Dans le Madrid des années 30, Sira Quiroga mène un vie bien rangée aux côtés de sa mère, que ce soit dans leur modeste appartement ou dans l'atelier de Madame Manuela où elles sont toutes deux couturières. Fiancé au gentil Ignacio, elle prévoit de se marier bientôt mais avant cela il lui faut consolider sa situation professionnelle. En effet, l'époque est troublée. La République a fait fuir les riches madrilènes vers la campagne et les clientes se font rares à l'atelier. Poussée par Ignacio, Sira décide de devenir fonctionnaire mais pour cela il lui faut apprendre la dactylographie. Les fiancés se mettent donc à la recherche de la parfaite machine à écrire sans se douter que cet achat bouleversera leur vie à tout jamais.
La sage et raisonnable Sira tombe éperdument amoureuse du gérant de la boutique Hispano-Olivetti, le séduisant et sensuel Ramiro, de dix ans son aîné. Faisant fi de son éducation et de ses principes, elle rompt ses fiançailles et devient sa maîtresse. Ensemble, ils quittent Madrid en proie aux troubles et gagnent Tanger pour y monter une affaire. Mais le beau Ramiro n'est pas homme à rester en place. D'autres aventures l'appellent et il quitte Sira en la dépouillant de tous ses biens.
Seule, ruinée et criblée de dettes, Sira trouve refuge à Tetouan, capitale du Protectorat espagnol au Maroc. Retourner en Espagne est impossible. La guerre civile a éclaté et le détroit est bloqué. Après des mois de déprime, la jeune fille, aidée par la propriétaire de la pension où elle vit, monte une maison de couture qui deviendra bientôt l'endroit où toutes les femmes en vue de Tetouan viennent s'habiller. C'est le début pour Sira d'une vie d'aventures bien loin de tout ce qu'elle pouvait imaginer...
Attention! Ce livre est un piège! Dès qu'on lit les premières phrases, on est emporté par la plume de Maria DUEÑAS dans la vie de son héroïne et l'on ne peut plus s'empêcher de lire et de lire encore, sans jamais s'arrêter.
Sira, la couturière qui a de l'or au bout des doigts, évoque ses souvenirs sans rien cacher de ses peines, ses joies, ses déconvenues, ses craintes, ses faiblesses. Tout au long du roman on assiste à la métamorphose d'une jeune fille timorée qui subit les évènements, tantôt guidée par sa mère, tantôt par un homme, sans conscience politique véritable en une femme forte et sûre d'elle qui décide de sa vie et prend des risques pour ce qu'elle croit bon pour son pays. Au gré de ses rencontres, elle se fera des amis aussi bien parmi les anonymes que parmi les personnalités en vue. de couturière elle deviendra espionne pour le compte des services secrets britanniques et voyagera de Tanger à Madrid en passant par Lisbonne, toujours en quête de renseignements utiles à ceux qui l'emploient et qui ont pour but la neutralité de l'Espagne de Franco. Avec elle, on découvre la deuxième guerre mondiale sous un autre angle, depuis le Maroc préservé jusqu'à l'Espagne et le Portugal qui louvoient entre les puissances de l'Axe et les Alliés. Entre ceux qui veulent profiter de la guerre pour faire fortune en commerçant avec l'Allemagne et ceux qui veulent se rapprocher de la Grande-Bretagne pour arrêter Hitler, Sira apporte sa petite contribution pour démasquer les uns et aider les autres.
Et Sira, héroïne belle et courageuse, n'est pas la seule pépite de ce livre. Les personnages secondaires hauts en couleurs tiennent aussi une place de choix, que ce soit Candelaria la Contrebandière qui aidera Sira à monter sa maison de couture ou Felix son voisin sous l'emprise d'une mère despotique qui fera son éducation culturelle, ou encore Juan Luis Beigbeder, haut-commissaire de Tetouan, amoureux fou du Maroc et de son peuple et de sa maîtresse, l'extravagante britannique Rosalinda Fox, et qui deviendra le Ministre des Affaires Etrangères de Franco. Tous ceux qui gravitent autour de Sira (personnages réels ou fictifs) contribuent à faire de ce livre un grand moment de lecture. On s'attache, on pleure, on frémit, on s'enthousiasme avec eux et c'est avec regret qu'on les quitte en tournant la dernière page. Un énorme coup de coeur.
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Sira Quiroga, élevée par sa mère célibataire, grandit dans les années trente à Madrid et devient couturière comme sa mère, première main d'une maison de couture. Mais avec la crise de la fin des années trente et la fermeture de l'atelier de couture, elle s'oriente vers le secrétariat, soutenue par Ignacio son fiancé mais sa rencontre avec Ramiro, va faire basculer son destin Avec lui elle part pour Tanger, alors protectorat espagnol pour faire des affaires, qui vont vite s'avérer louches.....Restée seule et quittant Tanger pour Tétouan, où elle espère embarquer pour l'Espagne, elle va se retrouver bloquée dans la petite ville alors qu'éclate la guerre civile espagnole et va devoir faire preuve d'imagination pour y survivre...avec ses doigts d'or, pourquoi ne pas créer un maison de couture, avec la clientèle étrangère résidant dans la ville, fonctionnaires espagnoles, allemands fortunés, aristocrates britanniques et affairistes de tout poil...
L'espionne de Tanger est une très bonne surprise, un roman à la fois d'aventures et historique qui, grâce aux nombreuses mésaventures et retournements de situation de l'héroïne, m'a emmené dans les années trente et quarante à Tanger, puis Tétouan, dans le microcosme européen, à la fois nid d'espions, favorisant les affaires, les liaisons dangereuses entre politique et amitiés superficielles. Un roman où se succède une série d'aventures qui éclairent sur l'histoire de l'Espagne, y mêlant habilement des personnages historiques dans un style qui m'a complètement séduite, j'ai été happée dans ce roman Maria Dueñas et j'y ai appris beaucoup sur le protectorat espagnol au Maroc.
Il y avait longtemps que je n'avais pas été aussi enthousiasmée - depuis
Le Médecin d'Ispahan, je pense...
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María Dueñas est une auteure que j'aime beaucoup! J'ai lu ce livre pour la première fois il y a quelques années, mais je ne me rappelais de rien du tout, seulement qu'il m'avait redonné envie de lire après une très longue panne de lecture.
Au début, j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, mais dès que j'ai appris à connaître Sira, j'ai adoré cette lecture! On fait la connaissance d'une femme forte, déterminée, intelligente et prête à tout pour ses proches.
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Que de choses à dire sur ce livre !
Je peux simplement résumer : j'ai adoré !
Les conséquences de la Guerre d'Espagne (1936-1939) et l'arrivée du régime de Franco sont décrites avec précision par l'autrice.
On apprend donc davantage sur la position et la situation sociale dramatique de l'Espagne durant la Seconde Guerre mondiale, ce qui m'a rappelé mes cours de géopolitique par ailleurs !
Chaque personnage est magnifiquement construit, rien n'est laissé de côté par Maria Dueñas.
Sira m'a beaucoup ému, une femme fragile malmenée par la vie qui va se battre pour survivre au sein de ce chaos.
Le thème de la mode avec la description de tous les types de tissus émerveille et rend la lecture d'autant plus agréable.
Le passage du statut de couturière à espionne pour les services secrets britanniques est surprenant mais très intéressant et réaliste à cette période où de nombreux espions se cachaient en Espagne.
Une lecture plaisir que j'ai lu d'une traite, devenant ma favorite de l'été !
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Un magnifique roman ! C'est le deuxième livre que je lis de María Dueñas et je ne suis pas déçue.
J'ai un peu patienté avec les débuts de notre héroïne que je n'ai pas forcément trop appréciés mais ensuite c'était top. Une belle reconstruction de personne et un contexte historique Guerre civile espagnole puis Seconde Guerre Mondiale bien retranscrits. J'ai adoré qu'elle se transforme en espionne peu conventionnelle et l'épilogue est également sympathique laissant libre cours à l'imagination du lecteur
Je recommande vivement !
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Léger, frais, bien écrit, Sira nous entraîne dans ses aventures, et on ne peut lui lâcher la main ! Couturière, espionne, amoureuse, libre, aventurière, je l'aurais bien suivi au delà de la dernière page. J'ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de ce livre. Gracias Maria
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