AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,26

sur 7144 notes
J'explique souvent à ma fille qu'il faut chérir les méchants dans les histoires que l'on lit, car c'est souvent à l'aune des méchants que l'on mesure la qualité des héros. Et là, il n'y a pas à dire, il n'y est pas allé de main morte, l'ami Dumas, question méchants : on est servi et bien servi ! Il est probable qu'avec ce fantastique personnage de Milady, il nous ait mitonné au fond de son chaudron la plus infecte salope de toute l'histoire de la littérature mondiale !

J'explique également souvent à ma fille que deux et deux sont quatre, et que quatre et quatre sont huit. Alors comptons : quatre serviteurs, trois mousquetaires, deux hommes au sommet de l'état, un auteur… Non, décidément, rien à faire, j'ai dû me tromper dans mes calculs car le compte n'y est pas, cela ne tombe jamais juste comme cela.

Un auteur ? Oui, un auteur, bien sûr, Alexandre Dumas. Un auteur dites-vous ? Capable de pondre trois tomes à la minute avec des scénarii tarabiscotés, une myriade de personnages et des références incessantes à des détails minuscules de l'histoire de France ? Hmm… Il y a comme une anguille sous roche… Et vu d'ici, avec tous ces spadassins, c'est tellement gros qu'on peut même parler d'espadon sous gravier.

Il faudrait être un surhomme pour réaliser un tel tour de force (sachant que dans le même temps, Alexandre Dumas écrivait également une minuscule nouvelle intitulée le Comte de Monte-Cristo). Or, non, au risque de vous décevoir, Dumas était assurément un grand homme — un gros homme même — mais malheureusement pas un surhomme. La surhommie de Dumas s'appelait Auguste Maquet, un historien de formation, écrivain à ses heures. Il correspondait donc parfaitement à l'historien amateur et écrivain professionnel qu'était le père Dumas. Les deux se mettaient d'accord sur la trame du scénario, puis Maquet produisait un premier jet de qualité moyenne mais où tout figurait déjà et enfin Dumas remettait le couvert et allumait les phrases ternes de Maquet d'une lumière qui lui était propre.

Deux hommes au sommet de l'état ? Oui, bien sûr, le friable roi Louis XIII et l'inaltérable cardinal de Richelieu. Et s'il y avait une troisième éminence tapie dans l'ombre des deux autres ? Et si cette éminence était une femme ? La reine Anne d'Autriche, par exemple, future mère de Louis XIV et future régente du royaume, qu'en dites-vous ?

Trois mousquetaires ? Oui, bien sûr, Athos, Porthos et Aramis, cela va sans dire. C'est d'ailleurs de ces trois noms qu'Alexandre Dumas souhaitait baptiser son roman. Mais l'éditeur — vous savez bien, celui qui a les clés du coffre et qui rétribue les auteurs toujours en dessous de ce qu'ils mériteraient — et bien l'éditeur d'alors a pensé que comme titre, " Athos, Porthos et Aramis " ce n'était pas terrible et qu'il valait mieux le remplacer par Les Trois Mousquetaires. Les Trois Mousquetaires ? mais c'est stupide ! pensa Dumas, ils sont quatre ! Oui mais réfléchis un peu mon gars, l'autre il a les clefs du coffre ! Okay, a dit Alexandre, les clefs du coffre c'est bien aussi.

Quatre serviteurs ? Oui, bien évidemment, les quatre valets des quatre mousquetaires : Grimaud, Mousqueton, Bazin et Planchet. Mais n'y a-t-il donc que quatre serviteurs qui soient importants dans cette histoire ? N'y aurait-il pas deux magnifiques soubrettes qui joueront des rôles cruciaux ? Madame Bonacieux et Ketty, par exemple, respectivement au service d'Anne d'Autriche et de la Comtesse de Winter ? Allez savoir.

Bref, nous voilà aux prises avec un jeune et fringant gentilhomme du nom de d'Artagnan, issu de son Béarn, fils d'un fidèle compagnon d'armes du feu roi Henri IV et qui monte à Paris avec deux désirs en tête. le premier étant d'endosser le prestigieux uniforme des mousquetaires du roi, le second de faire fortune. Peut-être l'une des deux aspirations de notre cadet de Gascogne est-elle plus aisée à assouvir que l'autre, surtout si l'on manie bien l'espadon et qu'on peut compter sur une certaine dose de courage comme lui semble porté à le faire.

Là dessus, les auteurs dépeignent un très bel esprit de camaraderie et d'honneur entre le novice D Artagnan et les vieux routiers du mousquet que sont Athos, Porthos et Aramis. Un thème qui donnera sûrement quelque inspiration à Edmond Rostand pour son magnifique Cyrano de Bergerac. Ils articulent l'ouvrage non pas sur une, mais sur deux boucles romanesques basées sur des faits historiques avérés. La première étant la disparition des ferrets de diamants de la reine, qui, s'ils ne sont pas rapidement retrouvés, seront la marque aux yeux de Louis XIII de l'infidélité de sa royale épouse.

La seconde boucle romanesque, prenant appui sur la première saute rapidement sur le deuxième pivot historique authentique, à savoir le siège d'un an mené par les catholiques Louis XIII et Richelieu contre la ville de la Rochelle, bastion des protestants soutenus par l'Angleterre.

Ici se développe dans toute sa plénitude le long chapelet d'ignominieux complots ourdis par la très belle et très redoutable Milady, l'éminence grise au service de l'éminence rouge, le cardinal de Richelieu.

Passes d'armes, trahisons, chances, héroïsmes, déveines, alliances, corruptions se succèdent à un rythme effréné dans cette magistrale partie d'échec qui oppose en définitive les forces spéciales du roi (qui joue avec les noirs) et les forces spéciales du cardinal (qui a l'avantage des blancs).

Qui l'emportera ? qui sera échec et mat ? y aura-t-il même un gagnant ? C'est ce que je me propose de ne pas vous dévoiler au cas où vous n'auriez pas encore vu dix-sept fois l'une des multiples adaptations, sous tout support, depuis votre plus tendre enfance.

J'en terminerai simplement en disant deux ou trois mots de la sauce typiquement imputable au seul Alexandre Dumas dans ce travail d'équipe où s'harmonisent la fiction et la réalité historique. Vous m'avez parfois entendu dire que ce que je reproche essentiellement aux polars actuels, ce n'est pas du tout le fait qu'il s'agisse de polars, mais surtout que, sorti d'un scénario bien ficelé, le livre ne pèse pas très lourd en unité de style. Bien qu'on ne catégorise jamais Les Trois Mousquetaires parmi les polars ou les thrillers, il n'est pas scandaleux d'affirmer que la mécanique d'écriture en est la même : beaucoup d'action, du suspense, des rebondissements, une manière d'enquête ou de livre d'espionnage, un scénario qui retombe sur ses pieds et qui redonne sens à des éléments distillés en passant au cours de la narration.

Et bien ici, ce qui fait selon moi de cette oeuvre une grande oeuvre, bien plus que l'aiguillage au millimètre d'un scénario où l'on constate ici qu'à plein d'endroits les raccords ne sont pas parfaits, bien plus que l'intérêt historique où l'on voit bien que la véracité des événements ne sert que de point d'ancrage, que d'élément d'ambiance, bien plus que cela donc, le grand intérêt du livre, c'est la langue employée, ce sont ces belles phrases, ces belles tournures, ces bons mots qu'on a envie de redire, ces descriptions qui n'ont pas toujours un caractère essentiel pour le bien comprendre de l'aventure mais qui le sont pourtant par la valeur esthétique qu'elles véhiculent, leur constitutive beauté littéraire.

En cela, Monsieur Dumas, on peut considérer votre oeuvre avec humilité et respect car c'est de la belle ouvrage, et dire un grand merci, à vous bien sûr, et à cet autre, cet oublié, cet auguste Monsieur Maquet pour ce brillant chef-d'oeuvre de la littérature française du XIXème siècle. Mais ceci n'est que mon avis, Messieurs, et, loin d'égaler vos mousquetaires, lui n'est pas une fine lame et ne représente donc pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          26118
Un monument de la littérature française.

Dans une France qui se divise entre Royaliste et Cardinaliste, les mousquetaires sont au service de leur capitaine royaliste et protecteur de la reine et vouent une haine farouche à l'endroit des gardes de Richelieu, au service de l'état français, beaucoup moins à celui du roi et pas du tout à celui de la reine.
Les quatre mousquetaires contre son éminence et ses âmes damnées, ses bras armés et ses armes de destruction massive dont la fameuse Milady, retorse et efficace.

Un début tonitruant, truculent avec un D'Artagnan susceptible et bagarreur et un peu niais aussi. Des bons mots et de la précipitation font de cette lecture un véritable plaisir, souvenir de jeunesse, je m'amuse de l'histoire, du vocabulaire, de l'écriture. Jusqu'au retour des ferrets de la reine, je suis en territoire connu, mais les souvenirs se font plus flous ensuite et je redécouvre l'histoire, mais aussi les lenteurs (dont cet interminable épisode de Milady chez Winter, où l'on prend certes toute la dimension du personnage mais qui m'a profondément ennuyé).

Il se dégage de ce roman un souffle (mais pas si épique) que ne ternissent pas les tournures de phrase, le vocabulaire et une grammaire que même mamie n'emploie plus. Wesh gros. J'irais même dire que l'écriture hautement mais désormais délicieusement retro participe à cette atmosphère. Et surtout dans la mémoire collective, et la mienne, cape et épée vont de pair avec l'imparfait du subjonctif. Parbleu.

On lisait cela en sixième ? On était bon à l'époque quand on voit ce qu'on file à lire de nos jours à nos chères têtes blondes à l'entrée au collège où « oui-oui à la ferme » est déjà limite avec des « mo tro conpliquai ».

Par contre dans mon souvenir, il y avait plus de bagarre, plus d'épée et moins de cape, plus de descriptions de ferraillage et de sang.
Par contre, enfin et c'est dommage, on reste dans le panache, l'honneur de gentilhomme, un monde à part, un peut trop propret et limite étincelant. On est loin de la pauvreté crasse, de la faim et en fait de la réalité de la majorité de cette époque. On meurt très, trop proprement, loin d'une atmosphère d'un roman historique de Cornwell ou de Follet (bien que pour ceux que je connais, l'époque n'est pas la même). Cela me fait penser au Western hollywoodien des années 50 avant que les spaghettis viennent nous rappeler que la terre et l'eau cela fait de la boue et que la boue c'est sale.

Une belle expérience donc, mais si quelqu'un peut me conseiller de la cape et de l'épée historique (pas de la fantasy) pleine de bruit, de fureur, de larmes et de crasse, je suis preneur. Du Hornblower de Forester, mais sur terre. Du Sharpe de Cornwell mais au 17ième. Et s'il le faut, tant pis pour l'imparfait du subjonctif.
Commenter  J’apprécie          13619
"Ma lettre de recommandation ! s'écria D Artagnan, ma lettre de recommandation, sangdieu !
Ou je vous embroche tous comme des ortolans !"

C'est quand-même fou comment une simple citation sur Babelio peut raviver des vieux souvenirs !
Alors j'aimerais bien dédier cette petite chronique à Deidamie, qui, sans le vouloir, m'a fait retourner vers les années collège et dans le verger de mamie, où je dévorais "Les trois mousquetaires" au soleil pendant les vacances d'été.
Quelle découverte!
J'avais honteusement trahi Tom Sawyer, Winnetou le Gentleman rouge et les héros de Jack London, pour déserter dans les bataillons français et y rester pendant un bon moment.

"Les trois mousquetaires" m'ont tout appris.
Qu'avec quelques bons potes (disons, grosso modo, trois) on peut faire face à tous les gardes du cardinal Richelieu, et s'en sortir sains et saufs.
Qu'il n'est pas recommandé de croire aveuglement à tout ce que disent les éminences en manteau rouge avec une croix pectorale en or, et qu'il vaut mieux se fier à ses propres mains et à sa propre raison.
Qu'il n'est pas bon de fâcher les femmes, car nous sommes friandes de la vengeance perfide, et nous pouvons assez facilement subtiliser les coûteuses parures d'importance politique.
Qu'il est agréable de regarder les garçons en costume d'époque pendant leurs parties d'escrime, que les serviteurs peuvent être aussi malins que leurs maîtres, que la France est un beau pays, les Gascons sont des têtes de mule, et Porthos est tout simplement le meilleur !

J'avais adoré tous les personnages. Même cette salope de Milady et ce fumier de Rochefort ont su trouver grâce à mes yeux. Je suis devenue folle des châteaux français, des intrigues à la cour et des robes à corset brodées de perles.
Jusqu'à maintenant, je reste fascinée par la légèreté du style de Dumas - sa plume a dû glisser sur le papier aussi facilement que la pointe d'épée de d'Artagnan !
Il est très facile de succomber au charme des mousquetaires ! Une affaire de coeur, en somme... au point de pardonner quelques improbabilités et raccourcis.
Une aventure idéale pour les vacances d'été, et pas seulement pour les mômes. Une fois votre bac en poche, vous passez tout naturellement de choucard D Artagnan et sa naïve Constance au duo tragique d'Athos et Milady. Et ça devrait toujours marcher...

Merci, monsieur Dumas... pour cet été inoubliable, passé en compagnie de trois mousquetaires et d'un Gascon têtu en bonus.
Et merci à Deidamie !
Commenter  J’apprécie          13256
Ce n'est pas sans crainte que j'ai entrepris de relire Les Trois Mousquetaires, LE Livre de mes 10 ans lu relu re-relu à l'époque!.Les années ont passé ajoutez-y 50 ans et ô surprise ô merveille le même ^plaisir , j'ai retrouvé mes Mousquetaires ouf ! c'est génial !
Bien sûr Mr Dumas n'est pas le plus précis des historiens, bien sûr il prend beaucoup de liberté avec ses personnages , avec les lieux et les dates !Mais au fond quelle importance? Pour moi la magie opère toujours et n'est-ce pas cela le plus important ?
J'ai donc retrouvé avec grand plaisir D Artagnan mais découvert avec un autre regard Athos et son désespoir, Porthos et sa fatuité , Aramis et sa vocation religieuse.Je n'oublierais pas leurs laquais respectifs et cette vipère de Milady...
certes il s'agit d'un grand roman de cape et d'épée mais surtout un hommage vibrant à l'amitié sans faille de ces 4 hommes aussi différents
allez un petit "tous pour un et un pour tous " ...
Commenter  J’apprécie          11013
Un roman chevaleresque et romantique où intrigues, rixes et galanteries se mêlent pour notre plus grand plaisir.

On y rencontre Louis XIII, coeur faible qui manque de générosité, la Reine Anne d'Autriche qui tente de sauver son honneur malgré les plans diaboliques du Cardinal de Richelieu, aidé en cela par la machiavélique Milady.

On sourit devant les galanteries de ces chevaliers au bon coeur ; Athos , Porthos , Aramis et D'Artagnan, camarades à la vie à la mort, mêlant leurs qualités et leurs défauts pour vaincre tous les dangers, en faisant éclore leurs plus belles valeurs, celles de héros fantastiques. On tremble devant les dangers qu'ils affrontent, tout en ayant confiance dans leur bonne étoile.

On s'apitoie devant le sort malheureux de belles jeunes filles dévouées et amoureuses, héroïnes de façon plus discrète.

On a la haine devant cette vipère de Milady qui enserre ses proies et leur injecte son venin diabolique.

On admire la loyauté des quatre laquais ; Grimaud, Mousquetaire, Bazin et Planchet, parfois, malmenés, toujours fidèles.

N'ayant pas vu le film et ne me souvenant que très peu des épisodes télévisés, je ne savais pas où l'histoire allait m'emmener. Au début j'avais l'impression d'être dans une gentille histoire de cape et d'épée, un peu naïve, une histoire de chevaliers qui ne meurent jamais, comme le célèbre Zorro. Mais, petit à petit, les intrigues politiques et amoureuses, les personnages retors, m'ont fait voir ce roman d'une autre façon. Il y avait quelque chose au coeur de ces pages de bien plus fort. Comme un noeud qui petit à petit se délie et nous montre les ficelles d'un roman bien construit, alliant suspense, frayeur, joie et tristesse. Un roman agréable à lire car l'écriture d'Alexandre Dumas est accessible à tout type de lecteurs, et de plus, elle n'est pas dénuée d'humour et de belles descriptions.


Commenter  J’apprécie          751
« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, si je vous dis « Un pour tous », vous me répondez…

-Ah, c'est aujourd'hui la critique des Trois Mousquetaires ?

-Euuuh… oui. J'attendais une réponse plus spontanée, mais oui.

-Super, le chapeau à plume. Et la moustache aussi, on jurerait Porthos !

-Qu'est-ce que tu racontes ? Je n'ai pas mis de moustache !

-Ah ? ah oui… peut-être bien…

-Grmblbl. Or donc, le jeune D Artagnan monte à la capitale muni d'un mauvais cheval, d'un baume guérisseur et d'une lettre de recommandation dans l'espoir de rejoindre le prestigieux corps des mousquetaires du roi. Hélas, il perd bêtement son courrier. Il parvient néanmoins à se faire embaucher dans un corps de garde et surtout, à se lier d'amitié avec trois mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis. Et comme nous sommes dans un roman d'aventures, nos héros sont vite pris dans des intrigues mortelles et des complots passionnants machinés par l'infâme cardinal de Richelieu.

-Mékilécon.

-Quoi ? le cardinal ?

-Mais non, D Artagnan ! Jamais vu un crétin pareil ! Je pensais que c'était un héros, moi, un jeune homme plein de droiture, de galanterie respectueuse, prêt à lutter pour le Bien contre le Mal ! Et les premières pages, je regrette, mais j'ai pensé comme on dirait dans Fluide Glacial : Mékilécon !

-Ah oui, c'est vrai qu'il manque de bon sens… en revanche, cette bêtise et cette maladresse lui permettent de faire connaissance avec les autres héros lors de scènes hilarantes ! Car, en dépit du classicisme, en dépit du XIXe siècle, en dépit du nombre accablant de pages, nous lisons là une oeuvre de pur divertissement, pleine d'humour et de combats spectaculaires. Fi des descriptions à n'en plus finir, non messieurs-dames, de l'action, de l'action, de l'action ! Et le narrateur, en commentant l'histoire, se comporte en conteur, ce qui lui donne une amusante proximité avec le lecteur.

-C'est quand même bizarre…

-Quoi ?

-Les duels et la violence ! Tous ces gens se battent avec la politesse la plus raffinée !

-En effet, et cela crée un nouveau décalage entre la gravité de l'action (des gens vont se battre à mort ou jusqu'à blessure grave, tout de même) et la façon dont les acteurs le vivent : avec désinvolture. « Nous disons donc à dix heures derrière l'enclos aux chèvres ? –Je consulte mon agendâ en beau cuir, cadeau d'une dame… Oui, j'ai un créneau pour nous entretuer. le bonsoir et à demain, cher monsieur. »

On dirait que Dumas a voulu mettre en scène une comédie héroïque : comédie parce que cette légèreté est tout à fait décalée et inappropriée aux circonstances, et héroïsme parce que les personnages font preuve de sang-froid et de talent pendant lesdites circonstances.

-Quoi qu'il en soit, j'aime pas D Artagnan. Il est manipulateur, bouffi d'orgueil, brutal, calculateur…

-Que veux-tu, il fallait un pendant masculin à Milady !

-Ah tiens, parlons-en, de Milady. Je n'ai pas aimé la façon dont le narrateur la traite. Impossible pour moi de la haïr dans ces conditions.

-Ah bon ? Pourquoi ?

-Parce qu'elle est souvent comparée à un prédateur, une lionne, une panthère. Je comprends bien qu'il s'agit d'une figure de style pour la faire détester, mais le procédé manque à ce point de subtilité que je ne parviens pas à entrer dans le jeu. Un peu comme si Dumas la faisait suivre sans cesse avec une pancarte marquée « VILAINE MECHANTE » en grosses lettres clignotantes : bon, ça va, Alex, tu es relou, là.

J'aurais préféré une autre Merteuil au lieu de cet animal perfide qu'en fait Dumas : une méchante qui commet des horreurs sans remords, certes, mais qui a aussi été une victime. M'enfin, de toute façon, même taillée dans le bloc de la plus pure scélératesse, je ne parviens pas à la détester : sans doute parce que les châtiments qu'elle subit me paraissent barbares.

-Et pour rester dans les figures féminines, j'ai adoré la reine.

-Un peu bête quand même d'offrir des cadeaux aussi compromettants que ses ferrets !

-Oui… bien sûr… mais j'ai adoré les belles scènes d'amour chevaleresque qu'elle provoque.

-Berk. Tu es tellement fleur bleue !

-J'avoue. Et puis, il n'y a pas que les histoires d'amour ! Outre la légèreté, l'humour et l'action, il y a l'histoire de cette amitié formidable entre quatre hommes aux caractères fort différents et unis par le respect, l'estime et le sens du devoir. Leurs liens les rendent presque invincibles, et cela aussi, cela me fait rêver… Grâce au pouvoir de l'amitié, on peut surmonter tous les obstacles et affronter mille dangers !

-Ouais. Hé bien, moi, je préfère le Comte de Monte-Cristo.

-Ah bon ? Pourquoi ?

-Parce que je préfère les Ulysse aux Achille. D'Artagnan, avec sa susceptibilité, sa promptitude à la baston et son talent pour celle-ci, me fait penser à un autre Achille, un héros d'action. Or, j'aime mieux les héros qui réfléchissent, calculent, ourdissent sans pour autant démériter au combat. »
Commenter  J’apprécie          7118
Un peu comme on va rendre visite à un vieux copain, je lis régulièrement les trois mousquetaires.
Les rodomontades et entourloupes de Porthos, de loin mon préféré dans la bande, et l'honneur chatouilleux de notre gascon au coeur si pur, me font toujours autant rire aux éclats. Quant à Milady, cette tigresse aux yeux d'ange, elle est aussi envoutante que lors de ma première lecture. Et puis sur la fin, même si je sais à quoi m'attendre, je ressens encore ce goût d'amertume quand D Artagnan obtient sa promotion de son grand Ennemi, et que les quatre inséparables décident chacun leur tour de voguer vers d'autres cieux.
Les trois mousquetaires est un livre hors du temps. Il a traversé les époques sans prendre une seule ride. Allez savoir pourquoi, même l'emploi éhonté de l'imparfait du subjonctif lui donne un air de fraicheur, alors que pour d'autres écrivains c'est en général un coup de vieux.
Les personnages avec leurs capes, leurs épées, et leurs chapeaux à plumes sont figés dans une époque, et sont en même temps de toutes les époques. D'Artagnan et sa réplique sombre, Milady, par les valeurs qu'ils transmettent, positives pour le premier, négatives pour la deuxième, ont atteint l'universalité. Quand on regarde bien autour de nous, on se rend compte à quel point ces personnages de fiction qui sont reconnus par tous les hommes sont rares. L'écrasante majorité des livres dont nous parlons sur Babélio seront oubliés dans quelques années, à l'exception de quelques rescapés, et je ne m'avance pas trop en affirmant que parmi eux nous trouverons l'indémodable "les trois mousquetaires" où se dégage un souffle, un lyrisme, un éclat peu commun. C'est peut-être cela un chef-d'oeuvre ! Vous l'aurez compris, je suis un inconditionnel de d'Artagnan, et donc incapable de me montrer objectif à son sujet.

Allez ! Avant de ranger dans ma biblio mon vieux poche corné, un petit dernier pour la route.

"- Etends la main et jure !" s'écrièrent à la fois Athos et Aramis.
Vaincu par l'exemple, maugréant tout bas, Porthos étendit la main, et les quatre amis répétèrent d'une seule voix la formule dictée par D Artagnan :
"Tous pour un, un pour tous."
Commenter  J’apprécie          644
Etourdissant ! je me suis régalé, et en plus j'adore ce début du XVIIè siècle !
ça démarre en fanfare, avec D Artagnan qui veut attaquer en duel le balafré à Meung (superbe petite ville moyenâgeuse, soit dit en passant !). Puis après, ça n'arrête pas, les provocations entre les mousquetaires du roi, aux côtés desquels s'est mis D Artagnan, et les gardes du cardinal.
"Tous pour un, un pour tous !"
Mon casting d'après les caractères dépeints : Gérard Philipe en D'Artagnan ; un Raimu sportif pour Athos ; Philippe Noiret pour Porthos ; et ...pour Aramis ?... Je cherche encore...
Après, il y a l'histoire des ferrets de la reine Anne, puis la fameuse Milady...mais chuuut !
Bref, le style est superbe, enlevé, brillant sur les 1000 pages !
.
J'ai pris plein de notes ( je ne sais pas si je m'en servirai pour mon roman... pas de teasing, voyons ! ).
Alexandre Dumas père est fâché avec la chronologie et les dates, mais beaucoup de personnages ont existé, et aux postes qu'ils occupent.
Ayant lu quelques livres sur cette époque, la première moitié du XVIIè siècle, je ne souviens pas d'une concurrence entre le roi et le cardinal. Une méfiance du roi au début, oui. Cependant, l'incertitude du roi, sans doute due à sa mère infernale, et la finesse d'esprit du cardinal sont à mon avis, superbement décrites à la fin du livre.
Les scènes finales avec Milady, puis avec Richelieu sont splendides et émouvantes :)
Commenter  J’apprécie          6346
Bon, je vais être honnête, je n'ai pas lu tout Dumas, loin s'en faut !
Je suis plutôt sur un rythme d'un Dumas annuel, je ne peux donc prétendre que c'est le meilleur Dumas MAIS, ce que je sais en revanche avec certitude, c'est que celui-ci, les célèbres "Trois Mousquetaires", je l'ai lu déjà deux fois et que je ne m'interdis pas de le relire encore dans ma vie.

Concentré d'aventures et de rebondissements, ce roman incarne pour moi tout le charme de la littérature de cape et d'épée et agit sur moi comme un élixir de Jouvence. Je suis Constance, je suis Milady et je suis Anne d'Autriche, je suis toutes ces femmes à la fois ; je suis pareillement éprise de d'Artagnan, d'Athos, de Portos et d'Aramis ; je pourrais assassiner le Cardinal et ses sbires s'il le fallait (même si l'historienne en moi admire ce grand politique) !

Est-ce parce qu'il a souvent été adapté au cinéma et a accompagné une partie de mon enfance que ce roman a acquis auprès de moi ce statut de favori ? Je ne le sais pas et ne cherche pas à le savoir. Une chose est certaine : "les Trois Mousquetaires" font partie de ma culture (et pas seulement littéraire).
Commenter  J’apprécie          600
Je n'avais jamais eu le courage ni pris le temps de lire ce roman dont l'intrigue et les personnages m'étaient déjà si connus par la culture populaire.
Je me suis finalement décidée, et c'est avec une grande joie que j'ai dévoré et apprécié ce roman de capes et d'épée.
D'Artagnan est finalement plus naïf et plus impétueux que l'image que j'en avais, Athos plus noble, Porthos moins ridicule, Aramis plus humain et Milady plus cruelle.

Un livre à lire, tant les personnages nous sont familiers, et l'écriture passionnante. On ne s'ennuie pas une seule seconde (si ce n'est le passage avec Felton). C'est plein d'aventures, de combats à l'épée, de verve, de coups d'éclat, de ruses, et de bons sentiments.

C'est rare pour moi que d'être triste que l'histoire soit finie, d'autant plus qu'elle se termine rapidement.

Je ne connais pas "vingt ans après", mais j'ai envie de m'y plonger!
Commenter  J’apprécie          534




Lecteurs (29182) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages des Trois Mousquetaires et Vingt ans après

Sous quel nom connaît-on monsieur du Vallon de Bracieux de Pierrefonds ?

Athos
Porthos
Aramis
D'Artagnan

9 questions
179 lecteurs ont répondu
Thème : Alexandre DumasCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..