La plupart des lecteurs et lectrices de ce roman ont été déçus : on n'y retrouve pas la « patte » de notre Alex national, le style est lourd, lent et monotone : ont disparu notamment l'enthousiasme, la joie de vivre, le mouvement qui caractérisent notre auteur. A cela il y a une bonne raison : ce n'est pas un roman « écrit » par Dumas, c'est une traduction.
Dans l'usine
Alexandre Dumas (car il est une usine même quand il écrit tout seul), la traduction figure en bonne place : il a traduit (ou fait traduire un bon nombre de volumes étrangers, dont certains très connus comme « ivanhoé » de
Walter Scott, beaucoup de contes, - Grimm – Andersen – et des nouvelles de
Pouchkine, mais aussi d'autres auteurs moins célèbres. Si souvent ces livres paraissent sous leur titre original, il arrive qu'ils soient publiés sous le nom d'
Alexandre Dumas.
C'est le cas pour «
Robin des bois ». A l'origine c'est un roman anglais «
Robin Hood and Little John, or the merry men of Sherwood forest » (1838) de
Pierce Egan fils, traduit par
Victor Perceval pour
Alexandre Dumas (sous ce nom figure une collaboratrice proche, très proche, même, puisqu'elle fut sa maîtresse, Marie de Fernand).
L'ouvrage rédigé vers 1863, fut publié après la mort de Dumas en deux volumes : « le Prince des voleurs » (1872) et «
Robin Hood le proscrit » (1873) puis réunis en un volume unique intitulé, selon les éditeurs « le Prince des voleurs » ou «
Robin des bois »
Le premier volume relate les origines de
Robin des bois, pourquoi il doit vivre caché dans la forêt de Sherwood, comment il rencontre Marianne, etc. L'action se passe entre 1162 et 1188. le second, de 1188 à 1217, est plus centré sur les exploits du héros, la reconnaissance de ses droits par
Richard Coeur-de-Lion, mais aussi ses échecs…
Concrètement, c'est la légende (une des légendes) de
Robin des Bois : on y retrouve la plupart des éléments qui ont fait la célébrité du héros : Marianne, Petit-Jean, Allan, Frère Tuck, Will l'Ecarlate, et bien sûr l'ignoble shériff de Nottingham. L'avantage du roman, c'est qu'il présente un ensemble cohérent et linéaire de la vie et des exploits du héros, ce que les innombrables adaptations qui ont suivi n'ont utilisé que partiellement.
L'ensemble reste intéressant, surtout pour l'histoire, qui ramène à un certain nombre de clichés qui ont marqué notre enfance : les innombrables films, dont les meilleurs restent : «
Robin des bois », de Allan Dwan, en 1922, avec Douglas Fairbanks ; « Les Aventures de
Robin des Bois » de
Michael Curtis en 1938, avec Erroll Flynn ; «
Robin des Bois et ses joyeux compagnons » de Ted Annakin en 1952, avec Richard Todd, « La Grande chevauchée de
Robin des Bois » de Giorgio Ferroni, en 1971 (celui-là je vous le recommande, c'est le préféré de mes enfants), bien sûr le dessin animé de
Walt Disney «
Robin des bois » en 1973, le très curieux « La rose et la flèche » de
Richard Lester en 1976 (avec Sean Connery et
Audrey Hepburn en Robin et Marian vieillissants), et plus près de nous, la mythique version de Kevin Reynolds en 1991 «
Robin des Bois prince des voleurs » (une des meilleures) avec
Kevin Costner, ou celle de
Ridley Scott en 2010 «
Robin des Bois », avec Russell Crowe (liste bien entendu très subjective et non-exhaustive).
Pour en revenir au livre, pas indispensable, donc, mais intéressant pour le sujet… et la nostalgie.