AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782080811820
278 pages
Flammarion (07/12/1993)
4.03/5   16 notes
Résumé :
La France au Moyen Âge est immense et diverse. D'une région à l'autre, d'un canton à l'autre, ni la densité de la population, ni l'état des techniques de production ne sont semblables. Seul trait fondamental de l'économie rurale : l'universelle présence du grand domaine. Les articles ici rassemblés restituent au plus près la démarche de l'historien. De Cluny aux Alpes du Sud, du Mâconnais aux villes provençales, Georges Duby dévoile la richesse des textes et interpr... >Voir plus
Que lire après Seigneurs et paysansVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Georges Duby, médiéviste émérite, écrit "Hommes et structures du Moyen-âge" en 1973, dont "Seigneurs et Paysans" est le second tome. Avec une maîtrise consommée de la langue française, et une souplesse intellectuelle qui le mène de l'étude très matérielle de l'outillage rural et de l'économie des monastères à celle des représentations mentales de l'époque, Georges Duby nous rend familière la vie quotidienne de nos ancêtres des Xème au XIIIème siècles.

Pour autant, en dépit des talents pédagogiques de Duby, Seigneurs et Paysans n'est pas un ouvrage grand public, mais un travail d'étude, qui pourra paraitre rébarbatif à qui ne s'intéresse pas particulièrement à la recherche historique. Dans le cas contraire, on pourra apprécier à sa lecture le questionnement scientifique, le travail de rapprochement des faits et des hypothèses explicatives... comme lors de fouilles archéologiques ou dans un bon Agatha Christie.

De même, le lecteur de romans de terroir ou s'intéressant simplement aux régions étudiées par Duby, y trouvera aussi son compte. L'historien investigateur traverse ainsi successivement l'économie paysanne des Alpes du sud au 14éme siècle, les villes du sud est de la Gaulle et leur évolution du 8éme au 11ème siècle, la désertion des villages antiques et l'exode dans les zones franches initiées par les libéralités plus ou moins grandes des seigneurs, l'évolution majeure des techniques agricoles, faisant tâche d'huile autour des monastères.

Point d'orgue à son étude, Duby nous plonge alors dans les archives de la célèbre abbaye de Cluny, depuis sa formidable ascension du XIème siècle,dopée par les dons en or d'Alphonse VI d'Espagne, jusqu'au déclin engagé dès le siècle suivant par le goût du luxe, l'usage croissant du crédit et l'incapacité de l'ordre à se réformer. L'or, qui quittait précédemment l'abbaye sous forme de dons massifs aux indigents, profite à présent aux marchands et prêteurs de tous bords.

Duby achève son tableau par un éclairage sur l'évolution des institutions judiciaires, qui, à cette époque comme aujourd'hui, interagissent directement avec les bouleversements sociaux et les grandes tendances économiques, les freinant ou encourageant au gré des enjeux de pouvoirs du temps.

Lecture sérieuse, studieuse, mais instructive à divers points de vue.
Commenter  J’apprécie          405

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il apparaît en premier lieu que les exigences de la maison des maîtres stimulaient l'activité des petites exploitations paysannes placées dans sa dépendance. Parce qu'il fallait acquitter la dîme et le cens, chaque ménage — même parmi les plus pauvrement équipés — devait tirer de son bien plus que sa propre subsistance. Dans les terroirs où venait surtout du seigle, il fallait produire tout de même un peu de ce froment que le maître attendait. Et parce que de temps en temps force leur était de trouver les quelques deniers d'une amende, de la taille, de la taxe de funérailles ou de baptême, les plus humbles paysans devaient s'efforcer de vendre — ce qu'ils pouvaient. La seigneurie se dressait ainsi comme un obstacle de plus à la complète autarcie de l'exploitation paysanne.
Commenter  J’apprécie          140
Dès 1080, les coutumes recueillies par Ulrich attestent une inclination vers une existence moins frugale, une tendance à laisser, tout comme dans les demeures de l'aristocratie laïque, s'élever les dépense de l'écurie et de la table. (...) L'afflux de métaux précieux exalte l'office du chambrier par rapport à celui du céllérier et tend à modifier de ce fait les relations de la communauté avec l'agriculture. (...) le céllérier s'efforça d' acquérir pièce à pièce tout un finage, en expulsa les exploitants paysans et put ainsi créer, affecté au ravitaillement des réfectoires, un nouveau centre d'exploitation directe ; on perçoit également de la part des administrateurs en temporel, entre 1095 et 1120, un effort soutenu pour faire rendre gorge aux ministériaux, aux prévôts des divers doyennés, dont l'activité parasite frustrait l'abbaye d'une portion notable du fruit de sa terre. Mais cependant l'habitude se prenait peu à peu, dans un climat d'aisance et de décontraction économique, de traiter du victus comme jadis du seul vectitus, c'est à dire de développer les opérations commerciales que le modèle ancien impliquait, mais maintenait marginales, et de faire finalement dépendre l'approvisionnement domestique beaucoup moins de ressources en nature que de ressources en argent.
Commenter  J’apprécie          50
Les Très Anciennes Coutumes du moine Ulric montrent d'abord ce que sont les besoins de la communauté : il faut d'abord entretenir environ 300 moines accoutumés à vivre en seigneurs dans un confort voisin du luxe -leur vêtement, par exemple, froc et coule, tissé de bonne laine est renouvelé chaque année-. Il faut nourrir , et presque aussi copieusement que leurs maîtres, de nombreux serviteurs, qui s'arrangent encore pour alimenter aux dépens du monastère leur famille installée dans le bourg. 18 pauvres pensionnaires, des visiteurs de passage presque aussi nombreux que les frères reçoivent également tous les jours leur pitance ; les écuries sont remplies par les chevaux des dignitaires et pélerins nobles ; l'abbaye procède enfin régulièrement à des grandes distributions d'aumônes : à l'entrée du Carême, 250 porcs salés sont partagés entre 16000 indigents.
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Georges Duby (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Duby
A l'occasion de la publication de l'ouvrage : Martine Reid, Félicité de Genlis. La pédagogue des Lumières, Tallandier Avec Gilles HEURÉ, Michelle PERROT, Martine REID Michelle Perrot, historienne pionnière de l'histoire des femmes (Histoire des femmes en Occident, avec Georges Duby, 1991 ; Les Femmes ou les silences de l'histoire, 1998 ; George Sand à Nohant : une maison d'artiste, 2018) et Martine Reid, spécialiste de la littérature du XIXe siècle et notamment des femmes en littérature (George Sand, 2013 ; Félicité de Genlis. La pédagogue des Lumières, 2022), vont revenir sur ce champ de recherche qui ne cesse de s'enrichir et questionne de plus en plus la place des femmes dans la société d'aujourd'hui.
Gilles Heuré
+ Lire la suite
autres livres classés : paysannerieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (55) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3177 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}