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EAN : 9782266336840
144 pages
Pocket (16/11/2023)
3.55/5   20 notes
Résumé :
Après L'Homme nu, la nouvelle enquête de Marc Dugain et Christophe Labbé sur nos comportements de demain. Ces dernières années ont bouleversé nos vies quotidiennes. Ce bouleversement, qui profite formidablement aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), sera durable: autant l'analyser et le comprendre le mieux possible.
C'est le pari de Marc Dugain et de Christophe Labbé dans ce nouveau livre, qui se concentre sur ce virage de civilisation pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Retour vers le futur, ce livre est arrivé dans ma PAL, un peu par inadvertance.
N'ayant pas -encore- lu, des mêmes auteurs, "l'homme nu", j'ai peut-être pris les choses à l'envers, mais cet essai a le mérite de remettre les choses à l'endroit tant il appuie là où ça fait mal.
Nous mettant face à nos propres contradictions, révélant nos propres paradoxes, bref nous remettant face à nous-mêmes. Mais sommes nous prêts à nous y confronter.

Je dois bien avouer qu'après avoir lu "Apocalypse Cognitive", "la civilisation du poisson rouge“ & "Tempête dans le Bocal, La Nouvelle Civilisation du Poisson Rouge", et "l'Enfer Numérique", "les ingénieurs du chaos", je pensais avoir atteint., avec ces 5 livres, la quinte-essence de ce que l'on pouvait écrire sur ce monde du numérique, ce fameux "Monde de demain" mais à croire que le sujet peut être infini.
À propos d'infini, c'est Einstein qui disait "Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise humaine... mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue."

J'avais utilisé pour ma critique de "l'Enfer numérique" une analogie avec l'Enfer de Dante. Et bien je pourrais recommencer, car ce livre commence en fanfare avec une première partie intitulée "La divine surprise" pas La Divine Comédie mais bien :
"« Divine surprise ». L'expression est d'Eric Schmidt, ancien P-DG de Google, multimilliardaire qui navigue aujourd'hui dans les sphères du pouvoir à Washington [...] de quoi parle-t-il quand il lâche cette expression de « divine surprise » ? de la providence qui a mis sur le chemin de la croissance du numérique, la plus spectaculaire crise sanitaire de l'ère moderne depuis la grippe espagnole, dont on se souvient comme elle a fondu en 1918 sur une société exténuée par quatre ans de guerre mondiale. Alors que la grippe espagnole s'est abattue sur le monde telle la Grande Faucheuse, la Covid-19 se révèle plutôt mesquine, moissonnant de sa petite serpe seulement les personnes âgées et fragiles, les enfants et les adultes en bonne santé restant très largement épargnés. Probablement, dans l'esprit de Schmidt, la « divine surprise » s'entend-elle comme une double chance. le virus permet de montrer la Chine du doigt – puisqu'il en vient – et en particulier à Donald Trump de fustiger l'empire du Milieu, mais surtout et presque essentiellement, de constater que cette crise sanitaire ne pourra être surmontée sans une accélération de la présence du numérique dans la vie quotidienne."
Bienvenu chez les Cyniques....

D'emblée, le ton est donné. Et là j'ai eu un regret c'est d'avoir déjà écrit une critique en faisant ce parallèle, alors je ne recommencerais pas. Pour deux raisons :
On y retrouverait les mêmes "acteurs" au mêmes cercles, quoique, quand on y réfléchit bien leurs places soient finalement interchangeables....
Et puis

Alors certes on retrouvera des nouveaux aphorismes, tous très réjouissants tels :
- FOMO, pour « Fear Of Missing Out », la peur d'être passé à côté d'une information importante, que notre cerveau interprète automatiquement comme importante pour la survie ;
- le nudge, littéralement « coup de coude » en anglais, mais qui se traduit mieux en français par « coup de pouce ». Cette méthode d'influence théorisée aux États-Unis par Richard Thaler, prix Nobel d'économie en 2017, et le juriste Cass Sunstein s'inspire des neurosciences, de la psychologie cognitive et de l'économie comportementale. Objectif : en finir avec les comportements humains irrationnels. Mais comme personne ne veut qu'on lui dise quoi faire et encore moins qu'on l'y contraigne, il s'agit de lui faire prendre les « bonnes » décisions sans avoir l'air de le forcer. du pur paternalisme libertarien. L'exemple le plus connu est le nudge de la mouche dans les urinoirs pour mieux faire respecter la propreté des lieux. Avec ce sticker, le fond de la cuvette est naturellement visé et les dépenses de nettoyage considérablement réduites. Évidemment, aucun utilisateur dudit urinoir ne sait qu'il est « nudgé ».
- le télétravail qui agit pernicieusement, en brisant les barrières légales et psychologiques du temps de travail. La notion de week-end et de vacances s'estompe progressivement au profit d'une disponibilité permanente à laquelle nous avons déjà été préparés par l'omniprésence du smartphone, avec sa tyrannie qui commence tôt le matin et s'achève tard le soir, sans compter ceux qui vous bombardent de textos ou de courriels en pleine nuit en s'imaginant que votre téléphone est éteint. Mais cette frontière était déjà plus que perméable, le problème venant que certains événements lui ont donné une légitimité sans égale...

Et bien avec celui-ci qui vient à la suite des autres, je suis comme Dante qui aurait traversé, l'Enfer et tous ses cercles jusqu'à la profondeur extrême de cette révolution numérique où nous sommes passés de la logique du présent à celle de l'instant.

Là où dans l'antre de l'enfer règnent les réseaux sociaux qui formatent au moins autant l'opinion qu'ils ne déclarent l'exprimer et en prétendant lutter contre les thèses complotistes dont ils sont truffés, en chassant l'esprit critique, ils deviennent, comme on l'a vu, les alliés objectifs des fake news. Insidieusement, une nouvelle forme de « censure » de l'opinion s'est développée sous forme de submersion par l'expression infinie d'opinions basées sur l'émotion, sans le moindre fondement de savoir.

Là où le moyen d'expression confus où se défoule le pire de l'homme. Avec peu de danger, puisque tout se fait à distance, sans contact physique. le cerveau est une machine à calculer des probabilités, il réfléchit à deux fois avant d'insulter un contradicteur présent physiquement, par contre, dans le monde numérique, notre exhibitionnisme et notre voyeurisme prennent le dessus. de même que notre cerveau a une appétence naturelle pour le sucre et la graisse, il aime le spectacle que lui offrent les conflits. Que deux personnes haussent le ton dans un restaurant et tout le monde s'arrête de manger pour les observer. Cette dispute qui nous est totalement extérieur nous transforme en témoins d'un événement qui relègue tout au second plan. Grâce à internet, les GAFAM ont mis en place une nouvelle hiérarchie de l'info. Celle-ci n'est plus établie sur l'importance du contenu, mais sur son potentiel conflictuel, gage de remous. Cette mise en effervescence est optimisée grâce à des algorithmes toujours plus performants. En favorisant les regroupements en communautés, Twitter et consorts créent les conditions d'un affrontement permanent jusqu'au lynchage numérique que constitue la cancel culture.

Alors oui par moment le discours est incisif, corrosif, compulsif, instructif On pourrait le trouver redondant avec les ouvrages cités plus, il n'en est que complémentaire...
Comme le rappelle les auteurs "Les réseaux sociaux ne donnent pas à voir l'esprit de Montaigne, fait de mesure, d'analyse, de réflexion, de pondération. Ils favorisent au contraire l'instantanéité, la paranoïa complotiste, la haine ordinaire, l'absence de réflexion, l'addiction, et montrent en ce sens une régression humaine plutôt qu'un progrès."
Et de citer les mots d'Éric Sadin, qui fait partie des rares philosophes actuels à travailler sur le monde numérique, « nous n'avons en aucune manière affaire à une entité vouée à établir des liens, mais à une mécanique en continuelle ébullition, attirant à elle une infinité de monades humaines qui n'aspirent qu'à soulager leurs affects et à capter l'attention des autres ».

J'avais débuté cette année par la critique de "La terre plate" formidable livre de Violaine Giacomotto-Charra, et je me rends compte que je la termine sur celle-ci..

ET BIEN NON, JE M'Y REFUSE

Et je posterai demain une critique qui donne plus d'espoir, un goût de Paradis et d'humanité aux antipodes de tout cela, car mon année sur Babelio se résume à bien plus que ces ouvrages qui ont au moins le mérite de nous faire ouvrir les yeux, car Aristote considérait que les "biens intérieurs de l'âme" étaient les différentes vertus qui s'appuient sur le libre-arbitre, un bien que l'on ne peut nous enlever...
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C'est un coup de coeur qui se lit rapidement mais qui est glaçant par les éléments relatés dans l'essai.

Il y a un point que l'auteur n'a hélas pas abordé dans ce document qui est pour moi est crucial comment allons continuer à consommer de l'électricité si elle est de plus en plus chère ? Car le modèle du numérique repose en parti sur une électricité à bas coût.

Je ne m'attendais pas à ce que le sujet de la mort soit abordé dans cet ouvrage.
Dans nos sociétés nous ne voulons pas de la mort et quand est t il de la mort numérique?

Marc Dugain nous démontre comment. nous sommes devenues dépendant tous à l'univers du numérique et démontre bien qu'à partir du 11 novembre 2001 tout à changer et la Covid 19 nous a rendu accros au série et au numérique dans notre quotidien avec la journée type d'une personne .
J'ai apprécié qu'il aborde la question de la peur et comment le numérique joue sur cela dans notre quotidien.

Il est question de la Chine et de la Russie comment elles font avec leurs population.
Il est question aussi comment nos démocratie nous gouverne à l'heure qu numérique.

Aura t il un jour une campagne de sensibilisation pour nous indiquer trop d'écran ce n'est pas bon pour la santé.
Dans ce document revient sur l'épisode de la covid 19 et nous pose la question pourquoi on ne parle pas plus que en 2020 le tabac tue 73 000 personnes, 157 000 morts prématurées par le cancer et 140 000 mort du maladie Cardiovasculaire , 9 millions de personnes qui décèdent de la pollutions.
"Depuis ces vingt derniers années on a 65 fois plus de chances de mourrir de la maladie cardio-vasculaire que d'un accident de la route."

Un livre a lire qui fait réfléchir sur le notre monde et celui demain.
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Comme ce fut la cas pour leur première collaboration ("L'Homme nu"), "L'Homme sans contact" est un pitoyable produit mercantiliste (du système qu'ils prétendent dénoncer).
Naviguant sur une tendance gentiment vulgarisatrice, tout en références scientifiques très légères, et sans rigueur méthodologique, Ils ne citent pas une seule fois le spécialiste français de la philosophie des nouvelles technologies, Eric Sadin.
On observe néanmoins très rapidement que les auteurs (un romancier et un journaliste !!! : tout un chacun est devenu un "expert") ont largement pompé le contenu de leur "travail" sur les ouvrages sérieusement documentés d'icelui.
Le propos est évidemment pertinent, mais la méthode scandaleuse.
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Comme les cigarettiers avec l'ammoniaque, les GAFAM distillent les conditions d'une addiction croissante à leurs services. Chargé d'un sentiment de toute-puissance alors qu'il s'isole toujours plus, le consommateur façonne à jet continu l'hameçon qui le ferre.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Comme dans nombre de milieux professionnels, le faire-savoir prime sur le savoir-faire. Sans parler du faire-semblant, par exemple d’avoir intégré le réchauffement climatique comme une urgence mortelle pour certaines industries qui craignent pour leurs bénéfices à court terme. Si l’action était proportionnelle aux bonnes intentions exhibées sur les réseaux sociaux, les rapports d’activité des entreprises et les programmes des politiques, la question du climat n’en serait plus une.
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Les réseaux sociaux ne donnent pas à voir l’esprit de Montaigne, fait de mesure, d’analyse, de réflexion, de pondération. Ils favorisent au contraire l’instantanéité, la paranoïa complotiste, la haine ordinaire, l’absence de réflexion, l’addiction, et montrent en ce sens une régression humaine plutôt qu’un progrès.
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Le télétravail d’abord. Pour être honnête, ce n’est pas en soi une nouveauté. Tous ceux qui peuvent y recourir et s’éviter ainsi des déplacements l’ont déjà pratiqué, à plus ou moins grande échelle, avec plus ou moins de tolérance, parce que regrouper les salariés dans un même lieu, c’est avant tout un mode d’exercice du pouvoir.
Avoir ses troupes en surveillance, apprécier leur ponctualité, leur concentration, leur assiduité, c’est l’essence même de la hiérarchisation, qui a longtemps, particulièrement en France, primé sur l’efficacité.
La passion de la réunion, spécialité française, résiste, même si on sait que le réchauffement climatique va nous conduire à repenser cette boulimie de rassemblements improductifs car souvent prétexte à ne pas décider.
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« Chez nous, […] chacun sera heureux, personne ne se rebellera, personne ne s’entretuera plus à tout bout de champ […]. Oh, nous arriverons à les convaincre qu’ils ne deviendront libres qu’au moment où ils renonceront pour nous à leur liberté et ils se soumettront. […] Ils deviendront craintifs, ils nous regarderont, ils se presseront vers nous comme des poussins vers la poule couveuse. Nous les émerveillerons et nous les effraierons […]. Oui, nous les forcerons à travailler, mais, aux heures que le travail laissera libres, nous leur ferons une vie qui sera un jeu d’enfant, avec des chansons enfantines, avec un chœur, des danses innocentes. […] Toutes les ténèbres les plus mystérieuses de leur conscience, tout, ils nous porteront tout, et nous résoudrons tout, et, eux, ils auront foi en notre décision, et ce sera une foi joyeuse, car elle les dispensera de ce souci terrible et de ces douleurs effrayantes qu’ils supportent aujourd’hui d’avoir à décider à titre libre et personnel. Et tous seront heureux. »
Certains textes sont prémonitoires. Car celui qui, à son époque, comprend les hommes jusque dans les méandres de leur âme, cet indéfinissable qui se glisse entre l’esprit et les instincts et que d’aucuns voudraient voir survivre au corps qui les porte ; celui qui saisit à ce point la nature humaine et ses faiblesses ne risque pas d’être pris en défaut plus tard, même si des années ont passé. Il en est ainsi de Dostoïevski. Ce texte, écrit il y a cent quarante et un ans, est le vertigineux discours du Grand Inquisiteur qui figure dans Les Frères Karamazov, son testament littéraire. George Orwell s’en inspirera pour son inoubliable 1984, et Albert Camus en fera la colonne vertébrale de son discours de réception du prix Nobel de littérature en 1957, année de naissance de l’un des auteurs de ce livre.

(INCIPIT)
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L’arrière-grand-mère d’un des auteurs avait une formule magique : « Ce n’est pas parce que l’on n’a rien à dire qu’il faut le faire savoir. » La doctrine des réseaux sociaux c’est : « Surtout si vous n’avez rien à dire, faites-le savoir. »
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Vidéo de Marc Dugain
Extrait du livre audio « Tsunami » de Marc Dugain lu par Mathieu Buscatto. Parution numérique 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/tsunami-9791035414825/
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