Nous sommes à la fin du XVIe siècle et le soleil des Valois est en plein déclin. le dernier héritier de la lignée, Henri III, a bien du mal à conserver ses fesses vissées sur le flageolant trône de France, tiraillé qu'il est entre les exigences de ses « mignons » et les ambitions de son frère cadet, François d'Anjou. Assoiffé de pouvoir mais trop timoré pour s'opposer ouvertement à son ainé, le duc d'Anjou préfère s'attirer le soutien d'adversaires plus belliqueux que lui comme les redoutables ducs de Guise, dirigeants de la Ligue catholique, et s'entourer de valeureux gentilshommes prêts à défendre ses intérêts en provoquant les « mignons » royaux.
Le plus remarquable de ces vaillants jeunes hommes est le comte de Bussy, favori de dames et terreur de ces messieurs. Mais la renommée du séduisant comte lui attire bien des ennemis et, une nuit où il rentrait tranquillement de chez une de ses maitresses, il tombe dans un guet-apens tendu par quatre hommes du roi. Sauvé in extremis par l'intervention d'une jeune femme, Diane de Méridor, il en tombe aussitôt passionnément amoureux (c'est quand même épatant tous ces romans où l'on tombe raide dingue d'une fillette que l'on a aperçue pendant deux minutes à peine, mais bon, passons…) Pas de chance pour notre héros, la belle est déjà prise ! Elle vient d'épouser en justes noces le comte de Monsoreau, grand veneur du roi, proche ami du duc d'Anjou et mari atrocement jaloux. En fière tête-brûlée qu'il est, Bussy ne se laissera pas arrêter par un aussi insignifiant obstacle et fera tout pour libérer sa dulcinée, quitte à attirer sur sa tête la redoutable colère de François d'Anjou qui ne dédaignerait pas non plus de glisser la charmante dame de Monsoreau dans son lit.
Quoique ayant lu beaucoup de romans de Dumas il y a quelques années, je n'avais jamais été attirée par « La Dame de Monsoreau » et j'avais plus ou moins oublié son existence, jusqu'à que la lecture de l'excellent « Les douze muses d'Alexandre Dumas » de Dominique Fernandez le rappelle à mon souvenir. Plaisir retardé mais d'autant plus savoureux, car « La Dame de Monsoreau » est assurément un très bon Dumas ! Dialogues piquants et débordants d'esprit, anecdotes savoureuses, scènes d'action enlevées et intrigues tortueuses, tout y est pour transporter le lecteur et les presque 1000 pages de ce trépidant roman se dévorent comme un rien.
L'histoire d'amour, bien qu'agréable à suivre, est sans grande originalité, mais elle est soutenue par une intrigue historique particulièrement réussie et passionnante. La pâlichonne Diane et son chevalier servant sont aisément éclipsés par le personnage d'Henri III, roi à la personnalité fascinante vacillant sans cesse entre irrésolution et noblesse, et surtout par celui de son bouffon et fidèle conseiller Chicot. Chicot est un gascon, mais un gascon comme les aime Dumas : courageux mais pragmatique, bavard comme une pie mais rusé comme un renard, tortueux mais dévoué, jouisseur, sarcastique, fantasque… En un mot comme en cent, un gaillard formidablement sympathique que son affection sincère quoique un peu vacharde pour son trop faible souverain ne rend que plus attachant. Impossible de ne pas l'adorer ! C'est assurément pour le plaisir de le retrouver que je me procurerai dès que possible « Les Quarante-cinq », dernier tome de la trilogie des guerres de religion de Dumas (le premier étant « La reine Margot »).
Alexandre Dumas était certainement un de mes auteurs préférés pendant mes années jeunesse. J'ai vibré en lisant Les trois mousquetaires (que j'ai au moins lu deux fois). J'ai tourné fébrilement les pages des trois tomes du Comte de Monte-Cristo en savourant la vengeance d'Edmond Dantes….
Plus tard, après avoir vu le feuilleton télévisé la dame de Monsoreau, ( celui avec Karin Petersen, Nicolas Silberg et l'excellent Michel Creton dans le rôle de Chicot )je me suis promis qu'un jour je lirais le livre. Cependant, la fin m'avait marquée et j'ai repoussé pendant de nombreuses années cette lecture…Les années passant et continuant à me disperser, ce n'est qu'il y a deux semaines que je me suis enfin lancée dans la lecture de pavé.
Oui, il s'agit bien d'un pavé, mais quel plaisir que ce plongeon dans cette France de la Renaissance où règne Henri III. Dumas (que ce soit lui et/ou son « negre « Auguste Maquet ) nous raconte avec beaucoup de verve une page de cette période en y mêlant beaucoup de personnages ayant réellement existé.
Même si la véritable Histoire est bien différente ( il suffit de faire des recherches sur Bussy ou sur Diane-Françoise de Méridor), c'est celle narrée par Dumas que je retiendrais …
L'auteur a su redonner vie avec beaucoup de talent à tous ces personnages sur un fond de guerres de religions. le massacre de la Saint Barthelemy est vieux de quelques années mais la tension à ce sujet est encore bien présente et la Ligue menée par les Guise est en train de fomenter de sombres complots. le frère du roi, François d'Anjou, semble mêlé à l'un de ces complots. On sent Henri III bien seul malgré le fait qu'il soit entouré de ses mignons tous dévoués à sa cause. La seule personne sur qui il va pouvoir compter est son fou, Chicot, qui est pour moi le véritable héros de cette histoire. Certes l'histoire d'amour entre Bussy d'Amboise et Diane de Meridor m'a touchée mais j'ai eu plus de plaisir à suivre le parcours de Chicot.
Depuis que j'ai appris qu'il refera son apparition dans la suite, « Les Quarante-Cinq », je pense que je ne vais pas attendre des années pour lire la suite de ses aventures.
Challenge Pavés 2019
Challenge A travers l'histoire
Challenge Solidaire Lutte contre l'illettrisme
Tout fout'l camp.
Non, c'est vrai ! Tenez, foi de Chicot, tout bouffon du roi que je suis, je ne sais pas qui est le plus fou de nous deux, le roi ou son fou. Il fait des crises de jalousie, il se fait pommader le soir, met un masque qui couvre le visage par grand froid, a un sauna... Il a même enlevé un de ses mignons le soir de ses noces ! La crise quoi !
Parlons en, des mignons ! Ca se débrouille bien à la dague et à l'épée. Mais ca passe ses journées à caqueter, à jouer au bilboquet, à ajuster sa coiffure, ses épingles, ses chapeaux. Et à conseiller le roi des affaires d'état ! Oui, pas étonnant que le royaume se porte si mal.
Tout fout le camp, même la religion. Des moines braillards, ivrognes, obèses !Et encore, il y a pire. Bien pire !Les Guise veulent ranimer les guerres de religion, justement, pour déposer le roi - mon Henriquet - et mettre à sa place son frère, le duc d'Anjou. Mais il n'en profitera pas longtemps, foi de Guise, haha ! C'est que les morts accidentelles se succèdent, depuis que Catherine de Médicis a ramené ses petites fioles de la douce Florence. Notez : lâche, traître, menteur, prétentieux, lubrique et voleur comme il est, personne ne regrettera Anjou, ca non.
Heureusement qu'il reste Bussy ! Ah, ca c'est un vrai chevallier ! Quand il est heureux, il se bat en duel. Quand il est malheureux il se bat aussi, mais un peu moins bien. D'où moultes blessures. Dont il se fiche pas mal. Rien ne l'arrête ! L'autre jour, 5 mignons lui ont tendu une embuscade de nuit. Il en a amoché deux, et les trois autres n'ont pu que le blesser. Deux jours plus tard, il reprenait du service. Sacré Bussy !
Il reste Bussy, et il reste... l'amour ! L'amour, c'est Diane de Méridor. Diane, élevée bien loin de la cour, au château de son père, entourée de colombes, de paons et de brebis. Douce, innocente, noble Diane ! Anjou, le frère du roi, voulait y mettre ses pattes, mais le comte de Montsoreau, soldat dur et raide des guerres de religion, homme à tout faire d'Anjou, l'a enlevé et, amoureux fou, l'a contraint au mariage par une série de subterfuges. Elle a cedé, mais ne l'aime pas...qui secourera la belle ? Roi ne puis, prince ne daigne, Bussy suis!
Si vous voulez voir tout ce beau monde se mentir, se trahir, se battre, s'occire, pendant que roucoulent - tant qu'elles le peuvent encore - les colombes, lisez cet excellent roman de cape et d'épée. Et n'en voulez pas trop à mon Henriquet, il a bon coeur, il est un peu faiblard, c'est tout. Heureusement que je veille sur lui, foi de Chicot. Dans un monde de fous et de bouffons, je me sens à l'aise.
Comme notre papa Dumas sait aussi bien nous le servir les plats historiques auxquels nous avons l'honneur et le plaisir de déguster la vie des rois et reines des siècles précédents, la vie ces gentilshommes célébrés par leur bravoure, c'est de cette même sauce qu'il nous sert avec la dame de Monsoreau qui fait suite à la reine margot, où nous côtoyons le règne du roi Henri III, sa vie, sa cour, ses faiblesses...
C'est du grand Dumas, c'est du beau style, c'est de l'Histoire remaniée mais tellement vivante. Que du bonheur, au fil des 980 pages de l'édition Folio. On rit, on frémit, on s'impatiente, on aime, on dévore... on vit le roman.
J'aurais été Dumas, je n'aurais pas fait à Diane de Méridor l'honneur de donner à mon roman son titre (de noblesse) mais je l'aurais plutôt dédicacé au personnage de Chicot qui est, selon moi, le véritable héros du roman.
Sous quel nom connaît-on monsieur du Vallon de Bracieux de Pierrefonds ?