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Critique de cedratier


La femme et le sacrifice – d'Antigone à la femme d'à côté (Anne Dufourmantelle, Denoël, 295p)
Livre philosophique et psychanalytique à l'écriture très ardue, dont je n'ai sans doute compris que la moitié à peine. Et pourtant, je suis allé au bout, tant par moments des éléments m'ont paru d'une pertinence forte, voire fulgurante. Il m'est très difficile d'en faire une synthèse (hors pour moi-même un tri assez peu sélectif de citations.) D'abord je pourrais dire que trop souvent les références sont implicites, supposées connues et s'adressent donc à un public trié sur le volet, familier des concepts lacaniens (le grand Autre…) et que l'argumentaire manque vraiment d'illustrations concrètes, comme si une écriture philosophique devait s'interdire d'être incarnée. Il y a pourtant des passages très parlants, en particulier sur le monde contemporain, sur les violences faites aux femmes, le développement de la pornographie, la prostitution, l'accession dans des conditions très spécifiques à des postes de pouvoir par des femmes d'aujourd'hui…
S'attardant successivement sur les jeunes filles, les amantes et les mères, AD passe en revue un certain nombre de personnages féminins mythiques, littéraires ou historiques, d'Antigone aux femmes kamikazes des territoires palestiniens, essayant, me semble-t-il, de voir ce qui «structure» le sacrifice au féminin, dans la psyché des concernées comme dans le champ social. Elle s'intéresse à celles qui se sacrifient (héroïnes qui captent les regards ou femmes transparentes, blanches comme la neige qu'on croise sans les voir), ou aux femmes sacrifiantes, qui vont jusqu'au geste ultime de sacrifier leur enfant, dans un au-delà de l'imaginable et du langage.
Mettant en perspective virginité et accès possible à la maternité, effet d'aimant sur les hommes autant que la peur qu'éprouvent ceux-ci, elle explore plus particulièrement différentes postures féminines jusqu'à la femme créatrice (artiste). Elle rappelle combien la femme en situation de pouvoir doit prouver plus que les hommes («Dès qu'elles sont au pouvoir, tout le reste est de trop, on ne leur pardonnera rien…»).
A quelques pages de la fin, une impressionnante « adresse à une amie peintre », à destination d'Emmelene Landon. Celle-ci a écrit un livre hommage à une autre de ses amies, elle aussi peintre, Suzanne Hay, morte à 42 ans en 2004 noyée dans un lac au Portugal en cherchant à sauver de la noyade deux enfants !!! TERRIBLE passage, "prémonitoire", écrit en 2007 par Anne Dufourmantelle, quand on sait que cette dernière est elle-même morte noyée en 2017 en sauvant son fils et un ami de celui-ci de la noyade.
Un livre donc pour les mordus de psy, et de la cause des femmes, crayon à la main, qui nous plonge au coeur d'une certaine féminité, et de certains de ses ressorts sacrificiels.
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