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Critique de madamelafee


La Bonne Mère existe, pas celle qui domine la ville de Marseille et qui protège les marins, mais celle qui n'est pas en rivalité avec sa fille, qui ne la juge pas, qui la regarde pour ce qu'elle est. La narratrice n'a pas eu cette Mère digne de ce nom à cause de sa maladie, la bipolarité. « La Reine » sa mère s'imbibait d'alcool et sombrait dans l'incommunicabilité. Pour évacuer le non amour d'une mère défaillante, la narratrice de trente ans qui, enfant s'échappait et vagabondait avec la flamboyante Alice au pays du lapin blanc redevient cette petite fille qui lutte pour se convaincre qu'elle est une personne à part entière, dotée de qualités. La lectrice que je suis a suivi cette jeune femme blessée dans les méandres de sa mémoire. A six ans puis à douze ans et pour faire face à chaque fois aux secousses des disputes sismiques, elle se fait silencieuse et sage. Chaque jour est une épreuve pour elle dont elle doit sortir victorieuse, elle offrira à la lecture toute sa peau « mon armée de livres, je m'en sers comme d'une prothèse. Elle est ma branche d'arbre et je suis son hibou, ce dépressif à plumes qui la nuit s'agrippe à elle en dégustant le noir ». le père est absent « papa ne prend pas soin de ma mère il s'est autoproclamé ennemi de la Reine depuis cette fois où elle l'a tué avec les mots ». Tous aux abris ! Profil bas contre mère éruptive… La narratrice est une enfant d'une gentillesse à toute épreuve qui ne manifeste aucun désir sous peine de créer une remise en cause d'une paix si fragile. Elle s'isole, la lecture est son doudou, ses personnages de romans auxquels elle s'identifie créent un îlot de tendresse. Son refuge, ses échappées belles sont livresques, ce bel univers l'aide à vivre, c'est un monde plein de couleurs, elle se laisse emporter par la magie des personnages dans des lieux qu'elle s'invente. Julien Dufresne Lamy fait une belle analyse de ce que peuvent ressentir les petites filles qui ne tiennent pas compte de leurs émotions, qui mettent un couvercle sur ce qui risque de déborder. C'est tout le cheminement intérieur de la narratrice petite fille jusqu'à l'âge adulte que nous restitue avec brio l'auteur. C'est un roman à la fois réaliste et magique, les phrases sont courtes, sans fioritures, une histoire qui s'ouvre sur la douleur d'une femme qui a été dépossédée d'elle-même et qui se referme sur les voeux de cette même jeune femme comme sur une espérance. Pour réussir sa résilience, chacun dispose de ses propres matériaux, pour la narratrice ce sera d'exhumer les débris de l'imaginaire des contes de fées et les offrir en bouquets de pensées à sa mère pour se libérer, s'accepter et s'aimer quand les mots ne peuvent plus rien exprimer à cause d'un vécu trop brûlant et que les lettres sont restées mortes. Magnifique roman que celui-ci, infiniment touchant.
Lien : https://leschroniquesdecoco2..
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