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Critique de BazaR


BazaR
07 novembre 2016
Catherine Dufour, c'est l'Arsène Lupin de la littérature.

Je ne veux pas dire par là qu'elle subtilise les idées des autres, naaan ! Je veux dire qu'elle est capable de s'installer dans le style de n'importe quel auteur et de faire aussi bien voire mieux que lui.
Ce recueil de nouvelles ne contient pas moins de 21 récits plus ou moins courts. Aucun n'est le bis repetita d'un autre. Chacun a son ton, son aura qui colle à son histoire. J'en suis déconfit ! Si j'avais dû lire ces nouvelles en aveugle, jamais je n'aurais trouvé qu'elles étaient du même auteur.

Forcément, avec cette diversité on ne trouve pas son compte à tous les coups. Mon ressenti s'est pris pour une boule de flipper qui roule, bousculée de tous côtés. Parfois j'ai carrément tilté de dépit, d'autres fois j'ai fait claquer des parties gratuites de plaisir.

Parmi les tilts, je compte « Confession d'un mort », superbement écrite dans le style d'Edgard Poe mais lui ressemblant trop (je ne suis pas fan de Poe). Les circonvolutions descriptives m'ont fatigué et je l'ai parcouru en diagonale. Pire encore, « Kurt Cobain contre Dr No » que j'ai lâché dès la deuxième page, beaucoup trop allumé pour moi. J'ai également un ressenti assez moyen sur les nouvelles qui ne possèdent pas une once d'Imaginaire comme « le cygne de Bukowski » ou « Valaam ». Ben oui, quand je lis un recueil publié chez Folio SF, je veux de l'imaginaire. J'avais aussi reçu ces petites frustrations avec « Les pommes d'or du soleil » de Ray Bradbury. Ca n'empêche pas ces nouvelles d'êtres bien écrites, hein.

Parmi les réussites, il y a les histoires qui s'inscrivent dans des décors connus, marrantes et cependant un peu amères. Je pense à « Une troll d'histoire » qui est tellement dans le ton d'Alerston et Tarquin que je m'attendais à voir débouler Lanfeust ou Cixi ; à « La perruque du juge » qui nous plonge dans le monde de Peter Pan en proposant une filiation à vous faire tomber par terre avec un chanteur célèbre des années 1980 (Beat iiiiiiiiit !) ; ou au « Poème au carré » dont l'Alice rendrait des points de logique à Lewis Carroll et ferait marrer John Lennon.

Et puis il y a les deux claques. « L'immaculée conception » qui vous entraine dans le quotidien d'une femme atteinte d'une maladie non souhaitée que l'on nomme « maternité ». Au début c'est drôle, mais rapidement, sans changer de ton, ça tourne à l'aigre puis à l'horreur. Il faut avoir les nerfs bien accrochés là. Et « Mémoires Mortes », où dans un monde où toutes ses données personnelles appartiennent à des multinationales et où l'on n'a pas le droit de fermer les yeux devant les pubs (marrant, j'ai vu hier le 2ème épisode de la saison 1 de Black Mirror et c'est tout à fait pareil) une fille perd son frère dans un jeu en ligne, enquête et découvre l'horreur de l'enfance malmenée (du moins le croit-elle). Terrible !

Je crois que là où Catherine Dufour est la meilleure, c'est quand elle nous dépeint le futur proche avec un cynisme percutant. Je comprends pourquoi elle est pote avec Alain Damasio. le cynisme, c'est son Magnum 357 à elle. Il vous achève.

J'ai beaucoup apprécié ces balades. J'en remercie boudicca, Siabelle et le fantôme Walktapus qui ont fait le chemin avant moi et l'avait bien balisé.
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