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Critique de Melisende


De Alexandre Dumas, je n'avais lu, il y a quelques années, que Les Trois mousquetaires que j'avais alors adoré (vive Athos !). Malgré la présence de plusieurs ouvrages dans ma PAL, je ne m'étais pas encore replongée dans le style de l'auteur français. Il aura fallu attendre que Lynnae m'offre cette petite nouvelle en novembre dernier et propose une lecture commune pour que je me lance.
J'avoue que j'étais curieuse de découvrir Alexandre Dumas dans un texte fantastique. Je suis plutôt habituée aux classiques anglophones dès qu'il s'agit de la figure du vampire au XIXe siècle (Stoker, Le Fanu…), j'avais donc très envie de lire ce que proposait un auteur français sur le sujet.
J'ai apprécié cette courte lecture, bien écrite et à l'ambiance bien rendue, même si elle n'offre rien de très surprenant au niveau de l'intrigue.

Hedwige, encouragée par son père, fuit sa demeure polonaise bientôt assiégée pour se réfugier dans un couvent lointain en Roumanie. Sur le chemin, elle rencontre deux frères, chacun voulant la ravir. Ramenée au château familial, elle fait la connaissance de Smérande, la mère des deux hommes. Les jours passent, Hedwige reçoit froidement les déclarations d'amour de Kostaki, le cadet au caractère emporté, et s'attache de plus en plus à Grégoriska, l'aîné discret et silencieux. Les deux frères (en fait, demi-frères, comme on l'apprend au fil du récit), déjà ennemis de longue date, s'affrontent à nouveau, cette fois pour l'amour d'une jeune femme. Hedwige et Grégoriska, amoureux, veulent s'enfuir mais un malheur se produit… désormais, chaque nuit, la jeune femme reçoit une visite étrange qui la paralyse et, ne pouvant réagir, est chaque fois blessée au cou. Chaque jour elle se lève plus faible et plus pâle que la veille…
Je me suis permise de développer un peu l'intrigue pour vous expliquer qu'elle ne m'a pas surprise outre mesure. La belle jeune fille fragile et désirable, les deux frères ennemis qui se battent pour elle, l'affrontement qui tourne mal… et le dénouement que je ne vous révèle pas. Tous ces éléments, assez « convenus », ne m'ont pas vraiment étonnée. L'ensemble est donc assez « classique » mais reste agréable et est bien mené.

Le format « nouvelle » ne permet pas un long développement, notamment des personnages auxquels il est difficile de s'attacher, mais j'ai bien aimé le choix du récit enchâssé : la première page nous présente une dame pâle qui s'apprête à raconter son histoire à une audience captivée. On découvre ainsi ce qui lui est arrivé quelques années plus tôt ainsi que le pourquoi de sa pâleur. Les deux dernières lignes du texte concluent l'histoire en repassant au tout premier point de vue. 99% du récit est donc conté à la première personne du singulier (le point de vue interne est celui d'Hedwige) et nous permet de plonger directement dans l'action.
Alexandre Dumas a un style classique, évidemment (vu la date de publication, ce n'est pas étonnant), mais ce n'est pas alambiqué, pompeux ou incompréhensible. C'est au contraire fluide et agréable à parcourir, ne vous inquiétez donc pas de « l'âge » de cette nouvelle !

Ce que je retiendrai surtout de ce court texte (comme je l'ai fait quelques années plus tôt avec Carmilla de Sheridan le Fanu), ce n'est pas tellement l'intrigue en elle-même, ni les personnages, ni la plume… mais bien le contexte, l'ambiance de l'histoire. Ici, point de Louisiane ou de Nouvelle-Orléans, mais bien les montagnes mystérieuses des Carpates, la brume, les vieux châteaux et les superstitions des villageois !
Dès les premiers mots du récit d'Hedwige, on se sent transporter dans ce contexte bien particulier, dans un univers fantastique/gothique (pour que vous ayez une idée plus claire, je vous cite la définition trouvée dans les dernières pages : « L'univers gothique apparaît dans des romans anglais de la fin du XVIIIe siècle qui trouvent leur source d'inspiration dans le macabre et l'horreur. Plus terrifiant que le fantastique, l'univers gothique obéit à un certain nombre de points obligés comme la présence de personnages surnaturels (vampire, diable…), l'ancrage dans un univers médiéval ou encore la présence d'une malédiction à laquelle le héros ne peut échapper qu'en se plaçant sous une protection divine. »), et c'est là, la grande force et l'intérêt de cette nouvelle, à mon goût. Evidemment, c'est assez particulier, mais pour les fans du mythe vampirique, La Dame pâle est un des premiers textes mettant en scène la créature… un incontournable !


Pour conclure. La Dame pâle est un court texte mettant en scène la figure du vampire dans sa plus pure tradition : vieux château dans les Carpates et superstitions des habitants. Difficile de s'attacher aux personnages avec si peu de pages, mais l'ambiance est bien établie, la plume est fluide et agréable et l'intrigue est bien menée, même si pas extraordinairement surprenante.
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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