Paru au début du dix-neuvième siècle, cet essai étudie le phénomène du culte du Phallus. Cette religion était universelle, on retrouve partout dans le monde ces statuettes au sexe disproportionné, que ce soit en Europe, en Afrique, en Asie ou en Amérique. La thèse de l'auteur est qu'il est étroitement lié aux dieux solaires, tous deux symboles de fécondité.
Ces cérémonies ont perduré longtemps, absorbées par les nouvelles religions dominantes. Dans le christianisme par exemple, Priape et ses collègues sont revenus sous la forme de saints, vénérés d'une manière bien peu catholique. Il faudra l'arrivée de la Réforme protestante, qui va mettre en avant ces cérémonies comme preuve de dépravation du clergé, pour que les autorités ecclésiastiques se décident à intervenir et à les condamner fermement.
La dernière partie du livre est consacrée à la pudeur et à la nudité. On y expose toute une série d'exemples où la nudité publique était considérée comme normale, y compris à l'intérieur des églises lors de certaines cérémonies du carnaval, ce qui ne manque pas de plonger l'auteur dans un abîme de perplexité ! Tout au long du livre, soit pour s'excuser du sujet scabreux qu'il traite, soit par conviction personnelle, il affirme à quel point il trouve les faits qu'il décrit indécents et obscènes. Que toute une population puisse s'adonner à ces rites avec la bénédiction des prêtres lui pose visiblement quelques problèmes.
Malgré les jugements de valeur omniprésents, l'essai est intéressant et richement documenté. La persistance des cultes malgré les bouleversements religieux apparents est bien visible. Nul doute que le Phallus compte aujourd'hui encore bien des adorateurs et des adoratrices.
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Saint Foutin de Varages était en grande vénération en Provence : on lui attribuait la vertu de rendre fécondes les femmes stériles, de raviver les hommes nonchalants, et de guérir leurs maladies secrètes. En conséquence, on était en usage de lui offrir, comme on en offrait autrefois au dieu Priape, des ex voto en cire, qui représentaient les parties débiles ou affligées. « On offre à ce Saint, » lit-on dans la "Confession de Sancy", « les parties honteuses de l'un et de l'autre sexe, formées en cire. Le plancher de la chapelle en est fort garni ; et, lorsque le vent les fait entrebattre, cela débauche un peu les dévotions en l'honneur de ce Saint. »
À Biblos, les jeunes filles avaient l'alternative de se prostituer pendant un jour entier aux étrangers, ou de sacrifier leurs cheveux à la déesse. Si l'on en juge d'après les vives déclamations faites par différents écrivains contre le culte de Vénus à Biblos et contre ses indécences, on se convaincra que les filles de cette ville préféraient conserver leur chevelure.
En 1707, une maladie épidémique emporta une grande partie des habitants de l'Islande. Le roi de Danemark, pour la repeupler, permet à chaque fille d'avoir jusqu'à six bâtards sans que son honneur pût en souffrir. Les femmes usèrent fort bien de la permission. L'île se repeupla bientôt. Le mal était réparé ; mais les femmes continuaient toujours le remède. Il fallut une autre loi pour abolir la première.
Telle est la marche de l'esprit humain : une fois engagé dans la carrière de l'erreur et des superstitions, il s'y avance et ne rétrograde jamais ; une erreur admise appelle alors d'autres erreurs à son secours.
Nous prononçons sans honte les noms des instruments qui donnent la mort, et nous rougissons de désigner, de prononcer les noms de ceux qui donnent la vie.