoll, va se ruiner et ruiner sa propre famille.
Dans cette épopée boursière, Paul Blinck le mari se délecte à célébrer les succès d'Atoll, ou à décrire le ridicule des patrons, qui ne pestent que sur les charges salariales. Sur sa propre ruine, il aura ce regard désabusé, tout cela pour s'envoyer
en l' air.


Côté ambition, Paul Blick devenu Photographe va nous conduire au plus sublime succès de librairie. Grâce aux photos d'arbres de l'homme tronc ( quolibet inventé par Libération) , jusqu'à la demande expresse de François Mitterrand de voir son portrait, élaboré et éternisé grâce à une photo prise par Paul lui-même, Paul Blick alors tutoie les sommets.
La descente aux enfers est aussi loufoque que les personnages mis en scène par Jean-Paul Dubois Visqueux et penaud notre vedette après son refus de tirer le portrait de Mitterrand se voit contraint d'arpenter les mètres carrés de l'ANPE.


Côté cœur le même scénario va se vitrifier par la conquête d'Anna Villandreux. Paul Blick le doux rêveur va épouser une princesse, c'est merveilleux. Il ira même jusqu'à éprouver les yeux doux de la mère de la princesse. Puis devenu homme au foyer, une belle dame au popotin hallucinant, va éprouver ses talents, "Laure Milot jeune maman sexy aux fesses équatoriales exerçait le même métier que lui",mère au foyer, elle lui fera toucher la piste aux étoiles..
La même descente va le gagner quand la belle dame lui apprendra qu'un rabbin lui avait enfin enseigné les mystères de la révélation, l'orgasme, enfin le plaisir. Douloureusement la perte de son épouse va sceller aussi son désenchantement amoureux.


Fallait-il que Jean-Paul Dubois se déguise en Spinoza. Paul Blink souvent solitaire avait l'idée de nous conduire vers d'autres réflexions. Quand ses propres enfants et sa propre mère prendront une place de plus en plus importante dans sa vie c'est un personnage plus dense, plus fraternel qui traversera ce livre.


la perte du frère, Vincent, quand Paul a 8 ans, est toujours là présente, Vincent est son double il l'accompagne. L'enfant devenu l'enfant unique croit en ses parents, il redécouvre sa mère, Claire, capable de se passionner pour la politique. Une famille se met à vivre, avec ses 2 enfants, Vincent et Marie.
Sa fille envahit les dernières pages, non par goût du mélodrame mais pour authentifier l'homme sincère qui se met à vibrer.


"Je n'ai jamais prié ni cru de bonne foi en quoi que ce soit. Je vois la vie comme un exercice solitaire", écrira Paul après la perte de son frère. Cette ligne de fond est là, souterraine mais la plus visible.
Une autre ligne à la hauteur de ses sarcasmes, défiant les mœurs étriqués de ses concitoyens, maintient Paul à la coque du bateau de son beau-père.
Le lecteur la découvre, sur le bateau, dans la tempête. Cette ligne qui le retient à la vie, va le sauver, celle de la solidarité, aussi ferme qu'une cordée en montagne.
Quand il tombe à la mer l'autre va dans la furie des eaux le ramener à bord.
Jean Villandreux se dévoile avec toute son humanité cachée. le renouveau est en marche.

Un livre à mâcher, dévorer, déguster, une avalanche de situations cocasses et vraies.
Le roman de la vie.
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