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EAN : 9782070369034
224 pages
Gallimard (16/03/1972)
3.97/5   57 notes
Résumé :
_Mme Delahaie est morte, dit papa.
Maman devint toute pâle.
_Est-ce possible?
_Vois toi même, répondit papa. C'est une lettre du notaire.
Et il enleva son pardessus. Il avait un vêtement de coupe élégante, mais qu'il jugeait fané, ce dont nous ne pouvions nous apercevoir.
Maman dépliait la lettre. Soudain elle se cacha le visage dans son tablier et se prit à pleurer.
Papa souriait, le sourcil dédaigneux.
Joseph s'écri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Le notaire du Havre, c'est le premier tome de la saga La chronique de Pasquier. le roman en nous plongeant à la fin du XIXè siècle place le décor pour la suite. L'atmosphère parisienne n'est pas sans rappeler celle des Rougon-Macquart d'Émile Zola, avec une touche peut-être un peu plus intimiste. On y trouve cependant la même misère des laissés pour compte de la société, le sort injuste qui s'acharne sur eux et leur difficulté à joindre les deux bouts malgré un travail acharné, … La société peinte avec talent par Duhamel me semble très caractéristique de cette époque: l'ordre familial patriarcal, la place des femmes toujours en retrait, les progrès technologiques (le chemin de fer, l'éclairage au gaz..) qui n'apportent pas le bien-être escompté… Tout ceci a été probablement vécu par Georges Duhamel dont l'écriture très classique et légèrement surannée n'est jamais ennuyeuse. Ce premier tome nous laisse anticiper la réussite de la génération suivante et donne le goût de s'engager dans la lecture de toute la chronique. À suivre…
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En 1889, la famille Pasquier (Raymond, Lucie et leurs quatre premiers enfants, Joseph, Ferdinand, Laurent et Cécile) tire le diable par la queue dans son petit appartement de la rue Vandamme, quartier Montparnasse à Paris. Raymond poursuit d'interminables et fort tardives études et Lucie fait des travaux de couture et s'occupe de ses enfants. Mais un jour, la famille apprend que Lucie pourrait bénéficier d'un héritage suite au décès de ses deux soeurs au Pérou. L'ennui c'est qu'elle n'en a encore que l'usufruit car le décès de l'une des soeurs n'est pas confirmé. L'argent est donc bloqué. La famille ne récupère que quelques meubles et vit dans l'attente de l'arrivée d'une lettre du « Notaire du Havre » leur annonçant enfin la bonne nouvelle... Mais elle tarde à venir et chaque jour la famille s'enfonce un peu plus dans la misère.
« Le notaire du Havre » est le premier des dix tomes que comporte le grand oeuvre de G.Duhamel, « La chronique des Pasquier ». Racontée par la bouche de Laurent, le benjamin des garçons, celui qui deviendra biologiste et est en quelque sorte l'avatar de l'auteur, cette histoire simple et savoureuse d'une famille modeste de la fin de XIXème siècle est intéressante à bien des points de vue. Pour le lecteur d'aujourd'hui, c'est une véritable plongée dans un monde disparu (calèches, allumeurs de réverbères, chanteurs de rue et autres lavandières ayant depuis longtemps quitté nos rues), un témoignage touchant de sincérité sur la vie des petites gens de ce temps-là et une galerie de personnages hauts en couleur : le père étudiant, fort caractère et plutôt grande gueule, la mère courage toute dévouée à sa nichée, la soeur pianiste surdouée déjà promise à une belle carrière et les garçons plus ou moins intéressés par les études, sans parler d'une quantité de personnages secondaires (voisins, connaissances, etc...) comme on n'en rencontre plus. Un début de saga magnifiquement écrit, qui a très peu vieilli, si l'on fait abstraction de quelques envolées lyriques, et qui annonce une suite prometteuse pour cette saga.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Je viens de trouver, très récemment, une intégrale de la Chronique des Pasquier en uns seul volume, relié cuir et imprimée sur "papier bible"... dans une vente Emmaüs et à un prix plus que raisonnable.
Ce sera l'occasion, pour moi, de relire quelques morceaux de cette attachante saga...
Ma lecture remontant à la décennie 1970.
Le premier épisode des Pasquier, dégusté en 1970 ou 71, m'avait passionné et donné l'envie de lire la suite. J'en avait fait un exposé de livre lorsque j'étais en quatrième.
Dans ce premier opus, les présentations sont faites du "noyau" Pasquier... Une famille qui va grandir et évoluer, et dont les caractères sont déjà dessinés.
Laurent sera le savant, Cécile la pianiste virtuose, Ferdinand le terne employé et Joseph l'affairiste... Et Suzanne n'est pas encore là.
Pour l'heure, la lettre du "Notaire de Havre" se fait attendre, et les Pasquier vivent assez chichement dans leur appartement parisien.
Et c'est Laurent qui raconte...
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Âgé de cinquante ans, Laurent Pasquier, chercheur et professeur de biologie au Collège de France, entreprend de narrer l'histoire familiale. Dans le prologue de ce récit, il nous présente ses ancêtres, paternels et maternels, et quelques ramifications qui s'avèrent indispensables, non pas pour la compréhension de l'histoire, mais pour poser les bases de cette saga qui s'étalera sur dix volumes.

Né en 1881, Laurent Pasquier ne possède que peu de souvenirs de sa petite enfance. Comme tout un chacun de nous. Aussi ce que l'on peut appeler ses mémoires débutent en 1889, alors que la Tour Eiffel est à peine achevée. Son père Eugène-Etienne-Raymond, né en 1846, mais son épouse ne l'appellera que Raymond ou encore plus familièrement Ram, est employé chez Cleiss et parallèlement entame des études de médecine. Sa mère, Lucie née Delahaie, un an plus jeune, sera le pivot, malgré elle, des espoirs et désillusions subies les deux années durant lesquelles se déroule cette histoire.

Outre Laurent, il ne faut pas oublier les garçons Joseph, l'aîné, puis Ferdinand, qui précède également Laurent, et Cécile la petite dernière de deux ans, avant la prochaine qui ne naîtra quelques mois après la fin de ce tome. Il y eut auparavant deux autres enfants, Marthe et Michel, décédés en 1884 de la scarlatine, alors que Laurent n'avait que trois ans. Mais il ne s'en souvient que par les propos de ses parents.

Donc en cette année 1889, alors que les parents ont déménagé à moult reprises, établis à l'époque à Nesles-la-Vallée, Lucie reçoit un courrier du notaire du Havre, l'informant qu'à la suite du décès de la tante Augustine elle en est l'héritière. Théoriquement.

Car les deux soeurs de Lucie qui vivaient à Cusco au Pérou, sont aussi héritières potentielles. Elles ont disparu lors d'un séisme et nul ne sait si elles sont toujours vivantes ou non. Lucie va donc recevoir un tiers de l'héritage en attendant le résultat des démarches entreprises par le notaire et le consulat général de France. Sinon, il faudra attendre les trente ans requis pour les porter définitivement décédées. Autre problème, cet héritage est en grande partie composé de titres dont ne pourra disposer Lucie qu'à la majorité de ses enfants.

La famille s'installe néanmoins rue Vandamme à Paris, non loin de la Gare Montparnasse, de la rue du Maine et de la rue de l'Ouest, dans un appartement plus grand. Raymond pourra ainsi disposer de son bureau, les enfants et les parents se partageant les autres chambres, tandis que Lucie se réserve la salle pour ses travaux de couture. Ils ne roulent pas sur l'or, loin de là, mais vivent avec l'espoir d'une lettre en provenance du notaire leur annonçant la bonne nouvelle.

Parmi leurs voisins, Wasselin, un homme qui s'emporte facilement contre sa femme et surtout leur fils Désiré qu'il traite d'enfant déchu. Désiré se trouve dans la même classe que Laurent, malgré ses trois ans de plus, et les deux gamins deviennent amis. Quant à Wasselin, comptable, il change régulièrement de patron et surtout, il propose souvent des plans financiers qui s'avèrent tous plus ou moins toxiques. Ce qui n'empêche pas le père de Laurent d'écouter les sirènes financières et d'y perdre des plumes.



Ce premier volet de la saga familiale des Pasquier nous plonge dans les espoirs, souvent déçus, d'une famille modeste. Ils sont confrontés à la pénurie d'argent récurrente, ce qui reflète une époque, mais pourrait se décliner aussi de nos jours.

Les petites joies et les grands abattements quasi quotidiens sont narrés avec réalisme mais sans tomber dans le misérabilisme. La pauvreté est le lot de bien des ouvriers et la famille Pasquier subit les coups du sort sans vraiment se plaindre, avec une sorte de fatalité. La mère dans ces cas là ne compte plus ses heures devant sa machine à coudre, payée chichement par des couturiers qui lui confient les coupons de tissus prédécoupés ou non.

Il n'y a pas souvent de viande dans les gamelles et le plat principal consiste en lentilles, ce qui ne les gêne guère, pourvu qu'il soit agréable à l'oeil du père. Alors la mère parsème par-dessus ces légumes du persil afin de donner un peu de couleur.

Raymond, sous l'impulsion de Wasselin, effectue des placements hasardeux, et l'affaire des titres de la société Incanda-Finska nous ramène à ces scandales financiers dont l'affaire du Canal de Panama et celle de l'Union générale, banque catholique française qui fit faillite lors d'un krach boursier. Un fois de plus on ne peut s'empêcher d'évoquer des affaires récentes, américaines, qui déteignirent sur les bourses mondiales. L'appât du gain facile attire toujours les plus démunis, que ce soit dans des placements boursiers ou les jeux de hasard. Un roman qui ne peut vieillir quel que soit le contexte.

Si Raymond se laisse facilement influencer par Wasselin, Lucie est plus réfléchie. Elle a la tête sur les épaules et est pragmatique devant les envolées utopiques de son mari.

Le point positif réside dans l'amitié des deux garçons, Laurent et Désiré, mais qui se clôturera tragiquement.



Le notaire du Havre, dont il est souvent question dans le roman, est un peu comme l'Arlésienne. On en parle, la famille Pasquier reçoit des lettres, rarement, de sa part, mais il n'apparaît jamais.

Or, justement, j'ai acheté ce roman parce que je pensais qu'il y avait une relation avec cette ville portuaire où j'ai passé mon enfance, croyant retrouver quelques images. Nostalgie…

Par certains points, ce roman pourrait être considéré comme un roman noir dont le thème serait la finance délétère, comme cela a déjà été traité à maintes reprises par Hector Malot dans Les Millions honteux, ou par Emile Zola dans L'argent. Mais les exemples ne manquent pas.


Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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La marque des grands livres, c'est de pouvoir être relus après des années, et avec, non pas le même plaisir, mais un plaisir renouvelé. Cette chronique des Pasquier, je l'avais dévorée il y a fort longtemps, elle m'avait fourni un havre, une évasion à une période difficile. Vingt-cinq ans plus tard (le temps passe, ma pov' dame, quel privilège de pouvoir le dire), j'y ai trouvé un autre roman, une autre émotion et la même impatience de tourner les pages, de voir grandir, vieillir les enfants. J'avais prêté mon exemplaire Bouquins, il n'a pas trouvé le chemin de retour, mais quand le l'ai vu m'appeler d'un cri silencieux lors d'une réderie (un vide-grenier pour les non picardisants), j'ai su qu'il fallait le relire. Georges Duhamel est un grand parmi les grands, un peu oublié semble-t-il. La famille Pasquier, je la connais, je l'ai retrouvée, l'appartement encombré, le père aux grands projets, les grandes espérances, les voisins, le drame final, la pauvreté, la dignité, le travail acharné. Rien n'a vieilli, et je sais qu'ils attendent dans les pages suivantes que je reprenne la lecture, que le fil de leur vie se déroulera, que je retrouverai avec bonheur Laurent, Cécile, Ferdinand et les autres, comme on retrouve avec bonheur les amis, les cousins éloignés une ou deux fois l'an. Hâte de continuer cette saga. Et à mon tour de la proposer à mes enfants, comme ma grand-mère me l'avait conseillée en son temps. Vraiment, oui, définitivement oui, lire, c'est vivre.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Melle Vermenouze avait en outre la passion du beau parler, ce qui la conduisit, un jour, à corriger mon père en notre présence à tous : « Mais non, Monsieur, mais non ! Le verbe aimer suivi d'un infinitif, demande la préposition. » Mon père se mit à sourire de ce sourire féroce qui nous jetait dans l'épouvante. « Avec ou sans préposition, c'est un verbe, Mademoiselle, que vous n'auriez pas été fâchée de conjuguer au moins une fois si on vous y avait aidée. » O terrible papa ! Comme il tapait cruellement quand il était agacé !
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« A quand le poulet d'honneur ? » l'entendions-nous crier s'il rencontrait maman dans l'escalier. Parfois, il me pinçait la joue, préludait par plusieurs prrrt...prrrt... à mi-voix et lançait, l'air résolu : « Dis à tes parents, jeune Eliacin, que c'est pour dimanche. Oui ! Dimanche sans faute. Je vais acheter la bête et mettre le vin au frais. » Je ne répondais rien, bien sûr, et le singulier homme oubliait tout, à peine le dos tourné. Mais le lendemain, il était ressaisi de sa marotte. Il inventait des détails : « Aimez-vous les escargots ? Il faudrait ajouter une douzaine d'escargots par personne. Tu dis : les enfants ! Non, tu ne dis rien ? Mais les enfants mangeront leur douzaine comme père et mère. Comprends-moi bien, Paula : je veux faire quelque chose de très, très gentil. »
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Un garçon de ton âge doit commencer à se défier des dames de la rue. Et d'un ! Ecoute la suite? Défie-toi aussi des jeunes filles, oui, des très jeunes filles. Et de deux ! Ca t'étonne ? Possible. Tu me comprendras un peu plus tard. Ah ! Je devrais aussi te parler de certaines rencontres, de certains camarades, mais c'est plus rare qu'on ne le dit et, surtout... Non. On reparlerait de ça s'il y avait lieu. Je le verrais quand même bien. Au revoir, mon cher, et rappelle-toi ce que je t'ai dit : primo, les dames de la rue ; secundo, les jeunes filles. Voilà pour l'instant.
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Nous fûmes tous habillés de neuf. Grande affaire et qui mit en état de siège l'appartement à peine installé. En général, Ferdinand reprenait les habits de Joseph, et les habits de Ferdinand, lavés, reprisés, pliés attendaient dans un tiroir que je fusse en âge de leur donner le coup de grâce. Mais maman voulait que notre début rue Vandamme fût considéré comme une date capitale et nous reçûmes tous des vêtements neufs.
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Le romancier est l'historien du présent, alors que l'historien est le romancier du passé
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Videos de Georges Duhamel (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Duhamel
Première partie de la conférence sur Georges Duhamel donnée le 25 mai 2016 à l'Institut Henri Poincaré à l'occasion du Festival Quartier du Livre (Paris 5ème) par Philippe Castro.
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