Réjean Ducharme est un auteur culte au Québec. D'abord et avant tout grâce à son oeuvre qui se définit par une prose très riche et inventive, et aussi par son caractère incognito. Il n'a jamais accordé d'entrevues et son image publique se résume à deux ou trois vieilles photographies.
Après un coup de coeur inespéré et inattendu pour
L'hiver de force, ma première rencontre avec Ducharme il y a deux ans,
L'avalée des avalés, sa première publication et son titre le plus emblématique, se devait d'être lu.
Bérénice, la narratrice qu'on suit de ses neuf ans jusqu'à la fin de l'adolescence, est une grande révoltée. Elle hait les adultes, en premier lieu ses parents qui nourrissent un conflit ouvert, et tout ce qu'ils représentent. Elle voue cependant un amour inconditionnel à son frère. Son enfance se déroule au milieu du fleuve Saint-Laurent sur une île infestée par les rats, où elle vit avec sa famille dans une abbaye désaffectée, un univers magique et inquiétant. À l'adolescence, plus que jamais insoumise, elle est contrainte de quitter son refuge. Son père l'envoie à New York dans une communauté juive stricte dans le but de la mater, entreprise vouée à l'échec qui l'entraîne ensuite jusque dans l'armée en Israël.
Au début du roman, j'étais très emballée de retrouver la plume de Ducharme. Mais, malgré la verve et le volontarisme de la jeune narratrice, j'ai eu du mal à garder le tempo dans ma lecture. Certains passages, des réflexions sur la solitude notamment, sont fulgurants, mais je me suis enlisée dans la noirceur des états d'âme de Bérénice. Un personnage qui frappe l'imaginaire, dans la douleur.