Merci à Masse critique et aux éditions Salvator, de m'avoir permis de lire cet ouvrage de Véronique Dubief , accessible et tonique sur un sujet délicat: la maladie psychique, où on lit avec plaisir la progression de la narratrice vers une véritable guérison intérieure, gagnée au fil de batailles épuisantes, mais qui chaque fois, ajoute une palier positif...
L'auteur nous offre son vécu de cette maladie psychique spécifique: la bipolarité, dans un témoignage en forme de carnet de bord, qui narre le cheminement de la narratrice des débuts de son mal-être jusqu'à son présent.
Entre hospitalisations, traitements médicamenteux successifs, , travail intérieur avec différents analystes, dont un coup de patte à un thérapeute lacanien, dont la "patiente" se souvient comme d'un travail "d'une grande aridité", et d' un "silence d'une sécheresse implacable", les appréhensions et angoisses de deux maternités, ... et comme "boucliers", protections contre soi-même, l' écriture, arrimage central, la marche, ses filles, son compagnon, son métier d'enseignante... et sa foi grandissante
A propos de la marche comme thérapie, Véronique Dubief écrit un très beau passage en communion avec les personnes souffrant d'un mal identique :
- Mon corps qui marche devient prière pour tous ceux, avec tous ceux qui aujourd'hui n'ont pas le courage de se mettre debout et de sortir d'eux-mêmes à la rencontre de la Vie. Je marche, et, dans mon effort pour ne pas rester engluée dans l'engourdissement de la mélancolie, j'entraîne avec moi en pensée tous ceux que cloue au pilori la folie d'un temps qui court après lui-même et s'étourdit de sa frénésie. (p.72)
Juste un bémol infime, mais qui ne concerne que des réticences personnelles envers la religion . L'ouvrage s'achève sur sa foi dans le Christ, qui l'a éclairée au fil de son cheminement. La spiritualité est une des forces de la narratrice pour être debout, lucide et humble devant ces "montagnes russes intérieures" qui l'accompagneront toute sa vie; en sus de sa foi, il y a, et ce sont aussi des forces vives essentielles: l'amour de la littérature, de l'Ecriture, des mots qui aident aussi à énoncer le mal, et à ainsi l'éloigner, ou au moins à diminuer sa violence
Un témoignage très intéressant , qui a le double mérite d'un langage poétique et clair, porteur d'espoir ,d'Amour de la vie et des autres. de quoi redonner courage et envie de se battre aux personnes vivant cet état bipolaire, terriblement éprouvant
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SYNOPSIS : récit méditatif sur la façon dont l'auteur vit avec sa maladie – elle est bipolaire – depuis qu'elle a vécu une sorte de guérison, ou plutôt d'acceptation profonde, à … Saint-Wandrille !
EXTRAIT : "Je marche dans la rue, et je pose désormais sur chaque visage son nom propre, le nom suave de Jésus." ….. Décoiffant !!
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Plus qu'un carnet de bord d'une personne atteinte de bipolarité, ce livre est pour moi un chemin de foi, un témoignage de guérison grâce à la foi. Un ouvrage qui intéressera autant les lecteurs en cheminement personnel que celles concernées par la bipolarité; voire davantage. le livre d'une belle âme.
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En tant qu'enfants au sein d'une famille-ce que nous restons toute notre vie-nous tombons aussi malades, je crois, pour les autres. Les plus fragiles et les plus réceptifs d'entre nous-et les deux vont toujours ensemble-"captons" les souffrances de notre entourage. Nous captons leur stridence avec une telle violence que, vu notre configuration intérieure, nous n'avons souvent pas d'autre choix que de donner une cristallisation pathologique à l'expression des douleurs que nous percevons autour de nous et qui désormais passent par le langage de notre fragilité, réveillée en quelque sorte, et ravivée par la souffrance d'autrui-cette souffrance que nous incorporons à notre vie par la maladie étant souvent non-dite, inexprimable.
Le scrupule, qui a souvent l'esprit de l'escalier, tente ainsi de réparer, dans les meilleur des mondes de l'imagination, des indélicatesses ou des fautes qu'on se reproche d'avoir commis dans un passé pourtant impossible à retoucher. Qu'à cela ne tienne, le perfectionnisme s'acharne à refaire les répliques, à reconstruire un monde idéal qui n'a jamais eu sa place dans le temps objectif. Le scrupule prend souvent une forme obsessionnelle par laquelle le sujet se fait à lui-même un tort immérité.
J'ai pour ma part un talent exceptionnel pour me rendre malheureuse toute seule sans l'aide de personne.
De cette analyse, j'ai tiré plusieurs enseignements. Et d'abord que l'introspection est un leurre, une prison. La connaissance de soi ne peut passer que par le canal, la médiation de l'autre. Si je me contente de m'adresser à moi-même, et que, ce faisant, je fonctionne en circuit fermé, je tombe toujours dans la voie sans issue des illusions de l'ego. Si, au contraire, un tiers écoute ce que j'essaie de me dire à moi-même, alors, sorti en partie de moi par sa médiation, je découvre ce qui ne peut apparaître que lorsqu'on est à la fois au dehors et au-dedans de soi.
L'enfer est parmi nous, autant que le Royaume des Cieux La paroi qui les sépare est imperceptible. Chaque jour, elle est transpercée en son côté. Il n'y a que l'épaisseur diaphane d'une hostie entre l'enfer et le paradis.
Personne ne peut se vanter d'avoir foulé le sol de l'enfer. On revient toujours muet de son épouvante. Par moments, j'ai eu envie de crier Je suis ressuscitée ! parce qu'ayant séjourné dans les abîmes, j'étais encore vivante et capable de chanter avec le psalmiste. Aujourd'hui, je sais que je ne peux rien dire qu'à bouche fermée. C'est par amour pour nous que la démesure nous est interdite.
Quand viennent les grandes épreuves de la vie, on n'a pas d'autre choix que de s'en tenir à l'humilité du jour. Mais dès que revient l'énergie, on place à nouveau sa foi dans la vigueur des lendemains prévus à volonté au service d'un désir qu'à nouveau, plus rien n'arrête. Et derechef, on est pris par l'illusion d'être fort, de maîtriser sa vie. On abandonne ce qui aidait à vivre au moment de la défaillance, dont on s'empresse de censurer le souvenir, on abandonne ce précieux viatique comme inutile à l'heure de la santé, alors que c'est là LE trésor.
On dépense une ardeur et une intelligence étonnantes à faire semblant, pour soi et pour autrui, d'être au volant de sa vie, de la conduire, et même, si possible, de le faire avec une grosse cylindrée. Les moments de faiblesse se cachent dans l'oubliette de ce que personne ne doit savoir-pas même nous-:des accidents de parcours honteux, humiliants, qui contreviennent à notre idée du bonheur et de la force.
Toute la vérité des Béatitudes tient dans notre refus de prendre en compte ce que nous sommes tous en réalité : des pauvres en quête d'amour. Combien sommes-nous à faire semblant d'être heureux ou victorieux au prix de contorsions invraisemblables quand elles ne sont pas ridicules ou franchement nocives ?
Véronique Dufief, auteure bipolaire, est venue témoigner sur les conditions dans lesquelles elle a combattu la maladie ainsi que sur ses deux derniers livres. Tantôt touchante, tantôt drôle, tantôt tragique, cette femme haute-en-couleur discute avec nous de problèmes qui lui porte à c?ur avec une grande sincérité. La vidéo aboutie avant la séance dédicace des ses deux derniers livres "La souffrance désarmée" et "Bonjour Vieillesse".
Encore merci à vous MME Dufief, revenez nous vite !
Retrouvez tous ses livres sur : www.librairiesiloelarochesuryon.fr
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