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Critique de Philemont


Ce recueil réunit les deux premiers tomes de la trilogie (en quatre volumes) Quand les Dieux buvaient de Catherine DUFOUR, initialement édités par Nestiveqnen. Pour l'occasion, ils ont été "sévèrement revus et corrigés", à commencer par le titre du premier roman. Ce dernier est en effet rebaptisé Les grands alcooliques divins, son titre initial étant attaché au présent recueil. Vous me suivez ? Je l'espère car dans le cas contraire vous aurez du mal à suivre l'intrigue des deux romans présentés ici.
Les grands alcooliques divins donc. On y croise pêle-mêle Aurore de Bois-Dormant qui, à peine réveillée, se voit épouser un démon, Peau d'Âne qui, à force d'attendre son prince charmant dans sa cabane miteuse au fond des bois, finit par se révolter, le petit chaperon rouge dont la rusticité et les névroses conduisent les deux premières à la rebaptiser Vareuse-Tagueule. Quant à Blanche Neige, elle n'a échappé aux manoeuvres de sa belle-mère et de son miroir gâteux, que pour devenir elle-même une fieffée salope en instaurant une sanglante dictature. Que se passe-t-il donc dans l'univers des contes de fées pour que tout tourne à l'envers ? Il s'avère que le spectre Bille Guette a décidé de se venger de sa mort prématurée, en commençant par bourrer la gueule de Dieu et du Diable afin de pouvoir agir à sa guise. Dès lors anges et démons font à peu près tout et n'importe quoi, finissant par compromettre l'équilibre du monde, ce qui est pour le moins problématique quand celui-ci est plat.
On aura donc compris que Catherine DUFOUR s'approprie certains des personnages les plus connus des contes de fées, non pas pour les replacer dans un pseudo univers médiéval-fantastique, mais pour littéralement les dynamiter façon puzzle. Cela fourmille de références, l'auteure s'inspirant ouvertement de Terry PRATCHETT, de Douglas ADAMS, des Monthy Python et de Walt Disney. C'est également plein d'idées originales et hilarantes, servies par une écriture aussi vive que travaillée. Catherine DUFOUR manie en effet les néologismes à la perfection et jongle habilement entre les tons employés par les différents personnages rencontrés. Mais le plus remarquable, c'est qu'en suivant le fil d'une intrigue toute en digressions et parenthèses, Catherine DUFOUR finit par retomber sur ses pieds en racontant une véritable histoire à ses lecteurs.
L'ivresse des providers maintenant. Parce que Bille Guette a la rancune tenace, et parce que Catherine DUFOUR semble avoir une dent contre Bill Gates, le spectre est réincarné en Will Door et est à la tête de la multinationale Petimoo en ce début de XXIème siècle terrestre. de cette position il lance une armée de pacmans dans le réseau Internet où les spectres rescapés de la précédente fin du monde se sont réfugiés. Heureusement quelques fées ont également échappé à l'apocalypse et ont trouvé refuge au bois de Boulogne. Avec l'aide de quelques autres personnages, dont Evariste Galois, le mathématicien du XIXème siècle, et Mismas, une créatrice de jeux de rôles ringards, elles vont tenter de contrecarrer les plans de l'ignoble spectre. Ce faisant elles vont croiser d'autres personnages, tels le Père Noël et sa fille, la Mort, ou encore Charles Baudelaire.
Cette fois-ci Catherine DUFOUR délaisse donc les appropriations en tous genres pour créer une oeuvre tout ce qu'il y a de personnel. Elle y mélange allègrement tout un tas de genres littéraires, du conte populaire breton au Cyberpunk, en passant par la Fantasy bien entendu. Et le mélange prend incroyablement bien, le lecteur étant amené à écarquiller les yeux et à s'esclaffer régulièrement. On apprécie aussi son sens du dialogue, où les blagues des informaticiens côtoient la poésie. Enfin une certaine forme de poésie…
Au final, Blanche Neige et les lance-missiles est un recueil réunissant deux romans désopilants. Les multiples sources d'inspiration du premier ne l'empêchent pas d'être original. Les idées improbables du second en font une oeuvre personnelle. Dans l'un comme dans l'autre, le lecteur pardonnera aisément les quelques défauts de structure rencontrés tant ceux-ci lui permettent aussi de se poiler ce qui, finalement, est le premier objectif, largement atteint, de ces romans.
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