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EAN : 9782862310978
261 pages
Maurice Nadeau (19/05/1998)
4.5/5   6 notes
Résumé :
André Breton a-t-il dit passe
« Ce fut en décembre 1942 que je liai connaissance avec André Breton et la plupart des écrivains et des artistes que la guerre avait amenés à s’établir à New-York. J’avais à peine dix-sept ans et les angoisses me suffoquaient. L’Echec de la révolution russe, les insupportables victoires d’Hitler semblaient donner raison au nihilisme. (...) » Charles Duits.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
André Breton a-t-il dit passe et ce fût l'émerveillement, la connaissance, la joie (mais aussi la rage parfois), l'introduction à la Voie, celle que seulement quelques privilégiés atteignent, comme un certain Charles Duits.
Le livre raconte la rencontre de Charles Duits avec André Breton à New York (la « ville sans femme »), suite à une lettre que le jeune Charles rédigea le 2 septembre 1942 et dans laquelle quelques petits poèmes furent destinés au poète. Tout séparait l'un de l'autre : «la mer et les canons de l'Allemagne (…) comme la mort me séparait de Nerval, de Baudelaire, de Comte, De Lautréamont, de Rimbaud. » Malgré ces écueils présupposés, Breton dit passe à Charles avec une « tranquillité parfaite ».
Ce sera depuis une relation extraordinaire qui s'instaurera entre les deux personnes, entre les deux écrivains, entre les deux membres d'un groupe sacré (« les hommes et femmes de la tribu »). Extraordinaire mais problématique comme puisse l'être toute relation contingente qui se restreint à la parole dans un monde où « l'implicite toujours l'emporte sur l'explicite ». Car Breton est plus, beaucoup plus que l'homme du monde ou l'intellectuel reconnu, il est le Poète et habite la maison dans laquelle Charles veut rentrer : « j'étais « enfin » chez moi, à ma place, j'étais entré dans le monde qui désormais allait être le mien ».
Si vous êtes un lecteur qui cherche la lecture d'une correspondance ou la description d'un chemin de vie ou, encore, les complicités/divergences intellectuels entre deux êtres, passez votre chemin. La lecture de cette oeuvre se situe ailleurs, dans un plan spirituel où il est question de dépossession, d'explication métaphysique : « je ne fais pas le portrait de Breton ; je fais (je tente de faire) le portrait de son portrait ». Image déformée, donc, dans ce sens que la forme restreint la réalité des choses et empêche l'avènement du Possible « le Possible, le père de l'Être ! »
On suit le parcours de Duits dans l'Amérique en temps de guerre et ses fréquentations privilégiés avec le cercle des surréalistes autres que Breton (Ernst, Tanguy, Duchamp) ou avec le créateur de la Quatrième Voie, Georges Gurdjieff (impressionnant le passage où celui-ci se fait une incision dans le poignet qui cicatrise à l'instant grâce à sa force psychique !). Sont évoqués aussi la brouille avec Breton, l'expérience du Peyotl chez Duits (voir son Pays de l'éclairement), le rapprochement de la folie qui s'ensuit et sa décision finale de rester du côté de la raison et la vie, même si le prix à payer fut ‘une heureuse servitude ».
De retour en France, Duits reverra le Poète, un homme vieillissant, affaibli mais possesseur d'un aura lumineux. Leurs dialogues, comme à l'époque de la jeunesse, continueront à fleurer la réalité sans la saisir, à rôder autour des choses dispensables. Quelle importance, la présence est ailleurs, la communication aussi ! Quelle importance si la fin nous est connue, si nous l'attendions, si nous la craignions : Duits la raconte comme n'importe qui aurait pu la raconter, à travers la lecture d'un journal quelconque dans un ville quelconque : ANDRÉ BRETON EST MORT. Quelle importance, le Poète lui avait-il dit passe.

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Image d'un homme, sous ses différentes facettes, récit d'une rencontre, témoignage d'une grande lucidité -- précisément dans ses ombres et aveuglements -- sur une époque et un milieu, celui artistique en exil new-yorkais en 1942, et surtout d'un homme magnétique, décisif : André Breton. Au-delà des contradictions, des failles aussi bien montrées, de celui qui toute sa vie oeuvra pour que le surréalisme conserve son intensité, son pouvoir de rencontre, André Breton a-t-il dit passe décrit, dans la magie et la mystique, l'élaboration de la sensibilité si particulière, d'une rare acuité, de Charles Duits. le livre, comme sa seconde partie Oeuvre vive se révèle une lumineuse et admirable photographie de l'ombre de l'instant selon la formule de l'auteur.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (1)
LeMonde
22 mars 2024
Duits prend le temps d’envisager avec précision un personnage trop souvent réduit à sa tiare : un Breton imposant de densité naturelle, mais aussi candide quand il lit des vers, courtois et quotidien (saisi même au saut du lit), désargenté et messianique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Breton m'apprenait que le langage est un organisme vivant. Il a une tête: "Dieu" et les autres mots du même genre. L'utilitarisme moderne, qui est la forme scientifique, anglaise, du nihilisme, prétend couper cette tête, afin de libérer l'homme des questions qui le tourmentent et qui, futiles, abstraites, égarantes, l'empêchent de faire un usage pleinement efficace de son intelligence. Grâce à Breton, je découvrais qu'on ne peut guillotiner le langage sans du même coup assassiner l'homme.
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Je n'étais que trop enclin à croire que l'espace mental est de nos jours l'unique lieu et le refuge ultime de la beauté. Breton me montrait que la clameur imbécile du monde est, comme un vieux mur, plein de failles au travers desquelles passe le silence frais de l'éternité.
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Video de Charles Duits (1) Voir plusAjouter une vidéo

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- Au début : Indicatif de l'émission et présentation des invités.
- A 2'04 : Interview de Charles DUITS, écrivain : son expérience du Peyotl en 1956 à Antibes; C'était pour lui une forme de suicide; C'est une plante désagréable à prendre. il était vide et disponible. Après la prise, il a attendu une heure avant de ressentir les premières impressions. Tous ses sens étaient...
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