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Critique de Riduidel


Ce roman raconte en plusieurs étapes l'ascension artistique de Marquis, jeune pension'aire de la chine futuriste (théoriquement la même chine futuriste que celle du [b:Goût de l'immortalité|1860037|Le Goût de l'immortalité|Catherine Dufour|http://d.gr-assets.com/books/1327935669s/1860037.jpg|1860696]). Pension'aire ? Qu'est-ce que c'est ? Je vous laisserai le découvrir.En revanche, ce que je peux dire, c'est que dans cet univers très protégé, Marquis et ses potes vont découvrir la transgression musicale, exprimant leur rage en massacrant joyeusement le style musical en vigueur. Ca ne changera pas beaucoup leur destin ... sauf pour Marquis dont les aventures rebondiront dans les bas-fonds (souterrains) de cette chine étrange.Dit comme ça, c'est assez simple ... mais en fait non. Parce que les gens peuvent changer de sexe ... ou se faire greffer des organes étranges à des positions inhabituelles (le plaisir de s'ajouter un clitoris derrière le pli du genou me paraît par exemple évident).Bon, il faut maintenant ajouter l'essentiel.Ce roman n'est pas écrit n'importe comment. Il reprend en fait le mode de narration (des interviews entrelacées des protagonistes, donc dans un style très parlé) et même le scénario, en un sens, d'une histoire du protopunk ([b:Please kill me|14595|Please Kill Me The Uncensored Oral History of Punk (An Evergreen book)|Legs McNeil|http://d.gr-assets.com/books/1347762524s/14595.jpg|1820137] de [a:Legs McNeil] et [a:Gillian McCain|9096|Gillian McCain|http://www.goodreads.com/assets/nophoto/nophoto-U-50x66-251a730d696018971ef4a443cdeaae05.jpg]). Et effectivement, on sent la même rage chez ces jeunes d'un âge futur que celle qu'on peut encore entendre - même affadie par le système commercial diront les amateurs plus radicaux - par exemple dans "God Save The Queen" des Sex Pistols. Pourtant, en lisant le roman, on sent bien qu'il ne s'agit clairement pas de la musique : rien de commun entre le titre précité et "Maintenant j'ai plus qu'un seul pied" (dont le titre s'inspire peut-être de Matmatah, mais dont j'imagine très mal que la musique et le texte ait le moindre rapport). Et une fois que la première partie (en pension, donc) se termine, on comprend bien mieux - et on partage - la raison de la révolte des potes de Marquis (par contre, sa révolte à lui reste un mystère).Malheureusement, je dois dire que ce qui vient par la suite est beaucoup plus "classique" : la révolte initiale est récupérée par divers intervenants, qui vont modeler les textes et l'image de Marquis pour pouvoir mieux utiliser cette musique, cette médiatisation, à leur intérêt. Et du coup, je dois dire que j'ai moins accroché, d'autant plus que les personnages mis en scène étaient un peu moins percutants que les premiers pension'aires.Attention, ça reste toutefois de la vraie littérature qui frappe façon ampli balancé dans la tronche. Mais, avec la lente déchéance de Marquis qui comprend sa - mauvaise - place dans la société, l'intérêt baisse un peu. Parce qu'autant un type qui chante "mes tes leurs nos rognons" (sans réellement comprendre le sens de ces paroles alors que tout son public le comprend) est absolument génial, autant le même qui ne fait que végéter entre deux concerts oubliables (parce qu'il est trop défoncé pour chanter) me paraît moins sympathique.Cela dit, je crois que je comprend l'intérêt de nous décrire la déchéance plus que l'explosion de talent initial.Je m'explique ...Dans votre vie, vous avez vu combien d'artistes grandir ? Par grandir, je veux dire le voir s'améliorer presque à chaque performance ...Ca n'arrive jamais : les artistes sont comme des fleurs, vous en voyez un bouton qui, un jour, explose en une fleur magnifique, mais éphémère. Et à chaque fois que l'artiste - ou pire encore, son "entourage" - essaye désespérément de surnager quand le talent l'a quitté, on le voit pourrir sur place. C'est en un sens ce qui arrive à Marquis, qui s'enfonce dans une déchéance sans fin, avant que le courant musical qu'il a créé ne se dilue dans toute la musique de ce futur étrange.Bon, je n'irai pas jusqu'à dire que ce roman est une espèce de miroir que se tend l'auteure à la façon d'un memento mori, ce serait surinterpréter. Je pense plutôt qu'elle a essayé - et réussit - à nous montrer ce que peut être la vie d'une authentique rock-star.Et malgré la drogue de mauvaise qualité, malgré l'oxygène en quantité limitée, malgré le tapin, mon dieu que ce Marquis est sexuel. Sexuel comme ... je sais pas moi, un mélange entre Jim Morrison, Robert Plant, et toutes ces autres rock-stars dont la simple vue à l'écran suffit à instiller les fantasmes les plus torrides.Et pour ça, et pour d'autres raisons moins avouables, je pense que c'est quand même une oeuvre qui vaut le coup, largement, absolument même, de lire. Parce que l'esprit de la musique rebelle, qu'elle soit rock, punk, rap, jazz, ou n'importe quelle autre est entrée dedans et en a rempli chaque page.
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