Nous arrivons ainsi, à la tin de notre étude, à trois résultats principaux, que nous résumerons ainsi :
1° La mélancolie n’existe pas comme entité mentale ; elle se résout d’une part en phénomènes sensitifs, de l’autre, en phénomènes d’arrêt ;
2° La mélancolie peut avoir une origine intellectuelle ou une origine organique, mais dans les deux cas les phénomènes moteurs précèdent l’état sensitif ou cénesthésie, et la mélancolie n’est jamais que la conscience de l’état du corps ;
3° La synthèse est la loi des états intellectuels (idées ou images) qui s’associent à la cénesthésie, et cette synthèse est logique.
De ces trois conclusions, les deux premières sont extrêmement probables et la dernière est certaine.
Chez le plus grand nombre des mélancoliques, toutes les associations sont subordonnées à l’état affectif; le malade pense tristement parce qu’il est triste ; la mélancolie est le fait primitif, l'état général qui donne à toutes ses pensées le même caractère.
On me reprochera peut-être d’y avoir confondu les formes différentes d’une maladie mentale, mais le reproche ne saurait être fondé : consciente ou non, la mélancolie obéit aux mêmes lois, comme on pourra bientôt s’en convaincre, et si le malade conscient est capable d’objectiver son état et de le juger, il ne le subit pas moins.
La mélancolie anxieuse m’a paru trop compliquée pour que les associations y puissent être analysées facilement; elles sont en effet modifiées sans cesse par des hallucinations terrifiantes, interrompues par des cris, des gestes exagérés ou des plaintes, et paraissent incohérentes à l’observateur qui n’en peut suivre le détail.
La mélancolie d’origine intellectuelle s’explique mieux; mais, ainsi définie, elle ne peut être ni comprise, ni analysée par la science; c’est s’en faire une idée métaphysique que de la considérer comme une puissance mystérieuse capable d’agir sur l’organisme et de le modifier à son gré.