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Guillaume le Maréchal ou le meilleur chevalier du monde est un livre d'Histoire et non un roman de chevalerie. L'auteur, Georges Duby, est un éminent spécialiste du Moyen-âge, et nous fait découvrir l'univers de la chevalerie, au travers la personnalité historique du Maréchal.
L'auteur s'appuit pour cela sur la biographie du chevalier, oeuvre versifiée, commandée pour la postérité de la lignée, qu'il analyse et résume pour notre confort. Il y a assez peu de citation, ce que j'ai apprécié étant donné les archaïsmes de langage et les spécificités du discours en vers.
Le présent livre s'ouvre sur la mort, ou plutôt l'agonie du Maréchal. C'est un épisode un peu long, dans lequel le professeur Duby évoque le cérémonial et les questions d'héritages, dans le milieu féodal de l'Angleterre du début du XIIIe siècle. S'en suit une biographie passionante du chevalier, qui relève à la fois du parcours type (formation, attachements et loyauté...) que de l'exceptionnel destin de Guillaume le Maréchal. Celui-ci, par sa force et sa bravoure, montrera des aptitudes peu ordinaires dans le maniement des armes, à la guerre comme en tournois, et s'attachera aux services de plusieurs rois anglais. D'une longévité étonnante pour l'époque, il saura s'extraire de son statut de pauvre chevalier, pour celui de baron et d'éminence grise.
Un ouvrage intéressant pour les lecteurs curieux d'en apprendre d'avantages sur les règles de conduites de la chevalerie; l'imbroglio des fidélités de parenté, vassalique, d'amitié, qui régie la vie de ces guerriers bien-nés mais souvent fort dépourvus. le style de l'auteur est clair bien que parfois tourné de manière inhabituelle. Cela reste abordable au néophyte qui souhaite découvrir un univers, finalement plus machiste qu'on ne l'aurait imaginé.
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Accessible à tous

Ce n'est pas un roman, c'est un livre d'histoire, mais sa mise en page et son format poche en font un cousin du roman, aussi dans le style d'écrire. Aux oubliettes les titres, à la trappe les chiffres et le manuel en lui-même. C'est en cela que le titre est accessible à tous. L'écriture de Duby est compréhensible, bien qu'il faut être concentré et parfois faire attention, il y a des redites mais avec des mots différents et parfois plus complexes. Ce qui est appréciable, c'est que pour expliquer telle ou telle chose, Duby n'hésite pas à rappeler ce qu'il a dit précédemment pour raviver votre mémoire. On se plaît à traverser la vie de Guillaume le Maréchal, dans cette chanson de geste posthume commandé par son fils Guillaume le Jeune vraisemblablement lors d'un mariage, écrit par le trouvère Jean l'Anonyme et dont la principale source n'est pas les habituelles sources ecclésiastiques mais Jean d'Early, l'écuyer fidèle de Guillaume le Maréchal. Duby étudie donc cette chanson de geste, cette éloge, extrayant des éléments afin de nous livrer un ouvrage sans lourdeur.

Étudier quoi ?

Ce qui est très intéressant avec cet ouvrage de Georges Duby, propre du comportement des historiens des Annales, c'est de ne pas raconter l'histoire de Guillaume le Maréchal, de ne pas écrire sa biographie, ce qui a déjà été fait antérieurement. Non, Georges Duby utilise l'histoire du célèbre Guillaume pour étudier plusieurs sujets à cette époque bien précise, Guillaume étant né en 1145 et mort en 1219. le sujet principal de Duby, c'est l'étude de la culture chevaleresque. Ce qu'est la chevalerie à cette époque, ses comportements et ses aspects, la relation entre les chevaliers, leur mort, la relation entre le pouvoir (dont les succès qui ont porté Guillaume au coeur du pouvoir, jusqu'à devenir régent), et ma partie préférée : les tournois. On y découvre beaucoup de choses et plus on lit, plus on adore ce cadre, bien que je conseille de prendre quelques notes au passage. C'est une oeuvre si monumentale que mes enseignants d'histoire médiévale de deuxième année nous l'ont donné à lire.
Lien : https://leschroniquesdejerem..
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Redonnant vie à cette "Histoire" de Guillaume le Maréchal (1146-1219) commandée par son fils et composée de quelques 19 000 vers, l'immense historien que fut Georges Duby nous replonge au coeur du Moyen âge des chevaliers.
Commenté avec mesure et savoir, ce texte, retrouvé après 800 ans et consacré au "Meilleur des chevaliers", est une source incontournable de connaissances.
Sur son lit de mort, Guillaume met en ordre son héritage et ses funérailles. Ce sera aussi le moment de parcourir cette vie de combats et de gloire, de se justifier contre quelques griefs, d'évoquer sa jeunesse , son habileté aux joutes et aux combats, ses alliances…
Georges Duby fut un orateur hors pair, un grand écrivain élégant et précis et pour qui s'intéresse à cette période de l'histoire ce livre est indispensable.
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Georges Duby le dit lui-même : il ne souhaite pas écrire une biographie de Guillaume le Maréchal. Celle-ci existe déjà, c'est l'Histoire de Guillaume le Maréchal, écrite par Jean l'Anonyme au début du XIIIe siècle. En vérité, Duby souhaite, à travers la vie extraordinaire de cet homme clé de l'histoire médiévale anglaise, évoquer ce que fut la chevalerie et, plus généralement, la féodalité en Angleterre et en Europe. En cela la vie de Guillaume le Maréchal est un exemple, au sens latin du terme, un miroir donc, réfléchissant son époque et les hommes qui y vécurent.

Ces hommes n'étaient pas ceux du commun. Dans la répartition tripartite des hommes au Moyen Age, Duby ne s'intéresse pas à ceux qui travaillent ou à ceux qui prient. Il s'intéresse à ceux qui combattent : les chevaliers, et leurs seigneurs dont le plus haut, le roi, se situe au sommet de la pyramide sociale. Dans cette société figée, le parcours de Guillaume le Maréchal fait figure d'exception. Lui, le cadet de famille, celui dont le destin était de combattre sans jamais pouvoir prendre femme, devint l'un des personnages les plus puissants de son époque, puisqu'il fut, à la mort de Jean sans Terre, le régent du royaume d'Angleterre, chargé de veiller sur le petit roi, le futur Henri III. Consécration d'une vie, peut-être due à cet âge exceptionnel : le Maréchal vit entre environ 1245 et 1219. Son ascension ne fut pas linéaire : il est un chevalier errant lorsque, au début des années 1180, il est soupçonné de liaison avec la femme d'Henri le Jeune, fils d'Henri II Plantagenêt. Lorsque Henri II meurt en 1189, il s'inquiète de son avenir lorsque monte sur le trône Richard Coeur de Lion. Idem lorsque Jean Sans Terre y parvient : Guillaume doit laisser plusieurs fils en otage pour protester de sa bonne foi.

Guillaume doit son ascension à sa valeur exceptionnelle au combat. Tournoyeur redoutable, il remporte plusieurs succès lors de ces rencontres qui se déroulaient dans le nord de la France, faisant de la nation anglaise l'une des nations redoutées. A la guerre, notamment en Normandie ou dans le Maine, Guillaume fait honneur à son rang et à sa classe sociale. La bataille de Lincoln, en 1217, est sa consécration. Tous ces exploits lui permettent de prendre femme, d'ailleurs l'un des plus beaux partis du pays, qui fait sa fortune matérielle et le portent au rang des hauts barons du pays.

Si Georges Duby insiste sur le caractère exceptionnel de la vie de Guillaume le Maréchal, il la prend en exemple pour illustrer ce qu'était la féodalité au Moyen Age. Il faut comprendre que l'époque à laquelle vit Guillaume représente probablement le zénith et l'aurore du mode de vie chevaleresque. La foi, l'honneur, la générosité en constitue les piliers. Ce mode de vie, particulièrement viril, vit ses derniers instants. Les Etats monarchiques gagnent une solidité qu'ils ne perdront plus, et prennent le pas sur les puissances nobiliaires du pays. D'autre part, l'honneur cède peu à peu le pas à l'argent, qui deviendra la valeur dominante en Occident. L'argent, les chevaliers le méprisent mais en ont besoin, car leur prodigalité en dépend. Cet argent, donc, est la matérialité du pouvoir. Cependant l'honneur s'acquiert par l'intrépidité au combat, et la loyauté dans le lien personnel. Car l'époque est encore à la féodalité et les liens vassaliques déterminent un édifice social à la fois simple et complexe. Simple parce que les relations sont personnelles, et que l'on doit fidélité et bienveillance aux hommes qui nous dominent ou qui nous servent le plus directement. Complexes car ces relations peuvent s'entrechoquer, faisant vaciller la morale : ainsi Guillaume, servant son jeune seigneur Henri le Jeune, doit-il s'expliquer de cette fidélité à son roi, Henri II Plantagenêt, lorsque le fils entre en rébellion avec le père. Les relations sont verticales, mais aussi horizontales, et les liens vassaliques n'empêchent pas les jalousies, de celles qui naissent lorsqu'un chevalier apparait trop aimé de son seigneur : c'est ce qui arrive à Guillaume.

Jamais, cependant, Guillaume ne semble en danger dans le jeu des relations personnelles. le danger, il l'encourt lors des tournois, dont Georges Duby donne une vision sportive. Ainsi le tournoi, gigantesque affrontement de jeunes hommes fougueux et valeureux, est-il un événement sportif, organisé par les hauts barons du pays qui, à la manière des sénateurs romains organisent les Jeux, s'attachent par là la reconnaissance d'une classe de jeunes hommes liés entre eux par une même pratique, des mêmes codes culturels, et une amitié virile qui confine à l'amour. C'est la peut-être le plus grand mérite se Georges Duby : par son écriture simple et fluide, par le recours aussi à cette Histoire de Guillaume le Maréchal dont la langue restitue à merveille - peut-être parce que l'auteur était un laïc, sûrement parce que la source principale en est Jean d'Early, écuyer de Guillaume - le mode de vie chevaleresque, Duby donne vie à une époque souvent figée négativement. Guillaume le Maréchal, par sa vie formidable, par la chance aussi que nous avons d'en posséder une trace écrite, est le témoin de la chevalerie dont il fut, selon les chevaliers français eux-mêmes, le meilleur représentant.
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Une biographie, mais aussi une plongée dans une époque peu connue, sur laquelle nous avons souvent des représentations erronées.
J'ai beaucoup aimé cet ouvrage, qui décrit la vie d'un homme d'arme, de son allégeance, du sens de l'honneur, à une époque où la hiérarchisation des valeurs était bien différente.
J'ai appris sur le déroulement des tournois, sur les mariages (on y découvre le rôle du roi dans la validation des unions), l'éthique personnelle, le rapport à l'argent (les sommes considérables gagnées lors des tournois sont redistribuées presque immédiatement, la thésaurisation n'est pas de mise)
Un ouvrage de référence
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Totalement conquis par ce court récit de l'un de nos plus grands médiévistes, que j'ai avalé en une journée. Le récit est si vivant qu'on en oublie presque qu'il s'agit d'un livre d'histoire. C'est rempli d'anecdotes passionnantes sur la vie chevaleresque, et cela aidera indéniablement le profane à comprendre un peu mieux cet esprit féodal si différent du nôtre.
Si Duby a pu bénéficier pour ce travail – il le dit très bien – d'un document de qualité exceptionnelle, et peut-être même à nul autre pareil dans tout ce que nous avons pu conserver des traces écrites du XIII ème siècle, il sait en tirer la substantifique moelle avec un talent narratif certain, et le mettre en perspective sans jamais devenir rébarbatif.
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Georges Duby allie des talents d'historien à ceux de conteur et d'écrivain. Quel bonheur de le lire ou de l'écouter dans "le Temps des cathédrales" (Quand on pense que cette émission passait à la télévision au début des années 1980 !). Le récit, car c'en est un, débute par un "spectacle", la "mort somptueuse" de Guillaume à l'âge canonique pour l'époque et l'état de chevalier de 70 ans. Un pur plaisir : la qualité de l'écriture, la narration nous transportent en 1219 et nous sommes nous aussi près du lit de Guillaume pour lui dire adieu avant son "passage" vers l'autre monde.
Il restitue la vie de Guillaume le Maréchal, excellent chevalier anglo-normand, non pas tant dans les faits mais dans le monde, l'univers quotidien et mental, un monde violent, masculin, frustre mais régi par des règles, la loyauté et l'honneur en particulier.. Ainsi Guillaume restera fidèle au roi d'Angleterre Henri II et à ses fils. A sa mort, sa figure est déjà anachronique, symbole du monde disparu du XIIème siècle, des chevaliers de la Table Ronde.
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Il est bon de temps en temps de lire quelques pages de Duby, pour son écriture très évocatrice, toujours mesurée, élaborée avec un esprit spontané, qui n'a pas trop mal vieilli, et qui n'embarrasse pas le lecteur. Guillaume le Maréchal, c'est l'exemple type de la "biographie utile", qui nous donne à voir l'exploitation historienne d'une source historique, et pas seulement un récit chronologique lapidaire dans lequel trop de biographies historiques sont tombées. Mais ce n'est pas sans poésie que la vie de Guillaume nous est contée, et Georges Duby sait parfois se taire pour laisser la source parler quand il n'y a pas besoin de plus commenter, ce qui nous donne le plaisir de lire un extrait (traduit) de la Chanson de Guillaume le Maréchal, qui nous fait revivre le déroulement d'un tournoi 'type" lors duquel le meilleur d'entre ses pairs fait preuve de bravoure, de fidélité. Je trouve toujours émouvants les textes anciens. Il est agréable de se plonger dedans avec une bonne disposition d'esprit de temps à autre. Bref, une biographie pas chère et toujours de grande qualité, que ne viennent pas contredire les actuels spécialistes de la chevalerie.
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Si j'aime L Histoire, je suis très loin d'être une spécialiste, et m'instruire en le domaine m'intéresse, a fortiori à propos des chevaliers et de la chevalerie.
Je suis comblée par cette lecture. Passionnante (mais pas si facile, parce que déjà que je suis moyenne en Histoire de France, l'Histoire d'Angleterre, pour y être liée, ne m'en est pas moins étrangère), me voilà un peu plus au fait des aventures et mésaventures des premiers "Henri", de leurs démêlés entre eux et avec les rois de France, car le chevalier Guillaume "le maréchal", qui tient son titre de la fonction de son père, eut une longévité étonnante pour l'époque et vécut sous 5 rois anglais, les servit, jusqu'à être le tuteur et régent du royaume du dernier, dont Jean sans terre était le père et qui n'avait que 9 ans à la mort de celui-ci.
Bref, c'est vraiment une super lecture, qui transpire la passion de G. Duby pour son domaine, et qui la transmet sans coup férir à ses lecteurs ! du coup, j'en ai commandé un autre de lui, "l'an Mil"...
Si vous aimez L Histoire (même sans être très bons dans le domaine), voilà qui éclaire notre lanterne sur la vie des chevaliers (des derniers), qui avaient semble-t-il réellement l'esprit chevaleresque de défense de la veuve et de l'orphelin ! Sans pour autant d'ailleurs beaucoup respecter les femmes, qui étaient vraiment juste bonnes à faire des gosses et transmettre biens et titres à l'époque, c'était pas tout à fait comme je me l'imaginais, et ça fait du bien de savoir le fin mot de l'Histoire !
Epopée magnifique et formidablement bien racontée du "dernier" chevalier, au delà du meilleur, puisque les deux dernières décennies où il vécut, la chevalerie et son esprit était déjà tombés en désuétude...
Je sais que ma note est un peu exagérée, mais à la mesure du plaisir que j'ai pris à lire ce bouquin !
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C'est un livre d'histoire qui se lit comme un roman. Georges Duby nous plonge dans l'histoire vraie mais extrêmement romanesque du "meilleur chevalier du monde" (eh non, ce n'était pas le chevalier Bayard!). On en apprend plus sur la chevalerie que dans n'importe quel manuel d'histoire : les chevaliers n'avaient rien à voir avec Lancelot ou Galaad, c'étaient des brutes qui vivaient de leurs armes.
A lire impérativement pour tous ceux qui s'intéressent à cette période!
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