Ce sont toujours les étoiles, même lorsqu’elles sont cachées par les nuages ; ce sont toujours elles qui éclairent l’homme et sa misérable condition. Et ses moments de beauté.
La vie est une affaire d’aspects. Mais il faut quelqu’ un – ou un problème que tu soulèves – pour montrer ces aspects dans leur diversité…
Ace, mon pote, tu te souviens des V8 ?
C’était le bon vieux temps et, pas comme aujourd’hui.
Les bourbons au rhum et le Coca-Cola
Par ici des bouteilles et des clopes par là.
Ton V8 rugissant était le meilleur en ville
Mais c’est toi qui a pris et pas l’autre imbécile.
Et tu es devenu, Ace, l’Américain au ciel.
Mais nul ne t’oubliera, tu n’as pas ton pareil.
Un jour viendra, mon vieux poteau
Où on boira un pot – non, un tonneau
Buvons au grand frisson, à la vitesse, au rire
C’est moi, pas toi, qui aurais dû mourir.
Tu es parti trop tôt, sans peur et sans rancune
Jube te verra de l’autre côté de la lune.
Mais là où il avait surtout été blessé, c’était dans sa fierté de mâle. Sonny ne voyait pas la raison de souffrir de ça. Mais il en connaissait les effets. Tous les truands qu’il avait connu en étaient imprégnés, de cette fierté. Même s’il n’agissait pas d’une vraie fierté. Plutôt d’un dangereux repli sur soi, une grande susceptibilité à tout et n’importe quoi. Alors, mieux valait faire gaffe. Le monde avait intérêt à faire gaffe. Parce qu’ils devenaient capables de cogner, de poignarder, de frapper à grands coups de batte, voire de tuer, dès que leur fierté de mâle était bafouée.
…c’est toujours pire d’avoir des ennuis quand on a pas un rond.
On tombe sur des prédicateurs comme ça, en prison…..Des fanatiques. Ils ont une idée fixe. Une seule idée. Mais ça devient dangereux parce qu’ils n’ont aucune ampleur de vue. Pas d’ampleur du tout.
On doit avoir une forme de vision qui se développe dans le noir. Parce qu’on discerne des objets. Leur contour, mais aussi de minuscules détails. Ou alors, c’est que les sens s’aiguisent quand on va voler ; et peut-être d’autant plus qu’on vient d’éprouver cruellement et physiquement les conséquences de son inadaptation sociale.
La bière diminuait la peur de la vitesse – la peur de mourir dans un déchirement de tôles froissées ou écrasées à cent soixante kilomètres- heure.
…Jube continuait à faire des bonds, et ses yeux, auparavant enflés par les coups reçus, étaient presque revenus à leur taille normale, maintenant qu’ils étaient agrandis par la joie.
Il s’y résignait. A cette vie. A cette façon de vivre. Tout en suivant les deux autres, il éprouvait cette profonde résignation qui lui serinait que la vie n’était qu’une horreur de plus, et à quoi bon s’embarrasser de détails. Les cellules sont pareilles, elles sont toutes pareilles, merde, la seule chose qui change, c’est le nom de la prison sur les lèvres du détenu. Ce qui change, c’est le lieu.