AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782749159072
720 pages
Le Cherche midi (11/10/2018)
3.62/5   70 notes
Résumé :

Écrit entre 1865 et 1866, ce grand roman oublié est l'un des derniers qu'Alexandre Dumas ait écrits. Il est publié aujourd'hui pour la première fois en version intégrale. Quatre lignes de force se croisent dans Le sphinx rouge et en tissent la trame: le combat du cardinal de Richelieu pour affermir son pouvoir, la découverte des auteurs du complot qui a coûté la vie au roi Henri IV, la conquête du Pas de Suse, passage stratégique entre la France et la p... >Voir plus
Que lire après Le Sphinx RougeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 70 notes
5
6 avis
4
10 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Après avoir lu la critique de Lamifranz, je me suis rendue compte que la version du livre d'Alexandre Dumas, le sphinx rouge que j'avais lue y il a trente ans environ, n'était pas complète : il manquait une partie. Mais même la nouvelle version publiée avec quatre parties nous laisse sur notre faim !
Pourtant, rien de plus séduisant que de remplir l'espace entre Les Trois Mousquetaires et Vingt ans après, même si dans le Sphinx rouge, le cardinal de Richelieu est mis en avant.
Commenter  J’apprécie          280
Curieuse histoire que celle du « Comte de Moret » connu également sous le titre du « Sphinx Rouge ». Ecrit vers 1865, ce roman est paru en feuilleton en 1865 et 1866 dans le journal « Les Nouvelles », mais n'a jamais été édité en volume. du moins pas avant 1948 (et encore, en version condensée). Il faudra attendre 2008 pour avoir une version à peu près intégrale, en complétant le manuscrit de Dumas avec les épisodes publiés. le problème, c'est que, autant dans le manuscrit que dans le feuilleton, la fin fait défaut. C'est peut-être très bien pour le suspense, mais c'est terrible pour la frustration.
Et c'est bien dommage parce que l'histoire est chouette, l'intrigue bien menée, les personnages réussis (et même surprenants, pour certains) …Voyez vous-mêmes :
Nous sommes en 1628. La France est sous le règne de Louis XIII et de son ministre Richelieu. Ces deux-là, inutile de les présenter, vous les retrouverez sis ans plus tard dans les « Trois Mousquetaires ». En ce temps-là, ce n'était pas comme aujourd'hui, ça grenouillait dans tous les coins de la Cour et du Gouvernement : il y avait la Reine-Mère, Marie de Médicis, la reine en titre, Anne d'Autriche, et le frère du roi, Gaston d'Orléans, ces trois personnages accumulant à eux seuls autant d'intrigues et de complots que seul plus tard Talleyrand eut un palmarès équivalent !
Le problème c'est que Louis XIII, avec les femmes, c'est pas l'attirance absolue. Avec les hommes, il y a un doute, dirons-nous. Alors les deux reines, (vous savez comment elles étaient les femmes en ce temps-là) se mettent dans la tête de l'intéresser à la gent féminine en le faisant tomber amoureux d'Isabelle de Lautrec, une suivante d'Anne d'Autriche. le hic, c'est qu'Isabelle est amoureuse du comte de Moret, un bâtard de Henri IV (donc demi-frère du roi et de Gaston d'Orléans). La pauvrette, qui se rend compte du drôle de jeu qu'on veut lui faire jouer, demande la protection du duc de Richelieu.
Richelieu, c'est lui le Sphinx Rouge (l'appellation est tirée de Michelet dans son « Histoire de France au XVIIème siècle ») : la pourpre cardinalice lui va à merveille. Et Dumas en fait un portrait des plus étonnants, bien éloigné de celui qu'il faisait en 1843 dans les « Trois Mousquetaires » : Richelieu est ici la perle des ministres, travailleur infatigable au service de la France, capable de mansuétude et de pardon. Les autres personnages sont aussi bien décrits : Louis XIII est certes un roi faible et influençable, mais il est montré aussi comme mal dans sa peau, un homme qui souffre. Et nos jeunes amoureux sont bien comme tous les héros de Dumas, jeunes, beaux, traînant tous les coeurs après soi (non, je m'égare, ça c'est Racine) mais pleins de vie et d'amour…
Alors forcément quand on se trouve en plan à la fin du roman, sans savoir ce que sont devenus ces personnages, on est sacrément frustrés ! L'Histoire nous apprend que le Comte de Moret s'est embringué dans une conspiration de Gaston d'Orléans (celui-là n'en est pas à une près), et qu'il est mort en 1632 à la bataille de Castelnaudary, d'un coup d'arquebuse (et non pas d'une indigestion de cassoulet comme on pourrait le croire) Or le roman se termine brusquement en 1630. Que s'est-il passé pendant ces deux années ? Mystère. Un petit roman antérieur « La colombe » paru en 1850, évoque les deux mêmes personnages (le Comte et Isabelle) dans ces années-là, mais on n'apprend pas grand-chose de plus.
On aura donc toujours ce petit regret de ne pas connaître la fin de ce beau roman. Dommage, car c'est du Dumas comme nous l'aimons, vif, enlevé, avec toujours ce qui fait son charme : cet amour qu'il porte à ses personnages : on rapporte souvent cette anecdote : un jour Alexandre Dumas fils le trouve en pleurs sur son manuscrit. Il est affolé : « Qu'avez-vous, père ? ». Et notre bon Alex de répondre en un sanglot : « Je viens de tuer Porthos ! » (c'était bien sûr, la fin du « Vicomte de Bragelonne »)
Commenter  J’apprécie          142
Initialement intitulé le Comte de Moret, le Sphinx rouge fut publié pour la première fois en feuilleton dans Les Nouvelles en 1865. La première version intégrale en volume fut éditée dans la collection Marabout Roman, aux éditions Gérard en 1960 sous son nouveau titre, qui est plus conforme au contenu du roman.

Si ce volume comporte en outre une longue nouvelle, La Colombe, c'est parce qu'elle reprend deux personnages du Sphinx rouge, le Comte de Moret et Isabelle de Lautrec. Or cette nouvelle fut publiée en 1850 et donc antérieure au Sphinx rouge, mais l'action se situe quelques années après la fin du Comte de Moret. Il s'agit donc d'une suite anticipée et les deux textes peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre sans que cela nuise à la lecture.

Toutefois, désirant me mettre dans la peau et la tête du lecteur à l'époque de la parution de ces deux romans, j'ai lu en premier La Colombe puis j'ai continué par le Sphinx rouge. Ce qui ne m'a pas du tout perturbé, comme ces romans qui narrent un épisode de la saga d'un héros en cours d'existence puis la série connaissant du succès, un roman dit des origines est rédigé afin de mieux cerner le ou les personnages. Mais ce n'est qu'un choix personnel.



La Colombe :

Dans ce roman épistolaire, le lecteur ne sait pas quelle est l'identité des deux correspondants. Cela sera dévoila au fil des échanges, expéditions et réceptions des missives qui sont acheminées par une colombe.

Le scripteur masculin, qui se révèlera être le Comte de Moret, remet en liberté une colombe qu'il a recueillie, plaçant sous son aile un billet, daté du 5 mai 1637, destiné au légitime propriétaire du volatile.

Quelques jours plus tard, par la même messagère, il reçoit une missive de remerciements, mandant dans quelles conditions cette colombe prénommée Iris est parvenue jusqu'à lui. Et comme Iris se morfond apparemment de son sauveteur, elle l'a renvoie avec la réponse à ce message, espérant qu'une liaison épistolaire puisse s'établir dans la durée.

Et c'est ainsi qu'au fur et à mesure des échanges des révélations sont effectuées par les deux épistoliers qui se rendent compte que non seulement ils sont éloignés de quelques dizaines de lieux, qu'ils sont tous deux dans un couvent en attendant de prononcer leurs voeux mais qu'ils se connaissent.

Ils s'aimaient mais les événements, qui sont décrits, les ont séparés, et ils souhaitent ardemment se retrouver et pouvoir s'aimer au grand jour. Seulement… Eh oui, il y a un seulement car le jour de la prononciation des voeux du comte de Moret est proche, et Isabelle de Lautrec ne sait si elle parviendra à temps et si elle-même pourra être relevée de son engagement.

Les événements décrits dans cet échange de missives se sont déroulés cinq ans auparavant et donc quatre ans après l'épisode au cours de laquelle ils se sont connus.

Un roman d'amour charmant et épistolaire, dont le suspense est toujours entretenu et qui aurait pu être écrit en collaboration avec la comtesse Dash, selon le site Dumas père.



Le début de l'intrigue historique du Sphinx rouge se déroule le 5 décembre 1628, soit quatre jours après le retour du cardinal de Richelieu, siège de la Rochelle qui a fait l'objet d'un des épisodes du roman d'Alexandre Dumas Les Trois Mousquetaires, ce que ne manque pas de rappeler l'auteur.

La première a pour décor l'auberge de la Barbe peinte, rue de l'Homme-Armé, à Paris (actuellement une partie de la rue des Archives). Un homme est allongé sur un banc en bois attendant de trouver de l'argent pour régler ses dépenses à son hôtelier. Il s'agit d'Etienne Lathil, homme de main, sbire, spadassin, prêt à donner de sa personne lors de duels et même à suppléer le cas échéant l'offensé.

Surgissent trois hommes qui veulent lui confier une mission contre une forte somme d'argent, des pistoles qui lui permettraient de vivre durant quelques semaines et rembourser ses dettes auprès de l'aubergiste. Seulement il refuse, car l'homme qu'il doit combattre n'est autre que le comte de Moret, fils naturel d'Henri IV et de Jacqueline du Bueil. S'attaquer à la personne sacrée d'un fils du défunt roi Henri IV n'entre pas dans ses projets, dans sa morale pourtant élastique. S'engage alors un combat au cours duquel il est blessé grièvement, les agresseurs s'enfuyant en le laissant sur le sol de l'auberge. Mais ses trois offenseurs en viennent eux-mêmes aux mains, ou plutôt à la pointe de l'épée à cause d'un malentendu amoureux. Et l'un d'entre eux, sinon tous plus ou moins, sont proches du cardinal de Richelieu, pour des raisons dont il a le secret.

En parlant de secret, découvrons le comte de Moret, qui lors de cet incident, se trouvait dans une des chambres de l'auberge, en compagnie de Madame de Fargis, l'une des dames d'honneur de la reine Anne d'Autriche, à qui elle a été présentée par la reine mère Marie de Médicis. le comte de Moret revient d'Italie et il est chargé de remettre trois lettres aux deux reines. Il se rend au Louvre et est convoyé dans le dédale des couloirs par une jeune personne dont il tombe tout de suite amoureux, alors qu'il est déjà l'amant de deux autres attitrées de la cour. Il s'agit d'Isabelle de Lautrec, qui alors n'a que seize ans, mais qui elle aussi ressent plus que de la sympathie envers ce jeune homme.

C'est ainsi que nous faisons la connaissance de ces deux protagonistes qui figuraient dans la Colombe mais qui n'apparaissent qu'épisodiquement dans ce roman. Car tout est axé sur le cardinal Armand Duplessis, duc de Richelieu, lequel est au centre d'une conspiration menée par la reine mère, la reine Anne d'Autriche et Gaston d'Orléans, le frère de Louis XIII et quelques autres favoris qui n'apprécient pas la prépondérance du ministre auprès du roi.

Se greffe alors l'épisode tragique de l'assassinat du roi Henri IV, le 14 mai 1610, par un fanatique charentais, François Ravaillac. Une scène bien connue des écoliers mais qui garde toujours une partie de son mystère, et dont les historiens abordent des solutions, souvent logiques mais laissent planer le doute. Ravaillac se serait confié avant d'être exécuté à une personne qui aurait consigné ses révélations sur une lettre. Depuis la dépositaire de cette missive est gardée au secret dans une geôle d'un couvent, survivant depuis dix-huit ans de pain sec et d'eau, dans des conditions insalubres. La lettre n'a jamais été retrouvée, et Richelieu met tout en oeuvre pour délivrer cette femme et connaître le fin fond du drame afin de pouvoir avoir prise sur les deux reines et leurs partisans, et en informer, si besoin est Louis XIII.



De nombreux critiques littéraires et historiens sont unanimes lorsqu'ils déclarent qu'Alexandre Dumas détournait l'histoire de France dans ces romans. le fait est que si le Comte de Moret a réellement existé, de même que la plupart des protagonistes de ce roman, il n'est pas présenté tout à fait comme il le fut et des zones d'ombres entourent sa mort.

Ce roman fourmille d'anecdotes, de retours sur le passé, d'explications nécessaires à la bonne compréhension du récit et l'analyse des personnages évoluant dans un contexte de suspicions et des événements qui se sont déroulés des décennies auparavant.

Comme nous avons la prétention que nos livres deviennent, sinon de notre vivant, du moins après notre mort, des livres de bibliothèques, nous demanderons à nos lecteurs de leur faire passer sous les yeux au commencement de ce chapitre une revue de la situation de l'Europe, revue nécessaire au frontispice de notre seconde partie et qui, rétrospectivement, ne sera point inutile à l'intelligence de la première.



Et Alexandre Dumas justifie quelque peu ce que l'on a appelé des distorsions historiques en ces termes :

L'histoire est curieuse et mérite que nous ouvrions une parenthèse pour la raconter, cette parenthèse dut-elle être un peu longue. Il n'y a pas de mal d'ailleurs que l'on apprenne chez les romanciers certains détails qu'oublient de raconter les historiens, soit qu'ils les jugent indignes de l'histoire, soit que probablement ils les ignorent eux-mêmes.

Il aurait pu ajouter que l'on peut parfois douter de l'impartialité de certains historiens surtout du vivant de ceux qu'ils encensent ou au contraire dénigrent pour des raisons politiques.



Louis XIII est montré comme un personnage ennuyeux, triste, effacé, mais il possède ses raisons pour se conduire ainsi. La reine mère, Marie de Médicis, et la reine Anne d'Autriche sont décrites comme des intrigantes, aidées en cela par des proches tout acquis à leur cause, mais également par jalousie.

Mais le personnage principal, autour duquel tourne toute l'intrigue, est bien ce cardinal de Richelieu, qui grâce à de nombreux indicateurs, est au courant de tout, ou presque, ce qui se trame en cachette. C'est un joueur d'échecs qui parfois a des doutes sur le placement de ses pions, sur les tactiques à envisager, mais qui ne se laisse jamais débordé. Si dans les Trois Mousquetaires, la reine Anne d'Autriche était dessinée à son avantage et le cardinal comme un homme implacable et parfois antipathique, ici c'est tout le contraire, déjouant les intrigues et les complots de la cour. Il aide Louis XIII a s'affirmer en tant qu'homme et roi.

Ce dialogue entre le comte de Moret et la duchesse de Chevreuse est assez explicite à ce sujet :

Ah ! que vous êtes bien le fils – légitime s'il en fut – de Henri IV ; tous les autres ne sont que des bâtards.

Même mon frère Louis XIII ? dit en riant le comte.

Surtout votre frère Louis XIII, que Dieu garde ! Que n'a-t-il un peu de votre sang dans les veines !

Nous ne sommes pas de la même mère, duchesse.

Et, qui sait, peut-être pas du même père non plus.



Et au détour des pages on retrouvera des personnages qui n'influent guère sur le récit mais feront parler d'eux, Marion Delorme en tant que courtisane, maîtresse du marquis de Cinq-Mars et de Richelieu selon des historiens, et Pierre Corneille, qui débutait comme auteur de pièces de théâtre et qui, dans le récit, aide Richelieu en compagnie de quelques autres poètes, à écrire une tragédie en cinq actes dont il a ébauché quelques scènes et écrit une partie des dialogues : Mirame. Un aspect méconnu du ministre de Louis XIII.

Lien : http://leslecturesdelonclepa..
Commenter  J’apprécie          40
Avouons-le, ça part fort bien. Un spadassin au grand coeur refusant d'assassiner le fils légitimé de feu son roi, un vilain coup d'épée dans le dos, un homme laissé pour mort, et quelque pages après, on remet ça! Pour moi, le roman de capes et d'épées doit en effet forcément contenir quelques messieurs embrochés !
Plus sérieusement, le Sphinx rouge, s'il est très plaisant à lire, ne se hisse pas à la hauteur des plus grands romans de notre Alexandre national. Il y a d'excellents passages et la multiplicité des intrigues secondaires ne me gêne pas, la plupart pas du tour résolues comme si Dumas courait tant de lièvres à la fois qu'il en oubliait, mais reconnaissons que c'est loin d'être subtil dans les portraits de ses personnages. Richelieu est un génie, sauf en poésie, qui maintient à lui tout seul la grandeur de la France, Monsieur est un lâche, Louis XIII un dépressif sans ressort...Il en faudrait tout de même un peu plus pour des portraits aussi vivants qu'il sait les faire. Et je ne parle pas des deux reines, où Dumas laisse percer une très vilaine misogynie, mais on a un peu l'habitude avec lui, toutes les femmes qui ne sont pas des vierges au coeur pur tiennent de la garce sous sa plume.
L'intrigue se centre autour du jeune comte de Moret, légitimé par son Henri IV de père, ses amours et ses intrigues, avec Richelieu qui plane sur la France et passe son temps à tenter de défaire les intrigues des cours étrangères pour ruiner le pays, et celles de Monsieur pour piquer la place de son royal aîné. Et au milieu de tout ça, on dit du mal du duc de Savoie, on conte fleurette, on intrigue, on tente de démêler le vrai du faux de la mort d'Henri IV....
Plutôt pour les aficionados de Dumas, mais ceux-là ne se priveront pas!
La fin aussi, brusque, qui appelait apparemment une suite non produite, laisse le lecteur frustré.
Commenter  J’apprécie          130
Découvrant cet automne qu'un inédit d'Alexandre Dumas sortait, je l'ai acheté tout de suite, puisque j'apprécie tellement cet auteur. Il retrouve son époque de prédilection, le XVIIème siècle avant le Grand siècle sous le règne de Louis XIII ou plutôt de son principal ministre, le cardinal-duc Armand Jean du Plessis de Richelieu - le tableau d'histoire assez pompier de la couverture le montre bien en majesté. Car oui, il ne faut pas s'y tromper, ce n'est pas tant un roman d'aventures qu'un roman politique, dont le héros n'est pas le jeune et léger comte Moret, mais le politique de génie.
Dumas connaît parfaitement la période, et semble un peu vouloir tout inclure, quitte à nuire au progrès de l'intrigue : précieuses du Marais avec leurs poètes et écrivains, rouages internes du ministère de Richelieu, favoris - et favorites - du roi, romance fleur bleue et désirs sensuels, conspirations de cour, duels acharnés et batailles épiques. Cela peut donc donner une impression un peu confuse, de trop plein, certains personnages étant présentés pendant deux chapitres, pour disparaître ensuite totalement. L'auteur donne aussi beaucoup de précisions sur le contexte européen et les relations entre France et Savoie, un épisode de l'histoire un peu oublié aujourd'hui.
Le comte de Moret est une sorte de dandy, séducteur inconséquent - il jure de d'avoir d'autre épouse que sa fiancée pendant qu'il multiplie les conquêtes, se bat bien comme son père, mais semble n'avoir que peu de principes politiques, ne s'engageant pas clairement pour ou contre Richelieu.
Car c'est bien "l'homme rouge qui passe" pour reprendre la dernière réplique de Marion de Lorme de Victor Hugo qui est au centre du roman, le cardinal qui fascine les romantiques. Si dans les Trois Mousquetaires, il apparaissait comme un antagoniste aux héros qui reconnaissaient néanmoins son génie et son dévouement à la France, ici, on le voit en fonctionnement. Les chapitres où Louis XIII découvrent l'ampleur du talent de son ministre sont un régal d'humour et de spiritualité.
Si le rythme est inégal et les personnages d'intérêt variable, j'ai lu avec plaisir un roman qui mêle combats épiques (le Pas-de-Suse), analyse du pouvoir et atmosphère sensuelle, ainsi qu'un hommage au génie de Corneille. Ce n'est pas le chef-d'oeuvre que sont les Trois Mousquetaires, mais c'est une bonne oeuvre plaisante de Dumas.
Commenter  J’apprécie          31

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Tout au contraire des Flamands, ses compatriotes, ou des Espagnols, ses maîtres, Philippe de Champaigne est avare de cette étincelante couleur que broient sur leurs palettes et répandent sur leurs toiles les Rubens et les Murillo. C'est qu'en effet pousser dans un flot de lumière le sombre ministre, constamment perdu dans la demi-teinte de sa politique, dont la devise était un aigle dans les nuages, Aquila In Nubibus, c'eût été flatter l'art peut-être, mais à coup sûr mentir à la vérité.
Etudiez ce portrait, vous tous, hommes de conscience qui voulez, après deux siècles et demi, ressusciter le mort illustre et vous faire une idée physique et morale du grand génie calomnié par ses contemporains, méconnu, presque oublié par le siècle suivant, et qui n'a trouvé qu'après deux cents ans de sépulcre la place qu'il avait le droit d'attendre de la postérité.
Ce portrait est un de ceux qui ont le privilège de vous arrêter court et de vous faire rêver.
Commenter  J’apprécie          30
Les deux amants s'étaient, en outre, ménagé des intelligence dans la place. La jeune fille, en quittant sa belle vallée d'Aoste, avait amené avec elle sa soeur de lait, Jacintha, âgée de quelques mois seulement de plus qu'elle, précaution qu'à tout hasard devrait prendre toute jeune femme épousant un vieux mari - les soeurs de lait étant les ennemies naturelles des mariages de convenance et des unions disproportionnées.
Commenter  J’apprécie          70
Après chaque guerre, si longe qu'elle soit, même après la guerre de Trente Ans, la paix se signe, et, une fois la paix signée, les rois qui se sont fait la guerre s'embrassent, sans qu'il soit le moins du monde question des milliers d'hommes qui, sacrifiés à ces querelles momentanées, pourrissent sur les champs de bataille, des milliers de veuves qui pleurent, des milliers de mères qui se tordent les mains, des milliers d'enfants qui s'habillent de deuil.
Commenter  J’apprécie          50
- Il n'y a pas de jugement sur lequel la justice ne puisse revenir, et je suis celui que le Seigneur a envoyé sur la terre pour juger les juges.
- Il n'y a qu'un homme en France qui puisse parler ainsi.
- Le Roi ? demanda le moine.
- Non, mais celui qui, au-dessous de lui par le rang est au-dessus de lui par le génie. C'est Monseigneur le cardinal de Richelieu.
Commenter  J’apprécie          60
- Tenons-nous bien, Latil ! Vingt-huit ans, joli, coquet, envoyé par le cardinal Barberini, neveu d'Urbain VIII, ce doit être ou un imbécile, ce que je verrai bien du premier coup, ou un homme très fort, ce qui sera plus difficile à voir. Fais entrer. En tout cas, grâce à toi, je ne serai pas surpris.
Cinq minutes après, la porte se rouvrait et Latil annonçait :
- Le capitaine Mazarino Mazzarini !
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Alexandre Dumas (91) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Dumas
CHAPITRES : 0:00 - Titre
R : 0:06 - RÉFLEXION - Jean Cocteau 0:14 - REMARIAGE - Armand Salacrou 0:28 - REMORDS - Pierre Reverdy 0:39 - REPOS - André Prévost 0:50 - RÉVOLUTION - Maurice Chapelan 1:06 - RICHESSE - Félicité de Lamennais 1:18 - RIDICULE - Jules Noriac 1:32 - RIRE - Jean de la Bruyère
S : 1:42 - S'AIMER - Henri Duvernois 1:52 - SAGESSE - Frédéric II 2:04 - SAVOIR-VIVRE - Saint-Évremond 2:15 - SCEPTICISME - Louis-Désiré Véron 2:24 - SE COMPRENDRE - Romain Coolus 2:34 - SE TAIRE - Comte de Voisenon 2:45 - SE TUER - Théophile Gautier 2:56 - SINGE - Jean-Baptiste Say 3:08 - SOLITUDE - Maurice Toesca 3:18 - SUICIDE - Alexandre Dumas fils
T : 3:29 - TEMPS - Jean Martet 3:41 - TÊTE - Yves Constantin 3:54 - TOMBE - Xavier Forneret 4:04 - TRAVAIL - Jules Renard 4:19 - TROMPERIE - Sainte-Beuve
V : 4:30 - VALEUR - Marivaux 4:40 - VÉRITÉ - Louise d'Épinay 4:51 - VERTU DES FEMMES - Ninon de Lenclos 4:59 - VIE - Louis Aragon 5:10 - VIE ET MORT - Rastignac 5:22 - VIEILLE FEMME - Charles de Talleyrand-Périgord
5:35 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Jean Cocteau : https://filmforum.org/film/jean-cocteaus-orphic-trilogy-testament-of-orpheus Armand Salacrou : https://lotincorp.biz/creation-affiches-publicitaires-etats-des-lieux-ville-douala-1/ Pierre Reverdy : https://lamediathequepatrimoine.files.wordpress.com/2022/09/p5-pr-jeune.jpg Maurice Chapelan : https://www.cambridgescholars.com/news/item/book-in-focus-the-poems-and-aphorisms-of-maurice-chapelan Félicité de Lamennais : https://en.muzeo.com/art-print/felicite-robert-de-lamennais-ecrivain/ary-scheffer Jules Noriac : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Noriac#/media/Fichier:Jules_Noriac_Nadar.jpg Jean de la Bruyère : https://www.ecured.cu/Jean_de_La_Bruyére#/media/File:Bruyere.jpg Henri Duvernois : https://www.delcampe.net/en_GB/collectables/programs/theatre-des-nouveautes-paris-la-guitare-et-le-jazz-de-henri-duvernois-et-robert-dieudonne-1928-1929-1034826850.html Frédéric II : https://www.calendarz.com/fr/on-this-day/november/18/frederick-ii-of-prussia Saint-Évremond : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Saint-Évremond#/media/Fichier:Charles_de_Marquetel_de_Saint-Evremond_by_Jacques_Parmentier.jpg Louis-Désiré Véron : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Désiré_Véron#/media/Fichier:Louis_Véron_-_engraving_-_Mirecourt_1855-_Google_Books.jpg Romain Coolus : https://picclick.fr/Portrait-Romain-Coolus-René-Max-Weill-Scénariste-Cinéma-225296515824.html#&gid=1&pid=1 Comte de Voisenon : https://www.abebooks.fr/art-affiches/Claude-Henry-Fusée-Voisenon
+ Lire la suite
autres livres classés : richelieuVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (174) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages des Trois Mousquetaires et Vingt ans après

Sous quel nom connaît-on monsieur du Vallon de Bracieux de Pierrefonds ?

Athos
Porthos
Aramis
D'Artagnan

9 questions
181 lecteurs ont répondu
Thème : Alexandre DumasCréer un quiz sur ce livre

{* *}