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Critique de Cancie


Le grand vertige, dernier roman de Pierre Ducrozet nous interpelle doublement. Pouvons-nous encore sauver la planète, est-il encore temps et devons-nous choisir pour cela des moyens radicaux?
Adam Thobias, 65 ans, universitaire, pionnier de la pensée écologique, un génie, reçoit à Brighton, dans sa retraite, l'eurodéputé Carlos Outamendi, autour d'une tasse de thé. Trois semaines plus tard, à Bruxelles, il finit par accepter la proposition de ce dernier qui l'invite à prendre la tête de la CICC, Commission internationale sur le changement climatique et pour un nouveau contrat naturel et il déclare alors : "il doit y avoir des mesures politiques, des accords internationaux à respecter, mais nous devons surtout nous réinventer".
Le projet est beau et il est tentant de faire partie d'un groupe d'éclaireurs susceptibles d'avoir une véritable influence sur le cours des choses. Pour le mener à bien, Adam fait appel à des ingénieurs, professeurs, voyageurs, botanistes, architectes, géologues, écrivains qui ont tous un jour collaboré avec lui. Ils formeront le réseau Télémaque. Nous en suivrons certains tout au long du roman, notamment Nathan Régnier, l'une des stars mondiale de la microbiologie, Tomas Grøben, Mia Casal, anthropologue, Arthur Bailly, photographe et June, cette jeune fille un peu paumée qui cherche du sens à sa vie et a connu Adam quand elle était enfant. Ils ont pour tâche entre autre de parcourir la planète, virtuellement sur Google Earth par exemple, pour Tomas, de trouver cette fameuse plante si rare qui pourrait révéler une formule porteuse d'espoir, de localiser les industries polluantes, les lieux où la nature est saccagée, de repérer où passe le gigantesque pipeline qui achemine le pétrole du Moyen-Orient vers la Chine, dans l'enfer vert birman...
En dressant un état du monde et en imaginant une réaction face au changement climatique, qui se révèle être un échec, ceci, dans les années 2017, l'auteur nous amène à réfléchir sur l'urgence écologique et à penser qu'il est peut-être déjà trop tard ... La folie des humains ne détruit-elle pas tout, même les meilleures intentions ?
Le grand vertige, c'est ce sentiment dont nous prenons conscience et que ressentent tous ces personnages auxquels on s'attache très rapidement, devant le gâchis que l'homme a engendré.
Ce roman est une saga écolo-humaniste, où réalité et fiction s'entremêlent, un roman d'aventures très rythmé avec une belle rencontre amoureuse entre Mia et June et dans lequel les enjeux géopolitiques sont plus que présents. La longue digression sur la manière dont le pétrole a complètement bouleversé le cours de l'humanité est magnifique. En contant l'histoire de cet or noir, Pierre Ducrozet dit : "Bientôt, il n'y a plus un recoin des consciences, plus une terre, une ambition qui ne soient irriguées par l'inflammable liquide."
Ce roman est découpé en quatre mouvements conçus pour être dessinés, chacun ayant une couleur et un rythme différents.
C'est un livre qui ne peut pas nous laisser insensible. Il nous ouvre les yeux sur une réalité, hélas très noire dans laquelle les politiques jouent un rôle négatif, toujours prêts à prendre des engagements, mais les laissant vite choir pour de intérêts financiers immédiats, prônant encore et toujours une croissance à tout va. Il paraît de plus en plus utopiste de penser que nous pourrons échapper à notre propre destruction. J'aimerais me tromper...
En lisant le grand vertige qui définit notre monde, un monde où le sol s'ouvre sous nos pieds, on ne peut qu'avoir une vision assez pessimiste de l'avenir même si la fin du roman laisse une petite bouffée d'espérance. Il vaut peut-être mieux ne pas abandonner !
Je ne peux que recommander cet auteur au talent incontestable dont le roman L'invention des corps m'avait particulièrement plu et qui avec le grand vertige confirme l'admiration que j'ai pour lui.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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