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EAN : 9782714478689
336 pages
Belfond (01/02/2018)
4.2/5   91 notes
Résumé :
Ils sont les enfants bénis. Les élus. Ils se surnomment les Indifférents.
Une bande d'adolescents bourgeois mène une existence paisible sur le bassin d'Arcachon. Justine arrive d'Alsace avec sa mère, recrutée par un notable du coin. Elle rencontre Théo, le plus jeune fils de la famille, et, très vite, intègre son clan.
De ces belles années, Justine raconte tout. Les rituels, le gang, l'océan. Cette vie d'insouciance parmi les aulnes et les fêtes clan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Ils sont l'adolescence. Cet âge de toutes les inconsciences.

Ils sont des enfants qui grandissent. Ils sont « les indifférents ». Arrogants, et insolents, comme on peut l'être à 17 ans. Surtout lorsqu'on est bien né.
Pourtant leur histoire va vous emporter.

Comme ce jour là, sur la plage …

Dés le départ, le lecteur sait qu'un drame est arrivé. Mais il ne saura qu'à la toute fin la nature exacte des événements. Tout juste si le lecteur comprend que l'indifférence tue …

Alors, tout va aller crescendo, on fait connaissance avec cette bande de jeunes « bourges » qui vient d'inclure en son sein Justine, issue d'un milieu plus modeste … Elle va découvrir la plage et intégrer cette bande.

Hiérarchies inavouées, jalousies souriantes. Julien Dufresne-Lamy décrit avec un brio un âge, un milieu, un lieu.

Un thriller peut être. Un très bon livre, c'est certain dans une construction implacable qui pousse à dévorer les pages.

Roman captivant sur une période charnière de l'existence, cette adolescence par certains aspects insupportable et pourtant si émouvante, si éprouvante.

Je découvre une plume. Percutante. Ironique. Insidieuse.

Et je sais déjà que je ne vais pas m'arrêter là.
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****

Justine a 13 ans quand elle arrive au Cap Ferret. Elle vient de quitter son Alsace natale en même temps que sa mère qui elle fuit son père. Elles emménagent toutes les deux dans la grande et belle demeure de Paul Castillon et de sa famille. Sa mère a accepté d'y loger en même temps qu'un poste de comptable pour les entreprises. Justine va alors se lier au fils cadet, Théo, et rejoindre le clan des Indifférents. Ils sont quatre, quatre adolescents qui naviguent entre amitié, amours, folies et rêves d'un ailleurs meilleur. Mais entre l'arrivée de Milo et ce monde d'adultes, plein de mensonges, de secrets et de non dits, les choses basculent...

Voici un roman envoûtant... Dotée d'une très belle écriture, l'histoire est faite d'allers et retours entre le drame, dont on ne connaîtra la teneur qu'aus dernières pages, et tous les prémices et les alertes des années passées. Julien Dufresne-Lamy décrit avec beaucoup de justesse et de pudeur la vie de ces adolescents aisés qui se permettent tout, sans jamais penser aux lendemains ou aux conséquences de leurs actes. Il joue avec brio sur nos nerfs et la tension monte au fil des pages.
Mais finalement, face au drame, on se demande bien qui des enfants ou des parents, sont les coupables ? Devant tant de confiance, tant de suffisance, finalement, ce qu'on ne dit pas, ce qu'on cache, peut vite devenir plus fort que la simple vérité...

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond pour leur confiance.
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Quelle claque ! Quand j'ai lu l'avis de Lucie sur son joli blog, Abracadabooks, j'ai immédiatement reconnu cette ambiance de vacances sur le bassin d'Arcachon où j'allais avec mes copine de fac, et c'est pourquoi j'ai eu envie de lire ce roman. J'ai instinctivement aussi perçu la poésie de la plume de l'auteur, que pourtant je ne connaissais pas du tout. J'avais pressenti également qu'un drame se jouait dans ces vies d'adolescents un peu trop libres. Ce que je n'avais pas prévu en revanche, c'est l'intensité de ces lignes et de cette histoire, l'émotion qui émane de cette narration construite avec soin. J'en sors tout juste. J'ai pris un coup au coeur.

"Les Indifférents ont mal agi. Ils ont fait quelque chose de grave sur la plage. Quelque chose de punissable.
Mais les vrais responsables, ce sont les parents. La vieille rengaine de l'ascendant. On s'en lasserait presque de cette dérobade.
Dans toutes les histoires, les parents sont les responsables. A l'origine des drames, leur passé, leurs histoires, leurs liaisons, leurs absences, leurs maladies toujours incurables."

C'est Justine qui raconte. Lorsque sa mère apprend que son père la trompe, elle fait leur valise à toutes les deux et emmène sa fille vivre loin de son Alsace natale : Sur le bassin d'Arcachon, où elle a passé des vacances qui l'ont beaucoup marquée étant plus jeune. Elle est persuadée que l'océan, avec son ambiance balnéaire, est un endroit de rêve pour élever sa fille ; c'est loin du père et, en prime, c'est le seul endroit où elle a de vagues connaissances de jeunesse, qui lui procurent un toit et un boulot. Alors Justine doit s'adapter.

« Je n'ai jamais fait partie d'un groupe. Je préfère les amitiés seules. Les murmures, les gestes dans le noir, les aveux courts. le groupe, je ne suis pas taillée pour. Je ne crois pas aux idéologies, aux foules organisées, aux amen scandés docilement qui s'enracinent dans les têtes. »

Sa mère est engagée comme comptable chez un notable du coin qui lui loue une partie de sa maison de famille, parmi les « gens de maison ». Justine y rencontre le fils cadet, Théo, petit roi de la région, né ici, inséparable ami à la vie à la mort de Léonard et Daisy, qu'il lui présente alors. A eux trois ils sont les indifférents, auxquels appartiendra bientôt Justine qu'ils acceptent parmi eux :

« On nous appelle les Indifférents. Les gens qui restent entre eux. Les gens à distance. Indifférents aux autres. (…) Je suis la fille de la comptable. La dernière, la greffe. La petite amie du meneur. Et à cette époque, je m'en moque. Je suis indifférente. »

Justine qui est d'habitude, selon ses mots, un loup solitaire qui ne se laisse pas approcher, se laisse séduire par cette bande, apprend à aimer cette vie de groupe qu'elle nous décrit parfaitement et qu'on a plaisir à découvrir avec elle : Les discussions dans les bars de plage, les fêtes alcoolisées, les bizutages dont elle franchit les étapes, les journées de surf, bref : une adolescence ensoleillée et complète qui les fait se croire immortels :

« On peut trinquer tous ensemble le temps d'un verre. On ne craint rien ni personne, on ne pense qu'à nous. Nous sommes les Indifférents, à la vie, à la mort. »

La nouvelle vie de Justine ressemble à d'éternelles vacances de sable fin, à la grande joie de sa mère. le lecteur est délicatement bercé par la plume de Julien DUFRESNES-LAMY, tandis que Justine découvre l'amitié à la vie à la mort, est fière de faire partie d'un tout qui l'accepte dans un décor idyllique. Et l'on y croirait presque. Si ce n'était cette épée de Damocles qui plane depuis le début du récit :

« Ce matin, l'un des Indifférents est mort.
Il est mort dans l'eau, sans douleur et tout doucement. Mais je ne peux pas dire son nom. Ma bouche est bâillonnée et mon corps incapable. Si j'en parle, la mort deviendra vraie. Elle prendra forme, et dansera devant nos visages pâles. Les gens pleureront, il y aura des deuils et un cercueil.
Ma bouche se tait pour garder le secret. J'y crois comme une superstition. En me taisant, peut-être que la mort s'excusera.
Peut-être même qu'on s'en sortira. »

*****

Bien sûr, ce roman m'a d'autant plus touchée que j'ai connu ces lieux, reconnu des attitudes, et éprouvé moi-même cette implosion de sentiments que seul l'océan et ses alentours, ses marées et ses mystères, sa puissance et son immortalité, peuvent vous faire ressentir. Mais surtout j'ai été séduite par la légèreté de la plume, sa poésie, ses phrases courtes et justes qui semblent survoler l'histoire, tout en nous en donnant une vue à la fois précise et générale. Cette plume qui caresse, rassure quand les mots nous inquiètent et nous intriguent : Il s'est visiblement passé un drame parmi les indifférents, mais ça va aller. Jusqu'au coup de poing final, qui nous achève. En douceur et poésie, mais nous achève quand même.

« Cela a surgi vite, comme une embardée. Peu à peu, on enfreint les règles. On se dégrade. On devient égoïste. On s'évite et on cogne. Les uns font du mal aux autres. Les autres préparent leur vengeance.
C'est la loi. La société jusqu'au bout.
C'est la vie et la mort d'une bande. »

Enfin, la construction est habile qui établit le contexte tout en maintenant le suspense : Pour tenter de briser la loi du silence, Justine, la narratrice, intercale le récit de sa vie sur le bassin avec le récit que sa mère lui a fait de son expérience à elle, à son époque, les deux expériences menant implacablement vers la terrible vérité finale… Ainsi Justine nous emporte avec elle au coeur de la noirceur des âmes, sous leur vernis de soleil et de sel. Et j'avoue que je me suis laissée endormir, je n'ai pas vu venir la fin alors que j'aurais certainement pu.

Je ne m'attendais pas à autant de puissance, de justesse, d'émotion sans fard de la part de cet auteur que je découvrais, mais je vais lire ses autres livres !
Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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C'est l'histoire d'une vie adolescente en bande, celle de jeunes biens nés, privilégiés, dont les plages du bassin d'Arcachon sont le royaume. Justine atterrit d'une autre vie, débarque d'un autre milieu, rejoint Les Indifférents (aux autres, au Monde, à qui que ce soit d'autre que chacun d'eux). Dès le départ, on connaît le drame ; il se noue en même temps que les quatre années qui y ont mené défilent. Découverte/Overdose. Trouver parmi les autres sa place / Se trouver hors d'eux. Construction/Destruction.

On les aime, on les déteste. Ils sont attachants et exécrables. Justine est belle, Justine est fausse ; apeurée, courageuse, double ? Ou juste adolescente.

Encore un roman extrêmement bien construit de Julien Dufresne-Lamy, paru il y a quelques années déjà. Un regard puissant, drôle et acide sur l'adolescence ; l'art de l'anti-héros aussi, qui se construit tardivement et ouvre une fenêtre d'oxygène. Mais plus qu'un roman : un thriller. Et un excellent moment de lecture !
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Les Indifférents. Ce sont ces adolescents qui restent entre eux, indifférents aux touristes et au reste du monde, unis par le sable. Les Indifférents naissent, se rencontrent et meurent sur la plage.
C'est justement au début de l'adolescence que Justine débarque avec sa mère au Cap-Ferret. Elles ont tout laissé derrière elles en Alsace, l'appartement et ce père qui les avait tant fait souffrir, pour tenter de reconstruire une nouvelle vie. Après un entretien téléphonique, sa mère est embauchée comme comptable de Paul Castillon, riche notable de la région du « Bassin ». Elles intègrent toutes deux la maison de famille et la mère devient une employée de plus dans la grande demeure.
Théo Castillon apprivoise rapidement Justine. Mais pour faire partie de sa bande, elle doit se soumettre tout un été à un bizutage difficile. Léonard et Théo la testent et elle réussit. A la fin de l'été, Justine fait partie des Indifférents.
De cet été, Justine gardera un souvenir idyllique, elle y apprend le gout de la liberté, la joie de faire partie d'un clan, la complicité éternelle d'une amitié.
Puis la rentrée arrive, Daisy revient. La bande des indifférents est au complet. Trois années passent et leur complicité se renforce. Les limites sont les mêmes que celles de leur parents avant eux : il n'y en a pas. C'est un monde bourgeois où tout se fait et tout se tait, de grandes réceptions familiales s'organisent en même temps que de grandes orgies adolescentes sur la plage, Paul Castillon a la main mise sur tout le bassin, sur le rivage qu'il endigue, sur ses affaires obscures et sur le commissaire.
Un jour, Justine rencontre Milo, trop différent pour faire partie des Indifférents, et pourtant il rappelle à Justine le milieu modeste d'où elle vient. C'est le début de la rupture entre elle et les autres. Pourtant, si entrer dans le clan était difficile, en sortir n'en paraît que plus compliqué…

Dans ce microcosme étouffant parfumé au sel se rejoue l'histoire de ce qui a été écrit avant nous. Les liens se tissent adroitement entre tous les personnages et le Bassin apparaît alors comme un lieu de fascination dont on ne peut s'extraire, où l'on revient inéluctablement, répéter des schémas ancestraux.

Mon avis
Immense coup de coeur pour ce roman de Julien Dufresne-Lamy, aussi intense que le précédent ce qui confirme son talent. Une narration impeccable et un vocabulaire riche portent une histoire adroitement menée. Une fluidité et un rythme parfaits pour nous entraîner vers une fin inattendue.
J'ai aimé l'humour et la sincérité émanant de ces presque adultes, la fraîcheur de cet âge de la vie où tout se joue et tout s'apprend. J'ai aimé être emportée par leur énergie et l'histoire de chacun des personnages. Tout se tient et tout est intéressant dans ces trois cent pages, aucune longueur et un suspense bien dosé.

C'est un roman magistral sur l'adolescence et le poids familial, un livre subtil et violent dont on ressort les cheveux emmêlés par le vent et les secrets, le coeur brûlé par le soleil et le drame.

Lien : https://agathethebook.com/20..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Ce matin, l’un des Indifférents est mort.
Il est mort dans l’eau, sans douleur et tout doucement. Mais je ne peux pas dire son nom. Ma bouche est bâillonnée et mon corps incapable. Si j’en parle, la mort deviendra vraie. Elle prendra forme, et dansera devant nos visages pâles. Les gens pleureront, il y aura des deuils et un cercueil.
Ma bouche se tait pour garder le secret. J’y crois comme une superstition. En me taisant, peut-être que la mort s’excusera.
Peut-être même qu’on s’en sortira.
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Les adolescents sont des adultes en puissance. Incontrôlables et morts de faim.
En bande, ils sont plus forts. Ils cambriolent, font crisser les pneus des bagnoles.
Ils se brisent les cœurs et les mains. Mais ils ont le droit. Ils vivent à l'âge transitoire. Leurs pulsions sont animales. Ils sont à part, incapables d'extraction. Le monde est à eux aussi loin qu'on regarde.
On les laissera faire. On les laissera jouer et tuer. L'adolescence est un passage obligé. Une espèce de souveraineté.
C'est la sombre période de l'indifférence.
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― Viens nous voir, on se racontera.
Léonard passe chercher Daisy à vélo et on se retrouve dans le salon pour échanger nos cadeaux ringards. Une tirelire en forme de chat, un tee-shirt C’est que du bonheur et un calendrier de rugbymen à poil. Mais Léonard remporte le défi du plus kitsch. Il nous offre des livres audio de développement personnel que nous écoutons le jour même. On commence par Sois qui tu es, on enchaîne avec Deviens qui tu es, et on termine par Sois qui tu es vraiment. Ensuite, on quitte la Cabane pour s’enfiler un fast-food de journée de pluie. On y va à pied sous de gros parapluies. Sur la route, Daisy râle à l’agonie.
― Je vais prendre un double cheeseburger, avec un supplément cheeseburger sur le côté et peut-être même un smoothie cheeseburger.
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Les Indifférents ont mal agi. Ils ont fait quelque chose de grave sur la plage. Quelque chose de punissable.
Mais les vrais responsables, ce sont les parents. La vieille rengaine de l’ascendant. On s’en lasserait presque de cette dérobade.
Dans toutes les histoires, les parents sont les responsables. A l’origine des drames, leur passé, leurs histoires, leurs liaisons, leurs absences, leurs maladies toujours incurables.
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On peut trinquer tous ensemble le temps d'un verre. On ne craint rien ni personne, on ne pense qu'à nous. Nous sommes les Indifférents, à la vie, à la mort.
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Vidéo de Julien Dufresne-Lamy
Paraître et apparaître
Dans une société du paraître, quelle figure présenter aux autres ? Et quels regards sur nous les autres nous renvoie-t-il ? Jusqu'où aller, quelle identité endosser pour exister aux yeux de la société ?
Animé par Willy Richert.
Avec les auteur·rice·s Lise Martin (Ma vie avec John Wayne, Lansman), Marie Pavlenko (Rita, Flammarion Jeunesse), Julien Dufresne-Lamy (Trois fois rien (ça fait toujours rien), Actes Sud Jeunesse) et l'auteur-illustrateur Sylvain Bordesoules (L'Été des charognes, Gallimard BD).
Avec la participation de Noémie Uny et du club de lecture du lycée Galilée - Combs-la-Ville (77). Un grand merci à Françoise Olhagaray, professeure-documentaliste.
Et la voix de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
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