J'avais enfin entre les mains l'ouvrage que tant d'amis m'avaient chaudement recommandé cet été à Rennes. Daniel Duguès, qui avait déjà écrit : "La rose et l'équerre", venait de sortir aux
Editions Trajectoire, "Rennes le Château", un chapitre maçonnique secret.
Bien que ce sous-titre soit déjà en soi une affirmation, je m'étais promis d'aborder le livre sans préjugé, l'esprit le plus ouvert qui soit.
S'il est aisé de suivre l'auteur dans son préambule historique qui a pour tâche de nous situer la place de la Maçonnerie de rite français au sein du mouvement maçonnique, l'on commence à tiquer lorsqu'il tente de nous en expliquer la résurgence secrète et cléricale dans une Aude spécialement et viscéralement anti-cléricale au temps des Saunière.
Daniel Dugès cite trop rapidement
Paul Tirand dont l'ouvrage "
Loges et francs-maçons audois 1757-1946" fait référence. Ainsi, en 1888, un prêtre égaré et qui ne devait pas connaître, le pauvre, la maçonnerie chrétienne dont va nous parler Daniel, désire rejoindre l'atelier des "Vrais amis réunis" à l'Orient de Carcassonne, atelier qui est donc de rite français. le cas pause problème et l'impétrant, Pierre Aribaud, curé de Molleville, ne sera finalement accepté que parce qu'il va renoncer à sa fonction de prêtre !
Le vénérable fera en sorte de lui trouver un emploi après que l'ex-cureton ait jeté "son froc au fumier" selon les termes d'une lettre qu'il adresse au Grand Orient. C'est dire l'anti-cléricalisme forcené de ces républicains convaincus.
L'histoire n'a pas du passer inaperçue, il est donc fort étrange que ce triste curé n'est pas au moins était approché par ce groupe secret pratiquant un rite plus propre à faire taire ses déchirements de conscience.
Ces mêmes francs-maçons auraient donc, dans leurs hauts grades, des membres d'un avis totalement différents, catholiques et monarchistes, ils vont selon
Daniel Dugès commanditer la restauration de l'église de Saunière, financer la construction de son domaine. Quelle duplicité !!
Ou alors ce groupe secret et détaché du contexte global de la pensée maçonnique de son temps, plus fidèle à l'oecuménisme des créateurs, aurait recréé un autre mouvement parallèle un siècle après ? Mais peut-on encore parler de franc-maçonnerie ?