Je n'ai pas bien saisi le but de
Thierry Dufrêne avec cet essai de janvier 2015, si ce n'est d'utiliser le boulevard qu'était la rétrospective
Niki de Saint Phalle au Grand Palais de fin 2014 à début 2015, afin d'écrire un livre qui permettrait à son auteur de parler de Niki de
Saint Phalle tout en donnant l'impression que le sujet était autre.
Parce que voilà, on a trois chapitres, dont le premier sur
Niki de Saint Phalle, le second sur la poupée vue d'un point de vue historique, anthropologique, sociologique, et le troisième sur des artistes contemporains ayant créé des poupées. Or le premier chapitre me paraît relativement inutile au vu d'autres publications bien plus complètes sur l'artiste. Et puis c'est pas que je trouve inutile de parler du rapport à la féminité de Niki de
Saint Phalle dans son oeuvre, mais l'oeuvre elle-même en dit déjà tellement que, bon,
Thierry Dufrêne ne me semble pas apporter beaucoup d'eau au moulin. Et puisqu'il est professeur d'histoire de l'art, je suis comme choquée de lire sous sa plume que
Niki de Saint Phalle commettait carrément de l'Art Brut, ce qui n'est pas le cas. Elle ne correspond pas aux critères de l'Art Brut, et si on peut toujours voir des liens de l'une à l'autre... on peut tout aussi bien voir des tas de points de convergence entre l'art contemporain et l'Art Brut, sans que l'un soit l'autre et vice-versa. Et comme on le découvre en fin d'ouvrage, quand Dufrêne parle d'un artiste brut, qu'il sait très bien ce qu'est l'Art Brut, on comprend mal la confusion ici présente. le truc, c'est que Dufrêne adore parler de Niki de
Saint Phalle à tout propos.
Ce qui nous donne un second chapitre avec une pseudo-analyse de l'histoire de la poupée sur des siècles, que dis-je, des millénaires, où le sujet de la poupée est survolé, mais qui nous apprend que
Niki de Saint Phalle, c'est la même chose que les poupées éducatives, ou que les poupées kachina des Hopis, ou que les poupées Barbie, ou que toute sorte de poupée. Dans tous les cas, le message est le même que celui de Niki de
Saint Phalle. du coup, c'est pas compliqué à comprendre ; c'est bien pratique, ma foi ! D'ailleurs, pendant que j'y suis, j'aurais aimé que
Thierry Dufrêne me donne une définition de la poupée, parce qu'à force de voir des photos d'objets de toutes sortes et de toutes les tailles, je ne sais plus trop où j'en suis... On finit donc avec le chapitre sur les artistes contemporains, dont
Hans Bellmer et
Cindy Sherman ne sont que des exemples parmi beaucoup d'autres. Et hop, on survole, parce que pour parler de tous ces artistes en une vingtaine de pages, il faut accélérer le rythme. Et hop, on parle encore et toujours de Niki la bien aimée, car ses oeuvres, forcément, ont un rapport avec tous ces artistes.
Conclusion : déjà, j'aurais bien aimé des photos pour voir à quoi ressemblaient toutes les poupées dont j'ai entendu parler dans cet essai, et avoir une idée de la production de tous les artistes dont j'ai vu défiler les noms (fort nombreux) au cours de ma lecture. Maintenant, je vais devoir noter tous ces noms et passer des heures sur Internet pour approfondir mes connaissances. En sus, sachant que j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque municipale tout à fait par hasard en espérant une bonne surprise, je regrette de clamer haut et fort que l'argent de cette honorable institution aurait franchement pu être mieux employé.