Meurtres à Stockholm, tome 2 : Miroirs brisés

L’argent que j’ai gaspillé en soirées arrosées pendant des années me donne envie de pleurer. J’ai appelé ma mère sur Skype juste après avoir fait couper mes cheveux et elle a éclaté en sanglots, me disant que je ressemblais enfin à qui j’étais vraiment. Elle avait raison. C’est dingue d’avoir fini par se trouver à l’autre bout du monde. 

Mia n’était pas une criminelle ordinaire dont le manque de self-control risquait de la faire attraper tôt ou tard. Elle était très douée, très intelligente, très déterminée. Jamais elle n’aurait abandonné le mode opératoire qui lui avait servi pendant si longtemps et pris le risque de se faire attraper bêtement.

On dit tous des choses stupides qui sortent parfois de travers, nous reniflons tous quand nous rions, nous luttons pour dissimuler notre ennui ou notre fatigue, mais pas Mia. Mia était parfaite, précisément parce qu’elle n’était pas réelle. C’était une actrice vide jouant le rôle d’un être humain.

Ne jamais faire confiance à une femme qui peut manger un burrito sans abîmer son rouge à lèvres.

Ce n’est pas rare. Beaucoup de tueurs restent inactifs pendant des mois, voire des années, surtout s’ils ont été effrayés par quelque chose. Mais l’experte en profilage nous a avertis que ce n’était jamais qu’une pause. Elle a prédit que le ou les prochains meurtres de Mia seraient…

Il était si jeune. Beau, dans le genre « garçon d’à côté ». Sa mère devait être toute fière chaque fois qu’elle voyait une fille le reluquer. Il devait rougir furieusement et lui chuchoter de se taire, mais lui aussi, au fond, devait se sentir aussi flatté que terrifié.

L’idée même d’être momifié vivant était si terrifiante qu’elle me coupa le souffle. Il ne pouvait pas avoir été conscient quand le sang avait été drainé de son corps et remplacé par un produit chimique, si ? Cela me fit penser aux vieux films de vampires en noir et blanc que j’aimais tant, sauf qu’à la place des crocs, il y avait une aiguille.

Elle avait un sourire malicieux, qui contrastait avec cette grimace étrange qui consistait à aspirer les joues, que les petites célébrités de son genre semblent affectionner, et sur beaucoup de ses photos, elle détournait les yeux, prise en plein fou rire, pressant son visage contre celui d’une amie d’une manière qui suggérait une véritable affection. Je ressentis une vague de tristesse insupportable en regardant en boucle une vidéo d’elle virevoltant dans une robe de soirée étincelante, faisant une drôle de moue à la caméra.

Mais demain est un autre jour.

Je connaissais le mot « sans ». Je l’avais cherché après un incident particulièrement tragique au cours duquel j’avais fini par crier « parmesan – NON » tout en mimant des expressions de dégoût. Aldrig parmesan ? Non, ce n’était pas ça.