Henry de Tonti, pour se concilier les Indiens, ne disposait que de deux armes, mais l’une et l’autre d’une extrême efficacité : sa réputation d’homme brave et les milliers de livres que d’Iberville accepta de dépenser en faveur de la politique indienne que l’ancien lieutenant de La Salle entendait mener le long du Mississippi. Tonti n’était pas, comme il le reconnaissait lui-même, un idéaliste et il savait que le seul moyen de gagner les Indiens à la cause de la monarchie française était de leur offrir des avantages économiques équivalents à ceux que pourrait leur procurer l’alliance des Britanniques. Il eut toutefois l’intelligence d’habiller cette politique pragmatique des habits de la vertu et de la religion.
La menace, la paix et l’amitié. Ces trois gestes me suffisent. Il faut dans la forêt un langage simple.
Quel orgueil de croire qu’on pouvait demander sans rien offrir ! Elle haït tellement l’image dans ce miroir, cette beauté apprêtée, grisée d’elle-même, qu’un court instant, par la pensée, elle se projeta au côté des hommes, presque à les encourager, à les exciter contre cette fille qui jouait si dangereusement le jeu de la glace et du feu, de la pudeur et de la séduction.
Il y a plusieurs sortes de lettres de cachet. À force d’en lire, je les distingue entre les lignes, à telle ou telle tournure, à quelque chose de distant ou d’emporté dans le phrasé et même à la forme de l’écriture et à la rage mise dans la signature. Celle touchant Mme d’Orbelet relève de la catégorie des lettres pour raison d’État. Ce sont les plus dangereuses. Les plus irrationnelles aussi. Mieux vaut s’en tenir éloigné, surtout si l’on attend du Roi une distinction ou une charge…
– Le Roi en a décidé ainsi. Il n’a, vous le savez, à n’en justifier que devant Dieu.
– Certes, monsieur, mais vous savez bien plus que moi que la justice du Roi est une œuvre sans cesse inachevée. Il nous appartient à nous autres, qui sommes ses serviteurs, de la guider toujours plus loin, vers la lumière de la vérité.